Ġgantija

Ġgantija tour des géants » en maltais) est le nom d'un ensemble de deux temples mégalithiques de Malte situé au centre de l'île de Gozo près de la ville de Xagħra. Ce site est connu de très longue date. Il est désigné comme site antique dès 1770 lors du premier voyage de Jean-Pierre Houël à Malte. « Cette tour des géants n'est que le reste d'un édifice que je crois de la plus haute antiquité. Il est certainement antérieur aux édifices que les Grecs construisirent dans cette isle[2]. »

Ġgantija

Temple de Ġgantija.
Présentation
Chronologie 3600-3000 av. J.-C.
Type Temple mégalithique
Faciès culturel Mégalithisme maltais
Fouille 1827
Protection  Patrimoine mondial (1992, Temples mégalithiques de Malte)[1]
Caractéristiques
Matériaux Calcaire
Géographie
Coordonnées 36° 03′ nord, 14° 16′ est
Pays Malte
Commune Xagħra, sur l'île de Gozo
Géolocalisation sur la carte : Malte
La déesse mère de Ggantija.

En fait ce temple fait partie d'une série qui remonte pour les plus anciennes traces à environ 5 000 av. J.-C., ce qui en font les plus anciennes constructions monumentales au monde[réf. nécessaire], précédant de 300 ans la première construction mégalithique continentale le cairn de Barnenez dans le Finistère (4 700 à 4 300 av. J.-C.), de 1 000 ans les alignements de Carnac (4 000 av. J.-C.), de 2 200 ans le cercle de Stonehenge (2 800 à 1 100 av. J.-C.) et 2 400 ans les pyramides d'Égypte (2 600 à 2 400 av. J.-C.) même si la majorité des archéologues spécialistes du mégalithisme, comme Jean Guilaine[3] ou Roger Joussaume[4] considèrent que l'origine du mégalithisme est à rechercher en Europe atlantique à la différence des « théories diffusionistes » de P. Laviosa-Zambotti qui percevait Malte comme l'un de ces « tremplins de civilisations » ou Luigi Bernabò Brea (1910-1999) qui n'hésitait pas à voir dans Malte « l'incontournable courroie de transmission des techniques du mégalithisme, supposées nées en Orient, et qui, véhiculées par d'audacieux navigateurs, auraient gagné le bassin occidental pour s'épanouir largement dans toute l'Europe atlantique »[5].

Plan du temple de Ġgantija.

C'est ce temple qui est à l'origine de la troisième phase (3 600-3 000 av. J.-C.) de la période des Temples (4 100-2 500 av. J.-C.). Les premières fouilles sont menées en 1827 et le site n'est enclos qu'en 1956. En 1980, l'Unesco classe le temple de Ġgantija au patrimoine mondial de l'humanité[1].

Description

Le site est imposant par sa superficie (50 × 35 m) et la taille de certaines pierres de clôture (la plus grande mesure 5,70 × 3,80 m pour un poids estimé à 50 tonnes) à disposition alternée, dalle de face – dalle debout, pour une meilleure solidité de la paroi. Un même mur de clôture enserre deux temples orientés sud-est / nord-ouest aux façades distinctes.

Le temple méridional (28 × 24 m) est de forme tréflée (peut-être 4 100 av. J.-C. dans une forme primitive) précédé d'une salle à double abside (3 600 av. J.-C.). Le temple septentrional (20 × 18 m) est une succession de deux salles à double abside (postérieur à 3 600 av. J.-C.). La salle du fond comporte une niche à la place de la traditionnelle abside frontale. Le site est utilisé entre 4 100 et 3 000 av. J.-C.[6]

Dans le temple méridional, l'abside de droite en entrant semble avoir une importance particulière pour le culte. Un écran de pierre, précédé d'un foyer, délimite le fond de l'abside. S'y trouvent deux autels bas sculptés de spirales, disposés sur des marches formant estrade. Au-dessus se situe une niche qui devait recevoir la pierre conique (1 m de haut), parfaitement polie, qui est exposée aujourd'hui au musée national d'archéologie. L'abside de gauche a révélé lors des fouilles un enduit d'argile revêtu de plâtre décoré à l'ocre rouge. Le couloir permettant le passage dans les absides du fond est constitué de pierres dressées décorées de petites concavités. L'abside de gauche comporte trois niches constituées de blocs parfaitement équarris montrant encore des traces d'outils peut être métallique[7].

Le temple septentrional, aujourd'hui en assez mauvais état, comportait lors des fouilles des niches assez bien conservées. Dans l'abside du fond à droite, les fouilles mirent au jour une très grande quantité d'os d'animaux et de débris de poterie sous une couche de cendres[8].

Bibliographie

  • Alain Blondy, Malte, Arthaud, Paris, 1991, Réed. 2007.
  • Jean Guilaine, Mégalithisme de l'Atlantique à l'Éthiopie, Éditions Errance, Paris, 1999.
  • Jean Guilaine, « Malte et la préhistoire de la Méditerranée » dans Malte du Néolithique à la conquête normande, Dossier d'archéologie, no 267, octobre 2001.
  • Jean-Pierre Houël, Voyage pittoresque des isles de Sicile, de Malthe et de Lipari, Imprimerie de Monsieur, Paris, 1787 (M.DCC.LXXXVII).
  • Roger Joussaume, Les charpentiers de la pierre, monuments mégalithiques dans le monde, Éd. La maison des roches, 2003.
  • Brigitte Sedlaczek, Archéologie des îles maltaises, MP Graphic Formula, Rome, Progress Press Co. Ltd, Valetta, 2000.

Références

  1. « fiche officielle de classement no 132 » (consulté le )
  2. J.-P. Houël (1787) t. IV, p. 78, pl. CCL-CCLI.
  3. J. Guillaine (1999)
  4. R. Joussaume (2003)
  5. J. Guilaine (2001) p. 16.
  6. B. Sedlaczek (2000) p. 15.
  7. A. Blondy (1991) p. 275.
  8. A. Blondy (1991) p. 276.
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