Île aux Bœufs (Le Goulet)

L'île aux Bœufs est une île sur la Seine, en France, appartenant administrativement à Notre-Dame-de-l'Isle, en Normandie.

Pour les articles homonymes, voir Île aux Bœufs.

Île aux Bœufs

Île aux Bœufs à gauche
séparée de l'île aux Prêles à droite
Géographie
Pays France
Localisation Seine
Coordonnées 49° 08′ 42″ N, 1° 25′ 07″ E
Superficie 0,650 7 km2
Point culminant m
Administration
Statut Île fluviale

Région Normandie
Département Eure
Communes Notre-Dame-de-l'Isle
Autres informations
Géolocalisation sur la carte : Eure
Île aux Bœufs
Géolocalisation sur la carte : Normandie
Île aux Bœufs
Île sur la Seine

Description

Elle se situe à hauteur du Goulet. : le Goulet est un hameau partagé entre les communes de Saint-Pierre-d'Autils, de Saint-Pierre-la-Garenne et Saint-Pierre-de-Bailleul.

Une motte castrale se devine difficilement en bordure gauche de la Seine ; la cartographie est cependant précise en situant clairement ses vestiges au niveau de l'embouchure du ruisseau de Saint-Ouen, tandis que les clichés aériens révèlent le relief particulier de la motte castrale[1].

L'île sur laquelle le fort est planté est classée en zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF) [2], au même titre que l'île aux Prêles à laquelle elle est jointe de nos jours.

Cette grande presqu'île se trouve attachée géologiquement à la commune de Saint-Pierre-la-Garenne, dans sa partie Nord, par un petit bras de terre dominé par un boisement humide avec notamment le très rare frêne à folioles étroites et par une plantation de peuplier noir. Ce petit secteur est d'ailleurs intégré à la zone spéciale de conservation « Les îles et berges de la Seine dans l'Eure » [3]. L'île est bordée, à l'Est, par la Seine et, à l'Ouest, par un bras mort de près de 3 km de longueur où se développent des tapis de nénuphar jaune, assez rare dans la région. La majorité de la surface de l'île est exploitée en culture ou en paturages.

Une mare, située au centre de l'île et présentant un potentiel pour des amphibiens, est actuellement utilisée comme abreuvoir. Les berges boisées sont rares, seuls quelques reliquats d'une ancienne ripisylve de saule blanc sont encore présents.

Ponctuellement, de petites plages sablo-vaseuses alternent avec de petits abrupts favorables au martin pêcheur.

Deux espèces floristiques patrimoniales s'y développent : le rubanier simple, rare, et le pigamon jaune, assez rare.

La disparition de la ripisylve, en raison des pressions agricoles et de l'accumulation de déchets sur les berges, est la principale menace qui pèse sur ces îles déjà très aménagées.

Historique

Si l'île aux Bœufs mérite un détour, c'est qu'elle joue un rôle dans l'histoire du système défensif de Château-Gaillard.

En 1197, le roi d'Angleterre et duc de Normandie Richard Cœur de Lion érige sur l'île La Tour au niveau de Tosny le fort de «Boutavant»[4] pour protéger la frontière orientale du duché de Normandie contre les attaques éventuelles du roi de France Philippe Auguste (le fort est rasé en 1202[5] par les Français en préalable au siège de Château-Gaillard).

En réplique, Philippe Auguste fait édifier une forteresse de taille moyenne sur la présente île, située à la frontière de France[6], connu sous le nom de «Boute-Arrière» ou du «Goulet»[7].

Renaud de Dammartin y fut retenu captif en 1214[7] et y mourut en 1227.

Le traité de Londres du 24 mars 1359 mentionne Le Goulet (le château), au même titre que Vernon, comme cédé aux Anglo-Navarrais.

Le , Charles V le Sage y séjourne à l'aube de son règne, soit un mois avant que ne soit livrée la bataille de Cocherel. En 1371, Bruneau de Commandel[8] est capitaine du château du Grand-Goulet[9].

Ce fort disparaît sur ordre d'Henri V d'Angleterre donné le [7] et, sur autorisation de Charles IX réitérée en 1571, ses pierres étant remployées à la reconstruction de la chartreuse de Bourbon-lez-Gaillon.

Au XXIe siècle, les vestiges du château-fort sont cadastrés AD23[10]. Au sud, les quelques vestiges d'une motte castrale sont engloutis depuis la mise en service de l'écluse Notre-Dame-de-la-Garenne.

Le plan local d'urbanisme identifie sur l'île un site archéologique comprenant la ferme du Goulet, l'île, le château fort remontant au Moyen Âge classique et à la période moderne[11].

Références

  1. Vue aérienne sur la motte féodale de l'Île aux Bœufs, sur photo-paramoteur.com
  2. ZNIEFF 230030979 - Les îles aux Prêles et aux Bœufs sur le site de l’INPN.
  3. FR2302007, les îles et berges de la Seine dans l'Eure.
  4. Jules Marie Édouard Viard, Les grandes chroniques de France, publiées pour la Société de l'histoire de France, Volume 6, Société de l'histoire de France, 1930, p. 261.
  5. Ernest Poret de Blosseville, Dictionnaire topographique du département de l'Eure : comprenant les noms de lieu anciens et modernes, Imprimerie Nationale, Paris, 1877, p. 118.
  6. « Histoire de Saint-Pierre d'Autils », notice no IA27000537, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  7. Léon Coutil, Le Château Gaillard construit par Richard Cœur-de-Lion en 1197-1198 : notice historique et archéologique, Paris, Dumont et Lechevalier, , 107 p., p. 30.
  8. Joseph Kervyn de Lettenhove, Œuvres de Froissart : Chroniques : table analytique des noms géographiques, L - Z, vol. 1, t. 25, V. Devaux, , 498 p. (lire en ligne), p. 447.
  9. Joseph Kervyn de Lettenhove, Œuvres de Froissart : Chroniques : table analytique des noms géographiques, A - K, vol. 1, t. 24, V. Devaux, , 389 p. (lire en ligne), p. 344.
  10. « Château-fort », notice no IA00017595. Il convient de lire AD23 au lieu et place de AO23.
  11. Sites archéologiques de la commune, in PLU, page 28/61, Document relatif au plan local d'urbanisme. .

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean Mineray, Récits et documents pour servir à l'histoire de Gaillon et d'alentour, Luneray, Bertout, , 255 p. (lire en ligne), p. 25 et s..
  • Léon Coutil, Le donjon de Boutavant et le fort du Goulet, Elbeuf - Rouen, La Normandie littéraire, (lire en ligne), p. 14-20.

Articles connexes

Liens externes

  • Portail de l’Eure
  • Portail du monde insulaire
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.