Énergie (physique)

En physique, l'énergie est une grandeur qui mesure la capacité d'un système à modifier un état, à produire un travail entraînant un mouvement, un rayonnement électromagnétique ou de la chaleur. Dans le Système international d'unités (SI), l'énergie s'exprime en joules et est de dimension .

Pour les articles homonymes, voir énergie pour une description générale transversale et énergie (homonymie)  pour une liste exhaustive des notions rattachés à ce terme.

Énergie
La foudre illustre généralement l'énergie à l'état naturel. Paradoxalement elle en contient assez peu. Sa violence vient surtout de la rapidité et de l'extrême localisation du phénomène.
Unités SI joule
Autres unités Nombreuses
Dimension
Base SI N.m, kg.m2.s-2
Nature Grandeur scalaire conservative extensive
Symbole usuel
Lien à d'autres grandeurs

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Étymologie

Le mot français « énergie » vient du latin vulgaire energia, lui-même issu du grec ancien ἐνέργεια / enérgeia. Ce terme grec originel signifie « force en action », par opposition à δύναμις / dýnamis signifiant « force en puissance »[1] ; Aristote a utilisé ce terme « au sens strict d'opération parfaite »[2], pour désigner la réalité effective en opposition à la réalité possible[3].

C'est en 1717 que le terme d'énergie est employé pour la première fois par Jean Bernoulli[4] dans un sens qui s’oriente vers l’acception physique contemporaine. En 1807, Thomas Young introduit le mot en anglais energy, pour désigner la quantité m·v2[5]. Cette adoption constitue une avancée significative dans la précision expressive. En effet, précédemment c’est le mot force qui est employé pour désigner indifféremment les concepts contemporains de force, d’énergie et de puissance. Cet usage s’était notamment répandu avec le Philosophiae naturalis principia mathematica d'Isaac Newton qui emploie le mot force dans sa formulation des équations de la dynamique. Le terme de travail sera lui proposé en 1829 par Gaspard-Gustave Coriolis, participant à préciser encore davantage les concepts distincts utiles à la physique. Cependant, les termes et leurs distinctions conceptuelles mettront encore du temps à se répandre. Ainsi encore en 1847 tout en soulignant la généralité et l'importance de la conservation de l'énergie, Helmholtz en développera l’idée dans un livre intitulé Űber die Erhaltung der Kraft (Sur la conservation de la force). En 1850, William Thomson propose explicitement d’adopter le terme energy plutôt que force. Une autre avancée importante est la formulation en termes modernes de la conservation de l'énergie mécanique réalisée par William Rankine en 1853. Malgré ce progrès significatif, il faudra encore attendre 1875 pour voir énergie apparaître dans la littérature scientifique française[6].

Définition

Il existe en fait plusieurs définitions de l'énergie. Elles sont considérées comme équivalentes.

D’une façon usuelle, l’énergie est aujourd’hui définie comme la « capacité d'un corps ou d'un système à produire du travail mécanique ou son équivalent »[7].

Dans un cadre plus formel, elle est définie comme la « grandeur physique qui se conserve lors de toute transformation d’un système isolé »[8],[9]. Elle est sous-tendue par le principe de conservation de l'énergie[10]. Les qualificatifs fermé ou isolé sont précisés pour éviter une interprétation qui créditerait la possibilité d’un mouvement perpétuel.

Robert Mayer, médecin et naturaliste à Heilbronn, est le premier à formuler correctement le principe de conservation d'énergie dans un système fermé, sans en référer aux sommités de la physique de l'époque. Les querelles qui s'ensuivent sur l'antériorité de la découverte du principe affectent Mayer, qui sombre dans la dépression, et fait une tentative de suicide. Il s'en remet, et les honneurs finissent par arriver longtemps après. Il est fait docteur honoris causa de l'université de Tübingen[11].

Richard Feynman, dans ses cours de physique, obtient par exemple à partir de cette définition l'expression de l'énergie potentielle gravitationnelle, à l'aide de considérations sur des dispositifs divers constitués de leviers, poulies et autres mécanismes[12].

Corollaire

Le corollaire de cette définition formelle, selon Jean-Marc Jancovici, est que l'énergie intervient dans toute transformation : « dès que le monde qui nous entoure [...] change, de l’énergie entre en jeu, et la [quantité d'] énergie mesure le degré de transformation entre avant et après »[9]. Cela explique l'importance que revêt l'énergie dans l'économie et l'industrie.

