Purpura rhumatoïde

Le purpura rhumatoïde, ou maladie de Henoch-Schönlein, est une vascularite (maladie inflammatoire des vaisseaux sanguins) que l'on rencontre préférentiellement chez l'enfant. L'atteinte des capillaires sanguins en fait une maladie systémique entraînant des anomalies de la peau, des reins, des articulations et du système digestif. Il faut bien distinguer le purpura rhumatoïde de l'enfant qui est une maladie plutôt fréquente, en général fugace, le plus souvent bénigne bien qu'invalidante la semaine de crise, du purpura rhumatoïde de l'adulte qui est quant à lui rare, peut durer plusieurs mois voire années, et dont les atteintes rénales, digestives, articulaires et cutanées sont beaucoup plus sévères[1].

Purpura
Purpura
Purpura
Microscopie (immuno-histochimie avec marquage des IgA) chez un patient porteur d'une néphrite due à une maladie de Henoch-Schönlein
Purpura rhumatoïde
Spécialité Immunologie
CIM-10 D69.0 (ILDS D69.010)
CIM-9 287.0
DiseasesDB 5705
MedlinePlus 000425
eMedicine 1083588, 804681, 780452 et 984105
MeSH D011695

Mise en garde médicale

Terminologie

En 2012, la nomenclature des vascularites a été révisée et le terme officiellement choisi est « vascularite à IgA (Henoch-Schönlein) »[2]. Cette affection est parfois appelée[3] :

  • maladie de Schönlein-Henoch ;
  • purpura allergique ;
  • purpura anaphylactoïde ;
  • purpura de Henoch-Schönlein ;
  • péliose rhumatismale ;
  • syndrome de Schönlein-Henoch ;
  • vascularite hémorragique ;
  • angéite hémorragique ;
  • vasculite hémorragique ;
  • purpura rhumatoïde ;
  • purpura hémorragique ;
  • pupura non thrombocytopénique ;
  • pupura non thrombopénique.

Qui est touché ?

Le purpura rhumatoïde concerne essentiellement les enfants de 2 à 15 ans avec un pic de fréquence à 6 ans, bien que la maladie ait été décrite chez l'adulte (avec un taux d'incidence de 1 pour un million et dont elle diffère par la gravité des crises constatées)[4]. Il s'agit de la vascularite la plus fréquente chez l'enfant et son incidence atteint 1 pour 10 000 par an[5]. 90 % des cas surviennent chez l'enfant de moins de 10 ans[6]. Les garçons sont beaucoup plus souvent touchés que les filles[7].

Chez l'adulte on compte entre douze et quinze cas pour un million de personnes[8].

Causes et mécanismes

Les causes de la maladie sont mal connues, bien qu'elle semble survenir en réaction à une stimulation antigénique responsable d'une réponse immunitaire anormale : c'est ce qui explique que la maladie débute souvent quelques jours à quelques semaines après une petite infection des voies aériennes, une vaccination[7],[9], la consommation de certains aliments, etc. Il existe de rares cas familiaux, parfois associés à la maladie de Berger.

La maladie se caractérise par un dépôt d'immunoglobuline de type A1 dans les parois des vaisseaux et dans le tissu rénal (mésangium).

Pronostic

Le risque vital est avant tout lié à l’atteinte digestive, lorsque celle-ci se complique de perforation ou d’hémorragie gastro-intestinale non contrôlée. Ces complications, plus fréquentes chez l’enfant, sont néanmoins exceptionnelles. L’atteinte pulmonaire (hémorragie intra-alvéolaire) est très rare mais souvent fatale. Le pronostic à long terme dépend essentiellement de l’évolution de l’atteinte rénale. Alors que le risque d’évolution vers l’insuffisance rénale est faible chez l’enfant, de l’ordre de 5 à 15 % [8–11], il semble beaucoup plus important chez l’adulte. Un tiers des patients adultes ont une insuffisance rénale, le tiers de ces derniers évoluant en quelques années vers une insuffisance rénale terminale[10] pouvant requérir une dialyse, mais ces statistiques datent d'avant l'avènement des traitements immunosuppresseurs.

Diagnostic

La maladie évolue en 1 à 3 mois, en général en une seule poussée qui cédera par elle-même. Il peut y avoir plusieurs poussées et ce à plusieurs mois d'intervalle. Des signes généraux sont parfois au premier plan : fièvre, altération de l'état général avec perte de poids et anorexie.

