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2. Gammes et intervalles


Les notes « naturelles » et la gamme de do majeur

Nous considérons dans un premier temps les notes « naturelles » c'est-à-dire sans altération (ni dièse, ni bémol) : do, , mi, fa, sol, la et si ou, en notation anglo-saxonne, C, D, E, F, G, A et B. Cette succession de sept notes forme la « gamme de do majeur ».

On a donc choisi un nombre réduit de sons, les « notes », pour écrire la musique. Ces notes forment une « gamme ».

Le terme « gamme » provient de la lettre grecque gamma « Γ », qui était utilisée auparavant pour désigner le sol le plus grave.

En partant du nom d'une note, jusqu'à la suivante de même nom :

  • un ensemble donné de notes de la plus aiguë à la plus grave forme une gamme descendante ;
  • un ensemble donné de notes de la plus grave à la plus aiguë forme une gamme ascendante.

Cette gamme est agréable à l'oreille mais n'a pas d'intervalles réguliers entre les notes ; en effet, les notes « naturelles » successives sont séparées d'un ton ou d'un demi-ton :

les notes mi-fa et si-do sont séparées d'un demi-ton, les autres notes sont séparées d'un ton.

Un demi-ton fait évidemment la moitié d'un ton.

On a donc, si l'on monte la gamme constituée par les sept notes en commençant par le do, la succession suivante :

Gamme de do majeur
1 ton1 ton½ ton1 ton1 ton1 ton½ ton
domi-fasollasi-do

Dans l'image ci-dessous, un ton est représenté par une « parenthèse » en dessous, alors qu'un demi-ton est représenté par un « accent circonflexe » au-dessus :

Mais lorsque l'on joue les sept notes, on peut commencer par celle que l'on veut :

  • domi - fasollasi -
  • mi - fasollasi - do
  • mi - fasollasi - do

Les intervalles

Noms des intervalles

Un intervalle est un écart séparant deux notes. On nomme l'intervalle en fonction du nombre de degrés qu'il contient, dans la succession « do, , mi, fa, sol, la, si », c'est-à-dire par écart croissant. Si l'on monte dans la gamme, on parle d'intervalle ascendant :

  • unisson : deux notes identiques (par exemple do-do) ;
  • seconde : deux note successives (par exemple do-) ;
  • tierce : trois notes au total dans l'intervalle, y compris la première et la dernière (par exemple do-mi) ;
  • quarte : quatre notes au total dans l'intervalle, y compris la première et la dernière (par exemple do-fa) ;
  • quinte : cinq " (par exemple do-sol) ;
  • sixte : six " (par exemple do-la) ;
  • septième : sept " (par exemple do-si) ;
  • octave : huit " (par exemple do medium-do aigu).
Les différents intervalles possibles à partir d'un mi

Nous pouvons aussi considérer des accords descendants : do-si est une seconde descendante, do-fa est une quinte descendante…

Qualification des intervalles

Si l'on part d'un do et que l'on arrive sur une note non-altérée, l'intervalle est dit « majeur », sauf pour la quarte, la quinte et l'octave qui sont dites « justes ».

  • do- : seconde majeure ;
  • do-mi : tierce majeure ;
  • do-fa : quarte juste ;
  • do-sol : quinte juste ;
  • do-la : sixte majeure ;
  • do-si : septième majeure ;
  • do-do aigu : octave juste.

Si l'on diminue d'un demi-ton chromatique un intervalle majeur, on obtient un intervalle « mineur ». Si on diminue de deux demi-tons chromatiques un intervalle majeur, on obtient un intervalle « diminué ». Si l'on diminue d'un demi-ton chromatique un intervalle juste, on obtient un intervalle « diminué ».

Si l'on augmente d'un demi-ton chromatique un intervalle majeur ou juste, on obtient un intervalle « augmenté ».

Par exemple pour des intervalles ascendants :

  • tierce diminuée : do-mi 𝄫 ;
  • tierce mineure : do-mi ;
  • tierce majeure : domi ;
  • tierce augmentée : domi ;

et

  • quinte diminuée : do-sol ;
  • quinte juste : dosol ;
  • quinte augmentée : dosol ♯.