Approche transversale

Une grandeur « universelle »

L'énergie est un concept créé pour quantifier les interactions entre des phénomènes très différents ; c'est un peu une monnaie d'échange commune entre les phénomènes physiques. Ces échanges sont contrôlés par les lois et principes de la thermodynamique. L'unité de l'énergie définie par le Bureau international des poids et mesures (BIPM) dans le Système international (SI) est le joule[13].

Lorsqu'un phénomène entraîne un autre phénomène, l'intensité du second dépend de celle du premier. Par exemple, les réactions chimiques dans les muscles d'un cycliste lui permettent de provoquer le déplacement du vélo. L'intensité de ce déplacement (c'est-à-dire la vitesse) dépend de l'intensité des réactions chimiques des muscles du cycliste, qui peuvent être quantifiées (la quantité de sucre « brûlée » par la respiration, le métabolisme du muscle).

Prenons un autre exemple. Un moteur à explosion fonctionne grâce à une réaction chimique, la combustion, qui a lieu à l'intérieur d'un cylindre. La réaction du combustible (l'essence, appelée aussi carburant dans le cas d'un moteur thermique) avec le comburant (l'oxygène de l'air) produit du gaz avec émission de chaleur et de lumière, ce qui se traduit par une augmentation de la température et de la pression dans le cylindre. La différence de pression entre ce gaz et l'atmosphère de l'autre côté du piston déplace ce dernier, qui va, à travers une transmission mécanique, faire tourner les roues et entraîner divers organes dans le cas d'un véhicule. Au passage, il y aura des frottements mécaniques qui produiront un échauffement et une usure.

On a donc un réarrangement des molécules (rupture et recréation de liaisons chimiques) qui provoque une augmentation de leur quantité de mouvement, ce qui se traduit par une augmentation de la température du gaz et donc une augmentation de sa pression. Cette dernière provoque le mouvement d'un solide (le piston), qui va entraîner un système de transmission, et pouvoir ainsi d'une part faire tourner un axe, qui peut être par exemple relié aux roues d'une voiture ou bien à un alternateur. L'entraînement de la pièce mobile de cet alternateur va faire tourner un aimant qui, par induction au sein d'une bobine, va provoquer un déplacement d'électrons (courant électrique).

Le concept d'énergie va permettre de calculer l'intensité des différents phénomènes (par exemple la vitesse de la voiture et la quantité d'électricité produite par l'alternateur) en fonction de l'intensité du phénomène initial (la quantité de gaz et la chaleur produite par la réaction chimique de combustion).

Remarques

  • Dans les applications grand public, notamment dans le domaine de la nutrition, on exprime fréquemment l'énergie en « calories » (notée cal) ; la calorie est en toute rigueur l'énergie qu'il faut fournir pour faire chauffer un gramme d'eau, aux conditions normales de pression et de température, d'un degré Celsius, mais les nutritionnistes nomment par simplification « calorie » ce que les physiciens nomment « kilocalorie » (notée kcal ou Cal).
  • En électricité, on utilise le watt-heure (Wh), énergie consommée pendant une heure par un appareil ayant une puissance d'un watt, ou encore son multiple le kilowattheure (kWh) qui vaut 1 000 Wh. Celui-ci n'est pas très éloigné du travail que peut effectuer un cheval en une heure (736 Wh par convention).
  • Pour des raisons thermodynamiques (deuxième principe), toute transformation énergétique réelle est irréversible, ce qui veut dire qu'en inversant l'opération (exemple : retransformer en mouvement via un moteur électrique l'énergie produite par la dynamo d'un vélo), on ne retrouve pas la quantité l'énergie consommée au départ. Cela est lié aux pertes sous forme de chaleur.

Historique de la notion d'énergie

Le concept d'énergie est fondamental pour l'étude des phénomènes de transformation (comme la chimie et la métallurgie) et de transmission mécanique, qui sont la base de la révolution industrielle. Le concept physique d'énergie s'est donc logiquement affirmé au XIXe siècle.

En 1652, Huygens montre que la quantité m·v2 est celle qui se conserve dans tous les cas de choc élastique.

À partir de 1686, Leibniz appelle cette quantité la « force », « force vive » sa partie cinétique et « force morte » ce qu'on appelle énergie potentielle, puis développe sous le nom de « dynamique » la première théorie énergétique, où m·v2 est le principe actif dans la matière, sa réalité première[14].

