Énergie solaire en Europe

La filière de l'énergie solaire en Europe a été pionnière au niveau mondial, mais connait un net ralentissement sous l'effet de la crise et de problèmes d'intégration qui avaient été insuffisamment anticipés.

Centrale solaire photovoltaïque de Krughütte (29 MW) à Eisleben, Saxe-Anhalt en Allemagne, 2012.

Dans le solaire thermique, le marché européen recule d'année en année depuis le pic atteint en 2008. L'Allemagne est largement en tête en termes de puissance installée avec 37,8 % du total européen en 2017, mais en puissance par habitant elle n'est qu'au 5e rang européen derrière Chypre, l'Autriche, la Grèce et le Danemark. En 2017, l'Europe représentait 7,1 % du total mondial, loin derrière la Chine (69 %), mais par habitant en 2015 les trois premiers pays européens sont devant la Chine, qui est au 7e rang mondial.

Dans le photovoltaïque, la part de l'Europe dans le parc mondial a chuté de 75 % en 2010 à 19,9 % en 2020 ; la principale raison de ce déclin est la croissance très rapide des marchés asiatiques : en 2020, la part de marché de la Chine a été de 34,6 %, celle des États-Unis de 13,8 %, le Vietnam et le Japon occupant les troisième et quatrième rangs, l'Europe ne représentant plus que 14,1 % du marché mondial ; la deuxième raison est liée à la crise économique et budgétaire qui a amené la plupart des pays européens à restreindre, voire supprimer leurs soutiens au photovoltaïque, jugé trop coûteux malgré la forte baisse du coût des panneaux, source d'importations et de difficultés d'intégration au réseau ; 2019 a cependant connu un redémarrage avec en particulier le retour de l'Espagne sur le marché. Le photovoltaïque a représenté un peu plus de 4 % de la production d'électricité européenne contre 3,8 % en 2018 et 3,4 % en 2017. Les deux premiers pays producteurs totalisent 54 % du total de l'Union européenne : Allemagne 36 % et Italie 18 %.

Le solaire thermodynamique a connu un démarrage rapide à partir de 2009, surtout en Espagne, mais la chute rapide des coûts du photovoltaïque et l'arrêt des aides au solaire en Espagne en 2012 ont stoppé son développement. L'Espagne était encore en 2016 le leader mondial avec 53,3 % du parc en fonctionnement mondial et plus de 99 % du parc européen, mais sa part décroît progressivement avec le développement du solaire thermodynamique en Chine, au Moyen-Orient, au Chili, en Afrique du Sud, etc.

Potentiel solaire de l'Europe

Carte de l'irradiation solaire annuelle globale horizontale et potentiel photovoltaïque en Europe. Source : SolarGIS © 2011 GeoModel Solar s.r.o.

L'irradiation solaire annuelle globale horizontale (IGH) figurée sur la carte ci-contre varie d'environ 800 kWh/m2 en Écosse à environ 1 800 kWh/m2 en Andalousie, en Crête et à Chypre. Pour référence, l'IGH en France est en moyenne de 1 274 kWh/m2.

Solaire thermique

Puissance installée thermique

Chauffe-eau solaire monobloc sur toiture, 2009.

En 2017, la superficie installée dédiée à la production d’eau chaude et au chauffage a subi en Europe sa neuvième baisse consécutive depuis 2009 -24,7 % par rapport à 2016, soit une surface installée de 1,96 million de m3 équivalente à une puissance thermique de 1 372 MWth. La part de marché mondial de l'Union européenne s'est élevée à 5,6 % en 2017 et sa part dans la puissance totale en opération fin 2017 à 7,1 % ; la Chine représente à elle seule 69,2 % du parc mondial[1].

En 2015, l'Europe représentait 11,3 % du total mondial, loin derrière la Chine (71 %) ; mais pour la puissance installée par habitant, plusieurs pays européens sont largement en tête du classement mondial : l'Autriche (2e), Chypre (3e), la Grèce (5e) et l'Allemagne (10e), alors que la Chine n'est que 7e[2].