Un accord est caractérisé par le nombre de tons et demi-tons qu'il contient.

Valeur des intervalles en tons (gamme tempérée)
Intervalle Diminué Juste Augmenté
MineurMajeur
seconde (2nde)0½11 ½
tierce (3ce)11 ½22 ½
quarte (4te)22 ½3
quinte (5te)33 ½4
sixte (6te)44 ½5
septième (7e)4 ½55 ½6
octave (8ve)5 ½66 ½

On transpose ensuite ces valeurs à n'importe quelle note. Par exemple :

fa ♯-la : c'est une tierce (fa-sol-la, trois notes) de un ton et demi, soit une tierce mineure.

On remarque que quasiment tous les intervalles ont des enharmoniques : la seconde majeure est enharmonique de la tierce diminuée, la seconde augmentée est enharmonique de la tierce mineure…

Lorsque les notes sont jouées l'une après l'autre, on parle d'intervalle « mélodique » ; lorsqu'elles sont jouées simultanément, on parle d'intervalle « harmonique ».

Renversement d'un intervalle

Renverser un intervalle, c'est permuter les notes. Par exemple, le renversement de l'intervalle fa-la ascendant (tierce majeure ascendante) est l'intervalle la-fa ascendant (sixte mineure ascendante), donc le renversement de la tierce majeure est la sixte mineure, et vice-versa. On remarque que c'est aussi ce qui se passe lorsque l'on passe d'un intervalle ascendant à descendant : la tierce majeure ascendante fa-la devient la sixte mineure descendante fa-la.

On remarque également que l'empilement d'un intervalle et de son renversement est une octave juste : fa-la et la-fa forme l'octave juste fa-fa. Un intervalle et son renversement sont donc les complémentaires de l'octave juste.

Ainsi :

  • le renversement d'un intervalle juste est également juste : 4te juste ↔ 5te juste, 8ve juste ↔ 8ve juste ;
  • le renversement d'un intervalle majeur est un intervalle mineur, et vice versa, par exemple : 3ce majeure ↔ 6te mineure ;
  • le renversement d'un intervalle augmenté est diminué et vice-versa, par exemple : 4te augmentée ↔ 5te diminuée, 3ce diminuée ↔ 6te aumentée.

On peut voir ça de la manière suivante : l'octave juste fait six tons. Un intervalle et son renversement coupent l'octave en deux parties, il se « partagent la gâteau » ; si l'on augmente une partie, on diminue l'autre, si un intervalle a une « grosse part », l'autre a une « petite part ».

Quelques intervalles importants

Les intervalles sont utilisés pour les accords. Les accords de base utilisent trois intervalles ascendants : la tierce (3ce), la quinte (5te) et la septième (7e), il est donc intéressant de savoir qualifier rapidement ces intervalles.

La tierce majeure fait deux tons, la tierce mineur fait un ton et demi, ce que nous abrégeons de la manière suivante :

  • 3M : 2t ;
  • 3m : 1t½.
Manière simple de reconnaître les quintes justes.

Les notes de la quinte juste ont la même altération sauf si l'on a un si : la quinte juste ascendante de si est fa :

  • 5J : même alt.
  • sauf si-fa ♯.

Ainsi, -la, ♯-la ♯ et ♭-la ♭ sont des quintes justes ; si-fa ♯, si ♭-fa ♮ et si ♯-fa 𝄪 sont des quintes justes. Cela se voit bien sur un clavier de piano : les demi tons naturels se voient parce qu'il y a deux touches blanches côte à côte (sans touche noire entre les deux) et pour toutes les quintes, il n'y a qu'une seule paire de touches blanches adjacentes sauf si l'on part d'un si, dans ce cas-là on a deux paires de touches blanches adjacentes.

