Littérature

Essai

Léon Schwartzenberg

L'oubli est une forme de lâcheté et la vengeance, une forme de fidélité.
  • Silence, on tue des enfants ! Voyage jusqu'au bout du réseau, Léon Schwartzenberg (pour la préface) et Régina Louf, éd. éditions Mols, 2002, chap. préface, p. 10-11

Nouvelle

Renée Vivien, La Dame à la Louve, 1904

La Soif ricane

Je crus pendant une seconde qu’elle était devenue folle, elle aussi. Et je hurlai de joie, semblable à un Indien qui se venge. Elle ne se troubla point. Elle était habituée à mon humeur fantasque. Elle me méprisait trop pour me craindre.
  • La Dame à la Louve, Renée Vivien, éd. Alphonse Lemaire, 1904, La Soif ricane, p. 35

Poésie

Joyce Mansour, Funéraire comme une attente à vie, 1964

Opaques sont les prunelles de l'aïeule ensevelie
Vengeresses mes morts amoureuses.

  • « Funéraire comme une attente à vie », Joyce Mansour, La Brèche, nº 7, Décembre 1964, p. 78

Roman

James Joyce, Ulysse, 1922

Agendath est une terre inculte, la demeure de l'orfraie et du myope upupa. Netaïm la splendide n'est plus. Et sur la route des nuées ils s'en viennent, tonnerre grondant de la rébellion, les fantômes des bêtes. Houhou ! Héla ! Houhou ! Parallaxe piaffe par-derrière et les aiguillonne, les éclairs lancinants de son front sont des scorpions. L'élan et le yak, les taureaux de Bashan et de Babylone, le mammouth et le mastodonte en rangs serrés s'avancent vers la mer affaissée, Lacus Mortis. Troupe zodiacale de mauvais augure et qui crie vengeance ! Ils gémissent en foulant les nuages, cornes et capricornes, trompes et défenses, crinières léonines, andouillers géants, mufles et groins, ceux qui rampent, rongent, ruminent, et les pachydermes, multitude mouvante et mugissante, meurtriers du soleil.
  • Ulysse (1922), James Joyce (trad. Auguste Morel), éd. Gallimard, coll. « Folio », 1957  (ISBN 2-07-040018-2), p. 645

Jean-Christophe Rufin, Le Flambeur de la Caspienne, 2020

Cette conviction soudaine faisait à Aurel l'effet d'une bouée providentielle lancée à un naufragé. Elle ne lui assurerait pas nécessairement la survie mais elle lui donnait un combat à mener. Elle désignait un but, le plus délicieux qui se puisse proposer à un être blessé : la vengeance.
Trempé, dégoulinant mais digne et surtout heureux, il retraversa toute la ville et rentra chez lui.

Psychologie

Gérard Pirlot/Jean-Louis Pedinielli, Les Perversions sexuelles et narcissiques, 2005

Caractéristiques des perversions

Pour R.J Stoller (1975), la perversion est une forme érotique de la haine. Elle est liée à un trouble de l'identité sexuelle (du développement de la masculinité) issu de trois formes d'hostilité : la colère de devoir abandonner le bien-être primordial (dyade mère-enfant, prime enfance), la peur de ne pas arriver à échapper à l'emprise maternelle, et le besoin de vengeance vis-à-vis de la mère qui a provoqué cette situation. Pour lui la première identification de l'homme est féminine, l'identification masculine se faisant dans un second temps ; l'homme abandonne la position protoféminine au moment de la séparation-individuation. Aussi, la perversion est-elle un des aléas de cette phase, l'enjeu étant la projection de la haine. Il établit la perversion comme meurtre de la mère perçue comme une menace à l'identité sexuelle de l'homme. L'acte place alors le pervers dans une position triomphale de vainqueur, « triomphe illusoire à répéter à l'infini », qui explique la compulsion de répétition.
  • Les Perversions sexuelles et narcissiques, Gérard Pirlot/Jean-Louis Pedinielli, éd. Armand Colin, coll. « 128 Psychologie », 2005  (ISBN 2-200-34042-7), partie II. Caractéristiques des perversions, chap. 3. Invariants psychopathologiques, 3.1 L'Œdipe et la castration b) Problématiques pré-œdipiennes du pervers, p. 51
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