Surfaces de capteurs solaires thermiques installées dans l'Union européenne
Pays Installations
2016 (m²)
Installations
2017 (m²)
Parc cumulé
fin 2017 (m²)
Puissance
MWth
Allemagne766 000650 00019 442 00013 609
Autriche111 800101 4605 172 1853 621
Grèce272 000316 0004 596 0003 217
Italie211 690151 0004 106 9502 875
Espagne212 190201 5054 042 0002 829
France**120 100120 0913 105 0002 174
Pologne115 400113 0002 128 8801 490
Danemark478 29731 5001 376 750964
Portugal46 10046 100*1 222 100855
République tchèque31 00024 0001 093 443765
Belgique46 50035 400731 700512
Royaume-Uni13 9109 938725 190508
Pays-Bas27 93729 933646 575453
Total UE-282 585 0231 960 66651 406 67935 985
Source : EurObserv'ER[1] - * estimation ; ** France : DOM inclus.
Chauffage solaire en Wth/habitant
Pays 2011[3] 2013[4] 2017[1]
Chypre609551521
Autriche397419413
Grèce253263299
Danemark78108168
Allemagne130150164
Malte8083112
Slovénie657284
Portugal586883
République tchèque536575
Luxembourg375172
Espagne414862
Irlande274351
Italie344347
Belgique273445
Pologne172739
Suède353638
Croatiend2334
France*252732
Pays-Bas353726
Slovaquie192124
Hongrie91422
Bulgarie11814
Lettonie469
Roumanie469
Royaume-Uni778
Estonie147
Finlande567
Lituanie135
Union européenne556270
* France : DOM inclus

En 2013, le marché du solaire thermique a connu une cinquième année de recul : -13,2 %, avec 3,03 millions de m3 contre plus de 4,6 millions de m3 en 2008, année record. Une partie de ce recul s'explique par la diminution de la surface moyenne des capteurs en raison de leur meilleure efficacité[n 1] ; la baisse du marché est aussi liée à la crise, en particulier à la baisse du marché de la construction de logements ; enfin, la bulle spéculative du photovoltaïque causée par des incitations mal calibrées a fait concurrence au solaire thermique, dont le temps de retour sur investissement est apparu moins intéressant pour les acquéreurs, et les pouvoirs publics ont accordé moins d'efforts promotionnels au solaire thermique[4].

Chauffage solaire dans l'Union européenne (MWth)[n 2]
Pays 2008[5] 2009[6] 2010[7],[8] 2011[9] 2012[4] 2013[4]
Allemagne7 7669 0369 83110 49611 41612 055
Autriche2 2683 0313 2272 7923 4483 538
Grèce2 7082 8532 8552 8612 8852 915
Italie1 1241 4101 7532 1522 3802 590
Espagne9881 3061 5431 6592 0752 238
France1 1371 2871 4701 2771 6911 802
Pologne2543574596378481 040
Portugal223395526547677717
République tchèque116148216265625681
Pays-Bas254285313332605616
Danemark293339379409499550
Chypre485490491499486476
Royaume-Uni270333374460455475
Suède202217227236337342
Belgique188204230226334374
Irlande5285106111177196
Slovénie96111116123142148
Hongrie1859105120125137
Roumanie6680737493110
Slovaquie677384100108113
Croatie8498
Bulgarie225674815859
Malte252932363435
Finlande182023233033
Luxembourg161922252327
Lettonie11131012
Lituanie122368
Estonie122346
Union européenne (GW) 19,08 21,60 23,49 25,55 29,66 31,39

Politique énergétique

La directive 2009/28/EC sur les énergies renouvelables, découlant du paquet climat-énergie, a pour la première fois pris en compte le secteur du chauffage et de la production de froid[10]. Chacun des pays membre a élaboré un plan pour parvenir aux objectifs fixés (20 % de renouvelables en 2020). Le rapport 2013 de la Commission européenne sur l'avancement des programmes d'énergies renouvelables note que le secteur du chauffage et du froid n'a reçu aucun objectif, même indicatif, et a connu une progression lente depuis 2005, et que de plus les analyses entreprises par la Commission suggèrent que la part des EnR dans ce secteur pourrait décliner au cours des années 2011 et suivantes[11].

Les associations européennes des filières du solaire thermique (Estif), de la géothermie (Egec) et de la biomasse (Aebiom) ont attiré le l'attention du Conseil européen sur la nécessité d'investir dans les énergies renouvelables thermiques pour réduire la dépendance de l'Europe aux importations de gaz russe[4].

Photovoltaïque

Production d'électricité

En 2019, la production d'électricité photovoltaïque de l'Union européenne est estimée à 131,8 TWh, en progression de 7,2 % (hors Royaume-Uni : 119,1 TWh, en progression de 8,2 %) ; elle a représenté un peu plus de 4 % de la production d'électricité européenne contre 3,8 % en 2018 et 3,4 % en 2017, et environ deux fois plus en Allemagne et en Italie. La part de l'autoconsommation a reculé de 22,6 % à 19,9 % en Italie, progressé de 15,2 % à 17,2 % au Portugal, et est estimée à 11 % en Allemagne[v 1].

