Mythomanie

La mythomanie est la compulsion de mentir (du grec μυθος, « fable », et μανια, « folie ») également désignée par le terme de « pseudologia fantastica » ou « mensonge pathologique », désigne, selon certains psychiatres comme dans le grand public le mensonge répétitif qui dépasse la qualité du mensonge ordinaire [1],[2].

Mythomanie

Spécialité Psychiatrie et psychologie
CIM-10 F60.8

Mise en garde médicale

Histoire

Ce comportement a été décrit pour la première fois par le psychiatre Anton Delbrück (de) en 1891[2]. Le terme a été réutilisé en 1905 par l'aliéniste Ernest Dupré pour entre autres décrire un des traits de l'hystérie. Il désignait ainsi une « tendance constitutionnelle présentée par certains sujets à altérer la vérité, à mentir, à imaginer des histoires (fabulations) enfin à imiter des états organiques anormaux » qu'il voyait comme des simulations, d'où le lien à l'hystérie.

La mythomanie peut être décelée chez l'enfant, Dupré l'ayant décrite de manière détaillée, censée évoluer plus ou moins naturellement vers une meilleure appréhension de la réalité, alors que la mythomanie de l'adulte peut s'associer à l'hystérie, à d'autres névroses, aux perversions ou même aux psychoses. En psychiatrie, et à part pour Dupré, la mythomanie est rarement considérée comme un symptôme isolé, ce qui fait que le concept est la plupart du temps traité en association avec les autres troubles auxquels elle est associée.

Le terme n'est plus beaucoup utilisé en psychiatrie. Il n'existe pas dans les dernières classifications. Les recherches actuelles sur les syndromes de conversion montrent que cette pathologie fonctionnelle cérébrale est différente d'une simple simulation[3][réf. insuffisante].

Prévalence

Une étude démontre qu'un délinquant juvénile sur 1 000 serait mythomane. L'âge d'apparition moyen est de 16 ans et ce trouble comportemental serait aussi bien répandu chez les hommes que chez les femmes[4]. 40 % des cas rapportés proviendraient d'une anomalie du système nerveux[4] (par exemple une épilepsie, un traumatisme crânien ou une infection du système nerveux[réf. nécessaire]).

Description

Le mensonge désigne l'acte de donner intentionnellement une fausse information[5]. Certains individus le font même sans exprimer aucune crainte[6]. Le mensonge pathologique peut avoir des effets néfastes (faux jugements notamment) dans la vie de l'individu et de son entourage[1]. Le mensonge excessif est communément perçu chez les patients atteints de troubles mentaux. Les individus souffrant de trouble de la personnalité antisociale utilisent le mensonge dans le but de tirer profit de leur entourage. Certains individus souffrant de trouble de la personnalité borderline mentent pour attirer l'attention sur eux en clamant qu'ils sont délaissés ou maltraités[7]. Le mensonge pathologique peut survenir parfois lorsqu'un individu ment sans pour autant tirer profit de ce mensonge[8].

Il existe de nombreuses conséquences chez les patients qui mentent d'une manière abusive. Étant donnée la perte de confiance qu'entraînent les mensonges compulsifs, l'entourage du patient peut se défier de la personne, voire se détourner de cette dernière. Si le comportement maladif persiste, les conséquences du mensonge peuvent s'avérer catastrophiques voire criminelles[2]. Certaines études suggèrent que certains individus auraient une « prédisposition à mentir[9]. »

Classifications psychiatriques

Les classifications actuelles ne considèrent pas toutes la mythomanie comme une pathologie. La Classification Internationale des Maladies (CIM-10) la classe dans les autres troubles de la personnalité qui sont des caractéristiques propres à chaque individu qu'il garde tout au long de sa vie[10]. Sa définition n'en est pas donnée dans la classification du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-IV).

Diagnostic différentiel

Prise en charge

La psychothérapie semblerait être la seule méthode efficace pour remédier au mensonge pathologique. Aucune recherche n'a été menée concernant un éventuel traitement pharmaceutique[2]. Actuellement, il n'existe aucune étude sérieuse concernant un traitement efficace contre la mythomanie[2].

