Viverridae

Les Viverridés (Viverridae) sont une famille de mammifères carnivores féliformes, regroupant des espèces de genettes, de civettes et le binturong. Ce sont des animaux de taille moyenne avec un corps allongé et des pattes assez courtes. Ils sont arboricoles, plutôt nocturnes et ne dédaignent pas de compléter leur régime carné par des fruits.

Le seul représentant en Europe est la Genette commune autour du bassin méditerranéen. Les autres viverridés (genettes, civettes et binturongs) se rencontrent en Afrique et en Asie.

Les viverridés sont appréciés pour leur fourrure, certaines espèces ont des glandes péri-anales qui produisent une substance appelée « civette » utilisée en parfumerie. Enfin la viande de civette est consommée en Asie. Les scientifiques soupçonnent cette pratique d'être à l'origine de l'apparition d'une nouvelle forme de pneumonie virale sévère en 2002 : le SRAS[1].

Certains viverridés ronronnent[2] comme Genetta tigrina[3],[n 1] et Genetta genetta[4].

Étymologie

Le nom de la famille Viverridae est formé par dérivation du radical viverra et du suffixe -idae. Le radical est un emprunt lexical au latin viverra signifiant « furet » (laquelle espèce n'appartient d'ailleurs pas aux viverridés, mais aux mustélidés[n 2]) et le suffixe de dérivation -idae est un emprunt au grec ancien εἶδος, eidos « aspect extérieur », utilisé en zoologie pour nommer toutes les familles animales.

Description

Genette servaline, Genetta servalina (Afrique)

Les viverridés sont des carnivores de taille moyenne avec un corps allongé, filiforme et des pattes relativement courtes. Leur taille va d’environ 30 cm (sans la queue) à 100 cm et leur poids de kg à 14 kg. Ils portent une tête relativement petite avec un museau pointu et les oreilles dressées[5].

La plupart des espèces ont des rayures, des taches ou des bandes sur leur corps et leur queue est souvent cerclée de couleurs contrastées. Leurs griffes peuvent être entièrement, semi, ou pas du tout rétractiles.

La plupart ont des glandes périanales qui produisent une substance à forte odeur; chez certaines espèces, l'odeur est suffisamment puissante pour éloigner les prédateurs. La sécrétion de ces glandes, appelée civette, est utilisée comme base de parfum et comme médicament[5].

   Formule dentaire
mâchoire supérieure
3-4 3-4 1 3 3 1 3-4 3-4
3-4 3-4 1 3 3 1 3-4 3-4
mâchoire inférieure
Total : 32-40
Denture des Viverridae

La formule dentaire est 3/3, 1/1, 3-4/3-4 1-2/1-2 = 32-40. Les dents carnassières, pour cisailler la viande, sont bien développées.

Répartition et habitat

Les viverridés sont originaires de l’Europe du Sud, de l’Afrique et de l’Asie. Ils ont rayonné à Madagascar. L’unique représentant européen est la genette commune (Genetta genetta) qui vit autour du bassin méditerranéen.

Ils vivent généralement dans les forêts, la savane, les montagnes et surtout la forêt tropicale.

Écologie

La plupart des viverridés sont des chasseurs nocturnes. qui se nourrissent de petits vertébrés, d’insectes, de vers, crustacés et mollusques. Certains sont probablement des carnivores stricts alors que d’autres inclus des fruits et des racines dans leur régime[6].

Ils sont fortement arboricoles. Ils ne vivent pas en groupe[5].

Certains viverridés ronronnent comme la genette tigrine (Genetta tigrina), et genette commune (Genetta genetta).

On peut observer leur « crottier », judicieusement situé sur un replat rocheux dominant les bocages et les fourrés, où ils déposent, jour après jour, des excréments de taille impressionnante et leurs empreintes (à cinq doigts, mais semblables à celles du chat lorsque seuls quatre doigts marquent). Leurs voix peuvent être confondues avec celle du renard.

