Crampe

Une crampe est une contraction involontaire douloureuse et temporaire d'un muscle. Les crampes surviennent plus souvent au niveau des fléchisseurs des bras ou des jambes (ex : crampe des gastrocnémiens, des fléchisseurs du pied).

Description

Une crampe est une contraction involontaire, passagère et douloureuse, visible et palpable, de tout ou partie d'un seul muscle ou d'un faisceau de muscles qui agissent souvent ensemble (comme les muscles du mollet ou les muscles qui fléchissent plusieurs doigts adjacents).

Elle débute brutalement ; elle est brève (quelques minutes ; au-delà on parle de tétanie) ; elle entraîne une impotence totale au niveau du groupe musculaire atteint ; elle survient au repos, souvent pendant le sommeil, mais parfois également après une contraction volontaire d'un muscle déjà en position de raccourcissement maximal ; elle cède le plus souvent spontanément, et/ou progressivement en étirant le muscle considéré.

Mécanisme

Lors de la phase de la relaxation musculaire, la concentration en calcium intracellulaire diminue à la suite de l'action couplée de trois transporteurs :

  • le transporteur actif SERCA (ou pompe SERCA), qui est situé sur la membrane du réticulum sarcoplasmique, assure le transport d'ions calcium vers celui-ci. SERCA est responsable de l'évacuation de 60 % du calcium cytosolique ;
  • le transporteur actif PMCA (ou pompe PMCA), qui est situé sur la membrane cellulaire, assure l'expulsion du calcium vers le tissu interstitiel. À noter que PMCA ne fixe pas le calcium mais la calmoduline. PMCA est responsable de l'évacuation de 10 % du calcium cytosolique ;
  • le transporteur actif secondaire NCX (antiport Ca2+/3 Na+), qui est situé sur la membrane cellulaire, assure l'évacuation de 30 % du calcium cytosolique.

Lorsque le gradient sodique (Na+) extracellulaire diminue, (à la suite d'une perte d'eau par sudation ou par hyperhydratation lors d'un entrainement sportif) l'activité de l'échangeur NCX Ca2+/3 Na+ diminue ce qui conduit progressivement à une accumulation de calcium dans la cellule. La concentration calcique intracellulaire jouant un rôle primordial dans la contraction (par le mécanisme de fixation du calcium par la sous-unité TnC de la troponine) résulte en une contraction involontaire prolongée de la cellule musculaire, et par extension, du muscle squelettique concerné.

Lors d'un effort physique, la sueur excrétée a pour fonction de maintenir la température corporelle à 37 °C, cependant la perte d'eau est accompagnée d'une perte en sodium Na+. La crampe d'effort (crampes pendant le sport) est la conséquence d'une surcharge en calcium dans le muscle, engendrée par un manque de sodium circulant dans l'organisme. Lors d'efforts d'endurance, il est ainsi conseillé d'avoir un léger apport en sel afin de minimiser les risques de survenue d'une crampe.

Étiologie

On distingue souvent :

Crampes essentielles

Les crampes essentielles (ou idiopathiques) sont plus fréquentes chez le sportif et chez les personnes âgées mais pouvant survenir à tous âges, souvent au repos et la nuit. Elles peuvent être très douloureuses, perturber le sommeil, et parfois se succéder (plusieurs fois par nuit, et/ou plusieurs nuits par semaine). Elles sont sans gravité, mais des douleurs résiduelles peuvent parfois persister ; de quelques heures à une semaine[réf. nécessaire]. Une hyperexcitabilité des nerfs stimulant les muscles pourrait être en cause. La cause réelle de crampes nocturnes est généralement inconnue.

