Zoran Đinđić

Zoran Đinđić (en serbe en écriture cyrillique : Зоран Ђинђић, [zǒran dʑîːndʑitɕ] ), né le à Bosanski Šamac et mort assassiné le à Belgrade, est un homme d'État et philosophe serbe. Opposant politique de Slobodan Milošević, il est maire de Belgrade et, de 2001 à 2003, Premier ministre de Serbie, qui fait alors partie de la République fédérale de Yougoslavie.

Zoran Đinđić
Зоран Ђинђић
Fonctions
Président du gouvernement de Serbie
(au sein de la Serbie-et-Monténégro)

(2 ans, 1 mois et 15 jours)
Prédécesseur Mirko Marjanović
Successeur Nebojša Čović (intérim)
Zoran Živković
Maire de Belgrade

(7 mois et 9 jours)
Prédécesseur Nebojša Čović
Successeur Vojislav Mihailović
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Bosanski Šamac (Yougoslavie)
Date de décès
Lieu de décès Belgrade (Serbie-et-Monténégro)
Nationalité Serbe
Parti politique Parti démocratique
Conjoint Ružica Đinđić
Diplômé de Faculté de philosophie de l'université de Belgrade
Religion Athée


Présidents du gouvernement de Serbie

Jeunesse et formation

Đinđić naît à Bosanski Šamac, sur la rivière Save, dans le nord de la Bosnie-Herzégovine, alors yougoslave, mais il fait ses études secondaires à Belgrade, où son père Dragomir est en poste en tant qu'officier de l'Armée populaire yougoslave. Il grandit auprès de sa mère Mila, femme au foyer, et de sa sœur aînée Gordana. Pendant ses études de philosophie à l'université de Belgrade, il commence à s'intéresser à la politique.

Socialiste réformiste, il continue ses études en Allemagne, notamment avec le professeur Jürgen Habermas à Francfort. Cet exil est rendu nécessaire par l'opposition du régime communiste et des médias à sa tentative de créer un mouvement politique étudiant indépendant. En 1979, il obtient un doctorat de philosophie de l'université de Constance. Il parle allemand couramment, mais son niveau moyen en anglais l'obligera à suivre des cours d'anglais pendant son mandat de Premier ministre.

Premières fonctions politiques

En 1989, Đinđić retourne en Yougoslavie pour enseigner à l'université de Novi Sad, et avec d'autres dissidents serbes il fonde le Parti démocratique. Il siège au conseil d'administration du Parti en 1990, et la même année est élu au Parlement de Serbie. En 1993, il devint président du Parti démocratique.

Après une importante série de manifestations pour protester contre l'annulation d'élections par le gouvernement de Slobodan Milošević pendant l'hiver 1996/1997, Đinđić devient maire de Belgrade, le premier non-communiste depuis la Seconde Guerre mondiale. Unie seulement par des ennemis politiques communs, sa coalition "Zajedno" (Ensemble) avec le SPO (Mouvement du renouveau) de Vuk Drašković et le GSS (Alliance civique) de Vesna Pešić ne survit que quatre mois après quoi il est délogé de son poste de maire par le SPO, le SPS, et le SRS (Parti radical).

Exil de 1999

Après que le journaliste et éditeur Slavko Ćuruvija, opposant au régime, fut assassiné le jour de la Pâque orthodoxe, alors que l'OTAN bombardait la Serbie, Đinđić se réfugia dans un exil temporaire au Monténégro, parce qu'il aurait été informé qu'il était le suivant sur la liste d'assassinats programmés par les services secrets du président Milošević. Il partit rapidement pour les pays occidentaux, étant considéré comme un ami politique par de nombreux chefs d'état ou de gouvernement, tels Bill Clinton ou Gerhard Schröder. En , un article du Time magazine le rangea parmi les personnalités politiques les plus importantes du tournant du siècle.

Des photos de sa poignée de main avec Clinton pendant une période de bombardement ont été utilisées par les autorités serbes pour le dépeindre comme un traître, mais aussi par l'opposition pour montrer la reconnaissance de Đinđić par la communauté internationale, qui pourrait entraîner celle de la Serbie entière. À son retour au pays en , il fut accusé d'avoir mis en danger la sécurité de l'État, au cours d'un procès considéré comme truqué car à huis clos.

Premier ministre

Đinđić joua un rôle de premier plan dans l’élection présidentielle de Yougoslavie de septembre 2000 et dans la révolte du 5 octobre qui renversa le régime de Milošević, et qui amena sa large coalition (18 partis) de l'Opposition démocratique de Serbie à la victoire en décembre. Il devint premier ministre de Serbie le .

