William O. Douglas

William Orville Douglas, né le à Maine Township (Minnesota) et mort le à Bethesda (Maryland), est un juge de la Cour suprême des États-Unis. Il demeure à son poste 36 ans et 211 jours, ce qui fait de lui le juge ayant eu le plus long mandat à la Cour suprême de toute l'histoire du pays.

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William O. Douglas
Fonctions
Juge de la Cour suprême des États-Unis

(36 ans, 6 mois et 26 jours)
Prédécesseur Louis Brandeis
Successeur John Paul Stevens
3e président de la Securities and Exchange Commission
Président Franklin Delano Roosevelt
Prédécesseur James M. Landis
Successeur Jerome Frank
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Maine Township (Minnesota, États-Unis)
Date de décès (à 81 ans)
Nationalité Américaine
Diplômé de Whitman College
Religion Presbytérien

Biographie

Jeunesse

William Douglas naît à Maine Township dans le comté d'Otter Tail dans le Minnesota[1]. Son père est un pasteur presbytérien itinérant écossais du comté de Pictou en Nouvelle-Écosse (Canada). Sa famille déménagea ensuite en Californie puis à Cleveland dans l'État de Washington. Son père meurt à Portland en 1904 lorsqu'il a à peine 6 ans. Après avoir déménagé de ville en ville dans l'ouest, sa mère, avec trois jeunes enfants, s'installe à Yakima (Washington). William, comme le reste de la famille fait des petits boulots pour gagner de l'argent et une éducation universitaire parait inaccessible. Bien que n'étant pas en tête de classe, Douglas réussit suffisamment au lycée pour obtenir une bourse pour le Whitman College de Walla Walla[2]. Il devient alors membre de la fraternité Beta Theta Pi, fait partie de l'équipe des débats[Quoi ?] et devient président des étudiants au cours de sa dernière année. Il doit cependant travailler en dehors des cours pour pouvoir se payer sa formation. Il sera ainsi serveur ou portier durant l'année et cueilleur de cerises l'été. En 1920 il obtient son diplôme avec mention en économie et en anglais. Il enseigne alors l'anglais et le latin à la Yakima High Schools dans l'espoir de mettre assez d'argent de côté pour pouvoir suivre les cours de droit à l'université de droit de Columbia à New York. Mais au bout de 2 ans, il y renonce et se décide à tenter l'aventure à New York. D'anciens membres de sa fraternité l'aident à survivre à New York[2],[3], il habite dans une des maisons de la fraternité et l'un des frères d'un membre de la fraternité lui prête 75 dollars, la somme nécessaire pour s'inscrire à Columbia.

Au bout de six mois il n'a plus d'argent mais le bureau des engagements de son école lui indique une piste. En effet, un cabinet de New York cherche un étudiant pour aider à préparer des courriers. Ceci lui permet de gagner 600 dollars et donc de continuer son cursus. Il sera par la suite encore mis à contribution pour d'autres projets qui lui permettront d'avoir 1 000 dollars de côté à la fin du semestre[3]. Il se marie ensuite à La Grande avec Mildred Riddle qu'il avait connue à Yakima. Il terminera cinquième de sa classe en 1925 et commence à travailler pour le prestigieux cabinet new-yorkais Cravath, DeGersdorff, Swaine and Wood (plus tard Cravath, Swaine & Moore).

Yale et la SEC

Il quitte le cabinet après quatre mois. Après un an, il repart à Yakima mais regrette vite son choix et ne pratique plus vraiment le droit là bas. Après une période sans emploi puis d'autres mois bloqué à Cravath, il part enseigner à Columbia avant de rapidement rejoindre l'école de droit de l'université Yale. Il y devient un expert en législation commerciale et en faillite d'entreprises et est identifié avec le legal realist movement qui pousse à une compréhension de la loi basée moins sur les doctrines formelles du droit et plus sur les effets dans le monde réel de la loi.

Il quitte son emploi d'enseignant à Yale en 1934 et rejoint la SEC, la Securities and Exchange Commission y ayant été nommé par le président Franklin Delano Roosevelt[4]. Il devient un ami et un conseiller du président américain avant de devenir président de la commission en 1937.

Carrière à la Cour suprême

William O. Douglas

En 1939, Louis Brandeis quitte son poste à la Cour Suprême, et Roosevelt nomme William Douglas le pour le remplacer[4]. Douglas révèlera plus tard que cela a été une vraie surprise pour lui, Roosevelt l'ayant convoqué pour une importante réunion et Douglas craignant d'être nommé comme président de la Commission fédérale des communications. Le Sénat américain confirmera le choix le par 62 voix contre quatre. Les quatre votes négatifs sont ceux des républicains Lynn Frazier, Henry Cabot Lodge, Jr., Gerald Nye et Clyde M. Reed (en)). Douglas prend ses fonctions le .