Histoire de la nomenclature

Georges Cuvier (1769-1832) donna une impulsion à la zoologie en appuyant ses études sur l’anatomie comparée et en particulier sur le squelette et les dents des mammifères. Il reprit la méthode de classification naturelle de Antoine-Laurent de Jussieu en botanique, et proposa en 1797-8 puis 1817 une classification du Règne animal[7] dans laquelle la tribu des Digitigrades (de la famille des Carnivores) regroupe les genres Viverra (civette, genette, fossa, mangouste, suricates), avec les genres Ursus, Procyon, Coatis et Meles.

En 1821, dans On the natural arrangement of vertebrose animals, John Edward Gray [8] met sous les Digitigrades, la famille des Viveridae (orthographée par Gray sans redoublement du r) comportant les espèces :

  • la civette Viverra, Viverra civetta L.
  • la genette Genetta, Viverra genetta L.
  • la mangouste, Herpestes. Illeg. Viverra ichneumon L.
  • le suricate, Ryzaeus. Illig. Viverra tetradactylus L.

C’est-à-dire que le taxon « genre » de Cuvier (Viverra) a été monté au rang taxonomique de « famille » (Viveridae) avec certaine modification de contenu en genres et espèces. Les genres sont alors Viverra, Genetta, Herpestes et Suricata.

Les viverridés constituent la famille la plus primitives de toutes les familles de Carnivora féliformes et sont clairement moins spécialisés que les Felidae. C’est une des familles les plus problématique des carnivores[9].

En 1833, Edward Turner Bennett décrit la fossa de Madagascar (Cryptoprocta ferox) et subordonne le genre Cryptoprocta aux Viverridae[10]. Toutefois, une analyse moléculaire et morphologique a suggéré que le genre Cryptoprocta n’appartient pas aux Viverridae mais aux Eupleridae.

En 1864 [1865], J. E. Gray proposa une révision des genres et espèces de la famille des Viverridae[11]. Il distingua les sous-familles suivantes:

Hunt (2001) regroupe les membres de cette familles en 6 sous-familles : Prionodontinae, Viverrinae , Euplerinae, Cryptoproctinae, Hemigalinae et Paradoxurinae[12]. À la suite d'une étude de 2003[13], les espèces de la sous-famille Euplerinae sont actuellement regroupées avec une ancienne sous-famille de la famille des herpestidés, les galidinés, au sein de la famille Eupleridae.
L'ancienne sous-famille Prionodontinae est maintenant une famille placée à la base des féliformes[14].

Systématique

Pour Wilson & Reeder[9], iI existe 33 espèces de viverridés classées en 3 sous-familles :

Phylogénie

Les relations phylogéniques des Viverridae sont montrées dans le cladogramme suivant [15],[16]

 Viverridae 

 Paradoxurinae 



 Paradoxurus 



Golden palm civet P. zeylonensis



Jerdon's palm civet P. jerdoni





Asian palm civet P. hermaphroditus



 Macrogalidia 

Sulawesi palm civet M. musschenbroekii



 Paguma 

Masked palm civet P. larvata



 Arctictis 

Binturong A. binturong



 Arctogalidia 

Small-toothed palm civet A. trivirgata



 Hemigalinae 
 Cynogale 

Otter civet C. bennettii



 Chrotogale 

Owston's palm civet C. owstoni



 Diplogale 

Hose's palm civet D. hosei


 Hemigalus 

Banded palm civet H. derbyanus






 Viverrinae 
 Viverrinae 

 Viverra 



Malabar large-spotted civet V. civettina



Large-spotted civet V. megaspila




Large Indian civet V. zibetha




Malayan civet V. tangalunga



 Civettictis 

African civet C. civetta



 Viverricula 

Small Indian civet V. indica



 Genettinae 
 Poiana 

West African oyan P. leightoni



Central African oyan P. richardsonii



 Genetta 


Abyssinian genet G. abyssinica



Haussa genet G. thierryi





Giant forest genet G. victoriae




Johnston's genet G. johnstoni






Aquatic genet G. piscivora



Servaline genet G. servalina




Crested servaline genet G. cristata





South African small-spotted genet G. felina



Common genet G. genetta




Cape genet G. tigrina




G. letabae



Schouteden’s genet G. schoutedeni



Rusty-spotted genet G. maculata





Angolan genet G. angolensis



Pardine genet G. pardina





Bourlon's genet G. bourloni



King genet G. poensis














Voir aussi

Le Chien viverrin (Nyctereutes procyonoides) malgré un nom lui aussi basé sur la même racine latine, n'appartient pas à la famille des Viverridae mais à celle des Canidés

Références externes

Notes

  1. Ronronnement d’une Génette tigrine sur Robert Eklund’s Ingressive Phonation & Speech Page.
  2. Au premier siècle, l’encyclopédiste romain Pline (HN, VIII, 218), décrit comment les chasseurs utilisent le furet (viverra) pour extirper les lapins de leurs terriers.

