Squalène

Le squalène parfois appelé aussi spinacène ou suprène[réf. nécessaire] est un triterpène, isoprénoïde à trente atomes de carbone et de cinquante atomes d'hydrogène, de nom : (E) 2,6,10,15,19,23-Hexaméthyl-2,6,10,14,18,22-tétracosahexène.

Squalène
Structure du Squalène, un terpène.
Identification
Nom UICPA (6E,10E,14E,18E)-2,6,10,15,19,23-hexaméthyltétracosahexa-2,6,10,14,18,22-ène
No CAS 111-02-4
No ECHA 100.003.479
No EC 203-826-1
No RTECS XB6010000
PubChem 638072
ChEBI 15440
SMILES
InChI
Apparence liquide huileux incolore avec une petite odeur[1]
Propriétés chimiques
Formule brute C30H50  [Isomères]
Masse molaire[2] 410,718 ± 0,0275 g/mol
C 87,73 %, H 12,27 %,
Propriétés physiques
fusion −5 °C[3]
ébullition 275 °C à 20 hPa[1]
Masse volumique 0,86 g·cm-3[1]
Propriétés optiques
Indice de réfraction 1,4990 à 20 °C[4]

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

Ses six unités d'isoprène sont toutes en configuration trans.

C'est un lipide de composition hydrocarbonée naturellement produit par tous les organismes supérieurs y compris les humains (Il est notamment retrouvé dans le sébum humain) et c'est un intermédiaire essentiel dans la biosynthèse du cholestérol, des hormones stéroïdes et de la vitamine D chez l'humain[5].

Il est présent en grande quantité dans l'huile du foie des requins d'où son nom, et en moindre quantité (0,1 à 0,7 %) dans l'huile d'olive et dans d'autres huiles céréalières ou provenant de l'amarante, des semences, du son de riz, de germes de blé… Le squalène commercialisé est principalement extrait de foies de requins. Il est utilisé dans des produits de beauté, comme cosmétique et dans certains vaccins, ce qui a suscité des controverses quant à l'innocuité de ces vaccins.

Propriétés

Interactions avec l'oxygène

Le squalène a la propriété d'absorber le dioxygène. Cependant, la quantité de dioxygène absorbée n'est physiologiquement significative que chez le requin.

Biosynthèse dans l'organisme

  • Deux molécules de farnesyl pyrophosphate se condensent après réduction par le NADPH pour former du squalène - sous l'action de la squalène synthétase.

Rôle dans la synthèse des stéroïdes

(en) Version simplifiée de la biosynthèse des stéroïdes, signalant les intermédiaires isopentényl-pyrophosphate (IPP), diméthylallyl-pyrophosphate (DMAPP), géranyl-pyrophosphate (GPP) et lanostérol ; tous les intermédiaires ne sont pas représentés.

Le squalène est le précurseur biochimique de toute la famille des stéroïdes[6] : c'est l'oxydation (via une enzyme, la monooxygénase squalène) de l'une des extrémités de la molécule de squalène qui produit par cyclisation, catalysée par des enzymes, le lanostérol, lequel sera transformé en cholestérol et en d'autres stéroïdes.

Squalène de requin

C'est un composé de faible densité (densité de 0.855, ce qui en fait un composé moins dense que l'eau) qu'on trouve souvent stocké dans le corps des poissons cartilagineux tels que les requins qui n'ont pas de vessie natatoire et qui doivent donc réduire leur densité corporelle avec des graisses et des huiles. Le Squalène est chez le requin essentiellement stocké dans le foie.

Il est une des causes de surpêche du requin, qui est chassé pour ses ailerons, mais dont les foies commencent à être vendus pour produire des gélules supposées bonnes pour la santé. Des préoccupations environnementales (forte régression des requins) et sanitaires (le foie des poissons stocke aussi des toxines préoccupantes pour la santé) ont motivé son extraction à partir de végétaux[7].

Usage comme complément alimentaire

Le squalène est considéré comme un complément alimentaire que l’on trouve habituellement sous forme de capsules ou sous forme d’huile (comme l'huile d'olive). Pris par voie orale le squalène est considéré comme totalement sûr, par rapport au squalène par voie injectable qui fait l’objet de controverses[8]. Le squalène naturel et de haute qualité, exempt de traces de métaux, notamment de mercure, et d'autres toxines est considéré comme un antioxydant puissant et supposé être bénéfique pour la santé[9]

Usage cosmétique

Cette molécule est utilisée en cosmétologie dans les crèmes hydratantes comme agent pénétrant rapidement la peau sans laisser de traces ou sensations grasses sur la peau et se mélangeant bien avec d'autres huiles et vitamines.