Pour la septième ascendante, il est plus simple de considérer son renversement, la seconde descendante. Pour une septième majeure, on prend l'octave et on descend d'un demi ton, pour une septième mineure, on descend d'un ton :

  • 7M : 8ve – ½t ;
  • 7m : 8ve – 1t.

Chanter et reconnaître les intervalles

Le travail de l'oreille est important en musique. Les petits intervalles sont les plus simples à reconnaître et à chanter. L'exercice fondamental consiste à savoir chanter la gamme de do majeur : on la chante en s'accompagnant d'un instrument pour guider notre voix. Puis on joue le premier do et on la chante a capella et on vérifie à la fin que le do aigu que l'on chante est juste ; s'il est faux, on essaie de voir à partir de quelle note on s'écarte (on chante a capella et on vérifie au mi, au sol).

Ensuite, on s'entraîne à chanter l'accord parfait de do majeur : do-mi-sol ; et l'accord parfait de la mineur : la-do-mi.

Puis on peut s'exercer de deux manières. Par des exercices élémentaires :

  • on joue deux notes l'une après l'autre, on donne le nom de la première note, il faut trouver le nom de la seconde (commencer avec de petits intervalles puis les augmenter) ; pour cela, après avoir écouté les note, on monte la gamme en partant de la première note et on regarde quand on atteint la seconde ;
  • on joue deux notes simultanément, on donne le nom de la première note, il faut trouver le nom de la seconde (même méthode).

La deuxième manière consiste à chanter mes morceaux « réels », par exemple les morceaux que l'on joue à l'instrument.

Enfin, on fait de « dictées de notes » ou « dictées mélodiques » : une personne joue une succession de notes et l'on doit trouver les notes (en connaissant la première). On peut aussi faire un relevé de notes : on prend un morceau enregistré et l'on essaie de trouver les notes qui sont jouées, par exemple pour pouvoir le rejouer.

Gammes, modes et tonalités

Les gammes et les modes

Reprenons donc notre gamme de do majeur, avec ses demi-tons situés entre les notes mi-fa et si-do.

Gamme de do majeur
1 ton1 ton½ ton1 ton1 ton1 ton½ ton
domi-fasollasi-do

Cette gamme est une gamme dite « diatonique ». Elle a pour origine la Grèce antique. Elle est construite sur l'assemblage de deux tétracordes c'est-à-dire de deux groupes de quatre notes

  • do, , mi, fa
    — et —
  • sol, la, si, do,

le deuxième tétracorde étant à la quinte du premier.

Lorsque l'on joue les sept notes, on peut commencer par celle que l'on veut :

  • domi - fasollasi -
  • mi - fasollasi - do
  • mi - fasollasi - do

on a donc sept manières de jouer cette gamme, sept « modes ». On peut numéroter les notes de la gamme de I à VII (un à sept en chiffres romains), du plus grave au plus aigu ; on parle alors de degré. Changer de mode consiste donc à choisir arbitrairement le Ier degré parmi les sept notes.

Changer de mode revient à changer l'emplacement des demi-tons. Par exemple, dans le mode de , on a :

Mode de
1 ton½ ton1 ton1 ton1 ton½ ton1 ton
mi-fasollasi-do

Considérons l'air de Au clair de la Lune :

do - do - do - - mi - - do - mi - - - do.

Si l'on exprime les notes par leur degré dans le mode de do, on obtient la succession suivante :

I - I - I - II - III - II - I - III - II - II - I.

Si maintenant on part de la note par exemple, et que l'on suit la même succession, on a :

- - - mi - fa - mi - - fa - mi - mi - .

On voit que ce nouvel air sonne différemment : alors que l'air interprété en do ne contient que des tons, l'air en contient des demi-tons.

On peut ainsi créer sept morceaux différents, en partant de chacune des sept notes, et chaque morceau aura une sonorité différente tout en ressemblant aux autres.

On dispose ainsi de sept « modes » : le mode de do, le mode de , le mode de mi… le mode de si. On utilise parfois des noms grecs pour qualifier ces modes (mode dorien, mode myxolydien…) mais à tort : la notion de mode était fort différente dans la Grèce antique (elle correspondait aux accordages de la lyre), et cette correspondance entre les modes diatoniques et les noms grecs s'est faite tardivement à partir de sources incertaines (voir l'article Mode (musique) de Wikipédia et sa page de discussion).

