Dermatoglyphe

Les dermatoglyphes (du grec derma, « peau », et gluphê, « gravure ») sont les figures de la face palmaire des mains, de la plante des pieds, des doigts (empreintes digitales) et des orteils humains, ainsi que d'autres espèces animales, dessinées par les plis et les crêtes épidermiques.
Ils existent également chez les pongidés, les koalas et aussi sous la queue préhensile des platyrrhiniens (espèces de singes sud-américains), en forme de chevron chez les Alouatta[1],[2].

Dermatoglyphes du doigt montrant les crêtes et plis papillaires.
Dermatoglyphe d'un magot.

La dermatoglyphie ou dermatoglyphique est l'étude de ces empreintes.

L’adermatoglyphie (absence de dermatoglyphes) est une anomalie en rapport avec une mutation génétique extrêmement rare[3].

Histoire

La description scientifique des crêtes et plis a été la première fois réalisée par Nehemiah Grew, botaniste et morphologiste anglais, dans un rapport pour la Royal Society en 1678. Vers 1850, sir William James Herschel fut le premier à utiliser les empreintes palmaires à des fins d'identification dans les Indes britanniques. Il consacra sa vie à leur étude afin, notamment, d'en démontrer la permanence dans le temps.

Le terme[4] dermatoglyphe a été inventé en 1923 lors d'un congrès américain de l'Association américaine des anatomistes(en) par Harold Cummins(en), considéré comme le « père de la dermatoglyphie »[5]. Cette méthode est utilisée dans la dactyloscopie ou l'étude des maladies génétiques pour différencier ou diagnostiquer différents syndromes.

Description

Les crêtes dermo-épidermiques, espacées entre elles d'environ un millimètre, correspondent en profondeur à une double rangée de papilles dermiques, d'où leur autre nom de crêtes papillaires.

Les dermatoglyphes sont définitivement formés dès le sixième mois de la vie intra-utérine ; ensuite, au cours de la croissance, ils se modifient mais de façon homothétique, en gardant les mêmes proportions et les mêmes particularités : les dessins sont donc fixes et inaltérables. Ils ne disparaissent que par putréfaction. De plus, que l'on se brûle[6], se coupe, que l'on ait des ampoules ou des verrues, les détails papillaires se reconstituent sans cesse à l'identique.

Ces dessins digitaux sont propres à chaque individu, y compris chez les vrais jumeaux car ils dépendent, en plus du patrimoine génétique, d'autres facteurs comme la vitesse de croissance des doigts, l'alimentation du fœtus, sa pression sanguine, etc.

Utilité fonctionnelle

Les crêtes augmentent la capacité de friction des surfaces des mains et des pieds et, par conséquent, raffermissent la prise. En effet chez les mammifères, les pelotes palmaires et plantaires, surtout marquées chez les formes marcheuses, s'aplatissent avec l'arboricolisme et le développement des fonctions de préhension et de tact. Chez les Hominoïdes, la surface de la main est devenue presque plane et les formations dermatoglyphiques n'indiquent parfois même plus l'emplacement primitif des pelotes[7].

Elles semblent aussi jouer un rôle dans la sensibilité, partout où la peau est en situation de frottement ou de pression. Par exemple le coussinet externe des phalanges des chimpanzés et des gorilles en est garni[2], alors qu'il n'a pas de fonction dans la préhension.

Adermatoglyphie

Ce terme est formé de « derma », « peau » en grec, « gluphê », « gravure » et du préfixe « a » signifiant « pas » ou « sans ». Cette maladie a été découverte en 2007, alors qu’une Suissesse se rendait aux États-Unis. Son identification papillaire a été impossible puisque ses doigts étaient lisses. Après enquête, sur les seize membres de la famille, neuf étaient atteints de cette maladie génétique extrêmement rare qui est une mutation du gène SMARCAD1. Cette modification n’affecte pas le reste du corps, le seul problème apparaît lors de la délivrance de certains papiers officiels nécessitant un relevé d’empreintes. À ce jour, quatre familles dans le monde possèdent cette particularité[8].

Par extension

Le terme dermatoglyphe est parfois improprement employé dans un sens plus large, pour désigner tout ce qui a une signature unique ; une empreinte digitale, une suture crânienne, un flocon de neige.

Notes et références

  1. N. Petit Maire Heintz et R. Morelec Remarques sur les dermatoglyphes caudales de quelques Alouatta Mammalia. Volume 34, Issue 4, Pages 683–685, ISSN (Online) 1864-1547, ISSN (Print) 0025-1461, //1970 (Résumé)
  2. William Montagna ; The skin of non-human primates, American Zoologist 12:109-124 (1972) ; Oxford University Press (Résumé)
  3. (en) Eli Sprecher et col, « A Mutation in a Skin-Specific Isoform of SMARCAD1 Causes Autosomal-Dominant Adermatoglyphia », The American Journal of Human genetic, vol. 89, no 2, , p. 302-307
  4. Ce terme s'emploie le plus souvent au pluriel.
  5. Norris M. Durham et Chris C. Plato, Trends in Dermatoglyphic Research, Kluwer Academic Publishers, 1990, p. 6
  6. En cas de brûlure superficielle, les crêtes se reforment sur le moule sous-jacent.
  7. Edouard Bourdelle, Mammalia, Muséum national d'histoire naturelle, , p. 99
  8. « LE MYSTERE DES EMPREINTES MANQUANTES - CrimeXpertise », CrimeXpertise, (lire en ligne)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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