Les signes spécifiques de la maladie sont[11] :

  • une atteinte cutanée qui est quasiment constante et inaugure le tableau clinique dans plus de deux tiers des cas. Il s’agit le plus souvent d’un purpura vasculaire (figure 1). Il est symétrique, prédomine aux zones de pression, en particulier autour des chevilles et au niveau des fesses mais peut s’étendre à l’ensemble du tégument. La lésion primitive est généralement une pétéchie, elle peut confluer pour former des macules voire des ecchymoses. Chez l’adulte elle se complique de nécrose ou de bulles hémorragiques dans 35 % des cas, qui sont exceptionnelles chez l’enfant. Les lésions régressent progressivement pour disparaître en 15 jours. Certain cas exceptionnels ont tout de même pu être constatés avec des poussées consécutives pendant près de 10 ans[12] !
  • des douleurs articulaires des genoux et des chevilles (parfois d'autres grosses articulations : poignets, coudes), présentes dans près de trois quarts des cas ;
  • chez l'adulte, de même que chez l'enfant, des douleurs abdominales, présentes dans près de 60 % des cas, peuvent parfois être très violentes, différentes de toutes autres douleurs, provoquant des insomnies liées aux douleurs. On constate un pic de douleurs la nuit, de 2 h à 6 h environ, douleurs non calmées par les antalgiques simples et sensiblement atténuées par la morphine en prise adaptée au malade. Rarement, elles se compliquent d'invagination intestinale aiguë ;
  • enfin, une atteinte rénale glomérulaire d'intensité variable dans environ 40 % des cas, caractérisée en général par une protéinurie, une hématurie, en général sans insuffisance rénale aiguë ;
  • à noter également dans certains cas, des vomissements, voire des hémorragies digestives par voie haute ou basse nécessitant un traitement complémentaire.

Examens complémentaires

Le diagnostic de la maladie est purement clinique : les examens complémentaires vont uniquement servir à éliminer un diagnostic différentiel et à préciser la sévérité de l'atteinte rénale :

Il n'existe pas d'anomalie biologique spécifique : on note une augmentation du taux d'immunoglobuline A dans la moitié des cas[11], plus rarement, une baisse de certaines fractions du système du complément.

Évolution

Elle est le plus souvent bénigne, la crise durant quelques semaines, mais peut récidiver dans un tiers des cas[11].

L'évolution vers l'insuffisance rénale chronique reste rare chez les enfants (moins de 1 % des cas[13]) ; mais beaucoup plus chez les adultes (les études ayant un suivi suffisamment prolongé montrent qu'un tiers des malades adultes évolue vers l’insuffisance rénale terminale).

Traitement

  • Repos (seulement à vertu antalgique sur les douleurs du purpura et des articulations)[14].
  • La mise sous corticoïdes diminue significativement l'intensité et la durée des douleurs abdominales et articulaires[15]. Ce traitement ne semble cependant pas diminuer le risque d'insuffisance rénale et ne semble pas jouer sur le purpura lui-même ni diminuer le risque de récidive.
  • En cas d'atteinte rénale importante, l'utilisation de corticoïdes à plus fortes doses, associés ou non à d'autres médicaments de type immunodépresseurs : azathioprine, cyclophosphamide (ce dernier n'ayant toutefois pas prouvé son efficacité en association aux corticoïdes[16]) ou le mycophenolate mofetil[17]...) pourrait en améliorer le pronostic.
  • Il est également préconisé un traitement morphinique avec prise quotidienne associée à une prise à la demande en fonction de la douleur (qui peut être extrême) du patient, cela associé dans certains cas à une corticothérapie intense et de courte durée.

Dans les formes graves, une plasmaphérèse peut être efficace[18].