En 2018, l'Europe du sud a souffert de conditions défavorables, le temps plus nuageux ayant fait chuter le facteur de charge de 1802 heures à 1638 heures en Espagne et de 1184 h à 1086 h en Italie ; à l'inverse, l'Europe du nord a bénéficié de meilleurs facteurs de charge : 1020 h contre 931 h en 2017 en Allemagne, 998 h contre 937 h au Royaume-Uni[h 1] :

Production d'électricité photovoltaïque dans l'Union européenne (TWh)
Pays 2010 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019* Part
2019
% cons.
2018**
Allemagne11,7326,3831,0136,0638,7338,1039,4046,1647,5236,1 %7,7 %
Italie1,9118,8621,5922,3122,9422,1024,3822,6523,6918,0 %6,8 %
Royaume-Uni0,041,352,014,047,5610,4211,5212,9212,689,6 %3,66 %
France[n 3]0,624,024,735,917,268,169,5710,2011,368,6 %1,97 %
Espagne6,428,198,338,228,278,078,517,519,357,1 %2,64 %
Pays-Bas0,060,230,490,781,121,562,203,205,193,9 %2,63 %
Belgique0,562,152,642,883,063,093,293,974,263,2 %4,30 %
Grèce0,161,693,653,793,903,933,993,793,963,0 %6,42 %
Tchéquie0,622,152,032,122,262,132,192,342,391,8 %3,16 %
Roumanie00,010,421,621,981,821,861,771,831,4 %2,88 %
Autriche0,090,340,580,780,941,101,271,441,661,3 %1,85 %
Bulgarie0,020,811,361,251,381,391,401,341,401,1 %3,35 %
Portugal0,210,390,480,630,800,820,991,021,391,1 %1,78 %
Danemark0,010,100,520,600,600,740,750,951,080,8 %2,71 %
Hongrie00,010,030,060,120,200,350,610,950,7 %1,31 %
Slovaquie0,020,420,590,600,510,530,510,580,600,5 %2,01 %
 Union européenne22,5167,3880,9292,32102,33105,22113,51122,32131,78100 %3,8 %
Source : Agence internationale de l'énergie[12] pour 2010-2018 ; EurObserv'ER pour 2019[v 1]
* 2019 : estimation ; ** Part de la consommation d'électricité couverte par la production solaire en 2018[12]

En 2005, la production photovoltaïque de l'Union européenne n'était que de 1,46 TWh, dont 1,28 TWh en Allemagne.

Puissance installée photovoltaïque

En 2019, l’Union européenne a installé 15 635 MWc de nouvelles installations photovoltaïques, en forte hausse après les 8,5 GWc installés en 2018 ; après déduction des mises hors service, la puissance installée du parc européen atteint 130,67 GWc à la fin de 2019, en progression de 13,5 % (117,05 GWc hors Royaume-Uni). Cette accélération s'explique d'abord par le retour de l'Espagne, qui a pris la tête du marché avec 3 993 MWc de nouvelles installations devant l'Allemagne (3 856 MWc) et les Pays-Bas (2 402 MWc) ; plusieurs pays ont renforcé leur politique d'appels d'offres pour compenser leur retard par rapport à leurs objectifs ; la directive sur l'énergie renouvelable du incite les états membres à favoriser l'autoconsommation ; le marché a par ailleurs été stimulé par la levée fin 2018 des barrières anti-dumping contre les modules photovoltaïques chinois. Le marché européen représente seulement la moitié de celui de la Chine (30,1 GWc), pourtant en forte baisse (-32 %), mais reste supérieur à celui des États-Unis (13,3 GWc)[v 2].

En 2020, la part de marché de l'Union européenne atteint 14,1 % (19,6 GWc sur 139,4 GWc), contre 34,6 % pour la Chine et 13,8 % pour les États-Unis, le Vietnam et le Japon occupant les troisième et quatrième rangs ; le parc photovoltaïque de l'Union européenne à la fin de 2020 représente 19,9 % du parc mondial (151,2 GWc sur 758,9 GWc)[13].

