Virginie Demont-Breton

Virginie Élodie Marie Thérèse Demont-Breton, dite Virginie Demont-Breton, née le à Courrières et morte le à Paris, est une artiste peintre et femme de lettres française.

Peintre de genre, son œuvre illustre principalement la vie des pêcheurs du Pas de Calais. Elle est la fille du peintre Jules Breton (1827-1906).

Biographie

Villa le Typhonium, de style néo-égyptien, demeure de Virginie Demont-Breton et de son époux à Wissant.

Virginie Breton est la fille de Jules Breton et la nièce d'Émile Breton, tous deux peintres reconnus. Elle épouse le peintre Adrien Demont en 1880. Le couple eut trois filles, Louise, Adrienne et Éliane.

Sa carrière artistique est précoce. Elle expose au Salon des artistes français dès 1880 et obtient une médaille d’or à l’Exposition universelle d’Amsterdam (en) en 1883 puis aux Expositions universelles de 1889 et 1900[1].

En 1890, elle s'installe à Wissant, petit village de la Côte d'Opale, entre les caps Blanc-Nez et Gris-Nez où, l'année suivante, le couple fait construire le Typhonium, une villa de style néo-égyptien, par son oncle[2], l'architecte belge Edmond De Vigne[3].

Virginie Demont-Breton adhère à l’Union des femmes peintres et sculpteurs en 1883, et en devient la présidente de 1895 à 1901. Elle est, avec son époux Adrien Demont, à l'initiative du groupe de Wissant ou école de Wissant, qui rassemble des artistes auprès d'eux vers 1890-1900.

Augustin Lesieux, marbrier et sculpteur à Paris, a réalisé un buste de Virginie Demont-Breton conservé au musée de la Chartreuse de Douai[4].

Le sculpteur Edouard Houssin, ami de Virginie Demont-Breton, lui exécute également un buste ainsi qu'a tous les membres de sa famille.

Elle est nommée chevalier de la Légion d'honneur en 1894[5]. En 1896, elle est nommée Rosati d'honneur[6].

Œuvres

Sa première période présente principalement des portraits et des scènes historiques ou mythiques, traités de manière académique et réaliste. Après sa découverte de Wissant, ses toiles, parfois monumentales, s'attachent à peindre la vie des pêcheurs, prennent une tonalité plus sociale et relèvent du mouvement du naturalisme. Elle croque à l'envi les pêcheurs, leurs familles et les enfants de Wissant au milieu des vagues ou de la mer déchainée[7].

Certaines de ses œuvres sont conservées dans les musées d'Amiens, d'Arras, de Boulogne-sur-Mer, de Calais, de Douai, de Lille, de Paris, d'Amsterdam, d'Anvers et de Gand.

Galerie

Engagement pour la cause des femmes artistes

Virginie Demont-Breton avait un désir profond de voir les femmes artistes réussir dans un domaine professionnel jusqu’alors hostile à la réception des femmes. Elle dénonce ainsi en 1896 le handicap de celles-ci consistant à identifier le génie artistique au génie masculin :

« Quand on dit d’une œuvre d’art : “C’est de la peinture ou de la sculpture de femme”, on entend par là “C’est de la peinture faible ou de la sculpture mièvre”, et quand on a à juger une œuvre sérieuse due au cerveau et à la main d’une femme, on dit : “C’est peint ou sculpté comme par un homme”. Cette comparaison de deux expressions convenues suffit à prouver sans qu’il soit nécessaire de la commenter, qu’il y a un parti pris d’avance contre l’art de la femme. »

Virginie Demont-Breton adhère à l’Union des femmes peintres et sculpteurs en 1883, et en devient la présidente de 1895 à 1901. Sous sa présidence l’association prend un nouvel essor, elle obtient notamment avec Hélène Bertaux l’entrée officielle des femmes à l’École des Beaux-Arts et le droit de concourir pour le Prix de Rome.

Elle fait partie de la délégation de femmes françaises artistes présentées à l'Exposition universelle de 1893 à Chicago, regroupées dans le Woman's Building[8].