En 1788, Lagrange montre l'invariance de la somme de deux quantités, que l'on appellera plus tard « énergie cinétique » et « énergie potentielle ».

Au XIXe siècle, on parvient par une série d'expériences à mettre en évidence des constats ou lois :

  • on constate que la chute d'une masse donnée d'une même hauteur produit toujours la même quantité de chaleur (calorimétrie) ;
  • et que si la vitesse finale n'est pas nulle, la hausse de température est moindre, comme si seulement une partie de la chute était convertie en vitesse et le reste en chaleur ;
  • de même, un échauffement pourra produire une dilatation, une augmentation de pression, qui elle-même permettra de « produire un travail » par exemple en déplaçant une masse ;
  • le total est toujours conservé : ainsi naît le concept scientifique d'énergie, « chose » encore indéterminée mais dont on postule une propriété :
l'énergie se conserve dans tous les phénomènes, devenant tour à tour pression, vitesse, hauteur, etc.

Ainsi, grâce à l'énergie, on peut mettre en relation des observations aussi différentes qu'un mouvement, une rotation, une température, la couleur d'un corps ou d'une lumière, une consommation de sucre ou de charbon, une usure, etc.

Il apparaît également que si l'énergie se conserve et se transforme, certaines transformations sont faciles ou réversibles et d'autres non.

Par exemple, il est facile de transformer de la hauteur de chute en échauffement, on peut le faire intégralement, en revanche l'inverse est difficile (il faut des appareils complexes) et une partie de l'« énergie » devra être diffusée et donc perdue. Cette observation sera à la base de l'idée d'entropie.

À partir du concept de conservation de l'énergie (en quantité), on pourra regarder d'un œil différent des systèmes complexes (notamment biologiques et chimiques) qui violent apparemment cette loi et, on parviendra, moyennant de nouveaux progrès scientifiques, à toujours valider le postulat ou principe de conservation de l'énergie.

L'énergie est un concept essentiel en physique, qui se précise depuis le XIXe siècle.

On retrouve le concept d'énergie dans toutes les branches de la physique :

Physique

Unités et mesures

Dans le Système international d'unités, l'énergie est une grandeur exprimée en joules ()[13].

En science physique, un échange d'énergie est une manière d'exprimer l'intensité des phénomènes ; c'est de fait une quantité mesurable, et qui s'exprime de manière différente selon les transformations que subit un système (réaction chimique, choc, mouvement, réaction nucléaire, etc.). L'énergie se définissant de manière différente selon les phénomènes, on peut de fait définir diverses « formes d'énergie » (voir plus loin).

Par ailleurs, à l'échelle macroscopique, tout phénomène possède une cause ; c'est la variation d'intensité du phénomène-cause qui provoque la variation de l'intensité du phénomène-effet. Si les intensités des phénomènes cause et effet sont exprimées sous la forme d'une énergie, on voit alors que l'énergie se conserve (voir ci-après).

L'unité du Système international pour mesurer l'énergie est le joule (J).

Certaines activités utilisent d'autres unités, notamment l'électron-volt (1 eV = 1,602 × 10−19 J), le kilowatt-heure (kWh = 3,6 MJ), la tonne d'équivalent pétrole (1 tep = 41,868 GJ), la calorie (1 cal = 4,18 J), la grande calorie (en diététique : 1 Cal = 1 kcal = 4 182 J), et le kilogramme en physique relativiste.

La thermodynamique est la discipline qui étudie les transformations de l'énergie qui font intervenir l'énergie thermique. Le premier principe affirme que l'énergie se conserve, le second principe impose des limitations au rendement de la transformation de l'énergie thermique en énergie mécanique, électrique ou autre.

Travail

Le travail est un transfert ordonné d'énergie entre un système et le milieu extérieur.

  • Considérons un ensemble cylindre, piston, lequel est à la base de l’obtention de travail mécanique par action de la chaleur. À l’échelle microscopique les chocs des particules de gaz sur le piston définissent la pression exercée sur celui-ci à l’échelle macroscopique. Chaque choc contribue au déplacement, concerté avec les autres chocs, du piston dans la même direction. Il y a addition des forces induites par chaque choc et c’est pourquoi le transfert d’énergie est considéré comme ordonné.
  • Si l’on considère maintenant le travail électrique. Il est dû au déplacement des électrons dans un conducteur sous l’influence d’un champ électrique. Ici encore l’ensemble des électrons se déplace dans la même direction et les effets s’additionnent au niveau macroscopique.

