William Ewart Gladstone

William Ewart Gladstone (/ˈwɪljəm ˈjuːwət ˈɡlædstən/, à Liverpool à Hawarden (Flintshire)) est un homme d'État britannique qui joua un rôle majeur dans son pays dans la seconde moitié du XIXe siècle.

Pour les articles homonymes, voir Gladstone.

William Ewart Gladstone

William Ewart Gladstone en 1861.
Fonctions
Premier ministre du Royaume-Uni

(5 ans, 2 mois et 14 jours)
Monarque Victoria
Prédécesseur Benjamin Disraeli
Successeur Benjamin Disraeli

(5 ans, 1 mois et 17 jours)
Monarque Victoria
Prédécesseur Benjamin Disraeli
Successeur Robert Arthur Talbot Gascoyne-Cecil

(5 mois et 19 jours)
Monarque Victoria
Prédécesseur Robert Arthur Talbot Gascoyne-Cecil
Successeur Robert Arthur Talbot Gascoyne-Cecil

(1 an, 6 mois et 15 jours)
Monarque Victoria
Prédécesseur Robert Arthur Talbot Gascoyne-Cecil
Successeur Archibald Primrose
Chef de l'opposition du Royaume-Uni

(6 ans, 2 mois et 4 jours)
Monarque Victoria
Prédécesseur Benjamin Disraeli
Successeur Benjamin Disraeli

(7 mois et 19 jours)
Monarque Victoria
Prédécesseur Benjamin Disraeli
Successeur Robert Arthur Talbot Gascoyne-Cecil

(6 ans et 22 jours)
Monarque Victoria
Prédécesseur Robert Arthur Talbot Gascoyne-Cecil
Successeur Robert Arthur Talbot Gascoyne-Cecil
Chancelier de l'Échiquier

(2 ans et 2 mois)
Monarque Victoria
Premier ministre George Hamilton-Gordon
Henry John Temple
Prédécesseur Benjamin Disraeli
Successeur George Cornewall Lewis

(8 jours)
Monarque Victoria
Premier ministre Henry John Temple
John Russell
Prédécesseur Benjamin Disraeli
Successeur Benjamin Disraeli

(6 mois et 6 jours)
Monarque Victoria
Premier ministre Lui-même
Prédécesseur Robert Lowe
Successeur Stafford Northcote

(2 ans, 7 mois et 18 jours)
Monarque Victoria
Premier ministre Lui-même
Prédécesseur Stafford Northcote
Successeur Hugh Childers
Secrétaire d'État à la Guerre et aux Colonies

(6 mois et 4 jours)
Premier ministre Robert Peel
Prédécesseur Edward Smith-Stanley
Successeur Henry Grey
Président de la Commission du Commerce

(1 an, 8 mois et 21 jours)
Premier ministre Robert Peel
Prédécesseur Frederick John Robinson
Successeur James Broun-Ramsay
Député britannique

(47 ans, 11 mois et 12 jours)
Circonscription Midlothian(1880-1895)
Greenwich(1868-1880)
South Lancashire(1865-1868)
Oxford University(1847-1865)
Prédécesseur Thomas Grimston Estcourt
Successeur Lord Thomas Gibson-Carmichael

(13 ans et 22 jours)
Circonscription Newark
Prédécesseur Thomas Wilde
Successeur Sir John Stuart
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Liverpool, Angleterre, Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande
Date de décès
Lieu de décès Hawarden, Pays de Galles, Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande
Nationalité Britannique
Parti politique Parti libéral
Conjoint Catherine Gladstone (1812-1900)
Enfants 8 enfants, dont William Henry
Diplômé de Christ Church
Religion Anglicanisme


Premiers ministres du Royaume-Uni

Quatre fois chancelier de l'Échiquier et quatre fois Premier ministre, il est notamment connu en tant que défenseur des couches populaires et des catholiques irlandais de l'Angleterre victorienne.

