SAMU social

Le Samu social est un ensemble d'associations non gouvernementales venant en aide aux personnes démunies, qui agit sur le modèle du Samu social de Paris créé en 1993 par le docteur Xavier Emmanuelli. Ces associations sont regroupées en France par la Fédération nationale des samus sociaux, et au niveau international par le Samu social International. Ces associations opèrent un numéro de téléphone d'appel gratuit qui reçoit les appels de personnes sans abri.

Siège du Samu social, ancien hospice Saint-Michel.

Le but du Samu social est de « secourir selon la philosophie de la Déclaration universelle des droits de l'homme en réaffirmant les principes de Liberté, d'Égalité, de Fraternité et de Solidarité ».

En France, le numéro d'urgence associé au SAMU social est le 115. En Belgique, il s'agit du 0800 99 340.

En France

Historique

Le 22 novembre 1993, le Dr Xavier Emmanuelli – Président Fondateur du Samusocial de Paris – créait les premières équipes Mobiles d’Aide dont la mission consistait à «aller à la rencontre des personnes qui, dans la rue, paraissent en détresse physique et sociale». Est créé le même jour le 1er Centre d’Hébergement d’urgence avec Soins infirmiers (CHUSI) homologués en juin 2006 sous l’appellation Lits Halte Soins Santé (LHSS)

Le 19 décembre 1994 en groupement d’Intérêt Public (GIP) (Parution au recueil des actes administratifs du GIP le 31 mars 1997). Le 22 novembre 1995 numéro vert pour les sans-abri le 05 306 306, devenu le 0 800 306 306, dont la gestion pour Paris est confiée au Samusocial de Paris. Il devient le 115 en septembre 1997.

  • 15 septembre 1997: Ouverture de l’Espace Solidarité Insertion (ESI) « La Maison dans le Jardin ».
  • 1er avril 1998: Prise en charge du Centre d’hébergement d’Urgence (CHU) « la Porte Verte » à Montrouge.
  • Avril 1998: Mise en place de la Maraude Psychosociale en partenariat avec l’Hôpital Esquirol.
  • 12 avril 1999: Lancement officiel de l’Observatoire du SAMU social de Paris dit « de la grande précarité à la grande exclusion ».
  • 1er juin 2000: Ouverture du LHSS Ridder.
  • 5 juin 2000: Ouverture du Centre d’Hébergement d’Urgence Simple (CHU) « Yves Garel ».
  • Décembre 2000: Mise en place de la première Équipe Mobile de Lutte contre la Tuberculose (EMLT).
  • Avril 2004: Ouverture du centre Lits halte Soins Santé (LHSS) Jean Rostand.
  • 18 octobre 2004: Ouverture de la 1re Pension de Famille labellisée Maison Relais « L’Alchimie des Jours».
  • Février 2005: Ouverture de Lits Halte Soins Santé dans les locaux de l’Hôpital Esquirol.
  • 1er août 2005: Mise en place à titre expérimental de la Maraude de Jour grâce à des fonds privés.
  • 10 décembre 2007: Ouverture de la Maison des Femmes à Montrouge.
  • 23 décembre 2010: Ouverture de 24 Lits d’Accueil Médicalisés.
  • 30 juin 2011: fermeture du CHU Yves Garel.
  • 1er juillet 2011: ouverture du CHU Oscar Roty.
  • Juin 2011: Démission de Xavier Emmanuelli.
  • 12 octobre 2011: Élection de Éric Molinié comme Président du Samusocial de Paris.
  • 13 décembre 2011: Ouverture du CHU femmes.
  • 3 décembre 2012: Ouverture du CHU Familles durant la période hivernale.
  • 7 octobre 2013: Élection de Éric Pliez comme Président du Samusocial de Paris.

115

Le 115 est un numéro national départementalisé d’urgence et d’accueil des personnes sans abri. Il est gratuit et accessible 24h/24. Sur le mode déclaratif, l’évaluation assurée par les écoutants sociaux à chaque prise d’appel, prend en considération les points suivants :

  • Si la personne n’a aucun hébergement, relève-t-elle du droit commun ou non ?
  • Quelles sont ses ressources ? ses référents ?
  • Quelles difficultés psycho-médico-sociales rencontre-t-elle ?

