Jonathan Coe (2006).

Jonathan Coe est un écrivain britannique, né le 19 août 1961 à Birmingham. Il est reconnu pour la qualité et la virulence de sa satire de la société britannique.

La femme de hasard , 1987


Est-ce que tu crois, Maria, qu’il existe entre les gens un certain type de silence, où les mots ne sont pas nécessaires, et qui signale non la fin mais le début d’une entente ?
  • La femme de hasard (1987), Jonathan Coe (trad. Jamila et Serge Chauvin), éd. Gallimard, coll. « Folio », 2007, p. 28

Une touche d'amour , 1989


L'avant-veille de Noël, Richard prépara pour Karen un dîner de fête [...]. Ils avaient projeté d’avoir une discussion de fond sur l’idéologie de Noël, et en particulier sur sa contribution au renforcement pernicieux du rôle de la famille en tant qu’unité de base de la société capitaliste, mais il se trouva qu’ils n’abordèrent même pas le sujet. Ils échangèrent des cadeaux discutèrent des mérites respectifs des sauces à la pomme ou aux airelles pour accompagner la dinde.
   Mais ce qui les rapprochait par-dessus tout était le tourment du désir physique, une tension accumulée devenue insupportable, une sorte de merveilleuse torture. Ils se déshabillèrent l’un l’autre avec lenteur, se débattant avec les boutons et les fermetures Éclair, s’attardant sur l’intimité inattendues de chairs encore jamais vues, jamais touchées, jamais goûtées. Puis leurs corps se lancèrent dans une conversation longue et compliquée, avec des propositions interrogatives, des réponses élaborées, des développements, des approfondissements, des digressions dans les ramifications du plaisir convergeant, avec une implacable logique, vers une soudaine résolution de toutes les contradictions.
  • Fait partie de le premier des quatre « Récits » écrits par l’un des protagonistes du roman, Robin, étudiant « perpétuel » en thèse de littérature. Décrit la première nuit de deux intellectuels.
  • Une touche d'amour (1989), Jonathan Coe (trad. Jean Pavans), éd. Gallimard, coll. « Folio », 2002, p. 64-65
Elle sentait depuis quelques jours une étrange lourdeur dans la tête, pas exactement une migraine, mais une sorte de torpeur palpitante qui l’empêchait de se concentrer, ainsi qu’elle l’avait expliqué à Mark la veille au soir. « Ce n’est pas la période de tes règles ? », avait-il répliqué. Et il avait paru estimer qu’il s’était montré attentionné.
  • Une touche d'amour (1989), Jonathan Coe (trad. Jean Pavans), éd. Gallimard, coll. « Folio », 2002, p. 108
La sexualité [...] exerce évidemment une influence capitale sr le développement de chacun. C’est vrai d’une fille qui se trouve enceinte et obligée de se marier, comme d’un ministre qui canalise ses tendances sadomasochistes dans l’élaboration de la politique gouvernementale.
  • Extrait du deuxième Récit de Robin
  • Une touche d'amour (1989), Jonathan Coe (trad. Jean Pavans), éd. Gallimard, coll. « Folio », 2002, p. 133-134
J’attribue mon homosexualité au fait que Chelsea est tombé en deuxième division durant la saison 1978-1979.
  • idem
  • Une touche d'amour (1989), Jonathan Coe (trad. Jean Pavans), éd. Gallimard, coll. « Folio », 2002, p. 134

J’imagine que l’université jouait un rôle important dans votre vie intellectuelle collective.
Oui, en effet. C’était là que nous achetions nos sandwiches.
Pourriez-vous énumérer les principales caractéristiques de votre groupe ?
La pâleur, la dépression, la malnutrition, et l’inexpérience sexuelle.

  • Extrait de l’interview fictive imaginée par Robin (fantasmant sur sa future célébrité)
  • Une touche d'amour (1989), Jonathan Coe (trad. Jean Pavans), éd. Gallimard, coll. « Folio », 2002, p. 166
Mon écriture relève de deux catégories. Il y a mon écriture créative (…) et mon écriture critique. Ce qui caractérise mon écriture critique, (…) ce qui lui confère une sorte d’unité thématique, c’est que dans l’ensemble, sans aucune exception, elle n’a pas été éditée. Rien n’en est paru sous aucune forme imprimée que ce soit, elle n’a en aucun cas attiré le moindre mot d’éloge d’aucun agent, directeur littéraire, ou secrétaire d’édition. En revanche, il lui est arrivé de susciter des lettres de refus rédigées avec une conviction qu’on ne peut qualifier que de religieuse. Cependant, à l’intérieur même de cette catégorie, il faut faire des distinctions, entre ce qui n’a simplement jamais été publié, et ce qui, en outre, n’a jamais été lu. Car il y a certains ouvrages, pour cette raison sans doute les plus symptomatiques, les plus typiques, les plus centraux de mon œuvre, que je ne suis même pas parvenu à faire lire à mes amis les plus proches, et auquel personne, à ma connaissance, n’a réussi à s’accrocher, même avec la meilleure volonté du monde. Mais quant à mes ouvrages critiques, ils ont une caractéristique légèrement différente, à savoir qu’aucun, sans aucune exception, n’a jamais été écrit ; ils n’ont, en réalité, aucune existence du tout en dehors de l’imagination de mon directeur de thèse (quand il est optimiste).
  • idem
  • Une touche d'amour (1989), Jonathan Coe (trad. Jean Pavans), éd. Gallimard, coll. « Folio », 2002, p. 168-169


Ils ne s’embrassaient guère, se faisaient rarement la bise (…). Leurs embrassades étaient toujours courtes, mais chacun hésitait à se détacher le premier ; leurs baisers étaient toujours sur la joue, jamais sur la bouche, mais ils ne savaient pas lequel des deux l’avait décidé. Robert se disait : « Je ne choisirais pas sa joue, si elle me tendait ses lèvres » ; et Kathleen pensait : « Je lui tendrais mes lèvres, s’il n’allait tout de suite à ma joue. »
  • Extrait du 3è Récit de Robin
  • Une touche d'amour (1989), Jonathan Coe (trad. Jean Pavans), éd. Gallimard, coll. « Folio », 2002, p. 194
Ce qu’on appelle ironie en littérature correspond d’habitude à ce qu’on appelle douleur, malheur et mésentente dans la vie réelle.
  • Une touche d'amour (1989), Jonathan Coe (trad. Jean Pavans), éd. Gallimard, coll. « Folio », 2002, p. 216
Les hommes aiment l’ironie, parce qu’elle s’attache à des sentiments de pouvoir, de froideur et de supériorité, qui sont innés chez eux.
  • Une touche d'amour (1989), Jonathan Coe (trad. Jean Pavans), éd. Gallimard, coll. « Folio », 2002, p. 217
Le rire d’une femme est très différent du rire de l’homme. (Le rire d’une femme, c’est) une libération, une totale expression de soi.
  • Une touche d'amour (1989), Jonathan Coe (trad. Jean Pavans), éd. Gallimard, coll. « Folio », 2002, p. 217
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