Chaleur

La chaleur est un transfert désordonné d’énergie entre le système et le milieu extérieur.

La chaleur est un transfert d’agitation thermique. L’agitation des particules se propage au gré des chocs dans toutes les directions, de façon désordonnée. C’est pour cette raison que l’on ne peut jamais transformer intégralement de l’énergie thermique en travail alors que l’inverse est possible (ex: travail électrique transformé en chaleur par effet Joule dans un radiateur électrique). On dit encore que la montée en température correspond à une dégradation de l’énergie.

Ce transfert thermique, appelé chaleur, s'effectue du système le plus chaud vers le plus froid, c’est-à-dire celui dont les particules sont statistiquement les plus agitées, va transmettre son agitation thermique au gré des chocs plus ou moins énergétiques, au milieu extérieur ou au système statistiquement le moins agité, c’est-à-dire le plus froid. Cette constatation intuitive est formalisée par le second principe de la thermodynamique.

Propriétés

Le travail et la chaleur ne sont pas des fonctions d’état. Leur quantité, mise en jeu au cours d’une transformation, dépend de la façon dont on procède.

Rendement

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La conversion d'énergie d'une forme à une autre n'est en général pas complète : une partie de l'énergie présente au départ est dégradée sous forme d'énergie cinétique désordonnée (on dit parfois qu'elle est transformée en chaleur). On nomme rendement le quotient de l'énergie obtenue sous la forme désirée par celle fournie à l'entrée du convertisseur.

Prenons l'exemple d'un moteur thermique. Ce qui intéresse son utilisateur, c'est le mouvement mécanique produit. Le reste de l'énergie est au mieux considéré comme perdu (la part extraite sous forme de chaleur dans les gaz d'échappement), au pire nuisible (la part qui correspond à un travail d'usure physique ou chimique du moteur).

Un moteur électrique idéal, qui convertirait toute l'énergie du courant électrique en mouvement mécanique, aurait un rendement de 1 (ou de 100 %). En réalité, s'il est proche de 95 % pour les machines les plus puissantes, il est en moyenne aux alentours de 80-85 % seulement pour un moteur à courant alternatif de quelques kilowatts, et un peu plus faible encore pour les moteurs à courant continu, du fait, entre autres, des frottements des balais sur le rotor et d'une moins bonne répartition du champ magnétique dans la machine.

Le rendement réel d'un convertisseur est donc toujours inférieur à 1, sauf dans le cas des convertisseurs dont le rôle est de produire de l'énergie thermique pour lesquels il est unitaire (chauffage électrique).

Dans certains cas, il peut apparaître un « rendement » apparent supérieur à 1 :

  • une pompe à chaleur (ou un climatiseur inversé) donne couramment trois fois plus de chaleur qu'on lui a injecté d'énergie électrique. En effet, au lieu de dissiper cette énergie en chaleur par effet Joule comme les appareils de chauffage électrique ordinaires, la machine prélève de l'énergie thermique dans un milieu extérieur (fût-ce dans une eau à 2 °C, soit encore 275,15 kelvins) : l'énergie électrique consommée sert alors à déplacer cette chaleur plutôt qu'à la produire. Or il n'y a pas de limite théorique à la quantité d'énergie thermique qu'un joule électrique peut déplacer. Le rendement énergétique est en fait égal à 1 (par définition, puisque l'énergie se conserve), et l'on nomme coefficient de performance l'efficacité énergétique du système, c'est-à-dire le rapport de l'énergie mise à disposition par la pompe à chaleur à celui qu'aurait assuré le seul effet Joule ;
  • Un autre cas de rendement apparent supérieur à 1 provient d'une sous-estimation de l'énergie injectée pour des raisons historiques. Ainsi, les chaudières ont traditionnellement pour référence l'énergie « PCI » (pouvoir Calorifique Inférieur) du combustible, qui suppose une combustion ne produisant que des gaz. Or la combustion libère également de l'énergie thermique sous forme de vapeur d'eau, que les chaudières à condensation sont capables de récupérer en la retransformant en eau liquide ; on affiche ainsi parfois des rendements apparents supérieurs à 1, alors que le pouvoir calorifique supérieur, plus adapté, reste lui inférieur à 1.[réf. nécessaire]

Loi de conservation

L'énergie ne peut ni se créer ni se détruire, mais uniquement se transformer d'une forme à une autre ou être échangée d'un système à un autre (principe de Carnot). C'est le principe de conservation de l'énergie : l'énergie est une quantité qui se conserve. Cette quantité est composée d'éléments divers (énergie cinétique, énergie thermique, énergie potentielle, énergie de masse, etc.), qui s'échangent dans un jeu à somme nulle.

