Villa des Papyrus

La villa des Papyrus est une villa d'Herculanum, ayant probablement appartenu à Pison, beau-père de Jules César. Elle a été ensevelie par l'éruption du Vésuve en 79 et dégagée lors de fouilles archéologiques en 1750, commandées par Charles de Bourbon. Par la richesse des découvertes effectuées, ainsi que par l'importance de son architecture, la villa est exceptionnelle. Elle fait à nouveau l'objet de fouilles depuis la fin des années 1990.

Villa des Papyrus

Jeune danseur.
Localisation
Pays Italie
Lieu Herculanum
Type villa romaine
Coordonnées 40° 48′ 27″ nord, 14° 20′ 41″ est
Géolocalisation sur la carte : Italie
Villa des Papyrus
Histoire
Époque Ier siècle av. J.-C.
Construit probablement par Calpurnius Pison

Histoire des fouilles

Cette grande villa suburbaine fut découverte de façon fortuite en 1750 lors du creusement d'un puits. Elle se situait à quelque distance de l'Herculanum antique, dont elle était séparée par le lit d'un ancien ruisseau. Face à la mer, dans un espace très salubre, la villa était parfaitement reliée aux villes et installations situées à proximité[1].

Malgré le grand intérêt du site, les explorations furent abandonnées en 1761 en raison de l'accumulation dangereuse dans les galeries de gaz carbonique d'origine volcanique[2],[3]. La reprise de fouilles, à ciel ouvert cette fois, a été organisée dans les années 1996-1998.

Cette villa a été reconnue par certains comme la résidence secondaire de bord de mer de Lucius Calpurnius Piso Caesoninus, beau-père de Jules César. Piso, érudit qui a patronné des poètes et des philosophes, y constitua une bibliothèque, à ce jour la seule de l’Antiquité à nous être parvenue en l’état[4], dans son intégralité[5]. L'attribution de la villa au beau-père de César est toutefois contestée[6].

Architecture

Plan de la villa des Papyrus, dressé au XVIIIe siècle par Charles Weber
Reconstitution de la villa des Papyrus à Pacific Palisades, quartier de Los Angeles, en Californie transformé en musée, la « Villa Getty »

Le plan de la villa est conforme au type de la villa suburbaine répandu dans la baie de Naples : l'atrium ne sert que de vestibule contrairement à la maison traditionnelle où il sert d'espace central pour la famille. Les pièces à vivre sont réparties autour de péristyles et terrasses, pour des raisons de luminosité. La villa possède également un vaste jardin où sont présents espaces à couvert et dégagés afin de profiter du soleil[7]. L'entrée du côté de la mer possédait un portique à colonnes. Elle permettait d'accéder à l'atrium qui était richement décoré : l'impluvium était orné de statuettes, de même pour des niches aménagées[8].

Le premier péristyle était de forme carrée et au milieu se situait une piscine aux angles ornés d'une fontaine en forme de coquille et de statuettes de bronze. À l'est de cet espace se situaient des pièces destinées à l'habitat et aux loisirs, et dans une de celles-ci furent trouvés les papyrus ayant donné leur nom à la villa[8]. À l'ouest se situait un vaste péristyle de 100 mètres de long sur 37 mètres de large, avec une piscine aux dimensions de 66 mètres de long sur 7 mètres de large[9]. Le long de l'ambulacrum et dans tout l'espace lié à ce grand péristyle les fouilleurs découvrirent « une véritable galerie d'œuvres d'art » témoignant du goût du maître des lieux : groupes d'animaux, de danseuses, représentations de faunes, de philosophes, etc[10]. Vers l'ouest, au-delà du grand péristyle, une allée conduit à un kiosque rond situé sur un belvédère surplombant la campagne de quatre mètres. La villa était alimentée en eau par un aqueduc souterrain[10].

Découvertes

Les fouilleurs en ont extrait une remarquable série de statues en bronze, ainsi que bustes (Épicure) et statues, copies lapidaires de bronzes grecs d'époque classique (le Doryphore (Polyclète)).

Bibliothèque des papyrus

Elle contient aussi la bibliothèque de 1 838 rouleaux de papyrus qui furent préservés, les boues brûlantes ayant instantanément enrobé les rouleaux. Cet ensemble comprend de nombreux papyrus intéressants, en particulier dans le domaine de la philosophie grecque (fragments du De la nature en six livres de Lucrèce, textes épicuriens de Philodème de Gadara), dont certains en plusieurs exemplaires.

Tous les papyrus découverts dans les années 1752-1754 n'ont pas encore été récupérés.

Les rouleaux de papyrus sont conservés à la Bibliothèque nationale de Naples. Les rouleaux carbonisés sont particulièrement fragiles, mais certains ont pu être déroulés, avec des degrés variables de succès et des destructions.