Références

  1. Hayes KH Luk, Xin Li, et al, « Molecular epidemiology, evolution and phylogeny of SARS coronavirus », Infection, Genetics and Evolution, vol. 71, , p. 21-30 (lire en ligne)
  2. (en) Gerald E. Weissengruber, Gerhard Forstenpointner, Sandra Petzhold, Claudia Zacha et Sibylle Kneissl, Anatomical Imaging, Tokyo, Springer, , 1re éd. (ISBN 978-4-431-76932-3, lire en ligne), « Anatomical Peculiarities of the Vocal Tract in Felids », p. 15-21.
  3. (en) http://roberteklund.info, « Robert Eklund’s Ingressive Phonation & Speech Page », sur http://www.ida.liu.se, IDA, (consulté le ).
  4. (en) Robert Eklund, Gustav Peters et Elizabeth D. Duthie, « An acoustic analysis of purring in the cheetah (Acinonyx jubatus) and in the domestic cat (Felis catus) », Proceedings of Fonetik, , p. 17–22 (lire en ligne [PDF]).
  5. (en) Référence Animal Diversity Web : Viverridae
  6. manimalworld, « Viverridae » (consulté le )
  7. Georges Cuvier, Le règne animal distribué d'après son organisation : pour servir de base à l'histoire naturelle des animaux et d'introduction à l'anatomie comparée. L'introduction, les mammifères et les oiseaux. T. 1, Volume 2, Chez Deterville, , cf. page 156 p. (lire en ligne)
  8. J. E. Gray, « On the natural arrangement of vertebrose animals », The London Medical Repository, monthly journal and Review, vol. XV, no 1, , p. 296-
  9. Wilson & Reeder Mammal Species of the world (3e edition), « Viverridae » (consulté le )
  10. Bennett, E. T., « Notice of a new genus of Viverridous Mammalia from Madagascar », Proceedings of the Zoological Society of London, vol. 46, (lire en ligne)
  11. Gray J. E., « A revision of the genera and species of viverrine animals (Viverridae) founded on the collection in the British Museum », Proceedings of the Zoological Society of London, , p. 502-579 (lire en ligne)
  12. Hunt R.M. Jr, « Basicranial anatomy of the living linsangs Prionodon and Poiana (Mammalia, Carnivora, Viverridae), with comments on the early evolution of Aeluroid Carnivorans. », American Museum Novitates, vol. 3330, no 1, , p. 1-24
  13. A. Yoder, M. Burns, S. Zehr, T. Delefosse, G. Veron, S. Goodman, J. Flynn. 2003. Single origin of Malagasy Carnivora from an African ancestor. Nature, 421 : 734-737.
  14. Barycka, E. (2007). Evolution and systematics of the feliform Carnivora. Mammalian Biology 72: 257–282.
  15. P. Gaubert et P. Cordeiro-Estrela, « Phylogenetic systematics and tempo of evolution of the Viverrinae (Mammalia, Carnivora, Viverridae) within feliformians: implications for faunal exchanges between Asia and Africa », Molecular Phylogenetics and Evolution, vol. 41, no 2, , p. 266–278 (PMID 16837215, DOI 10.1016/j.ympev.2006.05.034, lire en ligne )
  16. K. Nyakatura et O. R. P. Bininda-Emonds, « Updating the evolutionary history of Carnivora (Mammalia): a new species-level supertree complete with divergence time estimates », BMC Biology, vol. 10, , p. 12 (PMID 22369503, PMCID 3307490, DOI 10.1186/1741-7007-10-12)
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