Indice de masse corporelle

L'indice de masse corporelle (IMC) est une grandeur qui permet d'estimer la corpulence d’une personne. Inventé par Adolphe Quételet, scientifique belge et fondateur de la statistique moderne, cet indice est donc appelé aussi l'indice de Quételet.

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Graphique de l'indice de masse corporelle.

Il se calcule en fonction de la taille et de la masse corporelle. Il a été conçu, au départ, pour les adultes de 18 à 65 ans, mais de nouveaux diagrammes de croissance ont vu le jour au cours des dernières décennies pour les enfants de 0 à 18 ans. Dans les deux cas, il constitue une indication et intervient dans le calcul de l'indice de masse grasse (IMG).

Intérêt

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a défini en 1997 cet indice de masse corporelle comme le standard pour évaluer les risques liés au surpoids chez l’adulte. Elle a également défini des intervalles standards (maigreur, indice normal, surpoids, obésité) en se basant sur la relation constatée statistiquement entre l'IMC et le taux de mortalité.

Les compagnies américaines d'assurance maladie utilisent l'IMC comme indicateur du risque d'accident cardio-vasculaire chez leurs assurés et font varier les primes sur la base de ce critère. Cependant, les accidents cardio-vasculaires sont rares avant 65 ans. Il existe des moyens plus scientifiques pour déterminer les risques, mais les compagnies ne peuvent pas légalement les demander à leurs assurés : cholestérolémie, fréquence cardiaque avant et après effort, etc.

L'IMC est surtout utile pour mettre en évidence l'augmentation des facteurs de risques. Il n'a pas vocation à déterminer précisément la valeur de la masse grasse ou, encore moins, de la masse musculaire et osseuse.

Une méta-analyse de 97 études, couvrant un total de 3 millions d'individus dans le monde et 270 000 décès, publiée en 2013, conclut que l'IMC est corrélé avec une hausse du taux de mortalité, toutes causes confondues, pour la très grande obésité (à partir d'un IMC de 35), avec une hausse des décès dus aux maladies cardio-vasculaires, aux cancers, au diabète et aux accidents[1]. Cependant, le taux de mortalité des individus en léger surpoids (IMC de 25 à 30) ou des individus souffrant d'une obésité modérée (IMC entre 30 et 35) est respectivement 6 %, ce qui est 5 % moindre que celui des personnes pesant un poids normal. Seule l'obésité sévère ou morbide (grades 2 et 3 : IMC > 35) est caractérisée par une surmortalité de 29 % par rapport aux sujets normaux. Par ailleurs, l'étude conclut que depuis les années 1970, l'indice de masse corporelle qui minimise la mortalité a augmenté.

Plusieurs hypothèses sont proposées par les auteurs pour expliquer ces résultats : les personnes en surpoids seraient mieux suivies par leurs médecins qui pourraient ainsi plus facilement prévenir et traiter leurs maladies, et les traitements contre les maladies liées au surpoids se seraient améliorés depuis les années 1970. De plus, les tissus adipeux fourniraient des réserves d'énergie aidant à lutter contre certaines maladies.

Cette étude a été critiquée par d'autres auteurs,qui observent que les travaux antérieurs parvenaient à des conclusions différentes et qui estiment que la méthode présente un risque de causalité inversée et un risque de confusion avec d'autres causes comme le tabagisme[2]. Une étude publiée en 2016, reposant sur des trajectoires de poids plutôt que des observations instantanées, conclut que les personnes restées minces (IMC inférieur ou égal à 24) jusqu'à l'âge de 50 ans présentent des risques de maladie plus faibles que celles qui ont toujours été en surpoids ou celles qui ont pris du poids au cours de leur vie[3].

Interprétation

Selon la classification de l'OMS[4] :

Interprétation de l’IMC
IMC (kg·m−2) Interprétation
moins de 16,5 dénutrition ou anorexie
16,5 à 18,5 maigreur
18,5 à 25 poids idéal
25 à 30 surpoids
30 à 35 obésité modérée
35 à 40 obésité sévère
plus de 40 obésité morbide ou massive

Les valeurs 18 et 25 constituent des repères communément admis pour un IMC normal et présentant donc un rapport de risque jugé acceptable.

