Vision binoculaire

La vision binoculaire est un mode de vision dans lequel les deux yeux sont utilisés simultanément. Le mot binoculaire vient du latin : bini pour « double » et oculus pour « yeux ». Le fait de voir avec deux yeux confère au moins quatre avantages par rapport au fait d'en avoir un seul :

  • il laisse au sujet la possibilité de conserver la vue même en cas de perte d'un œil ;
  • il donne un champ de vision plus large. Par exemple, les humains ont un maximum de champ de vision horizontal de 180 degrés environ avec les deux yeux, chaque œil ayant un champ d'environ 150 degrés (90° du côté temporal et 60° du côté nasal), ce qui permet d'avoir un champ de vision binoculaire de 120° flanqué de deux champs monoculaires d'environ 40 degrés;
  • il donne une sommation binoculaire augmentant la capacité de détecter des objets faiblement lumineux ;
  • il permet une vision stéréoscopique permettant une appréciation précise des distances. La vision binoculaire est en effet normalement accompagnée de la fusion par le cerveau des deux images perçues par les yeux en une seule, mais avec la conscience des distances.
Schéma de la vision binoculaire humaine.

Charles Wheatstone a décrit pour la première fois en 1838 le principe de la perception du relief grâce à la vision binoculaire. Il l'explique à l'aide du stéréoscope à miroirs qu'il a inventé[1].

Champ de vision et mouvements des yeux

Le champ de vision chez le kiwi est caractérisé par un champ binoculaire de 11°, un champ monoculaire de 229° et un angle aveugle de 120°[2].

Certains animaux, généralement des proies d'autres animaux, ont leurs deux yeux placés sur les côtés de la tête pour leur permettre d'avoir le plus grand champ de vision possible. C'est le cas par exemple des lapins, des buffles et des antilopes. Chez ces animaux, les yeux se déplacent souvent de façon indépendante pour accroître le champ de vision. Même sans bouger les yeux, certains oiseaux ont un champ de vision de 360°[3].

D'autres animaux, généralement prédateurs, ont les deux yeux placés sur le devant de la tête, ce qui leur permet d'avoir une vision binoculaire et stéréoscopique, mais réduit leur champ de vision. C'est le cas par exemple des aigles, des loups et des serpents. Les yeux de ces animaux bougent généralement ensemble[3].

Cette règle n'est pas universelle. Certains animaux prédateurs, en particulier les plus grands, comme les grands cachalots et les orques, ont leurs deux yeux placés sur les côtés de la tête. D'autres animaux, qui ne sont pas nécessairement prédateurs, tels que les chauves-souris frugivores et certains primates, ont aussi les yeux orientés vers l'avant. Ce sont généralement des animaux qui ont besoin de l'appréciation des distances, la vision binoculaire améliorant leur capacité à cueillir un fruit choisi ou à repérer et saisir une branche particulière, surtout dans leur fuite.

Certains animaux (y compris certains humains, notamment exotropes) utilisent les deux systèmes ci-dessus. Un étourneau, par exemple, a les yeux placés latéralement pour couvrir un large champ de vision, mais il peut aussi les orienter suffisamment vers l'avant pour que leurs deux champs se chevauchent, leur donnant une vision stéréoscopique. Un autre exemple remarquable est le caméléon, dont les yeux semblent montés sur des tourelles, chacun se déplaçant indépendamment de l'autre, vers le haut ou vers le bas, à gauche ou à droite. Néanmoins, le caméléon peut faire converger ses yeux sur un seul objet, ce qui lui permet d'avoir une vision stéréoscopique quand il chasse.

Notes et références

  1. (en) C. Wheatstone, « Contributions to the physiology of vision. Part I. On some remarkable, and hitherto unobserved, phenomena of binocular vision », Philosophical Transactions of the Royal Society of London, no 128, , p. 371-94 (lire en ligne).
  2. (en) Graham R. Martin , Kerry-Jayne Wilson, J. Martin Wild, Stuart Parsons, M. Fabiana Kubke, Jeremy Corfield, « Kiwi Forego Vision in the Guidance of Their Nocturnal Activities », PLOS One, vol. 2, no 2, (DOI 10.1371/journal.pone.0000198).
  3. Yves Le Men, La vision dans le monde animal, AlterPublishing, , p. 231.

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