Wayne Wheeler

Wayne Bidwell Wheeler, né le à Brookfield Township dans l'Ohio et mort à Battle Creek dans le Michigan le , est un avocat américain, qui contribua à mettre en place dans son pays le système de la prohibition. Il est considéré comme un des précurseurs du lobbyisme politique aux États-Unis.

Biographie

Vocation

Fils de Joseph Wheeler et de Ursula Hutchinson, Wayne Wheeler naît dans une ferme du comté de Trumbull, dans l'Ohio.

Enfant, alors qu'il travaille à la ferme, il est marqué par plusieurs rencontres effrayantes avec des hommes aux prises avec l'alcool, qui l'impressionnent profondément, nourrissant chez lui une aversion durable pour les boissons alcoolisées[1].

Il entame des études secondaires à Sharon en Pennsylvanie puis à l'université d'arts libéraux de l'Ohio Oberlin College, où il se fait remarquer par ses qualités de débatteur. Il y rencontre Howard Hyde Russel qui a fondé une section de l’Anti-Saloon Ligue dans l’Ohio. Il obtient son diplôme en 1894[1].

Il entreprend des études de juriste tout en travaillant et il est diplômé en droit de la Western Reserve University en 1898 et c'est d'abord comme étudiant, qu'il s'engage alors dans la lutte pour la tempérance[1]. Après l'obtention de son diplôme, il rejoint l’Anti-Saloon League (ASL) et apprend à maîtriser son credo sur le terrain.

En 1901, il épouse Ella Belle Candy dont la fortune du père, sympathisant de l'ASL, lui assure une sécurité financière que son salaire à la Ligue ne lui procure pas encore[2]. Le couple aura trois fils.

En 1904, Wheeler devient surintendant de l'ASL de l'État de l'Ohio, et en 1906, s'y bat contre la réélection de Myron Timothy Herrick, populaire gouverneur de l'État. La défaite de celui-ci est la première victoire significative de Wheeler[3]. Wheeler occupe ce poste jusqu'en 1915[1].

National Anti-Saloon League

En 1905, trois États américains interdisent l'alcool. En 1912, le nombre de ces États est passé à neuf. Wheeler se rend à Washington où il devient membre du comité exécutif et l'avocat général de la National Anti-Saloon League[1].

Sous sa direction, la Ligue se concentre entièrement sur l'objectif de faire passer une législation stricte quant à la fabrication, au transport et à la consommation de l'alcool. Elle œuvre pour cela, essentiellement aux niveaux locaux et ne néglige pas le partenariat avec les églises. De son point de vue, la politique de répression est tout aussi importante que celle de l'éducation.

Il fait partie de la direction de l’American Issue Publishing Company, la compagnie qui porte les millions de publications de la l'Anti-Saloon Ligue, et du comité permanent de la World League Against Alcoholism, qui regroupe les ligues de tempérance d'une cinquantaine de pays[1].

Refusant de s'affilier à un quelconque courant politique, elle propose son appui aux candidats dont la position est comparable à la sienne dans le domaine de l'alcool. Wheeler développe alors des groupes de pression pour atteindre ses objectifs, initiant pour le États-Unis un des premiers lobbyismes connu sur le nom de « Wheelerisme »[1]. En 1916, la prohibition fait partie de la législation de 26 des 48 États de l'Union.

Wayne Wheeler est à considérer comme un des principaux acteurs de la mise en place de la prohibition de l'alcool aux États-Unis concrétisé par le Volstead Act, 18e amendement de la constitution des États-Unis voté en 1919 et dont Wheeler a rédigé l'ébauche[1]. Le Volstead Act n'interdit pas la consommation d'alcool mais la fabrication, la vente, le transport, l'importation et l'exportation des boissons contenant plus de 0,5 % d'alcool, à l'exception des boissons préparées au domicile privé, des breuvages médicaux ou encore du vin de messe. Le travail de Wheeler auprès des États pour la ratification de l'amendement permettra de rendre l’application de celui-ci en à peine treize mois[1] et la prohibition devient effective le .

Décès

Déçu par le manque de parole et les nombreuses défections pour intérêts personnels des militants qu'il avait promu à des postes de responsabilité, Wheeler démissionne en 1927 de son poste. Retiré dans sa maison d'été de Little Point Sable dans le Michigan, sa dernière année est marquée par une tragédie familiale : en août, à la suite de l'explosion d'une cuisinière à essence, son épouse est grièvement brûlée et le père de celle-ci, témoin de l'accident, succombe à une attaque cardiaque. Mme Wheeler meurt le lendemain. Wayne Wheeler meurt peu après, le , des suites d'une grave insuffisance rénale au sanatorium de Battle Creek[4].

Le 18e amendement est abrogé par F.D. Roosevelt dès son élection en 1933, mettant fin à la prohibition.

Caractère et influence

Très strict avec lui-même, bien souvent au détriment de sa vie personnelle et familiale, il regrette fréquemment le manque de rigidité de nombre de ses collaborateurs.

Wheeler a exercé une grande influence politique et est réputé, à travers cette influence, avoir exercé un choix décisif sur le choix des candidats à la présidence des États-Unis. Entièrement dévoué à son combat, virulent dans sa dénonciation de l'alcool et de son trafic, ses manœuvres dans le lobbying ont parfois manqué de scrupules[1].

Notes et références

  1. Ruth C. Engs, The Progressive Era's Health Reform Movement : A Historical Dictionary, éd. Greenwood Publishing Group, 2009, p. 352,354
  2. Daniel Okrent, Last Call: The Rise and Fall of Prohibition, éd. Simon and Schuster, 2010, p. 40
  3. Myron Herrick sera par la suite ambassadeur des États-Unis en France
  4. David Pietrusza, What Happened to the Men, Women and Institutions of David Pietrusza's « 1920: The Year of the Six Presidents », sur le site davidpietrusza.com, n.d., article en ligne

Bibliographie

Ouvrages

  • Charles Marshall Hogan, Wayne Wheeler : Single Issue Exponent, éd. University of Cincinnati, 1986
  • Daniel Okrent, Last Call: The Rise and Fall of Prohibition, éd. Simon and Schuster, 2010

Articles

  • David Hanson, « Wayne Bidwell Wheeler » in John A. Garraty et Mark C. Cames, (éds.), American National Biography, éd. Praeger, 1999, vol. 23, p. 144–145
  • Daniel Okrent, Wayne B. Wheeler : The Man Who Turned Off the Taps, in Smithsonian Magazine,

Voir aussi

Liens externes

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