Ce principe empirique a été validé en 1915, bien après sa découverte, par le théorème de Noether. La loi de la conservation de l'énergie découle de l'invariance dans le temps des lois de la physique[15].

Ce principe est tellement fort en physique qu’à chaque fois qu'il a semblé ne pas être vérifié cela a conduit à des découvertes importantes. Chaque fois qu'il a semblé que l'énergie n'était pas conservée, il s'agissait en fait de sa transformation en une nouvelle forme. Par exemple, la radioactivité a un temps été interprétée comme la ré-émission de quelque chose qui était reçu de l'extérieur et l'explication est venue de l'équivalence masse-énergie.

Formes d'énergie

En pratique, on distingue souvent différentes « formes » d'énergie. Toutefois, l'énergie sert à mesurer l'intensité d'un phénomène, cette division n'est qu'une manière de faire correspondre l'énergie au phénomène qu'elle mesure. Par ailleurs, cette distinction n'a rien d'absolu, mais dépend uniquement de la position de l'observateur : le principe de relativité s'applique aussi à l'énergie, de sorte que le même phénomène pourra être analysé en termes d'énergie « cinétique », « électromagnétique », ou « potentielle »…

Les formes d'énergie classiquement considérées sont :

Dans la théorie de la relativité, Albert Einstein établit l'existence de deux formes d'énergie seulement :

En thermodynamique, l'énergie fatale est l'énergie inéluctablement présente ou piégée dans un processus ou un produit, qui parfois et pour partie peut être facilement récupérée et valorisée ; par exemple, à la suite de retards dans la mise en place du recyclage, la France produisait dans les années 2000 plus de 25 millions de tonnes par an de déchets ménagers dont 40 % étaient encore traités par incinération. Le pouvoir calorifique de ces déchets est une forme d'énergie fatale. Sans récupération (récupération de chaleur, méthane, hydrogène et/ou électricité, etc., éventuellement avec cogénération ou trigénération, cette énergie serait perdue dans l'environnement (dans les décharges) ou rejetée dans l'atmosphère. La combustion de déchets peut produire de la vapeur qui peut alimenter des serres, des usines ou un réseau urbain de chaleur. La méthanisation des déchets organiques peut produire de substantielles quantités de méthane, et un compost valorisable en agriculture.

Énergie et puissance

L'énergie dépensée pour créer un phénomène mesure l'ampleur du phénomène final. Cette énergie est fournie par un autre phénomène, appelé « phénomène moteur ».

Certains phénomènes moteurs vont faire le travail rapidement, d'autres plus lentement ; par exemple, un manutentionnaire gringalet mettra longtemps avant de monter des parpaings un par un en haut de l'échafaudage, alors qu'un manutentionnaire musclé en portera plusieurs à la fois et sera plus rapide (en revanche, le résultat final sera exactement le même).

Cette capacité à mobiliser beaucoup d'énergie en un temps donné est appelée puissance du phénomène moteur :

la puissance est le ratio de l'énergie fournie par un phénomène par la durée du phénomène, P = dE/dt.

La puissance se mesure en watts (W = J/s).

Transferts thermiques

Les transferts thermiques font partie d'un domaine de la thermodynamique appelé thermodynamique irréversible, c'est-à-dire, pour simplifier, que le phénomène ne peut pas revenir en arrière.

L'énergie transférée se présente essentiellement sous forme de chaleur qui va spontanément d'une zone chaude vers une zone froide (Second principe de la thermodynamique). Ce transfert de chaleur peut être accompagné d'un transfert de masse. Ce phénomène se présente sous trois formes différentes :

Chacun de ces trois modes est prépondérant dans son univers de prédilection : la conduction dans les solides, la convection dans les fluides en mouvement (liquides, gaz), le rayonnement dans le vide (où c'est le seul mode possible).

La conduction

La conduction thermique est le phénomène par lequel la température d'un milieu s'homogénéise. Il correspond à la transmission de l'agitation thermique entre molécules et se produit dans un solide, un liquide ou un gaz. Exemple : la température d'un barreau chauffé à une extrémité a tendance à s'uniformiser par conduction thermique.