Certaines crampes semblent initiées par un mouvement d’hyper-flexion qui réduit le muscle (ex : bout du pied pointé, en position couchée dans son lit, ce qui raccourcit le muscle du mollet, site le plus fréquent de crampes musculaires). Des variations importantes de température semblent être un facteur de risque contextuel supplémentaire. Plusieurs causes peuvent parfois s'additionner, dont le plus souvent :

  • Fatigue musculaire ; chez la personne âgée ou le sportif ou dans d'autres cas, ce type de crampe surgit durant l'activité (ex : course cycliste) ou plus tard, plusieurs heures plus tard éventuellement. La fatigue musculaire induite par une position inconfortable (assise ou couchée pendant une période prolongée) ou l'usage répété d'un muscle dans une position inhabituelle peuvent provoquer des crampes.
  • Déshydratation
  • Apport insuffisant en chlorure de sodium (sel de table)
  • Hyperglycémie[réf. nécessaire]
  • Complication d'une grossesse
  • Abus de café, thé, alcool
  • Manque de calcium, potassium et magnésium

Crampes secondaires

Les crampes peuvent être secondaires à :

  • une maladie rénale,
  • une maladie thyroïdienne,
  • une hypokaliémie, hypomagnésémie ou une hypocalcémie ;
  • des varices[1], ou une sclérose en plaques[2].
  • des troubles électrolytiques du liquide interstitiel du muscle peuvent causer des crampes et une tétanie musculaire, en particulier en cas d'hypokaliémie et d'hypocalcémie. Une forte ou longue sudation, non compensée par une prise de sel peut en être la cause (La perte de particules osmotiquement actives à l'extérieur des cellules musculaires entraîne une perturbation de l'équilibre osmotique. Quand elle manque de sel, la cellule active sa pompe à calcium en court-circuitant le lumen du muscle et le réticulum sarcoplasmique ; les ions calcium restent anormalement liés à la troponine (complexe de protéines qui sensibilise les cellules musculaires au calcium, en provoquant leur contraction), entretenant la contraction musculaire.
  • myopathies, myotonie atrophique ;
  • radiculonévrite, polynévrite, sclérose latérale amyotrophique ;
  • neuropathies radiculaires compressives, prémisses de sciatiques ;
  • pathologie surrénalienne,
  • pathologie parathyroidienne ;
  • alcool ;
  • chaleur excessive, avec déshydratation et au maximum le « coup de chaleur » ;
  • aliments enrichis en phytostérols et/ou phytostanols.
  • hyperinsulinémie. Dès 1965, on a remarqué que certaines crampes spontanées dans les jambes pouvaient être associées à un excès d'insuline diabétogénique[3] L'hypoglycémie et l'hypoglycémie réactive sont associés à l'excès d'insuline (ou à un manque de glucagon). La crampe pourrait dans ces cas signer un manque de glucose dans le sang.
  • effet secondaire de médicaments (liste non exhaustive) : fibrates ; statines ; certains bêta-bloquants ; bétamimétiques ; bromocriptine ; corticoïdes ; diurétiques ; laxatifs ; nifédipine ; pénicillamine ; strontium ; tolcapone.
  • rhabdomyolyse.

Conséquences

En plus d'être douloureuses, les crampes nocturnes quand elles sont fréquentes sont une source de fatigue (sommeil dégradé), de détresse et d'anxiété[4].

Diagnostic différentiel

Il ne faut pas confondre une crampe avec :

  • un spasme musculaire persistant induit par un violent traumatisme (ex coup sur les testicules, au plexus solaire, entorse, fracture...) : dans ce cas le spasme pourrait être un mécanisme sélectionné au cours de l'évolution, ayant un rôle de protection de l'organisme ;
  • une courbature (douleur résiduelle suivant un effort, ou un travail effectué avec une position inhabituelle du corps) ;
  • une dystonie focale d'action ;
  • certaines claudications induites par une ischémie ;
  • une tétanie (qui peut avoir de nombreuses causes dont empoisonnement) ;
  • une myotonie ;
  • certaines contractures réflexe et non-douloureuses ;
  • une raideur centrale ;
  • un claquage musculaire.

Traitements

Pour les crampes dues à la chaleur ou à la déshydratation, dans la majorité des cas, celles-ci peuvent être évitées ou neutralisées par un rééquilibrage de l'équilibre osmotique (notamment du sodium), c'est-à-dire une ingestion d'eau salée (une demi-cuillerée à café par litre).

