Yevonde Middleton

Yevonde Cumbers Middleton, née Yevonde Cumbers, qui signait de son nom professionnel Madame Yevonde[1],[2] ( - ), était une photographe anglaise, pionnière dans l'utilisation de la couleur dans les portraits photographiques.

Biographie

Née en 1893 en Grande-Bretagne, son héroïne, adolescente, est la féministe Mary Wollstonecraft, et elle rejoint le mouvement des suffragettes en 1910[3]. Puis elle fait le choix de devenir apprentie photographe. Elle sollicite et obtient un apprentissage de trois ans avec la photographe portraitiste Lallie Charles[3].

Grâce aux connaissances techniques acquises auprès de Charles et à un don de 250 livres sterling de son père, elle ouvre son propre studio à l'âge de 21 ans au 92 Victoria Street, à Londres. Elle commence à se faire un nom en invitant des personnalités connues à poser gratuitement. Très vite, ses photos apparaissent dans des magazines mondains tels que, par exemple, le Tatler et The Sketch[3]. Son style s'éloigne rapidement de la rigidité du «pigeon pouter» de Lallie Charles, pour s'orienter vers un style plus créatif. Ses sujets sont souvent photographiés en détournant le regard de l'appareil, et elle commence à utiliser des accessoires pour créer des effets.

En 1920, elle se marie avec un journaliste et dramaturge, Edward Middleton. Elle ouvre également un studio plus grand, adhère à l'Association des photographes professionnels ainsi qu'à la Société royale de photographie, et présente son travail dans des expositions[3].

Au début des années 1930, elle commence à expérimenter la photographie en couleur, en utilisant un nouveau procédé couleur, Vivex (en) de la société Colour Photography Limited de Willesden[3]. L'introduction de la photographie en couleur n'est pas immédiatement populaire : les photographes et le public sont tellement habitués aux photos en noir et blanc que les premières réactions au nouveau procédé tendent à être hostiles, et ce procédé Vivex reste complexe. Yevonde Middleton, cependant, est enthousiaste et passe des heures dans son studio à expérimenter le procédé pour obtenir les meilleurs résultats[3]. En 1932, elle présente une exposition de portraits et de natures mortes, à la galerie Albany, dans le quartier Mayfair. Cette exposition, moitié monochrome, moitié couleur, rencontre un certain succès[3].

Son travail attire l'attention de la famille royale anglaise. Sa notoriété lui permet ainsi de réaliser une série restée notoire et intitulée Goddesses [Déesses]. Les participantes à ses séances de poses sont vêtues de costumes précédemment portés lors d'un bal de charité de la haute société londonienne, organisé au Claridge's en , et incarnent des figures de la mythologie, entourées d'objets choisis par la photographe. Ses photos, ainsi mises en scène, utilisent la couleur, le costume et les accessoires pour créer une atmosphère spécifique autour des sujets[3]. Ses œuvres, telles que Circé, Minerve, etc., ont été qualifiées de «tableaux vivants»[4].

À la fin de l'année 1939, l'entreprise Colour Photographs Ltd ferme ses portes, et le procédé Vivex cesse d'exister[3]. Cette même année 1939, son mari meurt en avril. Yevonde se remet à travailler en noir et blanc et continue de réaliser des portraits remarqués. Elle travaille jusqu'à sa mort, en , deux semaines avant son 83e anniversaire, mais on se souvient surtout de son travail des années 1930, qui a beaucoup contribué à valoriser la photographie en couleur.

Bibliographie

  • Juliet Hacking , « Madame Yevonde », dans : Lives of the Great Photographers, Thames & Hudson, 2015, p. 285-291.

Références

  1. « Madame Yevonde Be Original or Die exhibition », British Council, (consulté le )
  2. « The Work of Madame Yevonde », Benham Gallery
  3. Pamela Glasson Roberts, « Madame Yevonde », dans Luce Lebart et Marie Robert (dir.), Une histoire mondiale des femmes photographes, Éditions Textuel, , p. 135
  4. Federica Muzzarelli, Femmes Photographes : émancipation et performance (1850-1940), Editions Hazan, 2009, (ISBN 978 2 7541 0347 3)
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