(162173) Ryugu
(162173) Ryugu est un astéroïde Apollon de type C potentiellement dangereux découvert en 1999 par le projet LINEAR et provisoirement désigné 1999 JU3. En 2018, on lui a découvert une activité cométaire[1].
Demi-grand axe (a) |
0,1779×109 km (1,1895 ua) |
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Périhélie (q) |
0,1441×109 km (0,96318 ua) |
Aphélie (Q) |
0,2118×109 km (1,4158 ua) |
Excentricité (e) | 0,19027 |
Période de révolution (Prév) |
473,86 j (1,30 a) |
Inclinaison (i) | 5,8840° |
Longitude du nœud ascendant (Ω) | 251,614° |
Argument du périhélie (ω) | 211,437° |
Anomalie moyenne (M0) | 322,371° |
Catégorie | Astéroïde Apollon |
Paramètre de Tisserand (TJup) | 5,308 |
Dimensions | 980 ± 29 m |
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Période de rotation (Prot) | 0,3178 ± 0,0003 j |
Classification spectrale | C |
Magnitude absolue (H) | 19,2 |
Albédo (A) | 0,06 |
Plus ancienne observation de pré-découverte | |
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Date | |
Découvert par | LINEAR |
Désignation | 1999 JU3 |
Découverte, désignation et nom
Ryugu a été découvert le par les astronomes grâce au Lincoln Near-Earth Asteroid Research, au Lincoln Laboratory's Experimental Test Site (en), près de Socorro, au Nouveau-Mexique (États-Unis)[2]. Il a alors reçu la désignation provisoire 1999 JU3.
L'astéroïde a été officiellement baptisé Ryugu par le Centre des planètes mineures le dans la Minor Planet Circulars no 95804[3]. Ce nom fait référence au Ryūgū-jō (le palais du dragon) qui, dans la mythologie japonaise, est le palais sous-marin de Ryūjin, le dieu dragon de la mer. Dans l'histoire, le pêcheur Urashima Tarō voyage jusqu'au palais sur le dos d'une tortue et, lors de son retour, rapporte avec lui une mystérieuse boîte, de façon analogue à Hayabusa 2 revenant avec les échantillons de l'astéroïde[2],[4].
Caractéristiques
L'astéroïde est de forme à peu près sphérique avec un diamètre d'environ 875 mètres (à 15 mètres près). Sa période de rotation est de 7,63 heures. Son albédo de 0,047 est faible[5].
Géographie et géologie
Ryugu est couvert de nombreux rochers. Le plus gros d'entre eux est surnommé Otohime[6], d'après Otohime, princesse du palais Ryūgū-jō dans la légende japonaise de Urashima Tarō.
Le méridien origine est défini par le rocher Catafo Saxum[7].
Exploration
Choix du site d'atterrissage
Après une première sélection parmi 10 sites potentiels[8], le CNES et la DLR (agence spatiale allemande) déterminent un site d'atterrissage principal, nommé MA-9[9], dans l'hémisphère sud de l'astéroïde, ainsi que deux sites de secours[10],[11].
Déroulement de l'exploration
(162173) Ryugu est la destination de la sonde spatiale japonaise Hayabusa 2, qui doit en prélever des échantillons. Elle se met en orbite le [12].
Le elle s'en approche à moins de 6 km. Les photographies révèlent une surface constellée de nombreux petits rochers, rendant difficile le choix d'un lieu d’atterrissage pour les robots d'exploration qui seront largués par la sonde en [13],[9].
Le , les premières images haute résolution de la surface de l'astéroïde sont prises par la camera ONC-T (Optical Navigation Camera - Telescopic) à l'occasion de la descente d'Hayabusa 2 pour le largage de la sonde MINERVA-II-1[14].
Le , deux micro-robots japonais MINERVA-II-1 et 2 atterrissent sur Ryugu. C'est la première fois que des rovers se posent sur un astéroïde. Le robot franco-allemand Mascot (Mobile Asteroid Surface Scout) les rejoint le [15],[16],[17].
Résultats de la mission Hayabusa 2
Les premières observations optiques de Ryugu par la sonde spatiale Hayabusa 2 débutent en juin 2018 mais les premiers résultats scientifiques sont communiqués en . Ryugu a la forme d'une toupie avec un épais bourrelet au niveau de l'équateur. La circonférence en passant par l'équateur est de 1 004 mètres alors qu'elle n'est que de 875 mètres en passant par les pôles (dans les deux cas à 4 mètres près).
