William Henry Fox Talbot

William Henry Fox Talbot, né le à Melbury, dans le Dorset, et mort le à Lacock dans le Wiltshire, est un scientifique britannique devenu l’un des pionniers de la photographie. Il était à la fois mathématicien, physicien et philologue ; également intéressé par la botanique, la philosophie et l’archéologie, il pratiquait plusieurs langues.

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Talbot commença à s'intéresser aux images obtenues avec une chambre noire en 1833. Il est l’inventeur du calotype, ou talbotype, qu'il breveta en 1841. Ce procédé photographique permettait d’obtenir de multiples images positives sur papier à partir d'un seul négatif papier. Talbot mena ses recherches en parallèle avec celles de Daguerre. Après l’annonce de l’invention du daguerréotype en 1839, il tenta de faire reconnaître l’antériorité de ses travaux. Il n’y parvint pas, mais son procédé du négatif-positif devint la base de la photographie argentique moderne.

Il fut lauréat de la Royal Medal en 1838 pour ses travaux sur le calcul des intégrales.

Talbot fut également l’auteur du premier livre illustré de photographies, The Pencil of Nature (Le Crayon de la nature), paru en 1844.

Premiers essais photographiques

Intérieur de Lacock Abbey, 1835.

En 1833, lors d’un séjour au lac de Côme en Italie, Talbot tenta de reproduire des paysages en s’aidant d’une camera lucida, ou chambre claire, pour tracer des esquisses. Mais cette technique supposait de dessiner, ce qu’il n’appréciait pas. Il chercha alors à obtenir des images durables par un autre moyen et débuta ses expériences photographiques.

Son premier procédé s’appelait « dessin photogénique » (photogenic drawings) qu'il met au point en 1839[1]. Il consistait à placer un objet sur une feuille de papier sensibilisée, puis à exposer le tout à la lumière, avant de fixer l'image obtenue. La silhouette de l'objet - feuille d’arbre, plante, plume, dentelle... - apparaissait en négatif. Le support photosensible était fabriqué en mouillant une feuille de papier dans une solution de sel de cuisine, puis de nitrate d'argent. Après l’exposition, l’image était fixée avec un sel de potassium.

Talbot poursuivit ses essais en utilisant la camera obscura, ou chambre noire. Il se servait de chambres de petite taille, appelées « souricières » par sa famille. En 1835, il obtint le premier négatif sur papier qui nous soit parvenu. Cette petite image négative de 2,5 cm de côté représente une fenêtre, prise de l’intérieur de Lacock Abbey, sa résidence dans le Wiltshire.

L’invention du calotype

Un calotype de William Henry Fox Talbot, vers 1842-1843.

En janvier 1839, l'invention du daguerréotype par Louis Daguerre, à partir des travaux de Nicéphore Niépce, fut publiquement révélée en France. François Arago en fit l’annonce à l’Académie des sciences le . Cette nouvelle surprit Talbot, qui chercha alors à faire reconnaître l’antériorité de ses recherches. Il écrivit à Arago et envoya ses dessins photogéniques à la Royal Society de Londres. Le , il fit une communication à la Royal Society sur le sujet (« Some account of the art of photogenic drawing, or the process by which natural objects may be made delineate themselves without the aid of the artists pencils »). Mais le daguerréotype était au point, bénéficiait du soutien de l’État français, et était disponible gratuitement : ce procédé allait s’imposer au niveau mondial pendant au moins une décennie.

Durant les années 1839-1841, Talbot améliora son procédé. Il réduisit le temps de pose par un traitement à l’acide gallique après l’exposition en chambre noire, ce qui permettait de développer l’image latente. Il reprit la technique du fixage photographique à l’hyposulfite de soude qu’il avait apprise de Sir John Herschel. L’hyposulfite de soude, ou thiosulfate de sodium, possède la propriété de dissoudre les sels d’argent. Ce produit est encore utilisé aujourd’hui comme fixateur en photographie argentique.

The Footman, portrait, vers 1840.

Mais surtout, Talbot eut l’idée de se servir du négatif sur papier comme d’un objet à copier. Le tirage contact à partir du négatif papier permettait d’obtenir une image positive en autant d’exemplaires que souhaité. Son procédé surpassait en cela celui de Daguerre, car chaque daguerréotype est unique et ne peut être reproduit. En 1841, il breveta son invention sous le nom de calotype (appelé aussi talbotype).

En 1842, Talbot reçut la médaille Rumford de la Royal Society pour ses travaux novateurs dans le domaine de la photographie.

En 1844, il publia The Pencil of Nature, le premier livre illustré avec des photographies jamais édité. Cet ouvrage relatait ses découvertes et comportait vingt-quatre calotypes hors texte.

Talbot a voyagé en Belgique en . À Bruxelles et à Liège, il n'a pas réussi de clichés, mais à Malines il a réalisé une dizaine d'images qui constituent le plus ancien ensemble d'images photographiques d'une ville belge qui soit parvenu jusqu'à nous.

Talbot apporta une avancée fondamentale à la photographie : la possibilité de reproduire une image positive à partir d’un négatif. Cependant, le calotype ne rencontra pas le succès mérité, car, d'une part, il donnait des images de moins bonne qualité que le daguerréotype et, d'autre part, il était breveté et soumis à des droits d'utilisation élevés, ce qui fut source de procès et entrava sa diffusion.

Photogravure

Réalisant que les images argentiques ne seraient jamais tout à fait permanentes, Henry Fox Talbot travaille à la mise au point d'un système permettant l'impression des images sur papier en imprimerie. Il dépose un brevet pour un procédé de gravure photographique en 1852, procédé qu'il améliore par un autre brevet en 1858 (il l'appelle « photoglyphic engraving »)[2]. Ces deux procédés sont les ancêtres de la photogravure moderne[2].

Hommages

Un musée, le Fox Talbot Museum, situé à Lacock dans le Wiltshire, lui est dédié.

En 1976, l'Union astronomique internationale a donné le nom de Talbot à un cratère lunaire en son honneur.

En 1996, William Henry Fox Talbot est l'un des 26 photographes actifs en Belgique mis à l'honneur au FotoMuseum Antwerpen (Musée de la Photographie à Anvers), lors de l'exposition Pioniers in Beeld.

Bibliographie

  • Pierre Gascar, Botanica : photographies de végétaux aux XIXe et XXe siècles, Centre national de la photographie, Paris, 1987 (ISBN 2-86754-042-9), 127 pages
  • Beaumont Newhall, L'histoire de la photographie depuis 1839 et jusqu'à nos jours, Bélier-Prisma, Paris, 1967
  • (en) Steven F. Joseph, Tristan Schwilden, et Marie-Christine Claes, Directory of Photographers in Belgium, 1839-1905, Rotterdam, Ed. De Vries – Antwerpen, Museum voor Fotografie, 1997, p. 366
  • Sophie Hedtmann et Philippe Poncet, William Henry Fox Talbot, Éd. de l'Amateur, 2003, 144 pages

Notes et références

  1. Gascar (1987) : 19.
  2. (en) WHF Talbot: Biography : Printer's Ink - The Correspondence of William Henry Fox Talbot, Université De Montfort

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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