Biographie

Nommé Premier ministre à plusieurs reprises (1868-1874, 1880-1885, 1886 et 1892-1894), William Ewart Gladstone était adversaire de longue date de Benjamin Disraeli. Par leur opposition politique, ils ont cependant conjointement œuvré à faire du Royaume-Uni une démocratie parlementaire accomplie, fondée sur l'alternance politique.

D'abord conservateur, ensuite libéral, il a introduit plusieurs réformes. Pourtant, il a échoué avec la loi qui devait garantir le pouvoir autonome de l'Irlande. La Première Guerre des Boers (1880-1881) se déroula sous l'un de ses mandats.

William Ewart Gladstone est devenu membre de la Royal Society le .

Jeunesse (1809–1832)

Gladstone dans les années 1830.

Né en 1809 à Liverpool, écossais d'origine, William Ewart Gladstone était le quatrième fils du marchand Sir John Gladstone de Leith et de sa seconde femme, Anne MacKenzie Robertson, de Dingwall, Ross-shire[1]. Il est élevé dans un milieu politisé : un de ses plus anciens souvenirs d'enfance est, en 1812, à l'occasion d'une réunion politique en faveur de George Canning, d'avoir été porté sur une table d'où il aurait hélé la foule d'un "Ladies and gentlemen". De 1816 à 1821 il suit l'école primaire de la paroisse de St Thomas's Church à Seaforth[réf. souhaitée], puis en 1821, comme son frère, Eton College, puis dès 1828, à Oxford où il suit des études classiques et des cours de mathématiques (sans beaucoup d'intérêt). Il y prend la présidence de l'Oxford Union Debating Society, où il se fait une réputation durable d'orateur et s'engage chez les Tories (opposés aux libéraux).

Après ses premiers diplômes, il fait un Grand Tour d'Europe avec son frère John Neilson Gladstone (Belgique, France, Italie, Allemagne).

Débuts en politique

À son retour, il est élu en 1832 député conservateur (tory) pour Newark. Inscrit au barreau, il n'y plaide pas et s'en fait d'ailleurs radier. D'abord conservateur intransigeant, il est proche de la faction des Tories qui s'oppose à la fois à l'abolition de l'esclavage et aux première lois sociales. Il se prononce également contre toute concession à l'Église catholique d'Irlande car il juge « hérétique » l'égalité des cultes[2]. Il est lié au Trésor sous le premier ministère de Robert Peel puis, en 1835, secrétaire d'État à la guerre et aux colonies. Amorçant un virage plus libéral, il soutient l'abrogation des corn laws en 1846, celle-ci menant à la scission du camp conservateur. Gladstone est alors partisan de la politique de Peel et cesse d'adhérer au parti conservateur. En 1859, les partisans de Peel s'unirent avec les whigs et les radicaux pour former le parti libéral qui domine la vie politique britannique pendant une bonne partie de la période qui va jusqu'en 1915.

En tant que partisan de la continuation de la politique de Peel, Gladstone fait partie du gouvernement de Lord Aberdeen comme chancelier et se voit reconnu pour son efficacité à ce poste. Lorsque ce gouvernement tombe en 1855, il refusa d'entrer dans les gouvernements de Lord Derby ou de Lord Palmerston, un whig, et se tient dans l'opposition.

En 1858, il fait publier une étude en trois tomes sur Homère, son œuvre et son époque : Studies on Homer and the Homeric Age.

En 1859, cependant, lorsque Palmerston succède au second et bref gouvernement de Derby, Gladstone accepte de devenir chancelier, un poste d'influence. À cette époque, il s'oppose à la politique étrangère agressive de Palmerston et soutient l'idée de nouvelles réformes électorales, ce qui lui vaut d'être appelé « The People's William » le William du Peuple »). Il est aussi remarqué pour son soutien du libéralisme classique et son opposition au socialisme.