Transposition d'un mode

Le mode majeur présenté comme un masque s'appliquant à l'échelle des notes.

Le mode, caractérisé par la succession des tons et demi-tons, donne la « couleur », l'ambiance d'un morceau. Si on décide de jouer le morceau de manière plus aiguë ou plus grave mais que l'on garde le même mode, on obtiendra exactement le même morceau avec la même ambiance. Cette opération s'appelle la transposition.

Cependant, pour transposer, il faut disposer de notes supplémentaires afin de pouvoir placer les tons et demi-tons où l'on veut : les notes « naturelles » ne suffisent pas.

On a donc créé des altérations qui permettent de monter ou de baisser une note d'un demi-ton :

  • le dièse «  » permet de monter une note d'un demi-ton ;
  • le bémol «  » permet de baisser une note d'un demi-ton.

On a donc au total douze notes différentes séparées par un demi-ton :

  1. si♯/do
  2. do♯/
  3. ♯/mi
  4. mi/fa
  5. mi♯/fa
  6. fa♯/sol
  7. sol
  8. sol♯/la
  9. la
  10. la♯/si
  11. si/do

La gamme formée par ces douzes notes s'appelle la « gamme chromatique » ; c'est une gamme par demi-tons.

On remarque que de nombreuses notes sont identiques, désignent le même son : « do » s'appelle aussi « si dièse », «  dièse » s'appelle aussi « mi bémol »… Ces notes sont dites « enharmoniques ».

Ainsi, on peut transposer le mode de do en commençant à la note  :

Mode de do en commençant par un
1 ton1 ton½ ton1 ton1 ton1 ton½ ton
mifa-sollasido-

et à l'inverse, on peut jouer le mode de ré en commençant par un do :

Mode de en commençant par un do
1 ton½ ton1 ton1 ton1 ton½ ton1 ton
do-mifasolla-sido

Si l'on considère les sept modes de base transposés en , on a :

Notes tonales et modales pour les gammes de ré
Mode Gamme
Do mifa♯ - sollasido♯ -
mi - fasollasi - do
Mi - mi♭ – fasolla - si♭ – do
Fa mifa♯ – sol♯ - lasido♯ -
Sol mifa♯ - sollasi - do
La mi - fasolla - si♭ – do
Si - mi♭ – fasol - la♭ – si♭ – do

Les modes de la musique classique

La musique européenne dite « tonale » a majoritairement retenu deux modes :

  • le mode de do, dit « mode majeur », construit sur la succession
    domi - fasollasi -,
  • et le mode de la, dit « mode mineur naturel » (ou parfois « antique » mais à tort, cf. la remarque ci-dessus sur les modes dans l'Antiquité), construit sur la succession
    lasi - domi - fasol –.

Le mode mineur a été modifié afin d'introduire un demi-ton entre la septième et la huitième note (la septième note est alors appelée la « sensible ») : cela « sonnait mieux ». Le « mode mineur harmonique » est donc la succession :

lasi - domi - fasol ♯ -

c'est le mode mineur le plus utilisé, celui que l'on considèrera par défaut. L'intervalle fa-sol♯ était considéré comme difficile à chanter ; on a donc créé un « mode mineur mélodique » dans lequel le fa est diésé à la montée, mais est naturel à la descente…

On a donc :

Mode majeur 1 t 1 t ½ t 1 t 1 t 1 t ½ t
Mode mineur
(harmonique)
1 t ½ t 1 t 1 t ½ t 1½ t ½ t

On peut maintenant transposer ces deux modes à des hauteurs différentes. Par exemple, le mode majeur commençant par un donne

mifa♯ - sollasido♯ -

et le mode mineur commençant par un donne :

mi - fasolla - si♭ — do♯ -

La note de départ est appelée « tonique ».

