William l'hippopotame en faïence

William est le surnom d'un hippopotame en faïence qui sert de mascotte informelle au Metropolitan Museum of Art de New York.

William au Met

Remontant au Moyen Empire, il a été découvert en Haute-Égypte dans un puits associé à la chapelle funéraire du serviteur Senbi, dans le village actuel de Meir (en). William est daté entre 1961 et 1878 avant notre ère, période correspondant aux règnes de Sésostris Ier et Sésostris II[1]. Cette petite statuette en faïence égyptienne (en) est devenue populaire non seulement grâce à son allure attachante, mais aussi parce que ses caractéristiques illustrent quelques-uns des aspects les plus saillants de la production artisanale de l'Égypte durant cette période.

William a été acquis par le Metropolitan Museum en 1917 parmi d'autres objets de la tombe du serviteur Senbi. Selon le Bulletin du musée de cette année, cet hippopotame est « un exemple particulièrement beau d'un type découvert associé à d'autres représentations animales du mobilier funéraire des tombes du Moyen Empire », ainsi qu'une pièce exemplaire de faïence égyptienne.

William est exposé dans la galerie 111 du Metropolitan Museum of Art de New York.

Un type d'objet funéraire

Ces objets, dont la provenance archéologique est incertaine, sont datés de la Première Période intermédiaire ou du Moyen Empire. Une période qui voit se développer la pratique de la faïence égyptienne.

Ce type d'objet était commun dans le monde égyptien, dans des tombes sans décoration. Il pourrait s'agir de substitut des scènes peintes. Un hippopotame similaire est conservé au musée du Louvre[2]. Animal du fleuve, l'hippopotame représentait un grand danger pour les pêcheurs et les chasseurs, dont il risquait de faire chavirer les embarcations : pour cette raison, il était associé au mal. On peignait donc sur les statuettes de faïence des plantes des marais pour qu'il reste dans son élément.

La faïence égyptienne

Autres objets en faïence de la XIIe dynastie (Brooklyn Museum).

Proche du verre dans la mesure où elle atteint une apparence « vitreuse », la faïence égyptienne est, selon David Grose (en) « un matériau constitué de poudre de quartz couvert d'une couche vraiment vitreuse ». Selon les conservatrices du Louvre, le terme «  " faïences ", au pluriel indéfini, désigne depuis longtemps dans la littérature archéologique un matériau composite fait d'un corps de quartz fondu et couvert d'une glaçure », et « les faïences exploitent des matières brutes peu coûteuses (sable, chaux, minerais métalliques) dont la mise en œuvre exige des compétences techniques de haut niveau. »[3]. La couleur bleu était obtenue par l'application d'une fritte, composée de quartz, d'un silicate de cuivre et de calcium[4].

Nettement plus poreuse et malléable que le verre authentique, la faïence pouvait être pétrie à la main ou placée dans des moules pour créer des récipients ou d'autres objets[5]. Bien que les mêmes matériaux soient utilisés pour la création de la faïence et du verre (du quartz broyé ou du sable mélangé avec de la chaux et du natron ou des cendres végétales), la faïence ne possède pas la structure cristalline rigide du verre moderne. Selon Paul T. Nicholson, le verre et la faïence étaient utilisés pour imiter les pierres semi-précieuses et tous deux étaient appréciés pour leur beauté et leur durabilité[6]. Bien qu'il ne s'agisse pas de poterie au sens strict, puisqu'elle ne contient pas d'argile, la faïence est souvent traitée comme telle.

