Élie Domota
Élie Domota (né en 1967 à Basse-Terre) est un syndicaliste guadeloupéen, porte-parole du Liyannaj Kont Pwofitasyon (ce qui veut dire, en créole, « Collectif contre l'exploitation »[1]) ou LKP, et secrétaire général de l'Union générale des travailleurs de Guadeloupe (UGTG)[2], syndicat majoritaire de la Guadeloupe. Il a tenu un rôle moteur lors de la grève générale dans les Antilles françaises en janvier et février 2009.
Biographie
Originaire de Bas du Bourg, un quartier populaire de Basse-Terre, Élie Domota est le troisième d'une famille de six enfants. Son père était charpentier et sa mère, femme de ménage[3]. Dès l’âge de 14 ans, il milite au sein de la Jeunesse ouvrière chrétienne[4].
Il a fait ses études à Limoges, où il a obtenu un DUT de gestion, avant de soutenir une maîtrise d'administration économique et sociale et de suivre un troisième cycle en urbanisme. Retourné en Guadeloupe en 1991 à l'issue de ses études, il est aujourd'hui directeur adjoint du pôle emploi[3] de Morne-à-l'Eau. Il est marié et père de trois enfants.
En 2015, Élie Domota interpelle François Hollande concernant le développement de l'apologie de l'esclavage[5].
Grève générale de 2009
Il apparaît depuis le début de la grève générale déclenchée en Guadeloupe le dans un tee-shirt rouge (couleur des insurgés contre les troupes du Premier consul Napoléon Bonaparte venues rétablir l'esclavage en 1802) siglé « LKP ». Le , sa marionnette apparaît pour la première fois dans les Guignols de l'info dans une joute verbale avec celle de Nicolas Sarkozy.
Élie Domota a appelé « le peuple guadeloupéen à manifester contre le pouvoir colonial français [qui] s’apprête à réprimer les travailleurs, la jeunesse, le peuple de Guadeloupe avec leurs organisations »[6]. Au cours de la grève[7], il a fustigé dans ses discours la France « qui envoie des charters de gendarmes "casser du nègre" chez lui, en Guadeloupe »[8],[9] et « la France [qui] a choisi sa voie naturelle, celle de tuer des Guadeloupéens »[10].
Les propos qu'il a tenus lors d'une interview le à Télé Guadeloupe « soit ils appliqueront l'accord, soit ils quitteront la Guadeloupe » et encore « nous ne laisserons pas une bande de békés rétablir l'esclavage » ont entraîné une polémique en métropole[11],[12]. L'enquête judiciaire pour « provocation à la haine raciale » qui a été ouverte à son encontre est dénoncée par Domota comme une tentative d'« intimidation »[13].
Après 45 jours de grève générale et la mort du syndicaliste Jacques Bino, Élie Domota parvient à obtenir une augmentation de 200€ des salaires minimum (accord Bino), et un contrôle de plusieurs centaines de produits de première nécessité.
États généraux de l'Outre-Mer
Le , le LKP annonce la décision d'Élie Domota de refuser de participer aux états généraux de l'Outre-Mer prévus ce même mois. Il justifie ce refus en déclarant : « Nous sommes dans notre propre logique. Nous allons organiser nos propres États Généraux, avec la population et pas seulement des experts »[14]. Le , Domota explique : « il faut véritablement donner la parole aux Guadeloupéens [au lieu de] se contenter de rencontrer des technocrates. [...] On n'entend pas la voix des travailleurs, on n'entend pas ce que disent les Guadeloupéens [...] ce n'est pas du tout avec les états généraux que ça va changer. »[15]
Bibliographie
- 2009 : "Qui ne connaît pas Monsieur Domota ?", ouvrage collectif de Rosa Moussaoui, Frantz Succab, Monchoachi et Jérôme Maucourant, paru aux Ed. Desnel, dans la Collection Anamnésis[16]. (ISBN 978-2915247268)
Notes et références
- La Guadeloupe en grève - Le Monde diplomatique, 26 janvier 2009
- Dirigé depuis son origine par des militants issus du mouvement indépendantiste « Le Monde, 12 février 2009 », « Pour sa part, dès sa création le , l’UGTG s’est prononcée, dans le prolongement de cette orientation "patriotique" pour l’indépendance "de ce pays-là". », Article publié sur le site officiel de l'UGTG
- « Elie Domota, le rouge et le noir », Le Monde, 12 février 2009.
- « Qui est Elie Domota, le leader guadeloupéen ? », Politique.net, 16 février 2009.
- Élie Domota : "Faire l’apologie de l’esclavage n’est pas condamnable par la loi française" L'Humanité, 6 février 2015, « Monsieur le président : "que comptez-vous faire pour mettre fin à ces insultes qui font l’apologie de l’esclavage et de la traite négrière au moment même où chacun parle du vivre ensemble ?" »
- Communiqué officiel de l'UGTG, 26 janvier 2009
- « Guadeloupe : ces vérités qui dérangent », Le Figaro, 21 février 2009
- « Domota, figure d'une île en grève», Le Journal du Dimanche, 18 février 2009.
- « Domota, l'homme qui veut mettre le feu à la Guadeloupe », Le Figaro, 18 février 2009.
- « Guadeloupe: la tentation du retour évoquée par des métropolitains », cyberpresse.ca, 23 février 2009
- « Guadeloupe : Domota menace les chefs d'entreprise », Le Point, 7 mars 2009.
- « Yves Jego critique Elie Domota et l'accord en Guadeloupe », Le Monde, 9 mars 2009.
- « Visé par une enquête judiciaire, Domota dénonce une "manœuvre d'intimidation" », Le Point, 9 mars 2009.
- « Elie Domota ne participera pas aux Etats généraux de l’Outre-mer » - 20 minutes, 5 avril 2009
- « Domota : les états généraux sont un "leurre" » - Le Monde, 15 avril 2009
- Fiche de Frantz Succab sur FranceCulture.fr
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- « Guadeloupe : ces vérités qui dérangent », Le Figaro,
- « Pour Elie Domota, "le LKP a vocation à durer" », Le Monde,
- « Enquête judiciaire : Domota se dit "étonné" », Le Figaro, .
- « Elie Domota : "On demande un peu de respect" », Le Monde,
- Elie Domota (UGTG): "Libérations nationale et sociale doivent aller de pair", Alternative libertaire, .
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