En 2018, la puissance supplémentaire connectée dans l’Union européenne s’est établie à 7 606 MWc, en progression de 33,7 % par rapport à 2017, portant la puissance installée du parc européen à 114,55 GWc (données provisoires). Cette reprise du marché européen résulte de la transition vers les mécanismes de marché pour les grandes centrales, ainsi que de l'abolition en des taxes anti-dumping contre les modules chinois. L'Allemagne a poursuivi sa récupération, connectant 2 938 MWc contre 1 625 MWc en 2017, soit +80,8 %, dont les trois quarts sur toitures et le reste au sol[h 1]. L'Europe ne représente plus que 7,6 % du marché mondial, alors que la part de la Chine atteint 45 %. Plus aucun pays de l’Union européenne ne figure dans le top 5 mondial des principaux marchés : derrière le trio de tête composé de la Chine (44,4 GWc), de l’Inde (10,8 GWc) et des États-Unis (10,6 GWc), se placent le Japon (6,5 GWc) et l'Australie (3,8 GWc)[h 2].

En 2017, les nouvelles installations ont été de 5 562 MWc, en baisse de 11,1 % par rapport à 2016, portant la puissance installée du parc européen à 106,6 GWc. Le marché européen était dans une phase de transition, moins axé sur un développement rapide de grandes centrales, mais encadré par une politique d'appels d'offres et plus tourné vers des systèmes en toitures commerciales et résidentielles. L'Allemagne a repris la première place après l'avoir laissée trois années au Royaume-Uni. L'Europe ne représente plus que 5,6 % du marché mondial, alors que la part de la Chine atteint 53 %. Plus aucun pays de l’Union européenne ne figure dans le top 5 mondial des principaux marchés[p 1].

Le marché européen du photovoltaïque a connu une rechute en 2016 avec seulement 6 GWc installés après son rebond de 2015 à près de 8 GWc ; les deux tiers des installations sont restées concentrées sur trois pays : Royaume-Uni, Allemagne et France[14].

Après trois années de forte baisse, le marché européen a connu en 2015 un léger redressement avec une croissance de 3 % des installations : 7,23 GWc contre 7,01 GWc en 2014 ; ce niveau reste cependant trois fois plus faible que celui de 2011, et ne représente plus que 14 % du marché mondial ; trois pays ont contribué pour 80 % à ce marché : Royaume-Uni, Allemagne et France[f 1].

Le marché photovoltaïque de l'Union européenne a évolué comme suit :

Puissance photovoltaïque connectée (MWc) dans l'Union européenne durant chaque année
Pays 2012
[e 1]
2013
[b 1]
2014
[f 2]
2015
[f 2]
2016
[p 2]
2017
[p 2]
2018
[h 3]
2019*
[v 2]
Espagne2281201949559263 993
Allemagne7 6093 3042 0061 3551 4921 6252 9383 856
Pays-Bas2193743023575348541 3972 402
France**1 136672952880589908862966
Italie3 3691 364190302382399440759
Pologne11265798100214755
Hongrie10234360113109410653
Belgique71845921888179285367544
Royaume-Uni7131 0332 5273 5382 364871271498
Suède81936514991180270
Autriche234209159150159173164223
Portugal565812037637286220
Grèce9121 04217100246148
Danemark3601693018069559685
Finlande012320395175
Estonie000400075
Bulgarie70310410,1080,432
Tchéquie1094201600025
Malte1210271820191920
Irlande0,20,10,114101312
Luxembourg36211515610610
Chypre718305826310
Croatie41614112411,3
Lettonie0000000,31
Lituanie662057401
Slovénie121278101490,7
Slovaquie5645210030
Roumanie469732713246230
Total UE 2816 67310 1697 0147 2266 2585 6907 60615 635
dont : hors réseau9,910,324,254,419,521,832nd
* 2019 : estimations, y compris hors-réseau ; ** France : DOM inclus

En 2014, le marché de l'Union européenne a connu une forte baisse : -32 %, avec 6,9 GWc installés dans l'année, alors que la Chine a installé à elle seule 10,6 GWc, le Japon 9,7 GWc et les États-Unis 6,2 GWc. Le marché européen ne cesse de reculer depuis le pic de 2011 : 22 GWc. Sa part dans le marché mondial n'était plus que de 17 % environ[b 2].

En 2013, alors que le marché mondial a connu une relance marquée, celui de l'Union européenne a subi une chute brutale : 9,9 GWc installés dans l'année contre 16,7 GWc en 2012, soit un recul de plus de 40 % ; sa part dans le marché mondial a chuté de 73,6 % en 2011 à 26,5 % en 2013[e 2].