William démontre l'importance d'une variété de styles iconographiques dans les pratiques funéraires du Moyen Empire. Comme l'écrit Nicholson, les représentations animales étaient communes à cette époque et « les figurines d'hippopotame, habituellement décorées de plantes aquatiques, symbolisaient probablement les propriétés revitalisantes du Nil ». Elles peuvent avoir eu une certaine signification religieuse, car elles étaient parfois associées avec une des formes du dieu Seth[7]. Toutes les statuettes d'hippopotames de cette époque n'étaient pas soigneusement peintes, ce qui fait de William un exemple particulièrement important; il a été « couvert d'une décoration de lignes noires représentant des fleurs, des boutons et des feuilles de lotus » pour indiquer son « environnement naturel dans les basses-terres du Nil. » Comme le précise la notice du Metropolitan Museum, l'hippopotame était un des animaux les plus dangereux pour les anciens Égyptiens et, dans ce cas, trois des pattes de William ont probablement été volontairement cassées pour l'empêcher de menacer le défunt dans l'au-delà (le musée a restauré ces pattes).

Dès le IIIe millénaire (Première Période intermédiaire), le décor peint était obtenu par des glaçure de différentes couleurs. Le décor au trait noir appliqué au pinceau étant le plus fréquent.

Pourquoi « William » ?

Au début du XXe siècle, le capitaine H.M. Raleigh et sa famille possédaient une photo de l'hippopotame et l'appelaient William. Raleigh a publié le 18 mars 1931 un article à son sujet dans le magazine Punch, dans lequel il écrit :

« Il est décrit à l'arrière du cadre comme « Hippopotame avec des fleurs, des boutons et des feuilles de lotus, XIIe dynastie (environ 1950 avant J.-C.), Série VII, numéro i, Faïence égyptienne », mais pour nous c'est simplement William[8],[9],[10]. »

Cet article a été réimprimé dans le bulletin du Metropolitan Museum en juin 1931 et le nom est resté. En 1936, le musée a publié un livre intitulé William and his Friends: A Group of Notable Creatures in the Metropolitan Museum of Art[11] (William et ses amis : un groupe de créatures remarquables au Metropolitan Museum). Depuis lors, William a continué à apparaître sur certains logos et produits du musée, aussi bien pour enfants que pour adultes. Le Metropolitan Museum a commencé à en vendre des reproductions dans les années 1950. Elles sont aujourd'hui fabriquées par la société M. Hart Pottery.[12]

Notes et références

  1. (en) « The Metropolitan Museum of Art – Hippopotamus », Metmuseum.org, (consulté le )
  2. Musée du Louvre, notice du musée. Voir aussi Christiane Ziegler et Jean-Luc Bovot, L'Égypte ancienne : Art et archéologie, Paris, La Documentation française, École du Louvre, Réunion des musées nationaux-Grand Palais, coll. « Petits manuels de l'École du Louvre », (1re éd. 2001), 511 p., 20,5 cm (ISBN 978-2-11-004264-4, 2-7118-4281-9 et 978-2-7118-5906-1), p. 138-139 et 259
  3. Annie Caubet et Geneviève Pierrat-Bonnefois, 2005 : présentation de l'éditeur.
  4. « La technique ... »
  5. (en) David Frederick Grose, The Toledo Museum of Art, Early Ancient Glass: Core-Formed, Rod-Formed, and Cast Vessels and Objects from the Late Bronze Age to the Early Roman Empire, 1600 BC to AD 50 (Manchester: Hudson Hills Press, 1999), 29.
  6. (en) Paul T. Nicholson, Egyptian Faience and Glass (Buckinghamshire: Shire, 1993), 45.
  7. (en) Nicholson, Egyptian Faience and Glass, 23.
  8. http://www.metmuseum.org/~/media/Files/Give%20and%20Join/Planned%20Giving/William%20Bulletin%20article.pdf
  9. (en) Daniel Schneider, « F.Y.I. », New York Times, New York City, (lire en ligne)
  10. http://www.metmuseum.org/content/interactives/Learn_About_Color/william.swf?movieName=william
  11. (en) Elisabeth Naramore, « William and his Friends, A Group of Notable Creatures in The Metropolitan Museum of Art », sur American Institute of Graphic Arts
  12. (en) « Museum Reproductions », sur M Hart Pottery

Bibliographie


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