Premier ministre

Durant son activité de premier ministre, l'Église anglicane perdit une part importante de ses privilèges en Irlande, le Ballot Act (1872), qui introduisait le vote secret est promulgué et le Royaume-Uni se tint en retrait lors de la guerre franco-prussienne. Après son échec électoral de 1874, Gladstone démissionna de son poste de leader du parti libéral, néanmoins, il revint en 1876 à l'occasion d'une campagne d'opposition aux atrocités commises en Bulgarie par la Turquie[2]. Il dénonce alors la turcophilie supposée du cabinet britannique décrivant les Ottomans comme « le plus grand spécimen anti-humain de l'humanité »[2]. Gladstone se fait, contre Disraëli, le chantre d'une « diplomatie morale » qui connaîtra une importante postérité au XXe siècle[2].

La campagne du Midlothian (près d'Édimbourg) de 1879-1880 doit beaucoup à Gladstone. Elle est considérée parfois comme l'acte de naissance des techniques de campagnes politiques modernes. Bien qu'il ne fût pas le dirigeant officiel du parti libéral lorsque celui-ci gagna les élections générales de 1880, il fut néanmoins nommé à nouveau premier ministre. Lors de son second ministère, son cabinet dut faire face à des crises en Égypte (qui placèrent le pays sous la domination britannique après la guerre de 1882, et qui culminèrent avec la mort du général Charles Gordon en 1885) en Irlande, où le gouvernement fit passer des mesures répressives et à la naissance d'un syndicalisme combatif. Ce gouvernement fut à l'origine de la troisième réforme du droit de vote en 1884. À cette occasion des parlementaires proposèrent d'ajouter un amendement accordant le droit de vote aux femmes. En effet, depuis 1866 et la présentation par Stuart Mill d'une importante pétition pour le droit de vote des femmes, ce sujet était un point important du débat politique. Gladstone refusa cependant l'addition de cet amendement et pour expliquer sa décision usa d'une métaphore : « la cargaison que ce vaisseau transporte est à notre avis suffisante pour que le transport soit sûr »[3],[4]. Lord Salisbury battit le gouvernement de Gladstone lors des élections qui s'ensuivirent et forma un gouvernement conservateur en 1885 mais les élections suivantes, tenues quelques mois après, virent la victoire des libéraux. À nouveau aux affaires au début de l'année 1886, Gladstone voulait faire voter une loi en faveur d'une large autonomie de l'Irlande car il pensait que c'était le seul moyen de résoudre le problème posé par les troubles de plus en plus aigus touchant l'Irlande. Cependant, cette loi fut rejetée par la Chambre des communes en juillet et Salisbury revint à Downing Street pour demander de nouvelles élections qu'il gagna. En 1892, Gladstone forma son dernier gouvernement à l'âge de 82 ans. La loi d'autonomie fut à nouveau présentée et rejetée par les lords en 1893, ce qui mit fin au projet de Gladstone. Le parti libéral se rapprochait de la gauche et adoptait des mesures en faveur de l'État providence tout en contenant son aile impérialiste. Du fait de son opposition à l'augmentation des dépenses navales militaires, Gladstone démissionna en et son secrétaire des affaires étrangères, Lord Rosebery lui succéda. Il quitta le parlement en 1895 et mourut trois ans plus tard à l'âge de 88 ans.

Gladstone est connu pour son intense rivalité avec le dirigeant du parti conservateur Benjamin Disraeli. La rivalité était à la fois politique et personnelle. Lorsque Disraeli mourut, Gladstone proposa de faire des funérailles nationales mais les volontés de Disraeli d'être enterré avec sa femme firent répondre à Gladstone : « As Disraeli lived, so he died — all display, without reality or genuineness » Disraeli est mort comme il a vécu. Tout d'étalage, sans réalité ni authenticité »). Gladstone est aussi connu pour ne pas avoir eu de bonnes relations avec la reine Victoria, celle-ci s'était plainte, une fois : « He always addresses me as if I were a public meeting ». (« Il s'adresse toujours à moi comme si j'étais une réunion publique »).