Selon le positionnement idéologique des juges de la Cour suprême, il apparaît comme un des juges les plus libéraux de l'histoire.[réf. nécessaire]

Graph of Martin-Quinn Scores of Supreme Court Justices 1937-Now

Douglas et l'environnement

Douglas était un homme qui aimait le grand air. Selon The Thru-Hiker's Companion, un guide publié par l'Appalachian Trail Club, Douglas parcourut l'intégralité des 3 200 km du sentier de Georgie jusqu'au Maine. Son amour de la nature se retrouvera dans ses raisonnements juridiques.

Son opinion dissidente dans l'affaire Sierre V Morton en 1972, témoigne de son souci d'accorder une protection effective à l'environnement. Il devient également le plus éloquent défenseur de la théorie avancée par le professeur Christopher Stone selon laquelle les éléments de la nature devraient se voir attribuée la personnalité juridique.[pas clair]

Cas des Rosenberg

Le , Douglas arrête provisoirement la procédure d'exécution d'Ethel et Julius Rosenberg, un couple accusé d'avoir vendu des plans de bombes atomiques aux Soviétiques, pour un problème de procédure : en effet, il a relevé que le juge Irving Kaufman, qui a rendu son arrêt, n'a pas demandé l'assentiment du jury. Mais son raisonnement n'est pas fondé car le juge Kaufman en a le droit, de par la loi Espionage Act de 1917. Plus tard, en 1946, cette loi sera amendée pour que les membres du jury soient toujours consultés en cas de peine de mort (Atomic Secrets Act de 1946). La décision de Douglas est mal reçue par la justice et le Congrès américain pourrait le démettre de son poste mais ne le fait finalement pas[5].

Il prend sa retraite en 1975 à 77 ans dont plus de 36 ans passés à la Cour suprême. Il fut remplacé par John Paul Stevens (1920-2019).

Tentation des élections présidentielles

Quand au début de 1944, le président Franklin Delano Roosevelt décide de ne pas soutenir activement la reconduction de son vice-président Henry Wallace à la convention nationale démocrate pour la désignation des candidats pour l'élection présidentielle de novembre 1944. Une courte liste de remplaçants possibles est établie où l'on trouve le nom de William Douglas[6].

Cinq jours avant le choix du candidat pour la vice-présidence à la convention, prévu le , le président du Comité démocrate, Robert E. Hannegan, reçoit une lettre de Roosevelt déclarant que son choix pour la candidature à la vice-présidence était « Harry Truman ou Bill Douglas ». Après avoir rendu publique cette lettre à la convention le , Truman est élu sans incident dès le second tour de scrutin.

Après la convention, des supporters de Douglas font courir la rumeur que sur la note présidentielle envoyée à Hannegan, il est en fait écrit « Bill Douglas ou Harry Truman » et non l'inverse. Ces supporters proclament qu'Hannegan, un soutien de Truman, craint que la nomination de Douglas n'éloigne du ticket démocrate les électeurs blancs du Sud (Douglas a toujours paru antiségrégationniste dans ses décisions à la Cour suprême) et a donc inversé les noms, donnant l'impression que Truman est le vrai choix de Roosevelt.

En 1948, une possible candidature de Douglas réapparaît, due à la très faible popularité de Truman, devenu président en 1945 à la mort de Roosevelt. Plusieurs démocrates pensent que Truman ne réussira pas à être réélu lors de l'élection présidentielle de novembre et commencent à chercher un remplaçant. Des tentatives sont menées en direction du populaire héros de guerre et alors retraité, le général Dwight D. Eisenhower. Douglas commence une campagne dans le New Hampshire et plusieurs autres États des primaires avant de retirer assez vite sa candidature. À la fin, Eisenhower refuse la nomination et Truman gagne facilement la candidature démocrate. Il approche Douglas sur une possible candidature à la vice-présidence, mais ce dernier décline. Truman choisit le sénateur Alben William Barkley et ce ticket remportent l'élection.

Vie privée

Douglas a été marié quatre fois : avec Mildred Riddle de 1923 à 1953, avec Mercedes Hester Davidson de 1954 à 1963, avec Joan Martin (une étudiante en droit d'une vingtaine d'années) de 1963 à 1965 et Cathleen Heffernan (autre étudiante en droit d'une vingtaine d'années) de 1965 jusqu'à sa mort en . Il eut deux enfants de son premier mariage, Mildred et William O. Douglas, Jr. Ses nombreux mariages et ses présumées autres conquêtes féminines furent un sujet de polémiques publiques à l'époque. En 1966, le représentant du Kansas Bob Dole compara son « mauvais jugement d'un point de vue matrimonial » à ses décisions à la Cour suprême. Quatre résolutions différentes furent introduites à la Chambre des représentants des États-Unis pour demander une enquête sur sa moralité. Les divorces qui suivirent ces mariages furent difficiles et coûteux, le plaçant dans une situation financière précaire malgré son salaire de juge à la Cour suprême.

