Xanthippe (femme)

Xanthippe (grec : Ξανθίππη) était l’épouse du philosophe grec Socrate, et elle est devenue l'incarnation de la mégère dans la littérature européenne. Son nom est passé en proverbe[1] et il désigne alors une femme grincheuse et acariâtre[2], constamment en conflit avec Socrate. Platon atteste cependant le désespoir de Xanthippe le jour où Socrate dut boire la ciguë dans le Phédon[3].

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Sources

La source principale des données la concernant se focalise sur le témoignage de Xénophon. Il y présente l'image d’une épouse acariâtre et peu sociable. Elle est aussi mentionnée brièvement dans l’Apologie de Socrate, de Platon. Au cours des dernières décennies des tentatives de la réhabiliter furent entreprises, en essayant généralement de la considérer comme une victime. Selon cette nouvelle interprétation Socrate était en partie responsable du mauvais caractère de sa femme du fait de son comportement puisqu’il négligeait sa famille et ses devoirs de citoyen[4].

Son mariage avec Socrate

Mariée avec Socrate, Xanthippe eut de lui trois fils : Lamproclès qui était encore un jeune homme quand Socrate dut boire la ciguë, ainsi que Sophronisque et Ménéxène qui alors étaient encore des enfants. D’après certaines sources, Sophronisque et Menéxène étaient issus d’une liaison de Socrate avec Myrto, une veuve ruinée qu'il secourait[5]. Socrate avait hérité de ses parents une petite fortune et du bien dans le faubourg d’Alopèce qui lui procuraient, à lui et à sa famille, des moyens d'existence modestes, mais assuraient leur indépendance. Xénophon a décrit à plusieurs reprises et de façon saisissante le caractère acariâtre de Xanthippe :

« Si c’est ce que tu penses, Socrate, disait Antisthène, comment arrives-tu à vivre avec une femme qui, je le pense vraiment, est la plus insupportable de toutes celles qui ont vécu, qui vivent et qui vivront. – La raison, répondait Socrate, c’est que ceux qui veulent devenir de bons cavaliers ne se procurent pas les chevaux les plus doux et les plus maniables, mais au contraire des bêtes sauvages et fougueuses car ils se disent que, s'ils ont été capables de tenir ceux-là en bride, il leur sera facile de venir à bout de tous les autres. C’est exactement ce que j’ai fait puisque ce qui m’importe le plus c’est l’art de vivre avec les hommes : c’est cette femme que j’ai prise, certain que, si je pouvais la supporter, je m’entendrais facilement avec tout le monde. »[6],[7],[8]

Idoménée de Lampsaque, qui avait dépeint Socrate comme un rhéteur redoutable[9], accuse clairement son disciple Eschine de Sphettos d’avoir publié sous son nom les propres ouvrages de Socrate que possédait Xanthippe[10]. Il est aussi possible de considérer qu'à son mariage Socrate avait plus de cinquante ans et que Xanthippe devait être bien plus jeune que lui. Les frustrations de Xanthippe mais aussi l'impossibilité d'une épouse à se rebeller contre son mari explique peut-être l'irascibilité de celle-ci.

Bibliographie

  • Xénophon (trad. Pierre Chambry), Les Helléniques. L'Apologie de Socrate. Les Mémorables : Xénophon, Œuvres complètes, t. III, Flammarion,
  • Platon (trad. Monique Dixsaut), « Phédon », dans Œuvres complètes, Éditions Flammarion, (1re éd. 2006), 2204 p. (ISBN 978-2-0812-1810-9). 
  • (grc + fr) Xénophon (trad. François Ollier), Le Banquet. Apologie de Socrate, Les Belles Lettres, (1re éd. 1961), 119 p. (ISBN 978-2-251-00334-4). 

Références

[réf. incomplète]

  1. Article « Xanthippe » du Larousse
  2. Xénophon & Ollier 2014, p. 47, 113.
  3. 116a
  4. Wörterbuch der Antike, Kröner Verlag, Stuttgart 1976, p. 817
  5. Debra Nails, The People of Plato. Indianapolis/Cambridge 2002. p.  208 et passim
  6. Le Banquet de Xénophon (II, 10-11)
  7. Xénophon & Ollier 2014, p. 44
  8. Chambry 1967, tome III, p. 263-264
  9. Diogène Laërce, Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres [détail des éditions] (lire en ligne) (II, 19, 20)
  10. Athénée, Deipnosophistes [détail des éditions] (lire en ligne) (XIII, 93)

Liens externes

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