Les partisans de Gladstone l'appelaient « The People's William » ou le « G.O.M. » (« Grand Old Man », « le grand vieil homme ») que Disraeli se plaisait à travestir en « God's Only Mistake » la seule erreur de Dieu »). Winston Churchill fait partie de ceux qui mettent Gladstone parmi leurs inspirateurs.

Travaux littéraires

Dans un essai de 1858[5], William Gladstone, helléniste confirmé et admirateur des œuvres d'Homère, s'est intéressé, entre autres, à l’utilisation que le poète faisait des mots décrivant les couleurs.

En étudiant L’Iliade, puis L’Odyssée, Gladstone a relevé chaque passage où Homère avait recours à une couleur pour décrire les paysages, les objets, les êtres vivants et il fut très étonné de constater que si de nombreuses allusions au noir et au blanc existent dans les deux ouvrages, quelques-unes évoquaient le rouge, le jaune et le vert, mais que rien n'existait pour définir la couleur bleue. Guy Deutscher, linguiste français et spécialiste des littératures anciennes, confirme qu'Homère ne connaissait pas cette couleur, comme d'ailleurs la totalité des auteurs des textes antiques y compris les auteurs des textes bibliques[6],[5].

Œuvres

  • William Ewart Gladstone, baron Arthur Hamilton-Gordon Stanmore (1961), Gladstone-Gordon correspondence, 1851–1896: selections from the private correspondence of a British Prime Minister and a colonial Governor, volume 51. American Philosophical Society, p. 116. Consulté le (volume 51, Issue 4 of new series, Transactions of the American Philosophical Society) (original de l'University of California)
  • William Ewart Gladstone (1898), On books and the housing of them, M. F. Mansfield, N Y. Consulté le . Un traité sur le stockage des livres et la conception des étagères comme employé dans sa bibliothèque personnelle.
  • William Ewart Gladstone (1838), The State in its relations with the Church, Londres : John Murray Albermarle Street et Hatchard and Son.
  • William Ewart Gladstone (1903), The impregnable rock of Holy Scripture (édition révisée), Londres : Isbister and Company.
  • William Ewart Gladstone (1858), Studies on Homer and the Homeric Age (3 vol.), The University Press.
  • William Ewart Gladstone (1870), Juventus Mundi – The gods and men of 'the heroic' age (2e édition, révisée), Macmillan and Co.
Traduction française
  • Homère et la politique (préface de Jean Bastier), éditions Auda Isarn, 2015

Dans la culture populaire

Jonathan Stroud, dans son cycle de fantasy La Trilogie de Bartiméus, reprend Gladstone et le présente comme un magicien célèbre ayant utilisé ses pouvoirs pour régner sur le Royaume Uni de l'époque.

Notes et références

  1. http://www.ambaile.org.uk/en/item/item_photograph.jsp?item_id=35335
  2. Charles Zorgbibe, « Quand l'Angleterre inventait la diplomatie des droits de l'homme », Conflits, no 13, janv.-mars 2017, p. 33-35
  3. Anne-Marie Käppeli, « Scènes féministes », dans Geneviève Fraisse, Michelle Perrot et Georges Duby, Histoire des femmes en Occident : Le XIXe siècle, t. 4, Plon, (ISBN 2-259-02385-1), p. 504
  4. (en) Sophia A. van Wingerden, The Women's Suffrage Movement in Britain : 1866-1928, Palgrave Macmillan, , 227 p. (ISBN 978-0-312-21853-9, lire en ligne), p. 52-53
  5. Site Books.fr, page "La mer est rouge comme une violette", livre "Through the Language Glass: How Words Colour your World", consulté le 31 janvier 2019
  6. Site national Geographic page "Dans l'Antiquité, la couleur bleue n'existait pas", consulté le 31 janvier 2019

Annexes

Bibliographie

  • James McCearney, William Ewart Gladstone, Pierre-Guillaume de Roux, 2016

Article connexe

Liens externes

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