Le squalane est une forme saturée hydrogénée de squalène dans lesquels les doubles liaisons chimiques ont été éliminées par hydrogénation. Ce produit étant moins sensible à l'oxydation, il est plus communément utilisé dans les produits de beauté que le squalène.

Les études toxicologiques ont montré qu’aux concentrations utilisées dans les cosmétiques, le squalène et le squalane ont tous deux une toxicité aiguë faible, et ne sont pas irritants ou sensibilisants pour la peau humaine[10].

Usage médical

Les adjuvants sont des substances, administrées conjointement avec un vaccin, qui stimulent le système immunitaire et augmentent la réponse au vaccin. Le squalène est l’un de ces adjuvants[11].

Sous la forme d'une émulsion ajoutée à la substance vaccinante pour rendre le vaccin plus immunogène[12] , du squalène a été utilisé depuis 1997 dans un vaccin antigrippal (FLUAD, de Chiron, contre la grippe saisonnière) à raison d'environ 10 mg de squalène par dose. Ce vaccin a été approuvé par les agences de santé de plusieurs pays européens, mais non par la FDA (Food and Drug Administration) américaine qui n'a pas autorisé son utilisation aux États-Unis[13]. Comme tous les vaccins contenant du squalène, ces émulsions ont un aspect blanc laiteux.

Le squalène est utilisé comme adjuvant vaccinal, notamment des vaccins expérimentaux, substances antipaludéennes (le vaccin antipaludéen n'existe pas), ou vaccin anti-grippe ciblant les virus émergents H5N1 puis en 2009 H1N1[14], en tant que :

  • constituant breveté du système adjuvant AS03[15] utilisé par GlaxoSmithKline dans le vaccin contre la pandémie grippale 2009 Pandemrix et « Arepanrix »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?) (consulté le 30 mars 2013).
  • constituant breveté du système adjuvant MF59[16] utilisé par Novartis.

Il a été développé dans les années 1990 par Ciba-Geigy (société intégrée dans le patrimoine de Novartis) et Chiron, acquis par Novartis en 2006[17]. Il a été ajouté aux vaccins antigrippaux pour stimuler la réponse immunitaire du corps humain à travers la production de cellules CD4 à mémoire. C’est le premier adjuvant huile-dans-l’eau pour vaccin contre la grippe à avoir été commercialisé en association avec les antigènes du virus de la grippe saisonnière.

Controverse à propos de son impact sur la santé

Le squalène est utilisé comme cosmétique, mais aussi comme adjuvant immunologique de vaccins.

Une controverse est apparue sur les avantages et les dangers du squalène utilisé comme adjuvant vaccinal[18],[19], en particulier quand il est injecté[20],[21],[22]. Ces doutes ont été relayés par la presse nord américaine[23] et ont resurgi en Europe à l'occasion de son utilisation dans certains vaccins antigrippaux. Il y a eu des tentatives pour associer squalène et syndrome de la guerre du Golfe, reposant sur le fait qu'on supposait que du squalène était présent dans les vaccins contre le charbon administrés à certains militaires lors de la guerre du Golfe en 1991[24]. Une étude avait retrouvé chez 95 % des patients atteints d'un syndrome de la guerre du golfe des anticorps anti-squalène, alors qu'aucun vétéran asymptomatique n'avait ces anticorps[25],[26]. Il s'est finalement avéré que l'armée américaine a affirmé que les vaccins soupçonnés ne contenaient pas de squalène, que le rapport initial comportaient des faiblesses techniques, et il se pourrait que la plupart des adultes, qu'ils aient reçu ou pas des vaccins contenant du squalène, possèdent des anticorps contre cette substance[27].

Après avoir répondu à tous ces doutes en s'appuyant sur des études, l'OMS affirme que le squalène utilisé dans les vaccins ne fait pas courir de risque significatif, même si une surveillance reste nécessaire, notamment dans certaines tranches d'âge[27] et en fonction de la concentration, de la dose et des voies d’administration entre autres facteurs[28],[29].

L’OMS et le Département de la Défense des États-Unis ont tous deux publiés des rapports détaillés qui soulignent que le squalène est une substance chimique produite naturellement par le corps humain, présente même dans les lipides retrouvés dans les empreintes digitales de l'homme[12],[30].

