819 lignes
Le 819 lignes désignait une norme de télédiffusion française en haute définition noir et blanc exploitée entre 1949 et 1983.
Visant à remplacer le réseau 441 lignes, cette norme définie en accord avec l'Organisation internationale de radiodiffusion et de télévision et symbolisée par la lettre "E", propose une image composée de 737 lignes actives (les 82 lignes restantes servant au retour de trame). La cadence d'images était de 25 images entrelacées par seconde. Le 819 lignes a finalement été remplacé par la norme et standard CCIR Sécam L/K à 625 lignes qui offrait l'avantage de la compatibilité couleur.
Historique
Le décret concernant l'adoption de cette définition a été signé le par François Mitterrand, alors secrétaire d’État à l'Information pour le futur réseau national de télévision, à la place de la moyenne définition de 441 lignes VHF alors en usage sur la seule Tour Eiffel.
RTF Télévision, la première chaîne de l'ORTF, puis TF1 exploitent le réseau d'émetteurs 819 lignes en norme E VHF bandes I (canaux 2 et 4) et III (canaux 5 à 12) jusqu'au , date de l'arrêt du dernier émetteur, Paris Tour Eiffel, pour préparer le lancement de Canal+ l'année suivante sur un nouveau réseau VHF ("quatrième réseau") en 625 lignes VHF (norme L', canaux L02-L03-L04 en bande I et canaux L05 à L10 en bande III).
Le (expérimentations à Paris), la deuxième chaîne encore en noir et blanc, adopte le 625 lignes dans les bandes UHF IV (canaux 21-37) et V (canaux 38-65). Les téléviseurs industrialisés à cette époque doivent à la fois pouvoir afficher les 819 lignes en VHF (Norme E) et les 625 lignes en UHF (Norme L, occupant moins de bande passante, ce qui sera utile pour la future TV couleurs) dont les premières expérimentations se déroulent le ) depuis la tour des Buttes Chaumont.
Par la suite, un deuxième réseau 625 lignes UHF sera mis en service à partir du pour la diffusion de la troisième chaîne couleur de l'ORTF, et enfin un troisième réseau le pour la diffusion en couleurs de TF1 en parallèle ("duplication") avec le réseau 819 lignes VHF.
Le 4e réseau (appellation TDF), sera totalement arrêté le (convention CSA renouvelée, après cette date, uniquement en norme numérique DVB-T).
Performance
Avec ses 737 lignes actives, la norme 819 lignes possédait une meilleure résolution d'image que son prédécesseur, la norme 441 lignes, avec une bande passante particulièrement large pour l'époque :
- Norme E France : 14 MHz (puis finalement limitée à 8 MHz dans la norme L en UHF 819 L)[1].
- Norme F Belge : 8 Mhz[1].
Comparaison avec les standards ultérieurs :
Le 819 lignes sera paradoxalement remplacé en 1967 par le 625 lignes à la résolution inférieure mais offrant une compatibilité avec la couleur : la bande passante du 625 lignes était de 6 MHz en SECAM en (France et Dom-Tom, Russie, Pologne, Hongrie), de 5 MHz (Grèce, Djibouti, Ile Maurice), et de 5 MHz en PAL pour le reste de l'Europe[2],[3].
Le 819 lignes est également théoriquement d'une définition verticale plus élevée que la norme numérique 720p apparue au début des années 2000 (bien que définissant un signal entrelacé contrairement à cette dernière). À noter que le rapport d'image n'étant pas de 4/3, mais de 4,12/3, soit 1,37, on aurait donc (en supposant une image composée de pixels carrés) l'équivalent d'une image de définition 1012×737 (737×1,37 = 1012). En réalité, ce calcul est trompeur, dans la mesure où la résolution horizontale d'une image analogique dépend avant tout de sa bande passante: selon le théorème de Shannon-Nyquist, la fréquence d'échantillonnage d'un signal doit être au minimum le double de la bande passante du signal ; en d'autres termes, on obtient la résolution horizontale de l'image en multipliant la durée de la partie active de la ligne par le double de la bande passante. En prenant les valeurs maximales permises par le décret[4], on a 40,84 µs[5] × 10,4 MHz[6] × 2 = 849 points par ligne. D'autres sites[7] suggèrent des valeurs réelles plus pessimistes de 39,44 µs et 10 MHz qui aboutissent à 788 points par ligne. Dans le cas le plus favorable, la comparaison avec une image au format 4,12/3 extraite d'une image 720p 16/9 indique que le 819 lignes offrirait alors (737×849)/(720×720×4,12/3) → 87,8 % de la définition du 720p. Par contre la valeur la plus pessimiste représente tout de même un accroissement de définition de 62 % par rapport à un signal 625 lignes (51,94 µs, 6 MHz).