Les quatre gammes de les plus courantes (le mode majeur et les trois modes mineurs) sont résumées dans la table ci-dessous.

Gammes majeure et mineure de
Mode Gamme
Majeur mifa♯ - sollasido♯ -
Mineur naturel mi - fasolla - si♭ – do
Mineur harmonique mi - fasolla - si♭ — do♯ -
Mineur mélodique mi - fasollasido♯ -

Degrés de la gamme

Habituellement, on numérote les notes du grave vers l'aigu en commençant par la note donnant le ton. Le numéro de la note s'appelle le « degré ». Les degrés portent également des noms :

  • I : la « tonique » ;
  • II : la « sustonique » ;
  • III : la « médiante » ;
  • IV : la « sous-dominante » ;
  • V : la « dominante » ;
  • VI : la « sus-dominante » ;
  • VII : la « sensible » si elle est à un demi-ton de la tonique, la « sous-tonique » sinon.

Notes tonales, notes modales

Dans une gamme, on a des notes dites tonales et modales :

  • les notes de degré I, IV et V sont les notes tonales ;
  • les notes de degré III et VI sont les notes modales.

Si l'on considère les quatre modes habituels pour la tonalité de (cf. ci-dessus), on a :

Notes tonales et modales pour les gammes de
ModeNotes tonalesNotes modales
Majeur , sol, la fa♯, si, do
Mineur antique , sol, la fa, si♭, do
Mineur harmonique , sol, la fa, si♭, do
Mineur mélodique , sol, la fa, si, do

On voit que les notes tonales sont les mêmes pour les gammes du même ton, et que les notes modales sont caractéristiques du mode.

Si l'on considère maintenant les sept modes de base pour la gamme de , on a :

Notes tonales et modales pour les gammes de
ModeNotes tonalesNotes modales
Do
(majeur)
, sol, la fa♯, si, do
, sol, la fa, si, do
Mi , sol, la fa, si♭, do
Fa , sol♯, la fa♯, si, do
Sol , sol, la fa♯, si, do
La
(mineur naturel)
, sol, la fa, si♭, do
Si , sol, la fa, si♭, do

On voit que le concept est moins pertinent dans ce cas-là, en particulier pour les modes de fa et de si qui n'ont pas les mêmes notes tonales, et pour les modes de mi et de la qui ont les mêmes notes modales. Au final, le concept n'est pertinent que pour les modes de do, de et de sol.

Altérations à l'armure

Si l'on ne considère que les gammes majeures, on remarque qu'elles contiennent soit des dièses, soit des bémols, mais jamais les deux. Ces altérations étant « permanentes » (on les retrouve quasiment dans tout le morceau), on les place « à la clef », en armure (cf. infra).

Si l'on classe les gammes par nombre de dièses croissants, on a :

  • 0 : do majeur ;
  • 1 : sol majeur (fa♯) ;
  • 2 : majeur (fa♯, do♯) ;
  • 3 : la majeur (fa♯, do♯, sol♯) ;
  • 4 : mi majeur (fa♯, do♯, sol♯, ♯) ;
  • 5 : si majeur (fa♯, do♯, sol♯, ♯, la♯) ;
  • 6 : fa♯ majeur (fa♯, do♯, sol♯, ♯, la♯, mi♯) ;
  • 7 : do♯ majeur (fa♯, do♯, sol♯, ♯, la♯, mi♯, si♯) ;

Si l'on classe les gammes par nombre de bémols croissants, on a :

  • 0 : do majeur ;
  • 1 : fa majeur (si♭) ;
  • 2 : si♭ majeur (si♭, mi♭) ;
  • 3 : mi♭ majeur (si♭, mi♭, la♭) ;
  • 4 : la♭ majeur (si♭, mi♭, la♭, ♭) ;
  • 5 : ♭ majeur (si♭, mi♭, la♭, ♭, sol ♭) ;
  • 6 : sol♭ majeur (si♭, mi♭, la♭, ♭, sol♭, do♭) ;
  • 7 : do♭ majeur (si♭, mi♭, la♭, ♭, sol♭, do♭, fa♭).