La convection

La convection est le transfert de chaleur provoqué par le mouvement des particules d'un fluide. Il se produit dans un fluide en mouvement. Exemple : l'air chaud, moins dense, monte, transportant la chaleur du bas vers le haut.

Le rayonnement

Le rayonnement est le transfert de chaleur par propagation d'ondes électromagnétiques ou par désintégration radioactive. Il peut se produire dans tous les milieux, vide y compris. Exemple : la Terre est chauffée par le rayonnement du soleil.

Notes et références

  1. CNRTL art. énergie. – Dictionnaire grec-français de Bailly (1935) à l'art. ἐνέργεια.
  2. Emmanuel Trépanier, « De l’imposition seconde du terme ἐνέργεια chez Aristote », Laval théologique et philosophique, vol. 39, no 1, 1983, p. 7-11.
  3. Dictionnaire Larousse en ligne, énergie.
  4. Lettre de Jean Bernoulli à Pierre Varignon, 26 janvier 1717 : « L'énergie est le produit de la force appliquée à un corps par le déplacement infinitésimal subi par ce corps sous l'effet de cette force. » — Leibniz aussi emploie ce mot, en grec, pour désigner la « quantité de puissance active », c'est-à-dire la force vive et la force morte, soit m·v2, notamment dans De la nature en elle-même (De ipsa natura, 1698) : « deuxièmement si, dans les choses créées, réside quelque énergie (ἐνέργεια)... » (original en latin dans C. I. Gerhardt, Phi 4, p. 504 et 506).
  5. (en) Thomas Young, A Course of Lectures on Natural Philosophy and the Mechanical Arts, 1807. Lecture VIII, p. 78 : « Le terme energy peut être appliqué au produit de la masse d'un corps par le carré de sa vélocité ... Ce produit a été appelé la force vive ... Leibniz, Smeaton et beaucoup d'autres estimaient la force d'un corps en mouvement par le produit de sa masse par le carré de sa vitesse » (lire en ligne).
  6. L'élaboration du concept d'énergie Roger Balian, Gabrielle Bonnet, Académie des Sciences - Service de Physique Théorique, CEA de Saclay 12/01/2009.
  7. Définitions lexicographiques et étymologiques de « énergie » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales.
  8. « La construction progressive du concept d’énergie dans le cursus scolaire de l’élève » [PDF], sur ent2d.ac-bordeaux.fr, p. 1.
  9. « L'énergie, de quoi s'agit-il exactement? », sur Jean-Marc Jancovici,
  10. Roger Balian, « II. Conséquences énergétiques des principes fondamentaux », Les multiples visages de l'énergie, sur culturesciencesphysique.ens-lyon.fr, École normale supérieure de Lyon, (Sommaire du dossier).
    « Il ne peut se créer ni se détruire d'énergie, et il est impropre de parler comme on le fait couramment de « production » ou de « consommation » d'énergie. Dans tous les cas, il s'agit de changement de forme, ou de transfert d'un système à un autre »
    .
  11. (de) Heilbronn und Umgebung (« Heilbronn et ses environs »), Rainer Moritz, éditions Gmeiner-Verlag (ISBN 978-3-8392-1258-5)
  12. (en) The Feynman Lectures on Physics, Volume I, chap. 4 « Conservation of Energy », California Institute of Technology, section 4–1 « What is energy? ».
  13. Le Système international d'unités (SI), Sèvres, Bureau international des poids et mesures, , 9e éd., 216 p. (ISBN 978-92-822-2272-0, lire en ligne [PDF]), p. 26.
  14. Pierre Costabel, Contribution à l'étude de l'offensive de Leibniz contre la philosophie cartésienne en 1691-1692, Revue Internationale de Philosophie, 1966, no 76-77, p. 265 (lire en ligne) « « cette « science toute nouvelle » que Leibniz appelle la “dynamique” et qui, en introduisant comme réalité première dans la matière un principe actif... »
  15. Leonard Susskind (trad. de l'anglais), Le minimum théorique : tout ce que vous avez besoin de savoir pour commencer à faire de la physique, Lausanne/Paris, Presses polytechniques et universitaires romandes, , 257 p. (ISBN 978-2-88915-115-8, lire en ligne), p. 160.
  • Émergence du concept d’énergie, Revue du Palais de la Découverte, 2011, MAYRARGUE Arnaud, Maître de Conférences Université Paris12, IUFM, Chercheur associé au REHSEIS.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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