Selon le rapport 2013 de la Fondation Abbé-Pierre, le numéro d’urgence 115 est saturé. En décembre 2013, 43 % des sans-domicile-fixe qui ont composé ce numéro n’ont pas obtenu de place à Paris, 61 % en province[1].

Contrairement au numéro 112 européen, le 115 étant national n'est pas qualifié comme "service d'urgences" par certains téléphones.

Maraudes

Les Équipes Mobiles d’Aide (EMA) : 5 à 9 EMA se rendent chaque nuit tout au long de l’année à la rencontre des personnes sans-abri sur le territoire parisien.

Ces équipes sont renforcées durant la période hivernale (du 1er novembre au 31 mars) par des équipes partenaires : Brigade d’Assistance aux Personnes Sans Abri (BAPSA), Croix Rouge Française, Ordre souverain de Malte France, Transports Automobiles Municipaux (TAM), Protection Civile et Restos du Cœur).

Les EMA sont composées d’un chauffeur accueillant social, d’un travailleur social et d’un infirmier(e) diplômé(e) d’État (IDE).

L’entrée en contact avec les personnes sans-abri nécessite beaucoup de tact et de délicatesse. Ce contact est « ritualisé » par des techniques d’approche : distance / position accroupie / gestes de politesse. Cet abord multidisciplinaire peut entraîner l’orientation vers l’hôpital, les lits halte soins santé (LHSS) ou un centre d’hébergement d’urgence (CHU) en fonction des places disponibles.

Logement d'urgence en hôtels meublés

Après l'incendie de l'hôtel Paris-Opéra qui fait 24 morts en avril 2005 dans un hôtel où étaient logés par le SAMU social plusieurs familles en situation de grande précarité[2],[3], une polémique se crée sur le recours systématique au logement d'urgence des personnes en situation précaire dans des hôtels meublés souvent vétustes[4]. En 2004, le Samu social a notamment dépensé 24 millions d'euros pour l'hébergement de personnes dans ce type d'hôtels[5].

Après l'incendie, le SAMU social modifie en 2006 ses modalités d'action avec les hôtels meublés[6]. Alors qu'auparavant, la structure travaillait avec des associations qui servaient d'intermédiaire, sans possibilité de contrôle sur les lieux et en agissant uniquement en tant que « payeur », elle crée un « Pôle d’hébergement et de réservation hôtelière » (PHRH) qui traite les demandes d'hébergement de familles rivées par le numéro d'urgence 115 venues de Paris, de Seine-Saint-Denis et de Seine-et-Marne[6]. Ce pôle traite aussi les chambres d'hôtels des personnes venues de la Coordination de l'accueil des familles demandeuses d'asile, par l’association pour les travailleurs migrants et par les Œuvres hospitalières françaises de l'ordre de Malte[6]. Ce pôle peut effectuer des contrôles dans les hôtels afin d'informer les services de l'État en cas de problème[6].

Il faut néanmoins remarquer que le recours aux hôtels meublés pour loger les populations en situation de précarité par le SAMU social est resté extrêmement répandu[6]. Les dépenses hôtelière représentent en 2012 79 % de son budget, soit 113 millions d'euros : 12 468 familles (37 107 personnes) ont été logées dans 440 hôtels en 2012, pour un total de 6,1 millions de nuités, chiffre en augmentation de 17 % par rapport à 2011[6]. Les nuités sont réglées aux hôtels en moyenne 17,50 euros par personne[6].

En Belgique

Le Samusocial de Belgique est créé en 1999 et occupe initialement les locaux d'un ancien hôpital[7]. Depuis 2003, le Centre public d'action sociale de Bruxelles met à disposition un bâtiment neuf d'une capacité de 110 personnes. Les équipes de maraude se sont enrichies de bénévoles de Médecins du monde, de la Croix-Rouge de Belgique et d'une équipe d'aide psychologique.

