Zone monétaire ouest-africaine

La Zone monétaire ouest-africaine (ZMOA) (en anglais : West African Monetary Zone, WAMZ) est une union regroupant les pays membres de la communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) qui n’utilisent pas le franc CFA. Fondée en 2000, elle a pour but de créer l'eco, une monnaie commune sur le modèle de l'euro de l'Union européenne. Elle est le pendant à l'Union économique et monétaire ouest-africaine qui regroupe les pays de la région utilisant le franc CFA. À terme ces deux organisations devaient fusionner au sein de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest. La nouvelle devise aurait dû émerger en 2015, mais le projet est depuis 2014 « au point mort ».

  • États de la Zone monétaire ouest-africaine
  • Intéressés à l'adhésion

Histoire

Création

La ZMOA est fondée le à Accra par six pays d'Afrique de l'Ouest n'utilisant pas le franc CFA dans le but de créer une monnaie commune à partir de 2003.

La mise en place de l'eco initialement prévue au sein de la CEDEAO pour , mais son introduction a été reportée dans un premier temps à . La monnaie devait demeurer une monnaie commune pendant quelque temps, avant la disparition des monnaies nationales en 2020[1]. Le projet était toutefois signalé comme étant au point mort en [2].

La monnaie commune

En 2018, les discussions reprennent dans la perspective d'un lancement en 2020. Dans le cadre de la monnaie unique, la commission de la CEDEAO lance un concours régional visant à proposer un nom et un logo pour cette monnaie. Ce concours est ouvert du 1er au « aux citoyens des États membres de la CEDEAO, indépendamment de leur lieu de résidence, et aux personnes morales légalement établies dans un État membre de la CEDEAO », souligne la commission[Où ?]. Le pour la sélection du logo et du nom de cette future monnaie, des membres retenus dans le jury du concours se sont réunis à Niamey pour analyser les 126 propositions reçues. La 54e session ordinaire de la conférence des chefs d’État et de Gouvernement de la CEDEAO a décidé, le en clôture de ses travaux à Abuja, de constituer un groupe de travail chargé de proposer des noms et des signes pour la future monnaie unique. Ce groupe de travail doit être composé des représentants des banques centrales et des experts dans les domaines de design, graphisme, économie, histoire, anthropologie, sociologie, sciences politiques, signes monétaires ou droit. Au titre du régime de change et de l’harmonisation du cadre de la politique monétaire et du modèle de la future banque centrale, la conférence a invité le comité ministériel comprenant les ministres des finances, le président de la commission de la CEDEAO et l’ensemble des gouverneurs des banques centrales des pays membres à finaliser les études d’impact et à lui soumettre des propositions, lors de sa prochaine session ordinaire de 2019.

Critères de convergence

En juin 2019, les grands argentiers des quinze pays de la CEDEAO ont insisté sur l’importance de renforcer la convergence macroéconomique des quinze pays. Le respect du calendrier de mise en œuvre de la monnaie unique dépendra « des efforts » de chaque pays en la matière, a déclaré le président de la commission de la CEDEAO, Jean-Claude Brou. « Les performances en matière de convergence macroéconomique sont une condition sine qua non » pour la monnaie unique, a insisté Adama Koné, ajoutant qu’il fallait « renforcer les mécanismes de surveillance multilatérale ». Une devise unique « va apporter beaucoup à nos économies. C’est une occasion d’intégration qu’il faut saisir pour les pays africains, car les marchés sont [actuellement] fragmentés »[3]. Le , les dirigeants de la CEDEAO ont formellement adopté le nom d'« eco » (sans accent) pour leur projet de monnaie unique dont ils souhaitent la création dès 2020[4].

Le , en Guinée se tient la 42e session du Conseil de convergence de la Zone Monétaire de l'Afrique de l'Ouest (ZMAO) ; la rencontre de Conakry est celle des phases préparatoires du lancement de cette future monnaie de l'Afrique de l'Ouest[5].