Exemples

Une personne pesant 95 kg et mesurant 1,81 m a un IMC de . Cette personne est donc en surpoids.

Une personne pesant 48 kg et mesurant 1,69 m a un IMC de . Cette personne est donc maigre.

Une personne pesant 61 kg et mesurant 1,57 m a un IMC de . Cette personne présente donc une corpulence normale.

Une personne pesant 140 kg et mesurant 2,04 m a un IMC de . Cette personne est donc obèse.

Il faut néanmoins faire attention car cet indice de risque ne prend pas en compte la proportion de masse musculaire ni de masse osseuse[5], contrairement à l'absorption biphotonique à rayons X, aussi appelée méthode DXA[5]. Il est donc inadapté sur certaines populations et en particulier les sportifs, qui se retrouvent alors très souvent mesurés en surpoids alors que leur forme physique est souvent meilleure que la moyenne des individus[5].

Il est également inadapté aux victimes d'amputations et aux personnes géantes ou naines.

Données statistiques

France

IMC dans la population française[6]
IMC (kgm−2) Proportions
1997 2000 2003 2006 2009 2012
moins de 18,5 4,2 % 3,8 % 3,9 % 3,9 % 3,6 % 3,5 %
18,5 à 24,9 57,5 % 55,5 % 52,7 % 52,4 % 50,0 % 49,2 %
25 à 29,9 29,8 % 30,6 % 31,5 % 30,6 % 31,9 % 32,3 %
30 à 39,9 8,2 % 9,7 % 11,2 % 12,3 % 13,4 % 13,8 %
Plus de 40 0,3 % 0,4 % 0,7 % 0,8 % 1,1 % 1,2 %

Utilisation pratique

En Espagne, depuis 2005, les femmes mannequins ayant un IMC inférieur à 18 kg/m2 ne sont plus autorisées à participer aux défilés.

En France, le 3 avril 2015, l'Assemblée nationale adopte dans le cadre du projet de loi de modernisation du système de santé, présenté par Marisol Touraine, un amendement interdisant l'activité de mannequin à toute personne dont l'IMC est inférieur à 18 kg/m2.

Tableau

Réserves

L'IMC est un indicateur et non une donnée absolue[7]. Du fait de leur masse musculaire, certains sportifs et culturistes ont un indice de masse corporelle supérieur à 25 kg/m2 sans que cela pose de problème pour leur santé[8]. De plus, l'IMC de bonne forme varie selon la morphologie de la personne considérée. Une personne peut être trapue sans être grasse[9], et une autre peut être longiligne mais avoir une masse graisseuse trop importante. De plus, l'IMC n'est pas valable pour les femmes enceintes, qui prennent entre 10 et 20 kg en moyenne. Donc, l'IMC a une bonne spécificité mais une mauvaise sensibilité pour détecter l'obésité[10].

Les seuils recommandés par l'OMS sont pratiques à utiliser, mais ils devraient idéalement varier selon le sexe, l'âge et l'origine ethnique[11] et ces derniers doivent être considérés avec prudence dans le cadre d'un diagnostic individuel.

L'interprétation de l'impact de l'IMC sur le risque de mortalité est donc à nuancer car il ne prend en compte ni le sexe, ni l'âge, ni la répartition des graisses dans le corps (les graisses localisées au niveau de l'abdomen sont celles qui ont le plus d'impact sur la santé et la forme physique de l'individu)[12]

Le jugement de son poids au moyen de l'indice de masse grasse doit donc se faire avec l'aide d'un médecin, et la consultation d’un médecin nutritionniste ou d'un diététicien diplômé est recommandée.

La hausse de l'IMC n'est pas associée de façon linéaire à la sévérité de l'obésité ou à l'augmentation du risque cardiovasculaire et le calcul de l'IMC est devenu avant tout un outil de dialogue avec le patient[13],[14].