Personnages historiques

Certaines personnalités notables ont été qualifiées de mythomanes :

  • George Psalmanazar, dit « L'Homme de Formose » (1679-1763).
  • Mary Baker (en), dite « Princesse Caraboo » (1791-1864).
  • Sir Edmund Backhouse (en), baronet, dit « L'Ami des plus grands » (1873-1944).
  • André Malraux (1901-1976), écrivain et homme politique.
  • Jean-Claude Romand, un homme pris dans l'engrenage du mensonge, qui a abattu sa famille en 1993. Son histoire est racontée par Emmanuel Carrère dans L'Adversaire (2000), reprise par un film de Nicole Garcia avec Daniel Auteuil dans le rôle principal.
  • Brian Blackwell, meurtrier anglais.

Faits divers

Le , une jeune femme défraie la chronique en France en déclarant avoir été victime, ainsi que son bébé, d'une agression dans le RER D francilien. L'affaire fit la une des journaux et plusieurs personnalités politiques s'exprimèrent sur le sujet. La police découvrit dès la semaine suivante qu'il s'agissait d'une affabulation complète, accompagnée d'auto-mutilations.

Mythomanes dans la fiction

La mythomanie est un thème utilisé dans la littérature :

  • Tartarin de Tarascon, héros d'Alphonse Daudet ;
  • Nelly, marquise de Fontranges dans le roman de Jean Giraudoux La Menteuse ;
  • Faux-jour, d'Henri Troyat, vie et décadence d'un entrepreneur mythomane.

La mythomanie est abordée au cinéma et à la télévision :

  • dans le film Arrête-moi si tu peux, le personnage de Franck Abagnale, Jr., incarné par Leonardo DiCaprio, est un homme mythomane qui utilise ses mensonges à des fins d'imposture. Frank Abagnale, Jr. a réellement existé ;
  • dans le film Menteur, menteur, le personnage de Fletcher Reede, incarné par Jim Carrey, ne peut s'empêcher de mentir ;
  • dans le film … Comme elle respire, le personnage incarné par Marie Trintignant est une mythomane pathologique.

La mythomanie est abordée à la télévision :

  • dans la série Serge le Mytho, le personnage de Serge interprété par Jonathan Cohen

Notes et références

  1. (en) Dike CC, Baranoski M et Griffith EE, « Pathological lying revisited », The Journal of the American Academy of Psychiatry and the Law, vol. 33, no 3, , p. 342–9 (PMID 16186198, lire en ligne)
  2. (en) CC Dike, « Pathological Lying: Symptom or Disease? », Psychiatric Times, vol. 25, no 7, (lire en ligne)
  3. Patrik Vuilleumier « Mécanismes cérébraux des troubles moteurs psychogènes : hystérie et hypnose » Genève, Congrès français de psychiatrie, novembre 2012
  4. (en) King BH, Ford CV, « Pseudologia fantastica », Acta Psychiatrica Scandinavica, vol. 77, no 1, , p. 1–6 (PMID 3279719, DOI 10.1111/j.1600-0447.1988.tb05068.x)
  5. (en) Lying. (n.d.). Dictionary.com Unabridged. Consulté le 26 septembre 2011, depuis Dictionary.com.
  6. (en) Rowe, D. (2010) Why we lie: The Source of Our Disasters, New York: HarperCollins.
  7. (en) Birch S, Kelln B. & Aquino E., « A review and case report of pseudologia fantastica », The Journal of Forensic Psychiatry & Psychology, vol. 17, no 2, , p. 299–320 (lire en ligne [PDF])
  8. (en) Healy, M., & Healy, W. (2004) Pathological lying, Accusation And Swindling, Winnetka, Illinois : Kessinger Publishing.
  9. (en) Yang Y, Raine A, Narr K, Lencz T, LaCasse L, Colleti P. et Toga A., « Localisation of increased prefrontal white matter in pathological liars », British Journal of Psychiatry, no 190, , p. 174–175 (PMID 17267937, lire en ligne [PDF])
  10. « F60.8 Autres troubles spécifiques de la personnalité » (consulté le 4 janvier 2013)

Voir aussi

Articles connexes

  • Mensonge
  • Manipulation mentale

Liens externes


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