En 2014, une équipe internationale, regroupant notamment des chercheurs français du CNRS et italiens du CNR, a réussi à déchiffrer quelques mots de certains papyrus et ce, sans les dérouler ou les fragiliser davantage. Ils ont pour cela utilisé une technique d'imagerie particulière utilisant des rayons X et la tomographie X en contraste de phase à l'European Synchrotron Radiation Facility[11],[12],[13]. Le papyrus étudié, désigné sous le nom de PHerc.Paris.4, serait un écrit de Philodème de Gadara[14].

Sculptures de la villa des Papyrus

Les fouilles ont commencé en 1750. Depuis cette date, le tablinum en forme d'exèdre, qui reproduisait l’ephebeum d'un gymnase grec, a livré des sculptures en bronze et en marbre, comme un torse féminin, deux bustes de flamines et des reproductions de l'Héraclès de Polyclète et de l'Athéna Promachos[15] : dans la Villa des Papyri ont été trouvés un total de quatre-vingt-sept statues, dont cinquante-huit en bronze et le reste en marbre[16], réalisées au Ier siècle avant J.-C. sur des modèles grecs des IVe et IIIe siècles avant JC[17].

Notes et références

  1. Maiuri 1955, p. 76-78.
  2. Maiuri 1932, p. 84-87.
  3. Maiuri 1955, p. 76.
  4. Maiuri 1955, p. 78.
  5. Delattre 2006, p. 28.
  6. Sauron 1980, p. 281.
  7. Maiuri 1955, p. 78-80.
  8. Maiuri 1955, p. 80.
  9. Maiuri 1955, p. 80-81.
  10. Maiuri 1955, p. 81.
  11. Le monde.fr du 20 janvier 2015, Des papyrus antiques carbonisés déchiffrés à la lumière des rayons X.
  12. Site de science et avenir du 20 janvier 2015, Les papyrus d'Herculanum livrent de nouveaux secrets. « Copie archivée » (version du 8 avril 2016 sur l'Internet Archive)
  13. Le point du 28 janvier 2015 Une nouvelle méthode pour déchiffrer les papyrus carbonisés d'Herculanum.
  14. Communiqué de presse du CNRS.
  15. Maria Paola Guidobaldi, Villa dei Papiri, Naples, La Moderna Stampa, 2003, p. 3.
  16. Arnold De Vos, Mariette De Vos, Pompei, Ercolano, Stabia, Rome, Editori Laterza, 1982, p. 262.
  17. Maria Paola Guidobaldi, Villa dei Papiri, Naples, La Moderna Stampa, 2003, p. 2.

Sources

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Alix Barbet, Les cités enfouies du Vésuve : Pompéi, Herculanum, Stabies et autres lieux, Paris, Fayard, , 232 p. (ISBN 978-2-213-60989-8)
  • Marcel Brion, Pompéi, Herculanum, Monaco, Édition du Cap, , 235 p. (OCLC 459616928)
  • Egon Caesar Corti, Vie, mort et résurrection d'Herculanum et de Pompéi, Paris, Libraires associés, coll. « Club des libraires de France / Destins de l'art » (no 13), , 239 p. (notice BnF no FRBNF32969293)
  • Daniel Delattre, La Villa des Papyrus et les rouleaux d'Herculanum : La Bibliothèque de Philodème, Liège, Éditions de l'université de Liège, , 157 p. (ISBN 978-2-87456-023-1, lire en ligne)
  • (it) Arnold DeVos et Mariette DeVos Raaijmakers, Pompei, Ercolano, Stabia : Herculaneum and the villas destroyed by Vesuvius, Rome, Laterza, coll. « Guide archeologiche Laterza » (no 11), , 380 p. (ISBN 978-88-420-2001-1)
  • (en) Wilhelmina Mary Feemster Jashemski et Stanley A. Jashemski, The gardens of Pompeii : Herculaneum and the villas destroyed by Vesuvius, New Rochelle, Caratzas Bros, , 372 p. (ISBN 978-0-89241-096-5)
  • Amedeo Maiuri, Herculanum, Paris, Alpina, , 108 p. (OCLC 1041560)
  • Amedeo Maiuri, Herculaneum, Rome, Libreria dello Stato, , 4e éd., 132 p. (OCLC 919909910)
  • Gilles Sauron, « Templa Serena : À propos de la « Villa des Papyri » d'Herculanum, contribution à l'étude des comportements aristocratiques romains à la fin de la République », Les Mélanges de l’École française de Rome – Antiquité, no 92, , p. 277-301 (ISSN 0223-5102, lire en ligne, consulté le )
  • (en) Andrew Wallace-Hadrill, Houses and society in Pompeii and Herculaneum, Princeton, Princeton University Press, , 244 p. (ISBN 978-0-691-06987-6)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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