Les suspensions huile dans l’eau, y compris le MF59, ont été suspectées d’induire des anticorps contre le lupus chez les souris indemnes de maladies auto-immunes[31]. Dans une étude, le squalène endogène est lié à l'arthrite auto-immune chez le rat[32]. L'analyse épidémiologique des données de sécurité sur les vaccins contre la grippe saisonnière et pandémique contenant du MF59 n’a mis en évidence aucun risque accru d'effets indésirables des vaccins potentiellement à l’origine de maladie auto-immune[33].

Notes et références

  1. Fiche Squalene (PDF) Merck, consultée le 30/11/2016.
  2. Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  3. J. Ernst, J.-H. Fuhrhop, Die Kristallstruktur des Squalens., Liebigs Annalen der Chemie, 1979, vol. 11, pp. 1635–1642. DOI:10.1002/jlac.197919791102.
  4. David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, 90e Ed. (Internet-Version: 2010), CRC Press/Taylor, et Francis, Boca Raton, FL, Physical Constants of Organic Compounds, pp. 3-462.
  5. Source
  6. (en) Konrad E Bloch, « Sterol structure and membrane function », CRC Crit. Rev. 1983;14(1):47-92. PMID 6340956
  7. EWG: Unilever takes a bite out of your face cream
  8. « Squalene-The-Swine-Flu-Vaccines-Dirty-Little-Secret-Exposed »
  9. « Science-Behind-Squalene-Human-Antioxidant »
  10. (en) « Final report on the safety assessment of squalane and squalene », Journal of the American College of Toxicology, vol. 1, no 2, , p. 37–56 (DOI 10.3109/10915818209013146, lire en ligne)
  11. Andrew Pollack. Benefit and Doubt in Vaccine Additive, The New York Times, September 21, 2009.
  12. Squalene-based adjuvants in vaccines,Comité consultatif mondial pour la sécurité des vaccins, OMS
  13. Article du Washington Post
  14. « GSK - Pandemic (H1N1) 2009 Influenza Update »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?) (consulté le 30 mars 2013)
  15. GlaxoSmithKline - Prepandrix: le 1er vaccin adjuvanté (H5N1) pré-pandémique
  16. http://www.who.int/vaccine_safety/topics/adjuvants/squalene/questions_and_answers/fr/index.html
  17. « http://www.novartis.com/downloads/newsroom/MF59-Adj-fact-sheet.pdf »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?) (consulté le 30 mars 2013)
  18. http://www.sciencebasedmedicine.org/?p=851
  19. SÖFW Journal: Cell Toxicity of UV-A Irradiated Squalene
  20. New Engl J Med 360:1192
  21. Review of Asa, Cao & Garry (2000) (page 17)
  22. The Endogenous Adjuvant Squalene Can Induce a Chronic T-Cell-Mediated Arthritis in Rats, American Journal of Pathology. 2000;156:2057-2065.
  23. Benefit and Doubt in Vaccine Additive, Andrew Pollack, New York Times, September 21, 2009
  24. Antibodies to Squalene in Recipients of Anthrax Vaccine, Experimental and Molecular Pathology 73, 19–27, 2002
  25. (en) Asa, P. B., Cao, Y. & Garry, R. F., « Antibodies to squalene in Gulf War Syndrome », Experimental and Molecular Pathology, vol. 68, no 1, , p. 55–64 (PMID 10640454, DOI 10.1006/exmp.1999.2295, lire en ligne)
  26. Antibodies to squalene in Gulf War syndrome, Department of Microbiology, Tulane Medical School
  27. Adjuvants à base de squalène dans les vaccins sur le site de l'OMS.
  28. Benisek et al, 2004
  29. http://www.anthrax.osd.mil/resource/qna/qaAll.asp?cID=319#1107
  30. Asano KG, Bayne CK, Horsman KM, Buchanan MV, « Chemical composition of fingerprints for gender determination », Journal of Forensic Science, vol. 47, , p. 805–807
  31. M. Satoh et.al.: Induction of lupus autoantibodies by adjuvants. J Autoimmun. 2003 21(1):1-9.
  32. Barbro C. Carlson, Åsa M. Jansson, Anders Larsson, Anders Bucht and Johnny C. Lorentzen: The Endogenous Adjuvant Squalene Can Induce a Chronic T-Cell-Mediated Arthritis in Rats. In: American Journal of Pathology. 2000;156:2057-2065.
  33. Pellegrini et al, 2009 http://preview.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19751689

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • Bikul Das, The Science Behind Squalene (The Human Antioxidant), ICBR; 1ST edition, , 187 p. (ISBN 1890412953)
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