L'astéroïde est en rotation rétrograde avec une période de 7,63 heures. L'axe de rotation est pratiquement perpendiculaire au plan orbital avec une inclinaison orbitale de 171,6 degrés. Son volume est de 0,377 km3 et sa densité est de 1,19. En partant de l'hypothèse qu'il est composé de chondrites carbonées — ce que semblent confirmer les images acquises par la caméra de MASCOT[18] —, de densité minimale 2,42, sa porosité est de 50 %. C'est un des objets les plus sombres jamais observés dans le système solaire (albédo compris entre 1,4 et 1,8 %). La surface est recouverte de rochers (2 fois plus que Itokawa), dans des proportions qui ont étonné l'équipe scientifique. Le plus important, baptisé Otohime, fait 160 mètres dans sa plus grande longueur.
Aucun satellite n'a pu être observé. La forme très symétrique de Ryugu (vu du pole il est presque parfaitement circulaire), pourrait être expliquée si l'astéroïde tournait plus rapidement dans le passé. Les cratères observables sur le bourrelet équatorial impliquent que cette formation est ancienne mais elle l'est moins que les zones situées aux latitudes intermédiaires. On dénombre à la surface de Ryugu une trentaine de dépressions circulaires de plus de 20 mètres de diamètre mais près de la moitié ne sont pas entourées d'un rebord et pourraient résulter de l'effondrement de la surface ou de l'éjection de celle-ci par les forces centrifuges[19].
Comme tous les astéroïdes de cette taille circulant sur une orbite de quasi collision avec la Terre, Ryugu n'est pas très âgé à l'échelle géologique. Ce type d’astéroïde est le fragment d'un astéroïde plus gros circulant dans la ceinture d'astéroïdes qui a éclaté à la suite d'une collision. L'orbite de Ryugu soumis à la fois à l'effet Yarkovsky et à l'effet YORP s'est progressivement rapprochée de celle des planètes internes. En étudiant les spectres des roches de Ryugu, les scientifiques japonais ont tenté de déterminer l'astéroïde parent. Les candidats les plus proches sont (142) Polana et (495) Eulalie mais les spectres sont légèrement différents. L'albédo particulièrement bas a surpris les scientifiques qui s'attendaient à une valeur comprise entre 3 et 4%. Aucune météorite identifiée sur Terre n'a un albédo aussi bas. La composition des roches à la surface de Ryugu semble très homogène. Tous les spectres montrent une petite quantité d'hydroxyde probablement présent dans un minéral argileux riche en magnésium. Cette composition indique que les matériaux présents ont interagi par le passé avec de l'eau. Cette composition et l'apparence (albédo) semblent indiquer que les roches qui forment Ryugu sont issues des couches internes d'un astéroïde de grande taille qui auraient subi une métamorphose thermique tout en étant infiltré par l'eau. Pour que ce processus se déclenche il fallait que cet astéroïde fasse quelques centaines de kilomètres de diamètre. Le réchauffement très important a pu être généré soit par la décomposition radioactive de l'Aluminium 26 soit par un impact violent avec un autre astéroïde[19].
Jeu concours
À l'occasion de la mission Hayabusa 2, les agences spatiales organisent un jeu concours à l'intention des enfants en France, en Allemagne et au Japon. Ils doivent dessiner l'astéroïde dans l'une des trois catégories au choix : réalisme, humour et créativité[20]. Les gagnants sont désignés pour la France le [21].
Notes et références
- (en) Vladimir V. Busarev, Andrei B. Makalkin, Faith Vilas, Sergey I. Barabanov et Marina P. Scherbina, « New candidates for active asteroids: Main-belt (145) Adeona, (704) Interamnia, (779) Nina, (1474) Beira, and near-Earth (162,173) Ryugu », Icarus, vol. 304, , p. 83-94 (DOI 10.1016/j.icarus.2017.06.032).
- (en)Données orbitales de Ryugu sur le site du Minor Planet Center.
- (en)"Name Selection of Asteroid 1999 JU3 Target of the Asteroid Explorer Hayabusa2", sur JAXA, 5 octobre 2015
- (en)"Name Selection of Asteroid 1999 JU3 Target of the Asteroid Explorer Hayabusa2", JAXA, 5 octobre 2015
- (en) Paul Abell et all, « "Hayabusa 2" », , p. 13-14.
- B. Sharp, « Animation of #Ryugu's south pole remarkable megaboulder as seen by @haya2e_jaxa's navcam in different operationspic.twitter.com/Q2Qi6Po5Oy »,
- « Jan. 21, 2019. What's new », sur JAXA Hayabusa2 project
- « Choix du site d’atterrissage de Mascot : « un vrai challenge ! » », sur Hayabusa2/Mascot
- « MA-9 : le site d'atterrisage de MASCOT sur l'astéroïde Ryugu », sur Hayabusa2/Mascot
- « Trois sites d’atterrissage sélectionnés pour la mission d’exploration de l’astéroïde Ryugu par Hayabusa2 », sur presse.cnes.fr
- Futura, « Hayabusa-2 : mission réussie pour Mascot après 17 h d'activité sur Ryugu », sur Futura
- « La sonde Hayabusa 2 transmet sa première image de l'astéroïde Ryugu », sur Science-et-vie.com, .