Puissance photovoltaïque installée cumulée (MWc) dans l'Union européenne
Pays 2012
[e 3]
2013
[b 3]
2014
[f 3]
2015
[f 3]
2016
[p 3]
2017
[p 3]
2018
[h 4]
2019*
[v 2]
Allemagne32 70336 40238 40839 76340 71642 33945 27749 016
Italie16 15218 06518 62218 92419 28319 68220 10720 864
Royaume-Uni1 7082 7825 3808 91811 89912 78313 05413 616
France**4 0854 6255 6996 5787 2008 6109 46610 576
Espagne4 6034 7664 8724 9214 9734 7254 7519 233
Pays-Bas3657391 0481 4052 0492 9034 3006 924
Belgique2 7683 0403 1403 2283 5613 6104 2544 530
Grèce1 5432 5862 6032 6042 6042 6052 6522 794
Tchéquie2 0222 0642 0682 0832 0682 0692 0492 100
Autriche4226307859351 0961 2691 4331 661
Roumanie491 0221 2931 3251 3721 3741 3771 386
Pologne3,6430871942874861 317
Hongrie1235781382883447541 277
Danemark3765726027828519031 0021 080
Bulgarie9151 0191 0201 0211 0281 0361 0361 065
Portugal228303423460510585671907
Suède244379130153244424698
Slovaquie543588590591533528531472
Slovénie221248256257233247221222
Finlande111011153574125215
Malte1928557394112131151
Luxembourg7795110125122132134141
Chypre1735656984110113129
Estonie0,20,20,240032107
Lituanie668687380748283
Croatie4,420344550606869
Irlande0,911,12,16162436
Lettonie1,51,51,51,51,30,723
Total UE 2768 88279 79487 34194 568101 082106 726114 549130 670
dont : hors réseau168,3162273327273271303nd
* 2019 : estimations ; ** France : DOM inclus
Puissance photovoltaïque par habitant dans l'Union européenne
(Wc par habitant)
Pays 2012[15] 2013[e 2] 2014[b 4] 2015[f 4] 2016[p 4] 2018[h 5] 2019[v 3]
Allemagne399,5447,2474,1489,8512,0546,9590,4
Pays-Bas19,239,665,483,1160,9250,3400,6
Belgique240,0267,3277,2286,7338,4373,2395,5
Italie269,0295,1303,5311,3325,0332,4345,7
Malte45,058,7127,5170,5247,9276,0305,1
Grèce136,7233,7236,8241,7242,2246,9260,5
Luxembourg89,9186,2200,1222,0215,0222,6229,0
Royaume-Uni26,342,981,3137,7193,9197,0204,3
Tchéquie192,5202,8196,1197,7192,9193,0197,2
Espagne97,8100,7102,9106,0109,8101,8196,7
Autriche49,981,790,6108,9142,3162,4187,5
Danemark70,294,8106,9138,3158,3173,3186,0
France61,671,687,699,1120,5141,4157,9
Bulgarie127,4139,9140,8141,7144,8146,9152,1
Chypre19,940,275,582,0123,1130,9146,9
Hongrie37,677,1130,7
Slovénie105,7123,8124,2124,8124,9123,9106,7
Portugal21,726,840,244,355,265,288,3
Slovaquie95,799,3109,0109,098,197,686,6
Estonie80,8
Roumanie0,351,164,866,770,070,571,4
Suède23,141,968,2
Finlande11,122,739,0
Pologne12,834,7
Lituanie25,028,826,329,7
Croatie12,414,916,9
Irlande6,07,3
Lettonie1,6
 Union européenne136,3155,8171,5186,1208,3223,6254,5

Politique énergétique

Centrale photovoltaïque coopérative de Westmill (5 MWc), Royaume-Uni, 2011.

La directive 2009/28/EC sur les énergies renouvelables, découlant du paquet climat-énergie, a fixé l'objectif de 20 % de renouvelables en 2020. Chacun des pays membre a élaboré un plan pour parvenir à cet objectif. Le rapport 2013 de la Commission européenne sur l'avancement des programmes d'énergies renouvelables notait que la progression du secteur photovoltaïque était supérieure aux trajectoires prévues[11].