On remarque que l'on a un ordre déterminé :

  • ordre des dièses : fa, do, sol, , la, mi, si ;
  • ordre des bémols : si, mi, la, , sol, do, fa ;

l'ordre des dièses et des bémols sont inversés, la progressions se fait par quinte pour les dièses, par quarte pour les bémols.

Pour trouver le nom de la gamme majeure à partir de l'armure :

  • pour une armure de dièses, on se place un demi-ton au-dessus du dernier dièse ;
    par exemple si l'on a trois dièse, ce sont fa♯, do♯ et sol ; sol♯ + ½t = la, c'est la gamme de la majeur ;
  • pour une armure de bémols, on prend l'avant-dernier bémol (sauf s'il n'y a qu'un seul bémol, dans ce cas c'est la gamme de fa majeur) ;
    par exemple si l'on a trois bémols, il s'agit de si♭, mi♭ et la♭, c'est donc la gamme de mi♭ majeur.

Gammes relatives

On peut refaire le travail ci-dessus pour les gammes mineures. En effet, si l'on parle des gammes mineures naturelles (sans la sensible) :

  • une gamme mineure est simplement une gamme majeure jouée en commençant par le VIe degré ;
  • une gamme majeure est une gamme mineure jouée en commençant par le IIIe degré.

Elles utilisent les mêmes notes, avec les mêmes altérations (donc la même armure). Les gammes majeures et mineures qui utilisent les mêmes notes sont dites « relatives » :

  • « la mineur » est la gamme relative mineure de « do majeur » ;
  • « do majeur » est la gamme relative majeure de « la mineur ».

Le fait d'altérer le VIIe degré de la gamme mineure pour former une sensible (gamme mineure harmonique) ne change rien à ce caractère relatif ; cette modification n'est pas intégrée à l'armure (bien qu'étant quasiment permanente), mais écrite à chaque fois au cours du morceau, en tant qu'« accident » (événement « exceptionnel »).

Exemple
fa majeur (si♭ à l'armure) → mineur (si♭ à l'armure, avec un do♯ accidentel). On dit que la relative mineure de fa majeur est , que la relative majeure de ré' mineur est fa.
Comparaison des gammes de fa majeur et de mineur harmonique
Fa majeur mifasollasidomi
mineur mifasollasidomi

Il est fréquent qu'un morceau commence dans une gamme, puis passe momentanément dans la gamme relative. Par exemple, un morceau en do majeur peut avoir un passage en la mineur, et vice versa. On appelle ceci la modulation.

Le tableau suivant récapitule les gammes relatives, classées par nombre d'altérations à l'armure.

Gammes relatives
Armures diésées
Nombre de ♯ 01234567
Gamme majeure dosollamisifado
Gamme mineure lamisifadosolla
Armures bémolées
Nombre de ♭ 01234567
Gamme majeure dofasimilasoldo
Gamme mineure lasoldofasi'♭ mila

Sol mineur est donc la relative de si♭ majeur.

La règle générale est simple :

les toniques des gammes relatives sont séparées d'une tierce mineure.

Ainsi, le nom de la gamme mineure est une tierce mineure en dessous de la gamme majeure ; et la gamme majeure est une tierce mineure au dessus de la gamme mineure.

Transposition

Un morceau est écrit dans une tonalité donnée, c'est-à-dire que la quasi totalité de ses notes sont celle d'une gamme donnée. Il peut parfois être nécessaire de jouer le morceau plus aigu ou plus grave ; par exemple, il y a une partie de chant mais le chanteur n'arrive pas à chanter les notes les plus aiguës ou les plus graves.

Cette opération s'appelle la transposition. Il faut donc décaler toutes les notes vers le haut ou vers le bas de la même quantité. Un musicien aguerri peut faire cela à vue simplement en remplaçant la clef de la portée par une autre clef (voir ci-après). Mais il faut aussi déterminer la nouvelle tonalité, la nouvelle armure.