- « L'astéroïde Ryugu vu à moins de 6 km », sur Ciel & Espace
- (en)Images de la surface de Ryugu capturées par ONC-T (Optical Navigation Camera - Telescopic) d'Hayabusa 2, 27 septembre 2018
- (en) « MINERVA-II1: Successful image capture, landing on Ryugu and hop! », sur hayabusa2.jaxa.jp, .
- « Mascot, le robot-franco-allemand, a bien atterri sur l’astéroïde Ryugu », sur 20minutes.fr, .
- « REPLAY. Revivez l'atterrissage de l'instrument MASCOT sur l'astéroïde Ryugu, une étape cruciale d'Hayabusa 2 », sur sciencesetavenir.fr, (consulté le )
- (en) R. Jaumann, N. Schmitz, T.-M. Ho, S. E. Schröder, K. A. Otto et al., « Images from the surface of asteroid Ryugu show rocks similar to carbonaceous chondrite meteorites », Science, vol. 365, no 6455, , p. 817-820 (DOI 10.1126/science.aaw8627).
- (en) Emily Lakdawalla, « First Science Results from Hayabusa2 Mission », The Planetary Society,
- « [Jeu-concours] « Dessine-moi l’astéroïde Ryugu » », sur SpaceGate
- « [Jeu-concours] Les gagnants de « Dessine-moi l’astéroïde Ryugu » sont... », sur SpaceGate
Voir aussi
Bibliographie
- (en) Caractéristiques et simulation d'orbite de 162173 sur la page Small-Body Database du JPL. [java]
- Faith Vilas, « Spectral Characteristics of Hayabusa 2 Near-Earth Asteroid Targets 162173 1999 JU3 and 2001 QC34 », The Astronomical Journal, vol. 135, , p. 1101 (DOI 10.1088/0004-6256/135/4/1101, Bibcode 2008AJ....135.1101V)
- Hasegawa, Sunao; Müller, Thomas G.; Kawakami, Kyoko; Kasuga, Toshihiro; Wada, Takehiko; Ita, Yoshifusa; Takato, Naruhisa; Terada, Hiroshi; Fujiyoshi, Takuya; Abe, Masanao, « Albedo, Size, and Surface Characteristics of Hayabusa-2 Sample-Return Target 162173 1999 JU3 from AKARI », Publications of the Astronomical Society of Japan, vol. 60, no SP2, , S399–S405
- Abe, Masanao; Kawakami, Kyoko; Hasegawa, Sunao; Kuroda, Daisuke; Yoshikawa, Makoto; Kasuga, Toshihiro; Kitazato, Kohei; Sarugaku, Yuki; Kinoshita, Daisuke; Miyasaka, Seidai; Urakawa, Seitaro; Okumura, Shinichirou; Takagi, Yasuhiko; Takato, Naruhisa; Fujiyoshi, Takuya; Terada, Hiroshi; Wada, Takehiko; Ita, Yoshifusa; Vilas, Faith; Weissman, Paul; Choi, Young-Jun; Larson, Steve; Bus, Schelte; Mueller, Thomas (13–20 July 2008). « Ground-based observational campaign for asteroid 162173 1999 JU3 » dans 37th COSPAR Scientific Assembly .
- H. Campins, J. P. Emery, M. Kelley, Y. Fernández, J. Licandro, M. Delbó, A. Barucci et E. Dotto, « Spitzer observations of spacecraft target 162173 (1999 JU3) », Astronomy and Astrophysics, vol. 503, , p. L17 (DOI 10.1051/0004-6361/200912374, Bibcode 2009A&A...503L..17C, arXiv 0908.0796)
- (March 10–14, 2008) « Ground-based observational campaign for asteroid 162173 1999 JU3 » dans Lunar and Planetary Science XXXIX .
- « International Symposium Marco Polo and other Small Body Sample Return Missions »
Articles connexes
Liens externes
- Bases de données astronomiques : (en) AstDyS-2 • (en) Caractéristiques et simulation d'orbite de 162173 sur la page Small-Body Database du JPL. [java] • (en) Minor Planet Center database • (en) NEODyS-2
- Images de la surface de Ryugu capturées par ONC-T (Optical Navigation Camera - Telescopic) d'Hayabuza2, JAXA 27 septembre 2018
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