Plusieurs dispositifs de soutien ont été utilisés :

  • le système de tarifs d'achat garantis (en anglais : feed-in tariff, c'est-à-dire tarif d'injection [au réseau]) est le système de soutien le plus utilisé en Europe, à la suite de la mise en place de la Directive 2001/77/EC : les fournisseurs d'électricité ont l'obligation légale d'acheter toute la production des installations de production d'électricité à partir d'énergie renouvelable, pendant 10 à 20 ans, à des tarifs fixés par l'administration ; le surcoût de ces tarifs par rapport aux prix du marché de gros est remboursé aux fournisseurs au moyen d'une surtaxe sur les factures d'électricité des consommateurs. En Allemagne, cette surtaxe est dénommée EEG-Umlage et en France Contribution au service public de l'électricité (CSPE) ; la CRE prévoit qu'en 2015 le montant du surcoût du photovoltaïque atteindra 2,2 milliards d'euros[16].
  • un autre dispositif fréquemment utilisé, conjointement à celui des tarifs d'achat, est celui des appels d'offres : il est utilisé surtout pour les grandes installations (parcs éoliens en mer, grandes centrales solaires, centrales à biomasse, ...).
  • le contrat pour différence (ou prime ex-post) est un nouveau système, proposé d'abord sur option en Allemagne, en Italie et au Royaume-Uni, et préconisé par la Commission européenne pour remplacer les tarifs d'achat garantis : un niveau de référence (target price) est défini par le régulateur ; le producteur vend l’électricité produite au prix de marché de gros, directement ou via un « intégrateur », notamment pour les acteurs sans accès direct au marché (petits producteurs) ; le producteur perçoit un complément de rémunération (« prime ») dans le cas où la différence entre le niveau de référence et le prix de marché est positive ; sinon le producteur doit verser le surplus perçu ; une variante (le contrat pour différence asymétrique) ne prévoit pas ce reversement.

À compter du , le système des tarifs d’achat réglementés dont bénéficient les énergies renouvelables disparaît, pour faire place à un dispositif de vente sur le marché assorti d’une prime. Pour vendre leur électricité sur le marché, de nombreux producteurs d’énergie verte font appel à un intermédiaire : l’agrégateur, car les producteurs doivent fournir des prévisions à l’avance, et subissent des pénalités en cas d'erreur ; or, dans les renouvelables, il est difficile d’établir des estimations fiables, surtout pour les petits producteurs ; les agrégateurs, qui achètent de l’électricité à plusieurs producteurs, voient leurs risques d’erreur minimisés grâce à la diversification de leur portefeuille. Parmi les agrégateurs, outre EDF et Engie, les acteurs allemands mettent à profit leur expérience[17].

Centrale photovoltaïque d'Unicoop Tirreno a Vignale Riotorto (Piombino (Italie)).

De nombreux pays européens pionniers du photovoltaïque ont décidé en 2014 de limiter la croissance de cette filière afin de limiter l'augmentation du prix de l'électricité et de maîtriser l'intégration des énergies renouvelables dans leur mix énergétique ; en effet, la croissance de ces énergies dans un contexte de baisse des consommations a réduit la rentabilité des moyens de production conventionnels ; dans les pays où le prix de l'électricité dépasse le coût du photovoltaïque, le développement de l'autoconsommation cause des pertes de recettes aux gestionnaires des réseaux, si bien que plusieurs pays envisagent de mettre en place des taxes sur l'autoconsommation ; de telles taxes ont déjà été votées en Allemagne et en Italie ; aux Pays-Bas, une modification récente de la structure des coûts de distribution a rendu l'autoconsommation moins avantageuse ; en Espagne, le gouvernement a renoncé à signer le décret d'application du péage sur l'électricité solaire auto-consommée[b 5].

La plupart des pays européens ont supprimé ou fortement réduit en 2013 les aides afin de reprendre le contrôle du développement de la filière et d'enrayer la spéculation, qui avait fait croître trop fortement les factures d'électricité alourdies par les taxes destinées à financer les subventions ; la Commission européenne préconise d'exposer progressivement les énergies renouvelables au marché à mesure de leur maturité et donc de supprimer à terme les subventions[e 4].

L'imposition d'un prix plancher anti-dumping aux importations de modules chinois ayant porté préjudice aux développeurs, la Commission a décidé d'assouplir ce dispositif en abaissant le seuil de 56 c€/Wc à 53 c€/W au  ; les prix des modules en Chine et dans le sud-est asiatique étaient en 2013 inférieurs de 18 à 25 % à ceux pratiqués en Europe. Le marché pourrait se redresser légèrement en 2014[e 5].