Hommages

Notes et références

  1. Ernest Kerr, Imprint of the Maritimes, Boston, Christopher Publishing, 1959, p. 83.
  2. Current Biography 1941, p. 233-35
  3. Current Biography 1941, p. 234
  4. (en) Christopher L. Tomlins, The United States Supreme Court, Houghton Mifflin, (lire en ligne), p. 475–476
  5. (en) « House Move to Impeach Douglas Bogs Down; Sponsor Is Told He Fails to Prove His Case. », The New York Times, , p. 18.
  6. La liste comporte aussi les noms suivants : l'ancien sénateur et membre de la Cour suprême James F. Byrnes de Caroline du Sud, l'ancien sénateur Sherman Minton, l'ancien gouverneur et Haut-commissaire aux Philippines Paul McNutt de l'Indiana, le président de la Chambre des représentants Sam Rayburn du Texas, le sénateur Alben W. Barkley du Kentucky, le sénateur Harry S. Truman du Missouri
  7. Un juge de la Cour suprême peut se faire enterrer à Arlington s'il a servi auparavant dans les forces armées, Douglas n'y ayant jamais servi, son inhumation dans ce lieu a donc créé une controverse (Critères pour être inhumé à Arlington)
  8. (en) Arlington National Cemetery on William Douglas, including review of Wild Bill.
  9. (en) Mont Rainier

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Go East, Young Man: The Early Years; The Autobiography of William O. Douglas (ISBN 0-394-71165-3)
  • (en) The Court Years, 1939 to 1975: The Autobiography of William O. Douglas (ISBN 0-394-49240-4)
  • (en) Democracy and finance;: The addresses and public statements of William O. Douglas as member and chairman of the Securities and Exchange Commission (ISBN 0-8046-0556-4)
  • (en) Nature's Justice: Writings of William O. Douglas (ISBN 0-87071-482-1)
  • (en) Strange Lands and Friendly People; by William O. Douglas (ISBN 1-4067-7204-6)
  • (en) An Interview with William O. Douglas by William O. Douglas (sound recording) ASIN B000S592XI
  • (en) The Mike Wallace Interview, (vidéo)
  • (en) The Mike Wallace Interview, (transcript)
  • (en) Abraham, Henry J., Justices and Presidents: A Political History of Appointments to the Supreme Court. 3d. ed. (New York: Oxford University Press, 1992). (ISBN 0-19-506557-3).
  • (en) Cushman, Clare, The Supreme Court Justices: Illustrated Biographies, 1789-1995 (2e éd.) (Supreme Court Historical Society), (Congressional Quarterly Books, 2001) (ISBN 1-56802-126-7); (ISBN 978-1-56802-126-3).
  • (en) Frank, John P., The Justices of the United States Supreme Court: Their Lives and Major Opinions (Leon Friedman and Fred L. Israel, editors) (Chelsea House Publishers: 1995) (ISBN 0-7910-1377-4), (ISBN 978-0-7910-1377-9).
  • (en) Hall, Kermit L., ed. The Oxford Companion to the Supreme Court of the United States. New York: Oxford University Press, 1992. (ISBN 0-19-505835-6); (ISBN 978-0-19-505835-2).
  • (en) Martin, Fenton S. and Goehlert, Robert U., The U.S. Supreme Court: A Bibliography, (Congressional Quarterly Books, 1990). (ISBN 0-87187-554-3).
  • (en) Bruce Allen Murphy, Wild Bill : The Legend and Life of William O. Douglas, New York, Random House, , 1re éd., 716 p. (ISBN 978-0-394-57628-2, LCCN 2002023114)
  • (en) Pritchett, C. Herman, Civil Liberties and the Vinson Court (University of Chicago Press, 1969) (ISBN 978-0-226-68443-7); (ISBN 0-226-68443-1).
  • (en) Urofsky, Melvin I., Conflict Among the Brethren: Felix Frankfurter, William O. Douglas and the Clash of Personalities and Philosophies on the United States Supreme Court, Duke Law Journal (1988): 71-113.
  • (en) Urofsky, Melvin I., Division and Discord: The Supreme Court under Stone and Vinson, 1941-1953 (University of South Carolina Press, 1997) (ISBN 1-57003-120-7).
  • (en) Urofsky, Melvin I., The Supreme Court Justices: A Biographical Dictionary (New York: Garland Publishing 1994). 590 pp. (ISBN 0-8153-1176-1); (ISBN 978-0-8153-1176-8).
  • (en) Woodward, Robert and Armstrong, Scott. The Brethren: Inside the Supreme Court (1979). (ISBN 978-0-380-52183-8); (ISBN 0-380-52183-0). (ISBN 978-0-671-24110-0); (ISBN 0-671-24110-9); (ISBN 0-7432-7402-4); (ISBN 978-0-7432-7402-9).

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