L'Homme est en mer, Vincent van Gogh

Virginie Demont-Breton expose au Salon de 1889 son tableau L'Homme est en mer. Quelques mois plus tard, Vincent van Gogh, souffrant alors de crises de folie, entre à l'asile Saint Paul de Mausole à Saint-Rémy-de-Provence et y exécute une reproduction de ce tableau d'après une gravure.

Publications

Premier Noël (1895)
  • Tendresses dans la tourmente, [1914-1919, poésies], Alphonse Lemerre, 1920, 249 pages.
  • Les maisons que j'ai connues, Paris, Plon-Nourrit, 1926-1930, 4 tomes[9].
  • Premier Noël, 1895, Paris-Noël.

Références

  1. René Édouard-Joseph, Dictionnaire biographique des artistes contemporains, tome 1, A-E, Art & Édition, 1930,p. 383
  2. « Les carnets de route de « Ma Loute » : un château en Espagne pour les Van Peteghem (5/6) », sur Le Monde.fr (consulté le )
  3. Cette villa est inscrite aux monuments historiques depuis le (Notice no PA00108453, base Mérimée, ministère français de la Culture).
  4. Notice no 000SC019452, base Joconde, ministère français de la Culture.
  5. « Cote 19800035/216/28304 », base Léonore, ministère français de la Culture
  6. Archives de la ville de Fontenay-aux-Roses.[source insuffisante]
  7. Yann Gobert-Sergent, « Virginie Demont-Breton (1859-1935), Peintre et témoin de la vie des marins de la Côte d’Opale », in Revue Boulogne et la Mer, no 14, juillet 2008, p. 4-7.
  8. (en)« French Women Painters: 1893 Chicago World's Fair and Exposition » par K.L. Nichols, sur arcadiasystems.org, en ligne.
  9. « Les maisons que j'ai connues », sur gallica.bnf.fr

Annexes

Bibliographie

  • Annette Bourrut Lacouture, "Virginie Demont-Breton (1859-1935), peintre de Wissan : La famille, la mer et les mythes fin de siècle" Bononia. Bulletin de l'Association des Amis des Musées de Boulogne-sur-Mer, 1991-92, nos. 19-20, p. 36-45
  • Emile Poiteau, Ceux de chez nous : Adrien Demont et Virginie Demont-Breton , Arras, Imprimerie centrale de l'Artois, 1925, 351 p.
  • Yann Gobert-Sergent, « Virginie Demont-Breton (1859-1935), Peintre et témoin de la vie des marins de la Côte d’Opale », Revue Boulogne et la Mer, no 14, , p. 4-7.
  • Collectif, Visages de Terre et de Mer - Regards de peintres à Wissant à la fin du 19e siècle, Michèle Moyne-Charlet, Anne Esnault, Annette Bourrut Lacouture, Yann Gobert-Sergent, Édition du Pas-de-Calais, Silvana Editoriale, , 135 pages, (ISBN 9788836629299).
  • Yann Gobert-Sergent, « Peindre la Nature à la fin du 19ème siècle : le Fort de l’Heurt par Virginie Demont-Breton, Émile Maillard et Henri-Arthur Bonnefoy », Cercle Historique Portelois, , p. 11–17.
  • Yann Gobert-Sergent, « Le peintre Henri Rovel  (1849-1926), Un artiste vosgien ami de Virginie Demont-Breton et d'Adrien Demont », Cahiers du Patrimoine Boulonnais, no 80, 2e semestre 2019.
  • Yann Gobert-Sergent, « Virginie Demont-Breton, peintre de la mer et adepte de la démesure architecturale », La Gazette du Patrimoine, page 57, .
  • Anne Moitel, Anne Delage, Yann Farinaux-Le Sidaner, Yann Gobert-Sergent, in « Intimité(s), Les peintres de la Côte d'Opale », département du Pas-de-Calais, édition Invenit, Lille, 2020, 96 pages.

Liens externes

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