Accoutumance

L'accoutumance ou tolérance est un processus d'adaptation de l'organisme à un stimulus extérieur, un environnement nouveau ou même un produit toxique. Cette accoutumance se manifeste par un affaiblissement ou même un épuisement de la réponse à ce stimulus à mesure que l'organisme y est confronté. Cette diminution de la réponse implique nécessairement une capacité plus grande à supporter les effets du stimulus et la possibilité potentielle d'augmenter le stimulus afin de recréer les mêmes effets qu'à la première confrontation.

Généralités

On parle notamment d'accoutumance au bruit où, à force d'être confronté à un bruit, les personnes ne l'entendent plus (bruit de circulation routière, train, etc.) ou d'accoutumance à la climatisation où les personnes présentent de véritables malaises face à des températures ambiantes non régulées.

Il est aussi parfois question d'accoutumance à l'eau dans les processus d'apprentissage de la nage particulièrement attentifs à éviter le développement de phobie. Le phénomène de conditionnement des chiens de Pavlov peut aussi être rapproché d'un processus d'accoutumance, puisqu'accoutumés à la sonnette, les chiens l'avait associée de fait à l'alimentation, adaptant la réponse de leur organisme par un processus de salivation.

C'est aussi le processus d'accoutumance qui sert de base à la désensibilisation allergique et l'insensibilisation des apiculteurs. Ce processus est d'ailleurs, intuitivement du moins, connu depuis plusieurs millénaires, puisque, selon la légende, le roi Mithridate eut la vie sauve le jour où l'on tenta de l'empoisonner pour avoir pris la précaution d'ingérer préalablement régulièrement de petites doses de poison, on parle d'ailleurs de « mithridatisation ». Même si cette optique pourrait amener à considérer l'accoutumance comme une sorte de réponse immunitaire, ça n'est pas le cas, l'accoutumance résulte d'une adaptation normale de l'organisme à une situation ou un stimulus anormal et générant nécessairement une réponse moins efficace en cas de danger.

En pharmacologie, on parle plus spécifiquement d'accoutumance pharmacodynamique : l'absorption régulière et fréquente d'une substance active par une personne est suivie de réponses de l'organisme de moins en moins marquées. Il s'agit d'une réponse adaptative physiologique visant à maintenir l'homéostasie afin de tenter de conserver une activité normale malgré une situation anormale.

Cette accoutumance induit parfois une augmentation des doses afin d'obtenir l'effet initial. Le seuil critique de toxicité peut alors être dépassé et ainsi occasionner une surdose (communément appelé overdose) ou même amener à supporter des doses considérées comme létales chez une personne non accoutumée.

La propension à provoquer une accoutumance fait partie des facteurs servant à déterminer la dangerosité des drogues. (Voir article détaillé Classification des psychotropes)

Accoutumance et dépendance

Il convient de distinguer accoutumance et dépendance même si le terme accoutumance est parfois utilisé comme synonyme de dépendance. Bien que les deux soient souvent associées, l'une peut exister sans l'autre.

Par exemple, l'organisme peut être accoutumé à un stimulus, c'est-à-dire tolérer plus facilement une exposition plus importante, sans qu'il y ait une dépendance pour autant. De même, on peut être dépendant d'une substance sans que l'exposition nécessaire à l'obtention de l'effet ne change, quoi que cela soit plus rare.

Tolérances spécifiques

Tolérance croisée

Une tolérance croisée se développe quand la personne ne consomme qu'un seul produit mais que l'organisme s'accoutume à l'ensemble de la famille chimique du produit ou aux produits ayant les mêmes effets.

C'est le cas par exemple pour :

Tolérance cyclique

On parle de tolérance cyclique quand la personne s'accoutume rapidement au produit lorsque la consommation est fréquente et régulière mais que cette accoutumance peut se perdre en cas d'abstinence et réapparaître en cas de reprise de la consommation. C'est le cas pour le LSD.

Tolérance inversée

On parle de tolérance inversée ou tolérance négative lorsque les doses nécessaires à l'effet initial sont plus petites, ou l'apparition de l'effet devient plus rapide, à mesure que la consommation continue. Ce phénomène s'observe avec la Salvia divinorum, sauge des devins[1],[2],[3]. Certains usagers de cannabis ou d'alcool décrivent également ce phénomène[4].

Tolérance acquise

La tolérance acquise désigne une accoutumance qui continue malgré l'abstinence.

Notes et références

  1. http://www.psychonaut.com/salvia/38399-le-monde-paradoxal-de-la-salvia-divinorium.html
  2. http://lucid-state.org/forum/archive/index.php/t-3956.html
  3. http://www.psychoactif.org/forum/t10247-p1-Effets-subtils-Salvia.html
  4. Yasmina Salmandjee, Les drogues, Tout savoir sur leurs effets, leurs risques et la législation, Eyrolles, coll. « Eyrolles Pratique », (ISBN 2-7081-3532-5)

Voir aussi

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