Vasectomie

La vasectomie ou ligature des canaux déférents[1] est une opération chirurgicale utilisée comme méthode de stérilisation ou de contraception (réversibilité). Elle consiste à sectionner ou bloquer les canaux déférents qui transportent les spermatozoïdes chez des individus mâles.

Vasectomie chez l'être humain

Diagramme de l'anatomie humaine reproducteur mâle et l'emplacement de l'intervention chirurgicale pour une vasectomie
Points de suture et hématome, 2 jours après une vasectomie

La vasectomie a un caractère a priori irréversible[2] qui l'exclut a priori des méthodes de contraception. Elle n'est souvent considérée et connue que comme une méthode de stérilisation[3]. Cependant, la vasectomie est réversible (vasovasostomie) dans 80 % des cas en moyenne (70 % à 90 %[3]), avec un taux de grossesse de 50 %[4].

La vasectomie n'est pas non plus une castration car elle n'implique ni l'ablation ni la destruction des testicules[5]. Il n'y a donc, en principe, aucune modification de l'activité hormonale et du comportement sexuel[5]. L'opération se fait sous anesthésie locale, la sédation ou l'anesthésie générale restent cependant possibles selon les cas[6]. Les spermatozoïdes persistent dans les canaux déférents pendant plusieurs semaines (l'OMS recommande 3 mois)[6]. Plusieurs éjaculations sont nécessaires pour évacuer les spermatozoïdes produits avant la vasectomie, après au moins une semaine d'abstinence suivant immédiatement l'opération afin de permettre la cicatrisation des canaux déférents[6]. Seule la réalisation d'un spermatogramme un certain temps après l'opération permet de garantir la stérilité du patient (observation d'une azoospermie), en attendant l'utilisation d'autres méthodes contraceptives (préservatif, pilule...) doit être poursuivie[6]. Le risque de grossesse après une vasectomie est d'environ 0,05 %[6].

Les risques de complications ou de mortalité résultant d'une vasectomie sont très faibles (en 1977 entre 2 et 4 % des opérations ont provoqué des complications essentiellement peu graves (hématomes et infections localisés))[5]. Lors d'une campagne de vasectomisation effectuée en Inde, 5 décès par tétanos sont survenus sur un total de 62 000 hommes opérés[5]. Le prix de revient d'une vasectomie est bas par rapport aux autres méthodes chirurgicales[3].

La vasectomie est utilisée par les hommes de manière variable dans le monde : 50 millions d'hommes dans le monde dont 14 % en Chine, 13 % aux États-Unis, 21 % en Grande Bretagne, quelques milliers d'interventions annuellement en France[4],[7].

Contrairement au préservatif masculin ou féminin, la vasectomie ne permet en aucune façon une protection contre les infections sexuellement transmissibles.

En France

En France, la vasectomie est légale depuis 2001[4], elle était auparavant considérée comme une mutilation corporelle[7]. La Haute Autorité de santé considère la vasectomie comme une stérilisation à visée contraceptive, choisie lorsque d'autres méthodes de contraception ont échoué[6]. Comme toute intervention chirurgicale le patient est informé des risques que comporte l'opération, de ses conséquences et des soins post-opératoires afin de permettre un consentement éclairé[6]. La décision se fait en concertation avec un médecin après un délai de réflexion d'au moins quatre mois[6]. Le Code de la santé publique précise que des mineurs ne peuvent faire l'objet d'une vasectomie (ou d'une ligature des trompes chez les mineures), et qu'« elle ne peut être pratiquée que si la personne majeure intéressée a exprimé une volonté libre, motivée et délibérée en considération d’une information claire et complète sur ses conséquences »[6].

En 2013, la Sécurité Sociale comptait 2 824 vasectomies en majorité chez les trentenaires et des quadragénaires, contre 9 000 en Belgique[7].

Vasectomie chez les animaux

Les souris mâles sont souvent stérilisées dans le cadre d'expériences scientifiques.

Les souris, les rats et les lapins font souvent l'objet de vasectomies lorsqu'il n'est pas attendu de populations qu'elles se reproduisent naturellement (c'est notamment le cas des souris transgéniques comme la souris knock-out)[8]. Dans le cadre expérimental biomédical ces opérations sur des animaux doivent respecter des normes éthiques de contrôle et de réduction de la douleur[8] (notamment la directive européenne EU 2010/63)[8],[9] ; si des animaux sont vasectomiés ils font l'objet de traitements anti-douleur.

Références

  1. Kramer Robert, « Lucidité (Insight) et aveuglement : les « visions » de Rank », Le Coq-héron, no 187, , p. 11-51 (DOI 10.3917/cohe.187.0011, lire en ligne)
  2. Kalampalikis Nikos et Buschini Fabrice, « La contraception masculine médicalisée : enjeux psychosociaux et craintes imaginaires », Nouvelle revue de psychosociologie, no 4, , p. 89-104 (DOI 10.3917/nrp.004.0089, lire en ligne)
  3. Roger Mieusset (dir.), Jean-Claude Soufir (dir.), A. Jardin et V. Izard, La contraception masculine, Springer Science & Business Media, , 213 p. (ISBN 2817803469), « La vasectomie en France », p. 129-136
  4. « La vasectomie », sur www.contraceptionmasculine.fr, Association pour la Recherche et le Développement de la Contraception Masculine (consulté le 27 avril 2016)
  5. Sardon Jean Paul, « La stérilisation dans le monde. I. Aperçus médicaux et législatifs. Revue et synthèse », Population, no 2, , p. 411-437 (DOI 10.2307/1531666, lire en ligne)
  6. Contraception chez l'homme et chez la femme, Haute Autorité de Santé, , 247 p. (ISBN 978-2-11-138044-8, lire en ligne), p. 60-64
  7. Ophélie Ostermann, « De plus en plus d'hommes se font stériliser », (consulté le 18 octobre 2016).
  8. Matthew C. Leach, Kristel Klaus, Amy L. Miller, Maud Scotto di Perrotolo, Susana G. Sotocinal et Paul A. Flecknell, « The Assessment of Post-Vasectomy Pain in Mice Using Behaviour and the Mouse Grimace Scale », PLOS ONE, (DOI 10.1371/journal.pone.0035656, lire en ligne)
  9. « Directive 2010/63/UE du Parlement européen et du Conseil du 22 septembre 2010 relative à la protection des animaux utilisés à des fins scientifiques », Journal officiel de l'Union européenne, (lire en ligne).
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