Violine

D'abord nom d'une substance extraite de la violette, violine désigne quelques années plus tard une teinture d'aniline, puis, dans le domaine de la mode, une couleur, ou toute couleur, tendant sur le violet.

Pour l’article homonyme, voir Violine (bande dessinée).

Le terme violine a aussi quelques acceptions plus rares, soit comme diminutif de viole, soit comme nom régional d'une poire dont la forme rappelle celle de cet instrument. Violine est aussi le prénom d'un personnage féminin du Décaméron de Boccace et de la pièce La reine Fiammette de Catulle Mendès (1889).

Historique du terme

La violine est une substance toxique émétique extraite de la fleur appelée violette ou pensée par Boullay en 1828, qui lui donne ce nom[1].

La violine est aussi un colorant d'aniline. En 1859, le chimiste britannique David Price dépose en Angleterre et en France un brevet pour des colorants d'aniline.

« Les matières colorantes que l'auteur produit, comprennent des nuances de pourpre et de rose. À trois de ces nuances il donne les noms distincts de violine, purpurine, et roséine. Elles sont préparées de la manière suivante : pour le pourpre foncé ou violine, il fait usage d'un sel convenable d'aniline, donnant la préférence au sulfate »

 Le génie industriel, 1861[2].

L'Oxford English Dictionnary définit la couleur comme « violet-bleu ». Le terme « purple » a en anglais une acception plus large que le français pourpre, s'étendant jusqu'au violet[3].

Les progrès dans la fabrication de teintures d'aniline sont rapides, et la variété de Price se joint au catalogue de son employeur, William Henry Perkins[4]. Le nom, traité d'« arbitraire » par des chimistes[5] reste associé à la variété qui donne le violet-bleu ; bien que les dictionnaires mentionnent plutôt la substance émétique[6].

En 1863, le nom de la teinture est celle d'une couleur à la mode. « Un autre charmant modèle est en velours plain nuance violine. Les brides du même chapeau sont en taffetas blanc, découpées plus larges du bas et à moitié bordées d'un biais en velours violine[7] », le nom de couleur encore nouveau est en italique la première fois. Il n'est pas oublié en 1867 : « le haut d'une manche en faye violine unie comme la sous-jupe[8] », mais pour Le Petit Journal, c'est encore une « nuance nouvelle » début 1868[9].

Le sens s'atténue ensuite pour signifier tendant sur le violet : « Le chapeau va tenir une place plus que jamais importante cet hiver dans la toilette des dames. (…) toutes les nuances violines, depuis le Parme jusqu'au Pétunia, en passant par tous les tons de cette gamme si variée et si douce », lit-on dans Le Figaro en 1894[10]. Par la suite, comme violine est opposé à vieux rose et à mauve, il ne peut s'agir que de teintes assez sombres[11].

En 1891, une « étoffe nouvelle, à petits damiers crème et mauve-lilas, est baptisée violine[12] ».

Voir aussi

Articles connexes

Notes et références

  1. Encyclopédie Panckoucke Tome 13, Médecine Jacques-Louis Moreau, Médecine, Paris, Panckoucke, veuve Agasse, Liège, Plamtoux, (lire en ligne), p. 469 « Violine ».
  2. Price, « Perfectionnements dans la production des couleurs pour la teinture et l'impression par M. Price », Le génie industriel, Paris, (lire en ligne) ; l'article « Violine » de l'Oxford English Dictionnary donne le texte anglais : « The coulouring matters I produce embrace shades of purple and pink. Three of these I name respectively 'violine', 'purpurine' and 'roseine'. »
  3. Voir les articles Pourpre, Violet et Mauve (couleur).
  4. (en) Carsten Reinhardt, Heinrich Caro and the Creation of Modern Chemical Industry, Kluwer, (lire en ligne), p. 50, 102.
  5. Jules Pelouze et Edmond Frémy, Traité de chimie générale, analytique, industrielle et agricole, vol. 3, t. 6, Paris, Masson, (lire en ligne).
  6. Nouveau dictionnaire universel, 1865 « Violine », sur gallica.bnf.fr.
  7. Louise de Nogarel, « Quoi de nouveau », Le journal des coiffeurs, (lire en ligne)
  8. Louise de Nogarel, « Gravure », Le journal des coiffeurs, (lire en ligne).
  9. « Une toilette par jour », sur gallica.bnf.fr. Ce journal fait profession de ne pas suivre la mode.
  10. Parisette, « La dernière mode », Le Figaro, (lire en ligne). Italiques dans le texte.
  11. « requête violine dans Le Figaro », sur gallica.bnf.fr.
  12. Marianne, « La Mode », Le Radical, (lire en ligne) ; « Chronique de la mode », Universel-Mode, (lire en ligne) précise que c'est de la laine.
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