Élagage

L’élagage est opération qui consiste en la coupe de certaines branches mortes ou vivantes (ébranchage) d'un arbre pour en orienter ou limiter le développement[1]. On appelle généralement élagage l'arboriculture ornementale. On distingue l'élagage sylvicole, l'élagage fruitier et l'élagage ornemental.

Pour les articles homonymes, voir élagage synaptique et élagage alpha-bêta.

Suppression d'axes fragilisés par une tempête dans un cèdre de 250 ans , l'élagueur est visible au sommet.

L'élagage est aussi un processus biologique naturel d'abandon des branches, ou parfois d'une partie du houppier (descente de cime), afin d'optimiser les ressources et dépenses d'énergie de l'arbre, processus appelé élagage naturel[2]. On peut le comprendre comme un processus de sélection des branches d'un arbre sans intervention humaine, en raison d'événements climatiques, par manque de lumière ou d'eau, et/ou par l'action de champignons saprophytes spécialisés.

Les différents types d'élagage

Élagage sylvicole

C'est une technique consistant à remonter régulièrement la couronne des arbres destinés à la production de bois d'œuvre, afin de limiter le développement des nœuds (insertions des branches), et d'améliorer ainsi la valeur commerciale de la bille de bois.

L'élagage peut être naturel par chute des branches mortes provoquée par le manque de lumière ou artificiel par la coupe des branches[3].

Lors de l'abattage des arbres, l'élagueur est parfois amené à couper (éhouper) la partie sommitale des arbres afin de ne pas éclater les fibres du bois lors de la chute de la bille au sol. L'élagueur est dans ce cas appelé « éhoupeur ».

Élagage fruitier

L'élagage fruitier ou arboriculture fruitière consiste en une taille de stimulation afin de favoriser la production de fruits d'un sujet, mais aussi d'en améliorer la qualité (mûrissement et calibre)[4].

Élagage ornemental

L'élagage ornemental se pratique afin d'adapter un sujet à ses contraintes environnementales (route, habitation, ligne électrique, concurrence d'autre végétaux). Il n'a d'autre but que d'adapter le volume et d'orienter son esthétique générale.

L'élagueur est aussi dans ce cas appelé arboriste grimpeur. Les opérations techniques que sont amenés les arboristes grimpeurs à réaliser peuvent être très diverses: Déplacement et exploration sur corde, tailles architecturées, démontage d'arbre, traitements phytosanitaires, haubanage....

Le manque de place et le choix de sujets à trop grand développement contraignent parfois à des élagages réguliers afin de contenir le volume général de l'arbre: Ce sont des tailles architecturées. On distingue deux principales tailles architecturées : la taille sur « têtes de chat », obtenues par des coupes répétées aux mêmes endroits, et la taille par prolongations, qui consiste à étirer les branches de l'arbre dans une direction.

D'autre tailles architecturées existent, plus complexe à la mise en œuvre, tel que les tailles topiaires, les « rideaux sur têtes de chat », ou d'inspiration japonaise comme les « niwakis ».

Ces mêmes contraintes contextuelles, ainsi que certaines habitudes culturelles, génèrent parfois des opérations de tailles inappropriées ou "sévères", très largement présentes et répandues dans le paysage arboricole français.

Taille raisonnée

L'attachement aux règles de l'art, aux conduites de tailles intelligentes sont des principes d'arboriculture ornementale moderne, en opposition avec la taille dite «drastique».

La taille raisonnée s'immiscera dans le paysage français au début des années 1980 : « 80 pour cent des arbres des villes françaises ont fait l'objet d'élagages drastiques pendant la période des trente glorieuses et jusque dans les années 1990. Les retombées s'en font encore ressentir aujourd'hui. »[5]

Aujourd'hui, la dendrobiologie ayant beaucoup évolué, principalement grâce aux travaux des chercheurs A. Shigo, C. Mattheck, F. Hallé et C. Drenou, on s'accorde pour dire que l'élagage drastique est néfaste au bon développement de l'arbre, et souvent injustifié.