Par exemple, un hautboïste veut jouer la partie de cor anglais du Largo de la symphonie du Nouveau Monde de Dvořák. C'est une partie avec quatre bémols à la clef ; le cor anglais est un instrument transpositeur en fa, le hautbois est en do.

Donc lorsque le cor anglais joue un do, le hautbois doit jouer un fa, soit une quinte juste en dessous, ou, si la tessiture ne le permet pas, une quarte juste au dessus. Le hautboïste doit donc lire en clef d’ut 2e ligne. Par ailleurs, alors que la partition est écrite en la♭ majeur, le hautbois, lui, doit jouer en ♭ majeur (une quinte juste en dessous) soit avec cinq bémols.

Ci dessous, nous représentons le début du thème écrit pour le cor anglais, transposé au hautbois en clef d’ut 2 et en clef de sol.

Thème du Largo de la symphonie du Nouveau Monde au cor anglais et transposé pour hautbois.

Musique populaire moderne

Par « musique populaire moderne », on entend ici la musique de groupe, comme le blues, le jazz, la pop, le folk, le rock (rock n' roll, hard rock…), le reggae, le funk…

Les styles n'ont pas nécessairement de liens directs entre eux ; toutefois, ils utilisent un formalisme un peu différent de celui de la musique classique.

Gammes pentatoniques

Les negro spirituals, ou gospels, sont issus du mariage de la musique africaine et de la musique religieuse européenne, qui s'est opéré chez les esclaves africains déportés en Amérique du Nord. De la tradition africaine, elle a notamment hérité des gammes de cinq notes, les gammes pentatoniques.

Cette musique a donné le jazz et le blues, qui lui-même a enfanté du rock n' roll. Ces gammes pentatoniques sont de fait largement utilisées dans la musique moderne.

La gamme pentatonique majeure est constituée des degrés I, II, III, V et VI de la gamme majeure. Par exemple, la gamme pentatonique de do majeur est :

do – ré – mi — sol – la —

De même, la gamme pentatonique mineure constituée des degrés I, III, IV, V et VII de la gamme mineure naturelle. Par exemple, la gamme pentatonique de la mineur est :

la — do – ré – mi — sol –

On remarque que les gammes majeures et mineures sont constituées des mêmes notes, puisqu'en particulier il n'y a pas la sensible.

La gamme blues est une gamme pentatonique mineure à laquelle on ajoute une quinte diminuée, dite « note bleue » (blue note). Par exemple, la gamme blues en la est :

la — do – ré - mi ♭ - mi — sol –
Quelques gammes pentatoniques mineures
Tonalité Armure Gamme
I-II-III-V-VI
Do majeurdo-ré-mi-sol-la
Sol majeurfasol-la-si-ré-mi
majeurfa♯, doré-mi-fa♯-la-si
La majeurfa♯, do♯, solla-si-do-mi-fa
Fa majeursifa-sol-la-do-ré
Si♭ majeursi♭, misi-do-ré-fa-sol
Mi♭ majeursi♭, mi♭, lami-fa-sol-si-do

Dans le tableau suivant, a note bleue est indiquée entre parenthèses.

Quelques gammes pentatoniques mineures et blues
Tonalité Armure Gamme
I-III-IV-(V♭)-V-VII
La mineurla-do-ré-(mi♭)-mi-sol
Mi mineurfami-sol-la-(si♭)-si-ré
Si mineurfa♯, dosi-ré-mi-(fa♮)-fa♯-la
Fa♯ mineurfa♯, do♯, solfa-la-si-(do♮)-do♯-mi
mineursiré-fa-sol-(la♭)-la-do
Sol mineursi♭, misol-si-do-(♭)-ré-fa
Do mineursi♭, mi♭, lado-mi-fa-(sol♭)-sol-si

Accords

En musique moderne, et en particulier en jazz et dans le rock, on construit les accords non pas comme empilement de tierces, mais comme des modifications des accords parfaits.

