Michel Audiard
Michel Audiard

Michel Audiard (15 mai 1920 - 28 juillet 1985) est un dialoguiste de cinéma français.

La Nuit, le jour et toutes les autres nuits, 1978

Déjà la Seine charrie des poissons morts.

Il n'y a plus qu'à s'asseoir sur un banc et attendre. La fin du monde est pour dimanche.

Le plus tôt sera le mieux.
  • La Nuit, le jour et toutes les autres nuits (1978), Michel Audiard, éd. Denoël, coll. « Pocket », 2010, p. 11
Il a fallu que je vive longtemps parmi les chiens pour apprendre à mordre. Heureusement, ça y est ! Celui qui me tend la main n’a plus l’ombre d’une chance !… Le temps des caresses est passé comme celui de bien d’autres choses. Mais à l'époque j'avais encore le poil accueillant et l'âme simple. Beaucoup en ont abusé.
  • La Nuit, le jour et toutes les autres nuits (1978), Michel Audiard, éd. Denoël, coll. « Pocket », 2010, p. 17
On me jette toujours d'autres martyrs à la tête quand je raconte Myrette, comme si…

Alors je vais répondre bien franchement, une bonne fois pour toute, pour qu'on y revienne plus : chacun ses morts. Les miens sont mes bien-aimés, ceux dont je partage la détresse et le froid, dont je sais la panique qui les saisit la nuit dans les cimetières désertés, pareille à celle qui agite les malades à la fin des visites, l'épouvantable solitude des gentils qui, parce que je la devine, me précipite à Montrouge, dès l'heure d'ouverture, pour clamer les peurs. Avec l'alibi dérisoire des bouquets.

Chaque journée qui finit est une journée de moins à soustraire du temps me séparant encore de ceux que j'ai perdus. Les autres, ceux d'Azincourt, de Douaumont, du Bazar de la Charité, de Stalingrad, du Pakistan, je m'en branle !… C'est clair comme ça ?…
  • La Nuit, le jour et toutes les autres nuits (1978), Michel Audiard, éd. Denoël, coll. « Pocket », 2010, p. 38-39
Tributaire d'idées reçues sans doute, longtemps j'ai cru que tendre était la nuit et que commençait la fête quand les lampions s'allumaient. Longtemps je me suis trompé. La nuit est vache, elle est longue, compatissante envers ceux qui ont soif, raisonneuse avec ceux qui ont faim. Elle est pourrie de sortilèges et agitée de fantômes. Ceux qu’on y croise ne sont généreux et gais que lorsqu’il sont ivres. Les glaces des bistrots renvoient des portraits retouchés, les prestiges qu’on leur emprunte ne cicatrisent pas vite, pour certains jamais.
  • La Nuit, le jour et toutes les autres nuits (1978), Michel Audiard, éd. Denoël, coll. « Pocket », 2010, p. 78
Je n'ai pas toujours détesté tout le monde. Il m'arrivait, il n'y a pas encore si longtemps, de distribuer des caresses, des bouts de sucre, des sous, à les dames, à des clébards, à des confrères dans la gêne. Le genre de truc, voyez, qui ne me tente plus du tout. Je ne me désintéresse pas pour autant des malheurs d'autrui, bien au contraire, c'est seulement la façon d'envisager le problème qui a changé.
  • La Nuit, le jour et toutes les autres nuits (1978), Michel Audiard, éd. Denoël, coll. « Pocket », 2010, p. 195-196
On ne m'ôtera jamais de l'idée que parmi les quatre-vingt mille voyageurs pour Dachau, Auschwitz, et autres stations gazeuses, la plupart ont commencé le voyage dans une boîte aux lettres.
  • La Nuit, le jour et toutes les autres nuits (1978), Michel Audiard, éd. Denoël, coll. « Pocket », 2010, p. 204

Audiard par Audiard, 1995

J'ai divisé la société en deux catégories : mes amis, ou du moins mes cons à moi — mais ça, ça me regarde — et puis les cons des autres, que je ne supporte pas une seconde.
  • Audiard par Audiard (1995), Michel Audiard, éd. Éditions René Chateau, coll. « la mémoire du cinéma français », 2001, p. 148
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