Il est intéressant de considérer qu'une forme d'amalgame peut parfois être fait entre la taille raisonnée et la "taille douce".

La terminologie "taille douce" est généralement utilisée en opposition à celle de "taille drastique". Lorsque les diamètres de coupes restent dans des proportions de l'ordre de quelques centimètres, il semblerait que ce seul critère suffise à considérer une taille comme "douce". Une taille raisonnée s'impliquera toujours quant à elle dans une démarche de diagnostic et de préconisations pertinentes dans un contexte, et ne se contente pas de minimiser les diamètres de coupes.

Chirurgie arboricole

La chirurgie arboricole est aujourd'hui une pratique quasi totalement abandonnée. Elle est la cause de dégâts irrémédiables sur le patrimoine arboré français (les platanes de la place des Lices, Saint-Tropez).

Les travaux du professeur Shigo ont mis en lumière les mécanismes de défense des arbres (CODIT: Compartimentalization of damages in trees), en complète opposition avec les principes de chirurgie arboricole (curetage et application de badigeons).

L'un des principaux points de la dendro-biologie moderne est qu'un arbre ne cicatrise pas, il compartimente. De nos jours, les arbres creux sont appréhendés de manière plus globale, avec une gestion plus durable de ces écosystèmes.

Expertise ornementale [réf. nécessaire]

Une expertise ornementale indépendante peut parfois précéder les travaux d'élagage afin de réaliser en amont un diagnostic, une expertise ou du conseil[6]. Elle orientera les choix du gestionnaire sur les conduites de tailles, des soins, des renforts structurels, les possibilités de conservation ou au contraire l'abattage d'un sujet présentant des problématiques de tenue mécanique ou physiologiques. Ces expertises sont réalisées par des cabinets spécialisés.

En cas de diagnostic de tenue mécanique, elles peuvent utiliser des méthodes tel que SIA (analyse statique intégrée), VTA (analyse visuelle de l'arbre) et plus récemment QTRA (Évaluation quantifiée des risques associés aux arbres), et TRAQ, permettant d'analyser et quantifier les risques.

Quelques règles pour l'arboriste élagueur[7],[8]

  • Avoir des objectifs de taille clairs et réalisables avant toute taille intempestive.
  • Port des EPI (Équipements de Protection Individuelle): Casque, lunettes, protection auditive, pantalon anti-coupure, manchettes anti-coupure.
  • Matériel d'ascension normé et révisé.
  • L'utilisation de griffes lors de la pratique de l'élagage est proscrit afin de ne pas blesser inutilement l'arbre. Les griffes ne peuvent être utilisées que lors de travaux d'abattage.
  • L'utilisation de l'échelle ne doit se faire qu'après l'installation d'une corde afin de sécuriser l'évolution du grimpeur sur cette dernière. L'échelle ne doit en aucun cas servir de poste de travail.
  • Lors de l'utilisation de tout outil de coupe, deux points d'ancrage doivent impérativement être en place.
  • Une personne formée aux secours dans les arbres doit toujours accompagner le grimpeur lors de travaux d'élagage. Il n'est donc pas toléré de travailler seul (GSA).
  • Les angles de coupes de branches sélectionnées seront soignés et réfléchis afin de ne pas laisser de chicots ou à l'inverse d’abîmer le col ou la ride de l'insertion de la branche.
  • Désinfection des outils de coupe, particulièrement lors de travaux sur des arbres d'alignement (si cela reste discuté scientifiquement, le principe de précaution semble devoir s'appliquer).
  • Limitation du diamètre des coupes pour éviter l'intrusivité inutile.
  • Pas d'utilisation de mastic cicatrisant ou badigeon, inefficaces voire contre-productifs.

Période de taille[7]

La période de taille variera en fonction de la taille choisie. Pour une taille en vert (avec foliaire présent), on pourra tailler toute l'année, sauf période de stress hydrique (manque d'eau), ainsi que le moment de la chute des feuilles et du débourrement, qui sont des périodes sensibles chez les ligneux caduc. Pour des tailles d'entretien complet (mise à nu du végétal), on attendra le repos végétatifs (hiver).