Dans d'autres pays

Article détaillé : Samusocial International.

Le Samusocial international a été créé en 1998 et fédère l'action entreprise dans les pays européens, la Russie et de nombreux pays d'Afrique. Les activités des associations sont orientées en fonction des nécessités locales, vers l'aide de toxicomanes, des habitants de bidonvilles ou bien des enfants des rues.

Controverses

« SAMU et Urgence sociale »

Le terme « SAMU[8] » signifie initialement « service d'aide médicale urgente » ; ce terme a été lexicalisé (l'acronyme est devenu un mot à part entière), synonyme d'« organisme s'occupant en urgence de la détresse ». Dans le cadre du Samu social, on lui a redonné un sens acronymique :

  • « service d'aide mobile d'urgence social »
  • « service ambulatoire d'urgences » dans le cas du Samu social international.

Dans le droit fil de la mise en œuvre de la loi relative au droit au logement opposable, des associations telles que le Secours catholique et l'association des cités du secours catholique contestent la pérennité d'une logique d'urgence au détriment de propositions pérenne. Le document Sortons de l'urgence[9] publié par Emmaüs formulait quatre propositions pour « privilégier un hébergement durable pour toutes personnes à la rue qui le souhaitent. » L'enjeu est de ne plus remettre des personnes à la rue sous le prétexte de fluidifier les structures d'urgence.

Démission de Xavier Emmanuelli en 2011

Le , Xavier Emmanuelli démissionne de la présidence à la suite de l'annonce de l'État sur les réductions drastiques des moyens alloués à l'hébergement d'urgence. Il poursuivra toutefois son action au Samu social International. Cette décision sera suivie d'une grève des professionnels de l'urgence sociale le .

Bibliographie

  • Cefaï Daniel, Gardella Edouard, L'urgence sociale en action. Ethnographie du Samusocial de Paris, Paris, La Découverte, 2011
  • Dupont Sébastien, Lachance Jocelyn (dir.), Errance et solitude chez les jeunes, Paris, Téraèdre, 2007
  • Patrick Declerck, Les naufragés : Avec les clochards de Paris, Édition Plon, collections Terre Humaines, 2001
  • Sylvie Quesemand-Zucca, Je vous salis ma rue, Édition Stock, 2007
  • Liliane Gabel, Si l'exclusion m'était contée, éditions Les points sur les i, 2007
  • Liliane Gabel, Les coulisses du village de l'espoir, éditions Les points sur les i, 2008
  • Xavier Emmanuelli, L'homme en état d'urgence, éditions Hachette Littérature, 2005

Notes et références

  1. Soixante ans après l'appel de l'abbé Pierre, le mal-logement perdure, Le Monde, 30 janvier 2014
  2. Timothée Boutry et J.-M.D., « Polémique sur la capacité d'accueil », Le Parisien, (lire en ligne)
  3. « Recueillement et colère », Le Parisien, (lire en ligne).
  4. Tonino Serafini, « Héberger les précaires, un métier qui rapporte », Libération, (lire en ligne)
  5. Marie-Anne Gairaud, « Les centres d'hébergement d'urgence sont saturés », Le Parisien, (lire en ligne).
  6. Catherine Rollot, « Depuis le drame de Paris-Opéra, des contrôles plus sévères dans les hôtels d'urgence », Le Monde, (lire en ligne)
  7. visité le 2012-11-01.
  8. Le terme Samu est réservé comme l'acronyme international d'un Service Public de la Santé Publique chargé de Réguler les Urgences Médico sanitaires et ont contesté cette appellation d'un Service D'aide Sociale d'urgence depuis sa naissance et continuent de le faire. Les professionnels et les associations bénévoles de l'Aide Sociale contestent aussi beaucoup ce terme et cette institution qui semble médicaliser et « urgentiser » l'aide sociale.
  9. Sortons de l'urgence, par Emmaüs.

Annexes

Articles connexes

  • Sans domicile fixe en France
  • Pauvreté en France
  • Plan grand froid
  • Centre d'accueil et de soins hospitaliers de Nanterre

Liens externes

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