Le , Jean-Claude Kouassi Brou, président de la commission de la CEDEAO « exhorte les États membres à poursuivre les efforts visant le respect des critères de convergence » requis pour la mise en œuvre de la monnaie commune, à la clôture d’un sommet extraordinaire des chefs d’États ouest-africains à Abuja, au Nigeria. Seul le Togo semble respecter les critères de convergence.

Les critères clés de convergence sont de rester en dessous de 3 % du Produit intérieur brut de déficit, de 10 % d’inflation, avec une dette inférieure à 70 % du PIB.

Tout en se félicitant des « progrès enregistrés », la conférence a demandé au comité ministériel chargé du dossier d’« accélérer » ses efforts en vue de « la création de l’union monétaire de la CEDEAO en 2020 ».

Les chefs d’État des 15 pays de la région ont par ailleurs adopté le symbole de l’eco – « EC » – ainsi que le nom de la future Banque centrale de la Cedeao, la « Banque centrale de l’Afrique de l’Ouest ». Aucun calendrier précis n’a toutefois été annoncé officiellement[6].

Le , le Ghana rappelle qu'il pourrait être le premier pays hors zone CFA à adopter l’eco, ce qui en ferait la première économie de cet espace monétaire devant la Côte d'Ivoire, en attendant que le Nigéria renonce à sa monnaie, le naira. Mais le Ghana conditionne cette adoption à la levée des barrières commerciales et monétaires et à la fin de la parité fixe avec l’euro. Le Ghana invite les autres États de la CEDEAO à installer une Banque centrale fédérale[7].

Le , Les banques centrales de la sous-région de la CEDEAO ont entamé une assemblée générale extraordinaire pour délibérer sur les questions relatives à l'introduction de la monnaie unique, l'ECO, prévue pour 2020.

Le comité des gouverneurs des banques centrales devrait également discuter des implications de la récente annonce des pays francophones de la CEDEAO sur la proposition d'introduction de la monnaie unique l'ECO pour remplacer le franc CFA.

Les pourparlers détermineront en outre la voie à suivre pour les États membres de la Zone monétaire ouest-africaine (ZMAO) conformément à la feuille de route pour l'introduction de la monnaie unique - l'ECO.

L'équipe technique de la CEDEAO, cependant, devrait présenter des propositions faites par l'Institut monétaire ouest-africain au sujet de l'ECO.

Les gouverneurs devraient également transmettre leurs recommandations aux chefs d'État de la région pour savoir si la région est prête pour l'introduction de la monnaie unique[8].

Le , Le Nigeria et plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest, notamment anglophones, ont dénoncé à Abuja la décision de remplacer le franc CFA par l'eco, affirmant qu'elle n'était « pas conforme » au programme adopté récemment par l'ensemble de la région pour mettre en place une monnaie unique.

Dans tous les cas, les six pays de la Zone monétaire ouest-africaine (WAMZ) ont « noté avec préoccupation la déclaration visant à renommer unilatéralement le franc CFA en eco d'ici à 2020 », selon un communiqué publié à l'issue de cette rencontre extraordinaire entre les différents ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales. La WAMZ est composée du Nigeria, du Ghana, du Liberia, de la Sierra Leone, de la Gambie et de la Guinée (Conakry), qui ne fait pas partie de la zone CFA. Ces pays estiment que « cette action n'est pas conforme aux décisions » de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) en vue de « l'adoption de l'Éco comme nom de la monnaie unique » de toute la région.

Ils « réitèrent l'importance pour tous les membres de la CEDEAO d'adhérer aux décisions de l'autorité des chefs d'État et de gouvernement de la Cedeao concernant la mise en œuvre de la feuille de route révisée du programme de monnaie unique ». Un sommet réunissant les chefs d'État de la WAMZ est prévu « bientôt » pour décider de la conduite à venir, précise le communiqué final.