Les répercussions des tailles d'entretiens en périodes de gel sont encore mal connues chez les ligneux. La taille hors gel apparait en France comme une habitude culturelle, et non comme un fait scientifique.

Formations

Statue d'un élagueur grimpeur, Parc Josaphat, Schaerbeek (Bruxelles), Belgique. L'élagueur d'Albert Desenfans

Pour exercer la profession d'élagueur, il est recommandé de posséder le Certificat de Spécialisation « Arboriste-élagueur » (niveau IV).

Actuellement en France, une cinquantaine de centres de formation proposent cette certification.

Une partie de la profession souhaite aujourd'hui voir évoluer ce diplôme et devenir obligatoire afin d'harmoniser le métier et rendre la gestion de l'arbre d'ornement plus qualitative.

Divers

Des championnats régionaux et nationaux sont organisés annuellement par la Société Française d'Arboriculture[9]. Une compétition internationale existe, organisée par l'ISA (International society of Arboriculture).

Le patrimoine arboré abrite une immense biodiversité. Pour permettre la vie des organismes saproxylophages et des oiseaux, chauve-souris et autres communautés animales en dépendant, certains élagages ne cherchent pas à éliminer les zones mortes, mais simplement à garantir la sécurité du public et éventuellement à conserver un aspect naturel à l'arbre.

Notes et références

  1. Georges Métailié et Antoine Da Lage, Dictionnaire de biogéographie végétale, CNRS éditionsCNRS éditions, , p. 45
  2. L'élagage naturel implique l'activité de mycètes saproxylophages qui décomposent les branches mortes, par exemple Stereum gausapatum, Vuilleminia comedens (en), Peniophora quercina, Phellinus ferreus (en), Phlebia rufa sur les branches de chênes ; Daldinia concentrica, Hypoxylon rubiginosum, Peniophora lycii et Peniophora quercina sur celles de frêne. Cf. (en) Lynne Boddy, A. D. M. Rayner, « Origins of decay in living deciduous trees: the role of moisture content and a re-appraisal of the expanded concept of tree decay », New Phytologist, vol. 94, no 4, , p. 623-641 (DOI 10.1111/j.1469-8137.1983.tb04871.x), (en) Lynne Boddy, O.M. Gibbon, M.A. Grundy, « Ecology of Daldinia concentrica: Effect of abiotic variables on mycelial extension and interspecific interactions », Transactions of the British Mycological Society, vol. 85, no 2, , p. 201-211 (DOI 10.1016/S0007-1536(85)80183-2).
  3. Yves Bastien et Christian Gauberville, « Vocabulaire forestier p. 181 et 182 », sur books.google.fr, (consulté le )
  4. « Taille des arbres fruitiers : quand et comment tailler les arbres fruitiers ? », sur Binette & Jardin (consulté le )
  5. C. Mollie, « Des arbres dans la ville »[précision nécessaire]
  6. ROCHE dit, « L’expert en arboriculture ornementale », sur Jardins de France (consulté le )
  7. « dépliant société internationale d'arboriculture Québec »
  8. Michel Hubert et René Courraud, Élagage et taille de formation des arbres forestiers, Forêt privée française, , 282 p. (ISBN 978-2-904740-84-8, lire en ligne)
  9. SFA

Voir aussi

Bibliographie

  • Christophe Drénou, La taille des arbres d'ornement, Institut pour le développement forestier, 1999 (ISBN 978-2904740688).
  • Caroline Mollie, Des arbres dans la ville, Actes sud, 2009 (ISBN 978-2742785797).
  • Christian Ambiehl, Alain Gourmaud, Fabrice Salvatoni, Mémento de l'arboriste. Volume 1 : L'Arboriste grimpeur, Naturalia Publications, 2e édition, , 560 pages (ISBN 978-2-909717-85-2).

Articles connexes

Liens externes

  • Elagage.com : informations sur les questions de la législation (voisinage) ainsi que sur les distances de plantation.
  • Portail du bois et de la forêt
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