Outils alternatifs

La classification d'Edmonton[15], ou EOSS (Edmonton obesity staging system)[16], développé par Arya Mitra Sharma (en) a l'avantage de montrer une bonne corrélation avec le risque de mortalité lié à l'obésité.

Le « surface based body shape index » (SBSI) prend en compte la taille et le poids, le périmètre abdominal et la distance entre les épaules, le dos et l'aine[17].

Si le but est de prédire le risque cardiaque chez l'obèse, d'autres indicateurs, comme le périmètre abdominal et le rapport périmètre hanches/abdomen, sont meilleurs que l'IMC[18].

Notes et références

  1. (en) Katherine M. Flegal, Brian K. Kit, Heather Orpana et Barry I. Graubard, « Association of All-Cause Mortality With Overweight and Obesity Using Standard Body Mass Index Categories », JAMA, vol. 309, no 1, , p. 71 (DOI 10.1001/jama.2012.113905, lire en ligne)
  2. (en) Deirdre K. Tobias et Frank B. Hu, « Does Being Overweight Really Reduce Mortality? », Obesity, vol. 21, no 9, , p. 1746–1749 (DOI 10.1002/oby.20602, lire en ligne)
  3. (en) Mingyang Song, Frank B. Hu, Kana Wu, Aviva Must, Andrew T. Chan, Walter C. Willett et Edward L. Giovannucci, « Trajectory of body shape in early and middle life and all cause and cause specific mortality: results from two prospective US cohort studies », British Medical Journal, vol. 353, (DOI 10.1136/bmj.i2195, lire en ligne)
  4. (en) BMI classification, sur le site de l'OMS.
  5. « Obésité : le manque de fiabilité de l'IMC a sous-estimé l’épidémie », sur futura-sciences (consulté le 21 août 2013)
  6. [PDF] ObÉpi 2012 : Enquête épidémiologique nationale sur le surpoids et l'obésité, Une enquête Inserm/Kantar Health/Roche, octobre 2012, 60 p. sur le site roche.fr
  7. L'indice de masse corporelle est une mesure obsolète de l'obésité, sur le site slate.fr.
  8. « Comment mesurer et comprendre son IMC ? », sur www.vitaemed.com (consulté le 16 décembre 2016).
  9. Par exemple Bixente Lizarazu, Mike Tyson ou Jonah Lomu
  10. Okorodudu DO, Jumean MF, Montori VM et al. Diagnostic performance of body mass index to identify obesity as defined by body adiposity: a systematic review and meta-analysis, Int J Obes (Lond), 2010;34:791-9
  11. [PDF]Comment mesurer la corpulence et le poids « idéal » ? Histoire, intérêts et limites de l'Indice de masse corporelle Notes & Documents, 2007-01, Paris, Sciences-Po/OSC.
  12. (en) Steven B. Heymsfield, « Does Body Mass Index Adequately Convey a Patient's Mortality Risk? », JAMA, vol. 309, no 1, , p. 87 (DOI 10.1001/jama.2012.185445).
  13. Anne Jeanblanc, Calcul du surpoids : l'IMC ne reflète pas les risques pour la santé. Le Point.fr. Publié le 17/02/2014. lire en ligne
  14. Le Généraliste, numéro 2673 du 28 février 2014. Obésité, faut-il abandonner l'IMC, article de Charlotte Demati. p. 14
  15. Compte-rendu de la Journée Annuelle Benjamin Delessert (JABD) du vendredi 31 janvier 2014 (CNIT Paris-La-défense), publié par Alexandre Glouchkoff, diététicien nutritionniste, sur le site I-Dietetique.com. lire en ligne
  16. (en) EOSS pdf
  17. « L'IMC bientôt remplacé [sic] par le SBSI », sur Santé Magazine (consulté le 5 janvier 2016)
  18. Song X, Jousilahti P, Stehouwer CDA et al. Comparison of various surrogate obesity indicators as predictors of cardiovascular mortality in four European populations, Eur J Clin Nutr, 2013;67:1298

Voir aussi

Articles connexes

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