Leur communiqué du a aussi fait éclater au grand jour la bataille de leadership qui oppose la Côte d’Ivoire au Nigeria. En critiquant publiquement la décision de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) de rebaptiser le franc CFA « eco » d’ici à 2020, les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales de Gambie, du Ghana, de Guinée, du Liberia, du Nigeria et de Sierra Leone n’ont pas seulement révélé les divisions de la CEDEAO[9].

le , le président ivoirien Alassane Ouattara a apporté des précisions par rapport au supposé rejet de l’Eco par les 7 pays de la Zone monétaire ouest africaine (ZMAO, WAMZ en anglais). « C’est une intoxication pure et simple. Il n’y a que cinq pays qui se sont retrouvés à Abuja sur les quinze de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest [CEDEAO] », fulmine-t-il, coupant l’herbe sous le pied des anti-Franc CFA, nombreux à crier au « bonnet blanc et blanc bonnet ».

« La majorité des pays n’a pas été à cette réunion. Ce n’était pas une réunion des chefs d’Etat, mais de ministres et gouverneurs », a précisé M. Ouattara. « Ce que nous avons décidé au niveau des chefs d’Etat, notre volonté c’est de mettre l’éco en 2020 », sur la base, insiste-t-il, de «conditions».

«Nous voulons faire les choses par étapes. Nous ne voulons pas de précipitation, mais nous ne voulons pas non plus que les pays qui ne respectent pas les critères de convergence bousculent le processus», a-t-il conclu[10].

Le , un sommet extraordinaire de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a eu lieu. De nombreux points ont été abordés. Notamment la mise en place de la monnaie unique (eco).

Sur la monnaie unique, le communiqué final qui a sanctionné cette rencontre mentionne que la conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement de l’organisation sous-régionale est satisfait des importantes évolutions engagées par l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) dans la création de la monnaie unique. « La Conférence a été informée par Alassane Ouattara, Président de la République de Côte d’Ivoire, président de la Conférence des chefs d’État de l’UEMOA sur la réforme du franc CFA. Cette réforme est une étape pour parvenir à la mise en place de l’Eco telle que prévue par la feuille de route adoptée par la Conférence des chefs d’État de la CEDEAO. La Conférence a exprimé sa satisfaction sur ces importantes évolutions engagées ainsi que les éclairages apportés par le président de la Conférence des Chefs d’État de l’UEMOA sur cette question », lit-on dans le communiqué[11].

Le , Le Nigeria a demandé un report du lancement de l’eco, monnaie unique ouest-africaine, prévu théoriquement cette année. « La position du Nigeria sur l’eco est que les critères de convergence [entre Etats] n’ont pas été atteints par la majorité des pays » devant adopter cette monnaie commune, a indiqué la présidence nigériane sur son compte Twitter. « Il doit par conséquent y avoir un report du lancement de la monnaie unique », ajoute-t-elle[12].

Le , Les ministres des Finances des pays anglophones de la CEDEAO et de la Guinée, réunis au sein de la Zone monétaire ouest-africaine (ZMAO) vont se réunir à Freetown (Sierra Leone). Objectif, définir de la conduite à tenir dans le processus d’adoption de l’Eco. Cette réunion fait suite à celle tenue le à Abuja sur le sujet avec les gouverneurs des banques centrales des six Etats, après les annonces de réformes[13].

Fin février 2020, l'agence de notation américaine S&P réalise une étude sur la concrétisation du projet de sortie du franc CFA, et se dit rassurée par le fait que l'eco reste arrimé à l'Euro et que la France continue à garantir sa convertibilité. Le lancement de la nouvelle monnaie n'auraient donc pas d'effets immédiats, et une dévaluation n'est à ce jour par prévue. L'étude rappelle de même que « les États membres de l'UEMOA ne seront plus tenus de conserver la moitié de leurs réserves de change sur un compte d'opération au Trésor français. Autrement dit, la banque centrale régionale, la BCEAO, pourra gérer ses réserves de changes comme elle le jugera approprié »[14].