Pour les crampes « essentielles » (idiopathiques), c’est-à-dire sans cause décelées et décelables :

  • il est de coutume d'étendre le muscle concerné, sur un sol froid de préférence (techniques de refroidissement et d'étirement passif) ; l'étirement du mollet, une certaine pression sur la jambe, le fait de marcher ou se mettre debout, un bain ou une douche chaude peuvent souvent aider à mettre fin à la crampe[5]. En cas de crampe du mollet, tirer le gros orteil doucement en arrière et étirer le muscle pour provoquer un soulagement presque immédiat ;
  • il est conseillé de pratiquer des exercices d'étirement pendant la journée (par exemple : se tenir debout face à un mur situé à un mètre et se pencher en avant pour faire reposer les mains au mur sans décoller les talons du sol) ;
  • de s'hydrater et de s'échauffer avant les efforts (par exemple : pour les sportifs).

Des médicaments à base de quinine ont obtenu une AMM pour le traitement des crampes, avec une efficacité démontrée[6], mais des effets secondaires possibles, avec une balance bénéfice-risque jugée défavorable pour justifier son utilisation systématique dans l'indication de la crampe essentielle qui est un symptôme bénin bien que douloureux[7]. Son utilisation n'est pas recommandée aux États-Unis[8]. En France en 2012, ce traitement a été réévalué par l'ANSM qui réserve son indication aux crampes nocturnes de l'adulte, après échec des mesures non pharmacologiques[9].

Croyances populaires

Les moyens suivants n'ont pas d'efficacité démontrée et prouvée : pain de savon de Marseille dans le lit ; aimants permanents, morceau de métal (ou bijoux en or) dans le lit, bouillottes ou vessies de glace, contention élastique, apports vitaminiques, ainsi que les inhibiteurs calciques.

Certains pensent qu'elles sont liées à la consommation de produits laitiers par des personnes intolérantes au lactose et proposent un régime en conséquence[10][réf. insuffisante].

Chez les Thaïs, la réduction des crampes des jambes dues au nerf sciatique est obtenue par une compression sur les deux branches du sciatique.[réf. nécessaire]

Prévention

Les crampes musculaires du sportif peuvent être prévenues par de simples gestes[11] :

  • s'échauffer avant de pratiquer l'exercice physique ;
  • pratiquer dans des lieux sûrs (surface planes, gymnase...) ;
  • bien s'hydrater avant la pratique du sport ;
  • être suivi par un professionnel du sport et/ou un médecin.

Les crampes nocturnes peuvent être évitées en prenant régulièrement du magnésium (par exemple en buvant des eaux riches en sels minéraux notamment magnésium, en mangeant des bananes, etc.).[réf. nécessaire]

Bibliographie

  • Revue Prescrire, « Les Crampes » p. 852 à 854, no 278, décembre 2006

Notes et références

  1. (en) J. Bergin, The Vein Book, Hardcover text, Editor Bergin J , 2007.
  2. (en) WebMD, Muscle Cramps at WebMD
  3. Roberts, HJ (1965). "Spontaneous Leg Cramps and "restless Legs" Due to Diabetogenic Hyperinsulinism : Observations on 131 Patients". Journal of the American Geriatrics Society 13: 602–38. PMID 14300967 .
  4. (en) Weiner, Israel H. « Nocturnal Leg Muscle Cramps » JAMA. Consulté 26 Oct. 2011.
  5. (en) Ray, C. Claiborne (2009-06-09), "Q & A – A Charley Horse in Bed" ; New York Times. Consulté 2009-06-09.
  6. (en) El-Tawil S, Al Musa T, Valli H et al. « Quinine for muscle cramps » Cochrane Database of Systematic Reviews 2010, Issue 12. Art. no CD005044. DOI:10.1002/14651858.CD005044.pub2
  7. Prescrire, n° 206, mai 2000, p. 372 « Quinine et crampes : une efficacité incertaine mais des risques importants ».
  8. (en)FDA, Serious risks associated with using Quinine to prevent or treat nocturnal leg cramps, 2012
  9. [PDF]ANSM, Quinine indiquée dans le traitement des crampes idiopathiques : restriction de l’indication et mise à jour des données de sécurité des spécialités concernées - Lettre aux professionnels de santé, 2012
  10. "Lait, mensonge et propagande" de Thierry Souccar (Éditions Thierry Souccar).
  11. A. Farhi, « Définition, causes, types et traitements des crampes musculaires », 2009.
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