Notes et références

  1. Evangéline Pillebout, « Purpura rhumatoïde de l’adulte », Annales d'Endocrinologie, Encyclopédie Orphanet, no 37, , p. 1773-1778 (lire en ligne)
  2. (en) Jennette JC, Falk RJ, Bacon PA, Basu N, Watts RA et al., « 2012 revised International Chapel Hill Consensus Conference Nomenclature of Vasculitides », Arthritis Rheum, vol. 65, no 1, , p. 1-11. (PMID 23045170, DOI 10.1002/art.37715, lire en ligne [html])
  3. « Purpura de Schönlein-Henoch », sur mesh.inserm.fr (consulté le 10 février 2015)
  4. (en) Yasushi Nakamoto, Yoshihiro Asano, Kazuhiro Dohi, Masahiko Fujioka, Hiroyuki Iida, Hiroshi Kida et al., « Primary IgA Glomerulonephritis and Schönlein-Henoch Purpura Nephritis : Clinicopathological and Immunohistological Characteristics », Quaterly Journal of Medicine, vol. 47, no 188, , p. 495-516. (ISSN 1460-2393 et 1460-2725, PMID 375278, résumé, lire en ligne).
  5. (en) Maria C. Calviño, Javier Llorca, Carlos García-Porrúa, Jose L. Fernández-Iglesias, Pilar Rodriguez-Ledo et Miguel A. González-Gay, « Henoch-Schonlein Purpura in Children from Northwestern Spain : A 20-Year Epidemiologic and Clinical Study », Medicine, vol. 80, no 5, , p. 279-290. (ISSN 0025-7974 et 1536-5964, PMID 11552081).
  6. (en) Frank T. Saulsbury, « Henoch-Schonlein Purpura in Children : Report of 100 Patients and Review of the Literature », Medicine, vol. 78, no 6, , p. 395-409. (ISSN 0025-7974 et 1536-5964, PMID 10575422, résumé).
  7. Wilhelm-Bals A, Chehade H, Girardin E, « Purpura de Henoch-Schönlein : une prise en charge entre pédiatre et néphrologue pédiatre [Henoch-Schönlein Purpura a dual follow up between pediatrician and pediatric nephrologist] », Rev Med Suisse, vol. 7, no 283, , p. 442-6. (PMID 21452512, lire en ligne [html])
  8. (en) F. T Saulsbury, « Epidemiology of Henoch-Schonlein purpura. », Cleveland Clinic Journal of Medicine, vol. 69, no Suppl_2, , SII87-SII87 (ISSN 0891-1150 et 1939-2869, PMID 12086273, DOI 10.3949/ccjm.69.Suppl_2.SII87, lire en ligne)
  9. (en) Michael J. Goodman, James D. Nordin, Edward A. Belongia, John P. Mullooly et James Baggs, « Henoch-Schönlein Purpura and Polysaccharide Meningococcal Vaccine », Pediatrics, vol. 126, no 2, , e325-e329 (ISSN 0031-4005 et 1098-4275, DOI 10.1542/peds.2009-3195, résumé, lire en ligne).
  10. Pillebout E, Thervet E, Hill G, Alberti C, Vanhille P, Nochy D, Henoch-Schonlein purpura in adults: outcome and prognostic factors, J Am Soc Nephrol, 2002;13:1271-1278
  11. (en) Frank T. Saulsbury, « Clinical update : Henoch-Schönlein purpura », The Lancet, vol. 369, no 9566, , p. 976-978 (ISSN 0140-6736, DOI 10.1016/S0140-6736(07)60474-7, résumé)
  12. (en) Evangéline Pillebout, Éric Thervet, Gary Hill, Corinne Alberti, Philippe Vanhille et Dominique Nochy, « Henoch-Schönlein Purpura in Adults : Outcome and Prognostic Factors », Journal of the American Society of Nephrology, vol. 13, no 5, , p. 1271-1278 (ISSN 1046-6673 et 1533-3450, PMID 11961015, DOI 10.1097/01.ASN.0000013883.99976.22, résumé, lire en ligne).
  13. (en) O. Koskimies, S. Mir, J. Rapola et J. Vilska, « Henoch-Schönlein nephritis : long-term prognosis of unselected patients », Archives of Disease in Childhood, vol. 56, no 6, , p. 482-484 (ISSN 0003-9888 et 1468-2044, PMCID PMC1627458, résumé, lire en ligne)
  14. Référence, J.B. Baillière, La revue du Praticien, S. Chanzy & J.D. Bouaziz, mars 2005, 1236-1237, (ISBN 2-7008-0235-7)
  15. (en) Jaana Ronkainen, Olli Koskimies, Marja Ala-Houhala et al., « Early prednisone therapy in Henoch-Schönlein purpura : A randomized, double-blind, placebo-controlled trial », The Journal of Pediatrics, vol. 149, no 2, , p. 241-247 (ISSN 0022-3476, DOI 10.1016/j.jpeds.2006.03.024, résumé)
  16. Pillebout E, Alberti C, Guillevin L, Ouslimani A, Thervet E, (« http://www.nature.com/ki/journal/v78/n5/full/ki2010150a.html »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?) (consulté le 30 mars 2013) Addition of cyclophosphamide to steroids provides no benefit compared with steroids alone in treating adult patients with severe Henoch-Schonlein purpura], Kidney Int, 2010;78:495-502
  17. Nikibakhsh AA, Mahmoodzadeh H, Karamyyar M et al. Treatment of complicated Henoch-Schonlein purpura with mycophenolate mofetil: a retrospective case series report, Int J Rheumatol, 2010;2010:254316
  18. Donghi D, Schanz U, Sahrbacher U et al. Life-threatening or organ-impairing Henoch-Schonlein purpura: plasmapheresis may save lives and limit organ damage, Dermatology, 2009;219:167-170

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