La fée est un être imaginaire, généralement vu comme une femme d'une grande beauté, capable de conférer des dons aux nouveau-nés, de voler, de lancer des sorts et d'influencer le futur.

Littérature

Conte

Charles Perrault, Cendrillon 1697

La bonne grâce est le vrai don des fées ; sans elles on ne peut rien, avec elles on peut tout.
  • Les contes de Perrault et les récits parallèles: leurs origines : coutumes primitives et liturgies populaires, Pierre Saintyves, Charles Perrault, éd. Slatkine, 1990, p. 111

Voltaire, Ce qui plaît aux dames, 1764

On a banni les démons et les fées ;

Sous la raison les grâces étouffées

Livrent nos cœurs à l'insipidité
  • Œuvres complètes de Voltaire, Voltaire, éd. Mme ve Perronneau, Cerioux aîne, 1817, p. 173

Critique

Jean Paulhan, Le Bonheur dans l'esclavage, 1954

Les contes de fées sont les romans érotiques des enfants.
  • Le marquis de Sade et sa complice, ou, Les revanches de la pudeur, Jean Paulhan, éd. Éditions Complexe, 1987, p. 104

Écrit intime

Jules Renard, Journal, 1887-1910

Les fées nous échappent. Elles sont radieuses et on ne peut les saisir, et ce qu’on ne peut avoir on l’aime éternellement.
  • Citation choisie pour le 3 septembre 2011.

Paul Klee, Journal, 1957

Les fées sont toujours d'un certain âge et quelque peu sévères. Car autrement il faudrait bien que dans un conte quelconque, lors des trois souhaits habituels, il arrivât que le garçon, pour une fois, souhaitât posséder la fée.
  • Journal (1957), Paul Klee, éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1959  (ISBN 978-2-246-27913-6), Journal III, p. 147

Essai

Patrick Wald Lasowski, L’ultime faveur, 2006

Les faveurs des femmes sont dans les romans ce que sont, dans les contes, les souhaits accordés par les fées. Il s’agit de ne pas se tromper.
  • L'ultime faveur, Patrick Wald Lasowski, éd. Gallimard, 2006, p. 27

Roman

Marie d'Agoult, Nélida, 1866

Ce soir-là, ses salons en stuc blanc chargé d'or étaient éclairés avec plus de splendeur que de coutume ; des multitudes de girandoles en cristal de roche à facettes étincelantes, se répétant à l'infini dans des panneaux de glace, jetaient une vive lumière sur les draperies de damas aux tons éclatants. Des pyramides de cactus, qui ouvraient leurs corolles ardentes dans cette chaude atmosphère, ajoutaient encore à l'éblouissement de l'œil. Un orchestre puissant faisait retentir d'une musique provocante ces espaces sonores où les femmes aux courtes tuniques, aux cheveux parfumés, ruisselants de pierreries, les bras nus, les épaules nues, arrivaient une à une et se prenaient la main, comme des fées qui se rassemblent pour un joyeux sortilège.
  • Nélida (1866), Marie d'Agoult, éd. Calmann-Lévy, 2010  (ISBN 978-2-7021-4127-4), partie Première partie, chap. VI, p. 87

Gabriele D'Annunzio, Le Feu, 1900

La Foscarina regarda la rieuse avec étonnement, car elle l’avait oubliée ; et cette femme, assise là sur ce banc de pierre jauni par les lichens, avec ces mains tordues, avec cette scintillation d’or et d’ivoire entre les lèvres minces, avec ces petits yeux glauques sous les paupières flasques, avec cette voix enrouée et ce rire clair, la fit penser à une de ces vieilles fées palmipèdes qui vont par la forêt suivies d’un crapaud obéissant.
  • Le Feu, Gabriele D'Annunzio, éd. La Revue de Paris, 1900, chap. II. L'empire du silence, p. 733

Roman

André Breton, L'Amour fou, 1937

Toujours dans une grotte, la Grotte des Fées près de Montpellier où l'on circule entre des murs de quartz, le cœur retarde quelques secondes de battre au spectacle de ce manteau minéral gigantesque, dit « manteau impérial », dont le drapé défie à jamais la statuaire et que la lumière d'un projecteur couvre de roses, comme pour qu'il n'ait rien à envier, même sous ce rapport, au pourtant splendide et convulsif manteau fait de la répétition à l'infini de l'unique petite plume rouge d'un oiseau rare que portaient les anciens chefs hawaïens.
  • L'Amour fou, André Breton, éd. Gallimard, 1976  (ISBN 978-2070367238), p. 16 (voir la fiche de référence de l'œuvre)

Robert Lalonde, Le diable en personne, 1989

La vie est un conte de fées qui perd ses pouvoirs magiques lorsque nous grandissons.
  • Le diable en personne, Robert Lalonde, éd. Seuil, 1989, p. 91

Anne F. Garréta, La Décomposition, 1999

Aujourd'hui, jour de marché, mon lecteur je vous emmène. Où ? Devant une pyramide d'asperges. Quoi faire ? Attendre que paraisse notre prochaine victime. Nous voulons, pour donner goût à notre œuvre, que ce soit l'épi même, finement pignoché de mauve et d'azur, de ces délicieuses fées comestibles qui nous désigne celle qu'au festin cruel que je vous ai promis nous devons sacrifier.
  • La Décomposition, Anne F. Garréta, éd. Grasset (Le Livre de Poche), 1999, p. 109

Théâtre

William Shakespeare, Le songe d’une nuit d’été, 1594-1959

Fées, répandez partout la rosée sacrée des champs.

Philosophie

Gaston Bachelard, L'Eau et les rêves, 1942

Devant l'eau profonde, tu choisis ta vision ; tu peux voir à ton gré le fond immobile ou le courant, la rive ou l'infini ; tu as le droit ambigu de voir et de ne pas voir ; tu as le droit de vivre avec le batelier ou de vivre avec « une race nouvelle de fées laborieuses, douées d'un goût parfait, magnifiques et minutieuses ». La fée des eaux, gardienne du mirage, tient tous les oiseaux du ciel dans sa main. Une flaque contient un univers. Un instant de rêve contient une âme entière.
  • L'eau et les rêves — Essai sur l'imagination de la matière (1942), Gaston Bachelard, éd. Le Livre de Poche, coll. « Biblio Essais », 1993  (ISBN 978-2-253-06100-7), partie III, chap. II Les eaux profondes — Les eaux dormantes — Les eaux mortes, « L'eau lourde » dans la rêverie d'Edgar Poe, p. 63

Propos de moralistes

Sébastien-Roch Nicolas de Chamfort, Maximes, pensées, anecdotes, caractères et dialogues, 1857

Un homme amoureux, qui plaint l’homme raisonnable, me paraît ressembler à un homme qui lit des contes de fées, et qui raille ceux qui lisent l’histoire.
  • Maximes, pensées, anecdotes, caractères et dialogues: Précédé de l'histoire de Chamfort par P.-J. Stahl. Suivi de fragments complètements inédits, Sébastien-Roch Nicolas de Chamfort, éd. M. Lévy, 1857, p. 70
Cet article est issu de Wikiquote. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.