Annexes
Jusqu'au [8], les téléviseurs couleurs et noir et blanc, avaient l'obligation de recevoir la norme E ainsi que les normes L et L'. Ainsi, sur le clavier de sélection de programme du récepteur, une ou deux touches étaient affectées ou affectables à la norme E et au balayage 819 lignes. À la fin des années 1970, certains réémetteurs diffusaient TF1 en 819 lignes sur des canaux UHF de 8 MHz. Lors de l'extension de la diffusion de TF1 en 625 lignes, ces réémetteurs ont basculé du signal 819 lignes (provenant généralement d'un émetteur "pilote" principal en VHF) au nouveau signal 625 lignes jusqu'à l'arrêt de l'analogique et à la conversion totale du site à la norme DVB-T.
Dans les années 1950, Henri de France avait expérimenté et présenté à l'ORTF un projet de diffusion SECAM en 819 lignes afin de « coloriser » la 1re chaîne. Ce projet n'a pas eu suite car il occupait trop de bande passante mais surtout il rendait quasi impossible, avec les moyens de l'époque, l'échange d'images en couleurs avec les pays voisins utilisant une norme à 625 lignes.
La France avait créé pour le 819 lignes un réseau de télédiffusion reposant sur des canaux de 14 MHz. On peut remarquer que cela lui aurait théoriquement permis de diffuser le HD Mac (standard européen de haute définition analogique 1986-1993) par voie terrestre, car cette norme nécessitait une bande passante de 12 MHz. Elle produisait une image au format 1440x1152i/25, mais n'a cependant été spécifiée que pour le satellite et les réseaux câblés car la diffusion sur réseau terrestre aurait nécessité des modifications pour lui permettre une résistance suffisante aux échos. Un projet de standard (D2-Mac paquet) adapté à la diffusion terrestre a été proposé par le CCETT mais rapidement abandonné en raison du développement beaucoup plus rapide qu'initialement envisagé de la télévision numérique (projet DVB, 1993).
Notes et références
- « 819 lignes : La télévision analogique », sur www.tvnt.net (consulté le ).
- (fr + fr) « Les standards de la télévision sur Son-Vidéo.com », sur www.son-video.com (consulté le ).
- « Vidéo et transmission. », sur portelatine.chez-alice.fr (consulté le ).
- "Documents sur les spécifications officielles du réseau 819 lignes", en section "liens externes"
- "L'intervalle de temps inutilisé pour la transmission des signaux de vision entre deux lignes successives n'est pas inférieur à 8 microsecondes": 25 i/s à 819 lignes donnent 48,84 µs par ligne, 48,84 - 8 = 40,84 µs
- "de 0,85 à 11,25 Mc, bande latérale inférieure sans atténuation de l'émetteur vision": 11,25 - 0,85 = 10,4 MHz
- http://www.pembers.freeserve.co.uk/World-TV-Standards/Line-Standards.html
- Arrêté du 20 mars 1981 relatif aux conditions de commercialisation des appareils récepteurs de télévision (Journal Officiel du 22/03/1981 p. 841)
Liens externes
- (fr) «Les lignes test en télévision : application à la TV d'amateur» sur le site perso de Jean-François Fourcadier
- (fr) «Le signal vidéo - Page pour débutants expliquant comment est transmise une image TV» sur un site perso consacré à la TV et aux antennes radioamateurs
- (fr) «Retro-Forum» Forum concernant les techniques TV et vidéo
- (fr) «819 Lignes» Restauration d'un poste 819 lignes de 1951
- (fr) «Télésat» Articles de presse relatant de l'arrêt de la diffusion en 819 lignes
- (fr) «Documents sur les spécifications officielles du réseau 819 lignes» ainsi que les caractéristiques de ces signaux
- (fr) «Arrêté du 5 avril 1949» sur Legifrance (détaille les spécifications du signal)
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