En 2012, la puissance raccordée avait baissé de 23 %, car plusieurs gouvernements avaient pris des mesures, parfois rétroactives, pour alléger la facture des subventions qui avaient souvent été calculées de façon trop généreuses, suscitant un emballement spéculatif profitant du décalage persistant entre les prix d'achat garantis et les coûts de production en baisse rapide ; ainsi :

  • la République tchèque a, dès la fin 2010, mis en place une taxe rétroactive sur les investissements réalisés en 2009 et 2010 ;
  • la Bulgarie a introduit en une taxe d'accès au réseau pour les systèmes mis en service depuis  ;
  • la Grèce a adopté en une taxe pouvant aller jusqu'à 30 % sur les recettes de systèmes déjà installés et futurs ;
  • en Belgique, la région flamande a instauré en un tarif d'accès rétroactif pour l'accès au réseau des systèmes PV bénéficiant du net metering inférieurs à 10 kVA ;
  • l'Espagne, qui avait déjà suspendu en les mécanismes d'incitation pour les nouvelles installations de production d'électricité à partir d'énergies renouvelables, a proposé la mise en place d'une taxe de 7 % sur les revenus de tous les producteurs d'électricité[15].

Perspectives

Le solaire photovoltaïque pourrait représenter 9 à 12 % de la demande en électricité en Europe d'ici à 2030, selon une étude publiée en par Roland Berger Strategy Consultants. C'est bien davantage que les prévisions établies jusque-là par l'Agence internationale de l'énergie, le World Energy Council ou même Greenpeace. Les particuliers et les entreprises tertiaires sont toujours plus nombreux à équiper leurs toits, car le prix des systèmes ne cesse de baisser. En Allemagne, le prix du solaire PV est d’ores et déjà inférieur de 17 cents/kWh aux prix de marché pour les usages domestiques. De nouvelles technologies, telles que le stockage par batterie et la domotique, vont faciliter l’autoconsommation de l’énergie produite par le solaire PV, réduisant d’autant les quantités d’énergie en surplus vendues à bas prix au réseau électrique. De plus, la simplification de l’accès aux solutions de financement et la professionnalisation de la filière des installateurs rendront encore plus accessible l’investissement dans ce type de solution. En Europe, les énergéticiens traditionnels sont pratiquement absents de ce segment de marché ; la décision d’investissement est prise par les particuliers, dans une perspective de réduction de leur facture énergétique et non pas par les énergéticiens dans une perspective d’optimisation du système électrique. Ce mode de développement nouveau pourrait avoir des conséquences radicales sur le système électrique. En Allemagne, en Italie et en Grèce, la capacité installée de solaire PV dépassera la demande de base (baseload) dès 2025. Elle pourrait même dépasser 50 % de la demande de pointe (peakload) dans certaines zones ou à certaines périodes, requérant de créer de nouveaux débouchés par exemple à l’export ou de renforcer les réseaux et les capacités de stockage[18],[19].

Solaire thermodynamique

La filière solaire thermodynamique totalise une puissance installée de 2 314,3 MW en Europe fin 2017, dont 2 303,9 MW en Espagne. La construction de centrales solaires à concentration en Espagne a commencé après le décret royal 436/2004 qui mettait en place les conditions tarifaires nécessaires aux investissements dans ce type de centrale. La première centrale (PS10) a été mise en service en 2007 ; de 2007 à 2013, l'Espagne a construit 49 centrales commerciales et un prototype (Puerto Errado 1). Le développement de la filière a été stoppé net par l’instauration d’un moratoire en 2012, le gouvernement conservateur de l’époque refusant de maintenir les subventions attribuées aux énergies renouvelables. Selon Red Eléctrica de España, la production a atteint 5 348 GWh en 2017, contre 5 071 GWh en 2016 et 5 085 GWh en 2015. Malgré la fin du moratoire, le lancement depuis 2017 de nouveaux appels d’offres d'énergies renouvelables « technologiquement neutres » ne laisse aucune chance au solaire thermodynamique pour le moment face aux technologies concurrentes comme le solaire photovoltaïque. La France met en service à l'été 2018 sa première centrale solaire à concentration de taille commerciale (MW), située dans l’est des Pyrénées à Llo ; le projet Ello est la première centrale de type Fresnel dotée d’un système de stockage[1].

La production des centrales solaires thermodynamiques espagnoles atteignait 5 579 GWh en 2016, soit 2,0 % de la production totale du pays et 53,3 % de la production mondiale du solaire thermodynamique[20].