En 2001, Đinđić joua un rôle clé dans le transfert de Milošević au TPIY à La Haye. Plus tard, il fit part de ses désillusions à ce propos, qualifiant même le procès de « cirque ». Il déclara qu'à son avis, le tribunal de La Haye « permettait à Milošević de se comporter en démagogue et de contrôler le procès ».

Đinđić fut reçu favorablement par les puissances occidentales. Ses rencontres avec les dirgeants George W. Bush, Tony Blair, Jacques Chirac et autres donnèrent de fortes indications sur le soutien qu'ils donnaient à sa politique. Đinđić était en désaccord permanent avec son ancien allié et actuel Premier Ministre Vojislav Koštunica, qui était son principal rival en Serbie. Sa proximité avec le président monténégrin Milo Đukanović s'était aussi effacée depuis que celui-ci avait affiché ses ambitions d'indépendance de son État.

Assassinat

Zoran Đinđić est assassiné le , tué d'une balle en plein cœur alors qu'il s'apprêtait à entrer dans le principal bâtiment gouvernemental. L'assassin, Zvezdan Jovanović, lieutenant-colonel de police, avait tiré de la fenêtre d'un bâtiment proche au moyen d'un fusil d'assaut à lunette de type Hekler & Koch G3 de calibre .308.

Nataša Mićić, présidente de Serbie par intérim, déclare l'état d'urgence immédiatement après le meurtre.

Cet assassinat avait été précédé de plusieurs tentatives. La plus notable avait eu lieu un mois plus tôt, quand un camion conduit par Dejan Milenković avait tenté de faire sortir le véhicule du Premier ministre de l'autoroute. Đinđić avait survécu grâce aux réflexes de son chauffeur et de son service de sécurité. Milenković avait été arrêté, mais relâché quelques jours plus tard. La cour avait justifié sa décision par le fait que Milenković était un commerçant et que ses affaires souffraient de son absence.[réf. nécessaire]

Đinđić avait de nombreux ennemis en raison de son attitude pro-occidentale, ses réformes économiques, l'arrestation de Milošević et sa livraison au TPIY, et son combat contre le crime organisé. Le meurtre est organisé par Milorad Ulemek, connu sous le nom de Legija (le légionnaire), un ancien commandant des services secrets de Milošević. Il avait récemment été condamné à 40 ans de prison pour meurtre et tentative de meurtre.

Le , la cour spéciale de Belgrade pour le crime organisé condamne douze hommes par contumace pour leur implication à divers niveaux dans l'assassinat. Les sentences les plus lourdes furent de quarante ans de prison pour Milorad Ulemek et Zvezdan Jovanović[1]. Deux des condamnés, Vladimir Milisavljevic et Luka Bojovic, sont arrêtés à Valence en février 2012[2],[3].

Héritage

Zoran Živković lui succéda à la tête du Parti démocratique, et aussi comme premier ministre, le 18 mars après une semaine d'intérim.

Đinđić était marié à Ružica Đinđić. Ils avaient deux enfants : une fille prénommée Jovana née en 1990, et un fils prénommé Luka né en 1993.

Ses funérailles nationales, le 15 mars furent suivies par des centaines de milliers de personnes, citoyens et délégations étrangères. Sa mort représentait une tragédie morale et politique pour beaucoup de Serbes qui voyaient en lui un homme d'État porteur d'espoir, qui garantissait la coexistence pacifique avec les nations voisines, l'intégration dans l'Europe et le reste du monde, la prospérité économique et un futur meilleur.

Son principal opposant politique et critique pendant son mandat, l'ancien président Vojislav Koštunica, reconnut l'importance de son action deux ans plus tard, alors qu'il était lui-même devenu premier ministre, en ces mots :

« Zoran Đinđić a été le premier à s'atteler à la difficile tâche de gouverner ce pays à une époque très instable. Il est probable que son énergie et son engagement ont permis de faire avancer les choses. C'est une chose de regarder cela de dehors, et c'est complètement différent d'en faire partie. Je comprends tout cela maintenant que je suis premier ministre et vois les choses un peu différemment. Il fut très important pour le processus dans son ensemble. »

Citation

« Si quelqu'un croit qu'il peut arrêter l'exécution de la loi en m'éliminant, il se trompe sérieusement, parce que je ne suis pas le système. Le système continuera de fonctionner, et personne ne recevra d'amnistie pour ses crimes en éliminant un ou deux officiels du gouvernement. » Politika () et Glas Javnosti ().

Références

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