Antonin Artaud

Quand nous reverrons-nous ? Quand le goût terreux de tes lèvres viendra-t-il à nouveau frôler l'anxiété de mon esprit ? La terre est comme un tourbillon de lèvres mortelles. La vie creuse devant nous le gouffre de toutes les caresses qui ont manqué. Qu'avons-nous à faire auprès de nous de cet ange qui n'a pas su se montrer ?
  • L'Ombilic des Limbes suivi du Pèse-nerfs et autres textes, Antonin Artaud, éd. Gallimard, coll. « Poésie/Gallimard », 1956, partie L'Art et la Mort, « Qui au sein... », p. 135

Robert Desnos, Deuil pour deuil, 1924

Là-bas, d'autres gouttes d'eau connaissent la compagnie des poissons (qui dira l'extraordinaire importance des poissons en poésie ? ils évoquent le feu et l'eau et ce sont eux que regrettent les gouttes dans les conduites de plomb de la cité).)
  • La liberté ou l'amour ! suivi de Deuil pour deuil (1924), Robert Desnos, éd. Gallimard, 1962  (ISBN 978-2-07-027695-0), p. 143

Joyce Mansour, Dolman le maléfique, 1961

Certains pays rocailleux, oubliés dans la putréfaction de la genèse, loin, loin derrière l'horizon du possible, voient ainsi naître un homme doué de méchanceté exceptionnelle. Dolman dépassait de beaucoup le plus mauvais : sa mère, prise comme une omelette de pieuse frayeur, était morte avant sa naissance. Son père, un brave pêcheur sans personnalité particulière, se sachant dénué de solides raisons de croire à sa paternité, partit en haussant les épaules vers l'Orient, sans marquer le moindre regret et sans laisser de testament.
  • « Dolman le maléfique », Joyce Mansour, La Brèche, nº 1, Octobre 1961, p. 46

Antoine Bello, L'homme qui s'envola, 2017

Il préférait vivre avec le remords d'être parti qu'avec le regret d'être resté.
  • L'homme qui s'envola (2017), Antoine Bello, éd. Gallimard, coll. « Blanche », 2017  (ISBN 2-07-019738-7), chap. 8, p. 68
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