La puissance installée était de 2 311,5 MW en Europe fin 2013, dont 2 303,9 MW en Espagne ; cependant, la suspension en 2012 des aides aux énergies renouvelables a stoppé net leur développement ; la nouvelle loi en préparation dégrade la rentabilité des installations existantes et décourage tout nouvel investissement pour plusieurs années. Le pays qui semble avoir les meilleures perspectives est l'Italie, où de nombreux projets ont éclos grâce au nouveau système de tarifs d'achat mis en place fin 2012 : 392 MW de projets sont en cours de développement, la plupart situés en Sardaigne et en Sicile ; en France, deux centrales sont en développement (21 MW) ; avec 51 MW à Chypre, 125 MW en Grèce et 50 MW en Espagne, le total des projets européens atteint 639 MW[4].

L'Europe était encore en 2013 très en avance sur le reste du monde, avec 2,3 GW sur 3,7 GW, soit 62 % de la puissance installée, mais pourrait être rapidement dépassée par les États-Unis[4].

Puissance installée des centrales solaires thermodynamiques en Europe (MWc)[3],[4],[1]
Pays 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2017
Espagne1060281,4531,41 151,41 953,92 303,92 303,9
Italie0005555,358,15
Allemagne0001,51,51,51,51,5
France0000,50,750,750,750,75
Union européenne10602817381 1591 9612 3112 314

Notes et références

Notes

  1. en France par exemple, la surface moyenne d'un chauffe-eau solaire pour une famille de quatre personnes est passée de 4,6 m3 en 2007 à m3 en 2013, soit -13 %.
  2. Rapport entre surface de capteurs et puissance nominale : 1 m2 = 0,7 kWth
  3. hors DOM

Références

  1. p. 7
  2. pp. 5-6
  3. p. 9
  1. p. 5
  2. p. 6
  3. p. 7
  4. p. 8
  5. p. 10
  1. p. 5
  2. p. 7
  3. p. 8
  4. p. 10
  1. p. 4
  2. p. 5
  3. p. 6
  4. p. 14
  1. p. 77
  2. p. 73
  3. p. 78
  4. p. 76
  5. p. 74
  1. p. 64
  2. p. 66
  3. p. 65
  4. p. 67
  5. p. 68
  • Autres références
  1. EurObserv'ER : Baromètres solaire thermique et thermodynamique 2018, juin 2018.
  2. (en)Solar Heat Worldwide 2017 (voir pages 32 et 36), Agence internationale de l'énergie - Solar Heating and Cooling Programme, mai 2017.
  3. Solar thermal and concentrated solar power barometer, site EurObserv'ER, mai 2012
  4. (en)Baromètre solaire thermique et thermodynamique, site EurObserv'ER, mai 2014.
  5. Solar Thermal Markets in Europe - Trends and Market Statistics in 2008, mai 2009 archive
  6. European Solar Thermal Industry Federation (ESTIF) Solar Thermal Markets in Europe - Trends and Market Statistics in 2009, juin 2010 archive
  7. European Solar Thermal Industry Federation (ESTIF) Solar Thermal Markets in Europe - Trends and Market Statistics in 2010, juin 2011 archive
  8. EurObserv'ER Solar thermal and concentrated solar power barometer for 2010, mai 2011, archive
  9. European Solar Thermal Industry Federation (ESTIF) Solar Thermal Markets in Europe - Trends and Market Statistics in 2011, juin 2012
  10. (en)res directive, European Solar Thermal Industry Federation (ESTIF).
  11. (en)Renewable energy progress report, 27 mars 2013.
  12. (en)Data and statistics : European Union-28 Electricity 2018, Agence internationale de l’énergie, 24 septembre 2019.
  13. (en) 2021 Snapshot of Global PV Markets, Agence internationale de l'énergie-PVPS, avril 2021.
  14. (en) A Snapshot of Global PV : 2016 (voir pages 6 et 15), IEA-PVPS, 19 avril 2017.
  15. Baromètre photovoltaïque 2013, EurObserv'ER (voir pages 56 et 63).
  16. Délibération de la CRE du 15 octobre 2014 portant proposition relative aux charges de service public de l’électricité et à la contribution unitaire pour 2015, site CRE consulté le 4 janvier 2015.
  17. Énergies vertes : ce que va changer la fin des tarifs d’achat, Les Échos du 20 septembre 2015.
  18. Solaire : 12 % de la demande en électricité en 2030, Les Échos du 9 juin 2015.
  19. Solar PV could be similar to the shale gas disruption for the utilities industry, Roland Berger Strategy Consultants, juin 2015.
  20. (en)World : Electricity and heat for 2016, Agence internationale de l’énergie, 21 septembre 2018.

Annexes

Articles connexes

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