Une grue en papier

La paix désigne l'absence de violence ou de guerre entre groupes humains.

Littérature

Prose poétique

Novalis, Hymne à la nuit, 1800

Je sens en moi une grande fatigue, mon pélerinage jusqu’au saint tombeau a été long et pénible ; mais celui qui a une fois goûté la boisson salutaire que l’homme sensuel ne peut connaître, celui qui s’est assis aux limites du monde, et qui a porté les yeux dans la nouvelle contrée, dans le domaine de la nuit, celui-là ne retournera plus au milieu des passions qui occupent les hommes, dans la terre où la lumière ramène toujours l’inquiétude. Il se bâtit sa demeure à lui, sa demeure où la paix habite, où il garde ses désirs et son amour, et d’où il élève ses regards en haut jusqu’à ce que la dernière heure sonne pour lui.
  • « Hymne à la nuit », Novalis, Nouvelle revue germanique, nº 14, 1833, p. 235

Roman

Gabriele D'Annunzio, Le Feu, 1900

— Connaissez-vous, Perdita, demanda soudain Stelio, connaissez-vous au monde un autre lieu qui, autant que Venise, possède, à certaines heures, la vertu de stimuler l’énergie de la vie humaine par l’exaltation de tous les désirs jusqu’à la fièvre ? Connaissez-vous une plus redoutable tentatrice ?
Celle qu’il appelait Perdita, le visage penché comme pour se recueillir, ne fit aucune réponse ; mais elle sentit passer dans tous ses nerfs l’indéfinissable frisson que lui donnait la voix de son jeune ami, quand cette voix devenait révélatrice d’une âme véhémente et passionnée vers qui elle était attirée par un amour et une terreur sans limites.
— La paix, l’oubli ! Est-ce que vous les retrouvez là-bas, au fond de votre canal désert, lorsque vous rentrez épuisée et brûlante pour avoir respiré l’haleine des foules qu’un de vos gestes rend frénétiques ? Moi, lorsque je vogue sur cette eau morte, je sens ma vie se multiplier avec une rapidité vertigineuse ; et, à certaines heures, il me semble que mes pensées s’enflamment comme à l’approche du délire.
— La force et la flamme sont en vous, Stelio ! — dit la Foscarina, presque humblement, sans relever les yeux.

  • Le Feu, Gabriele D'Annunzio, éd. La Revue de Paris, 1900, chap. I. L'épiphanie du feu, p. 4

Thomas Mann, La Montagne magique (Der Zauberberg), 1924

[C]ette « paix » consistait, lorsqu'on l'obtenait, en un émoussement complet de la vie personnelle, elle vous réduisait à n'être plus qu'un simple instrument ; c'était la paix du cimetière.
  • La Montagne magique (1931), Thomas Mann (trad. Maurice Betz), éd. Arthème Fayard, coll. « Le Livre de Poche », 1994, p. 645-46.

Frank Herbert, Les Enfants de Dune

La paix exige des solutions, mais nous ne parvenons jamais à des solutions vivantes, nous ne faisons qu'œuvrer dans leur direction. Une solution définitive est par définition une solution morte. Le défaut majeur de la paix est qu'elle tend à punir les fautes plutôt qu'à récompenser la valeur.
  • Les Enfants de Dune (1976), Frank Herbert (trad. Michel Demuth), éd. Robert Laffont, coll. « Presse-Pocket », 1978  (ISBN 2-266-01303-3), chap. 46, p. 394
  • Citation choisie pour le 13 avril 2011.

Essais

Dominique de Villepin, Mémoire de paix pour temps de guerre, 2016

La guerre prétend tout résoudre soudainement quand la paix demande à être pétrie dans un processus interactif et progressif à maturation lente.
  • Mémoire de paix pour temps de guerre, Dominique de Villepin, éd. Grasset & Fasquelle, 2016  (ISBN 978-2-246-85971-0), partie 3, chap. 1, p. 264

Winston Churchill, Mémoires sur la Deuxième Guerre Mondiale

C'est une erreur fondamentale que de confondre le désarmement et la paix. Quand vous aurez la paix, le désarmement suivra.
  • Discours de Winston Churchill au Parlement anglais le 13 juillet 1934, après l'ajournement de la conférence du désarmement de Genève à laquelle il s'opposait.
  • Mémoires sur la Deuxième Guerre Mondiale, Winston Churchill (trad. inconnu), éd. Librairie Plon, 1948, t. 1 (L'Orage Approche), partie 1. D'une Guerre à l'autre 1919-1939, chap. VI (Le Ciel s'obscurcit), p. 102
  • Citation choisie pour le 17 décembre 2008.

Jean Jaurès

Tandis que tous les peuples et tous les gouvernements veulent la paix, malgré tous les congrès de la philanthropie internationale, la guerre peut naître toujours d’un hasard toujours possible… Toujours votre société violente et chaotique, même quand elle veut la paix, même quand est à l’état d’apparent repos, porte en elle la guerre, comme une nuée dormante porte l’orage. (Très bien ! très bien ! à l’extrême gauche.)
Messieurs, il n’y a qu’un moyen d’abolir la guerre entre les peuples, c’est abolir la guerre économique, le désordre de la société présente, c’est de substituer à la lutte universelle pour la vie — qui aboutit à la lutte universelle sur les champs de bataille — un régime de concorde sociale et d’unité. Et voila pourquoi si vous regardez non aux intentions qui sont toujours vaines, mais à l’efficacité des principes et à la réalité des conséquences, logiquement, profondément, le Parti socialiste est, dans le monde, aujourd’hui, le seul parti de la paix.
  • Jean Jaurès, 7 mars 1895, à la Chambre des communes, dans Jean Jaurès : Textes choisis, éd. sociales, paru en 1959, p. 88.

Muhammad Yunus

La paix est menacée par un ordre économique, social et politiquement injuste, par l'absence de démocratie, par la dégradation de l'environnement et l'absence de droits de l'homme.
  • Discours à l'occasion de la remise des prix Nobel à Oslo.
  • Muhammad Yunus, 10 décembre 2006, dans Le Bien Public, page 14, paru le 11 décembre 2006, Le Bien Public.
  • Citation choisie pour le 9 avril 2008.

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