En mars 2020, Le président en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le nigérien Mahamadou Issoufou, a appelé les députés de la 5e législature du parlement sous régional à encourager leurs différents pays à adopter des politiques macroéconomiques qui permettront d'atteindre les critères de convergence pour l'adoption de l'éco-monnaie pour la région.

Dans l’espoir que le projet eco se concrétise, il a déclaré que «les parlements, qui contrôlent l’action des gouvernements, doivent encourager les Etats à mener des politiques macroéconomiques permettant de réaliser les critères de convergence nécessaires à la réalisation de cette ambition»[15].

Le , l'adoption d'un projet de loi qui sera soumis à l’Assemblée nationale et au Sénat français qui entérine le franc CFA par le conseil des Ministres français, le [16]. La Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) ne sera plus obligée de déposer la moitié de ses réserves de change auprès du Trésor Public français[17].

Le , la France ratifie la loi portant sur la réforme du franc CFA de l'UEMOA apportant d'important changement[18].

La nouvelle monnaie unique ouest-africaine (eco) devrait voir le jour prochainement.

Membres

Les cinq pays membres fondateurs sont :

Notes et références

  1. « Article »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?) du Guardian nigérian. Page consultée le 5 février 2010.
  2. Instauration d’une monnaie unique dans l’espace CEDEAO et développement d’un marché régional intégré en Afrique de l’Ouest : quelles liaisons ? sur Abidjan.net, 14 septembre 2014
  3. « L'éco,la future monnaie unique des États de l'Afrique de l'Ouest - Ici radio canada », Ici radio-canada, (lire en ligne, consulté le )
  4. « La Cédéao adopte le nom d'"Eco" pour sa monnaie unique - BBC Afrique », BBC Afrique, (lire en ligne, consulté le )
  5. « Rencontre préparatoire de la zone monétaire unique de la Cedeao à Conakry », www.bbc.com/afrique, (lire en ligne, consulté le )
  6. « Eco : la Cedeao invite ses membres à poursuivre leurs efforts pour respecter les critères de convergence », sur Jeune Afrique, (consulté le )
  7. « Le Ghana se dit déterminé à rejoindre la zone monétaire «éco» », sur RFI.fr, RFI, (consulté le )
  8. (en) « ECO: Central Bank governors begin talks on introduction of single currency », sur GhanaWeb, (consulté le ).
  9. « La réforme du franc CFA fait rejaillir la rivalité entre Alassane Ouattara et Muhammadu Buhari », sur Jeune Afrique, (consulté le ).
  10. « Alassane Ouattara réitère sa volonté d’aller à l’éco, projet de monnaie ouest-africaine », sur Le Monde, (consulté le )
  11. « Mise en place de la monnaie unique: Les Chefs d’État et de gouvernement de la Cedeao satisfaits », sur Fratmat.com, (consulté le ).
  12. « Monnaie unique ouest-africaine : le Nigeria demande un report », sur LeMonde, (consulté le )
  13. « http://afrique.le360.ma/autres-pays/economie/2020/02/12/29492-cedeao-buhari-donne-une-nouvelle-douche-froide-la-future-monnaie-unique-leco-29492 », sur le360, (consulté le ).
  14. « Standard & Poor's temporise sur l'adoption de l'Eco », sur LePoint.fr
  15. « Cedeao : Les députés priés de stimuler le projet de la monnaie unique dans leur pays », sur Koaci, (consulté le )
  16. Le Figaro avec AFP, « Le gouvernement entérine la fin du franc CFA dans un projet de loi », sur https://www.lefigaro.fr, (consulté le )
  17. Le Figaro avec AFP et le service Infographie du Figaro, « La fin du Franc CFA : ce qui va changer », sur https://www.lefigaro.fr, (consulté le )
  18. Jeune Afrique, « La réforme franc CFA/eco, victime collatérale du Covid-19 ? », sur www.jeuneafrique.com, (consulté le )
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