On utilise fréquemment la notation anglosaxonne : on donne la fondamentale de l'accord selon la française habituelle (do, , …) ou bien avec la notation anglosaxonne :

  • do → C ;
  • → D ;
  • mi → E ;
  • fa → F ;
  • sol → G ;
  • la → A ;
  • si → B.

En allemand, le si est noté H, et le B désigne un si ♭.

La nature de l'accord est donnée en ajoutant des lettres, chiffres ou signes derrière.

Les principaux accords sont :

  • accord parfait majeur ; en général, on donne simplement le nom de la fondamentale seul, parfois suivi d'un « M » capitale ; l'adjectif « parfait » est omis
    par exemple l'accord parfait majeur de do est appelé « accord de do majeur » et est noté « C » ou « CM » ou « Do » ou « DoM »
  • accord parfait mineur, noté avec un « m » minuscule ; l'adjectif « parfait » est omis ;
  • accord de quinte diminué : dans l'accord parfait mineur, on remplace la quinte juste par une quinte diminuée ; il est noté « dim » ;
  • accord de quinte augmenté : dans l'accord parfait majeur, on remplace la quinte juste par une quinte augmentée ; il est noté « aug » ;
  • accord de septième de dominante : on ajoute une septième mineure à l'accord parfait majeur ;
    alors qu'en musique classique on fait référence à la tonique de la gamme, dans la musique populaire moderne, on fait référence à la fondamentale de l'accord c'est-à-dire à la dominante de la gamme ; par exemple, l'accord sol-si--fa est l'accord de septième de dominante de do, mais dans la musique populaire moderne, il est appelé « sol septième » ;
  • accord de septième mineur : on ajoute une septième mineure à l'accord parfait mineur ; il est noté « m7 » ;
  • accord de septième majeure : on ajoute une septième majeure à l'accord parfait majeur ; il est noté « maj7 »
  • accords « suspendus » (suspended chords) : la tierce est remplacée par une seconde majeure ou une quarte juste ; ils sont noté respectivement « sus2 » et « sus4 ».

L'exemple suivant présente dans l'ordre les accords de do majeur, mineur, diminué, augmenté, septième, septième majeure, suspendu seconde et suspendu quarte (C, Cm, Cdim, Caug, C7, Cmaj7, Csus2 et Csus4). Il manque ici l'accord de septième mineure (do-mi♭-sol-si♭) noté Cm7.

Le rock, et notamment le hard rock et le heavy metal, utilisent souvent des accords incomplets, composés seulement de la fondamentale et de la quinte ; il s'agit donc d'une quinte juste. On parle d'« accord de puissance » ou power chord. Par exemple, l'accord de puissance de do est composé des notes do et sol.

Pour plus de détails voir : Formation musicale/Harmonie.

Musiques modales, tonales et atonales

Un style musical utilise certaines gammes, c'est-à-dire un ensemble de notes dont certaines ont plus d'importance que d'autres. Une gamme est un ensemble de notes et est donc une succession d'intervalles. Les gammes ayant la même succession d'intervalles forment un mode : elles ont toutes la même « couleur », mais sont plus ou moins aiguës ou graves.

Une musique modale est donc une musique qui utilise un mode.

La musique tonale est une musique qui n'utilise que deux modes : le mode majeur et le mode mineur. La musique classique est une musique tonale. C'est en fait une musique modale particulière. Les notes importantes sont les degrés I (tonique), IV (sous-dominante) et V (dominante).

La musique atonale est la musique qui n'est pas fondée sur des gammes avec des notes importantes. Il s'agit essentiellement de la musique dite « contemporaine », qui fait partie de la musique savante occidentale du xxe siècle. Un des premiers exemples de musique atonale se trouve sans doute dans le Cappriccio stravagante de Carlo Farina (1627), œuvre dans laquelle il veut évoquer des bruits de la nature (à 13 min. 30 sec. puis à 14 min. 28 sec. dans la vidéo ci-dessous) au sein d'une œuvre plutôt baroque par ailleurs.

Voir aussi

Dans Wikipédia

Qu'est-ce que la musique ? < > Mélodie

Liens Externes

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