Vignoble de Champagne

Le vignoble de Champagne est un vignoble français situé sur le territoire de l'ancienne province de Champagne. Il s'étend principalement en région Grand Est (Aube, Marne), mais aussi sur les départements voisins de l'Aisne et de Seine-et-Marne, en partie issus de cette province.

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Champagne

Le vignoble champenois à Passy-Grigny

Désignation(s) Champagne
Appellation(s) principale(s) champagne, coteaux-champenois, rosé des Riceys, haute-marne et coteaux-de-coiffy
Type d'appellation(s) AOC-AOP et IGP
Reconnue depuis décret-loi du
Pays France
Région parente vignoble de Champagne
Sous-région(s) côte des blancs,
côte des Bar,
montagne de Reims et
vallée de la Marne
Localisation Marne, Aube, Aisne, Haute-Marne et Seine-et-Marne
Climat tempéré océanique à légère tendance continentale
Ensoleillement
(moyenne annuelle)
Environ 1 700 heures par an[1]
Sol calcaires, parfois marneux
Superficie plantée 34 300 hectares[2]
Nombre de domaines viticoles 4 776 récoltants expéditeurs, 132 coopératives[3] et 293 négociants
Cépages dominants 39 % pinot noir N, 32 % pinot meunier N, 29 % chardonnay B[4]
Vins produits mousseux, rouges, rosés et blancs
Production 2 540 000 hectolitres en 2010, équivalent à 352 millions de bouteilles[5]
Rendement moyen à l'hectare 12 276 kilogrammes par hectare en moyenne en 2009, soit environ 76 hectolitres par hectare

Coordonnées 49° 08′ 31″ nord, 4° 08′ 53″ est
Pays France
Subdivision Champagne-Ardenne
Type Culturel
Critères (iii), (iv), (vi)
Superficie 1 102 ha
Zone tampon 4 230 ha
Numéro
d’identification
1465
Zone géographique Europe et Amérique du Nord **
Année d’inscription 2015 (39e session)
Géolocalisation sur la carte : France
* Descriptif officiel UNESCO
** Classification UNESCO

Le vin le plus connu de cette grande région viticole est le renommé vin de Champagne (ou tout simplement champagne). Cependant la Champagne ne produit pas seulement du vin de Champagne, on y trouve aussi des vins plus classiques comme le rosé des Riceys, ou encore des vins rouges, blancs et rosés, autrefois appelés « vins nature de Champagne » et qui depuis 1974, date d'obtention du label AOC, sont appelés coteaux-champenois. Ils sont les descendants des vins tranquilles qui concurrençaient les vins de Bourgogne.

Historique

Moyen Âge

Le vignoble de Champagne a une longue histoire. On considère que sa création définitive est due aux abbayes bénédictines de Saint-Pierre-aux-Monts à Châlons-en-Champagne et de Saint-Pierre d'Hautvillers. En effet, cette dernière fut créée en 650 par l'archevêque de Reims saint Nivard. Elle deviendra alors propriétaire de nombreuses parcelles de vignes, mais surtout c'est dans cette abbaye que dom Pérignon mettra au point, au XVIIe siècle, le cœur de la méthode champenoise[6].

La grande charte champenoise, donnée en 1114 par Guillaume de Champeaux, évêque de Châlons, est considérée comme l'acte créateur de ce vignoble.

Période moderne

Vignoble de Provins au XVIIIe siècle, gravure de Chastillon.

Période contemporaine

Depuis 1974, les vins tranquilles ont obtenu une AOC sous le terme de coteaux-champenois, mais ces vins, issus des mêmes cépages, sont produits en faible quantité, car ils entrent en concurrence, au niveau des terroirs comme des raisins, avec le champagne effervescent ; de ce fait leur prix est plutôt élevé.

Encépagement

Grappe de chardonnay à Avize.

L'élaboration du champagne nécessite l'assemblage de plusieurs cépages de la famille des pinots. Les trois principaux utilisés sont :

  • le chardonnay (raisin blanc, 29 % de la surface plantée, qui donne un vin frais et délicat) ; un champagne exclusivement élaboré à partir de ce cépage, que l'on retrouve dans la région des Côtes des Blancs, est appelé « blanc de blancs » ;
  • le pinot noir (raisin noir à pulpe incolore, 39 % de la surface plantée, donnant toutefois un jus blanc car les peaux n'ont pas le temps de teinter le jus lors du pressage et qui donne un vin charpenté et au bouquet fin) ;
  • le pinot meunier (raisin noir à pulpe incolore lui aussi, un peu plus tardif que le pinot noir, 32 % de la surface plantée, qui donne un vin proche du pinot noir mais plus fruité et une aptitude de garde plus réduite).

Ainsi donc, le plus célèbre des vins blancs est majoritairement issu de raisins noirs.

S'y rajoutent des cépages traditionnels (surfaces très limitées, quelques hectares) :

Rendement : 160 kilogrammes de raisin produisent 102 litres de moût, qui après les pertes en vinification (1,5 %) et au dégorgement (0,5 %), donneront 100 litres de vin commercialisable, soit 133 bouteilles de 75 cl.

Géographie

Sur un peu plus de trente mille hectares de vigne au total, c'est le vignoble le plus septentrional de France avec 60 à 80 jours de gel par an. Il doit sa richesse à son morcellement, chaque village constituant un cru, c'est-à-dire le produit d'un terroir et d'un climat ; il existe 302 crus. Les plus grandes caves de champagne se trouvent à Épernay et à Reims. Quelques parcelles de l'appellation champagne (20 ha) se trouvent en Île-de-France dans les communes de Citry, Nanteuil-sur-Marne et Saâcy-sur-Marne (Seine-et-Marne). Le département de la Haute-Marne, peut lui aussi revendiquer l’existence de quelques dizaines d’hectares de vignes. En 2008, un dossier visant à inscrire les « paysages du champagne » sur la liste du Patrimoine mondial de l'UNESCO est soumis aux autorités françaises[7] et le , les coteaux, caves et maisons de Champagne sont inscrits au patrimoine mondial de l'humanité[8].

Les zones

Le champagne est produit dans la zone viticole délimitée par la loi du . Cette zone n'est pas d'un seul tenant. Il existe quatre zones de production de raisins qui regroupent les dix-sept terroirs de champagne.

La montagne de Reims (département de la Marne) : majoritairement exposés au sud, les coteaux sont implantés sur des sols dont la craie est profondément enfouie. Le cépage dominant y est le pinot noir. Dans les caves de la montagne de Reims reposent des champagnes réputés pour leur puissance, leur charpente et leur noblesse. On peut diviser la montagne de Reims en cinq zones bien distinctes : Écueil, Chigny-les-Roses, Verzenay, TrépailNogent-l'Abbesse et BouzyAmbonnay[9].

La vallée de la Marne (Marne, Aisne et Seine-et-Marne) : les coteaux sont implantés sur des sols à dominante argilo-calcaire, à tendance marneuse. Le cépage dominant y est le pinot meunier. Les champagnes de la vallée de la Marne, grâce à leur grande diversité, possèdent un séduisant bouquet, du fruité et une grande souplesse. Cette zone est subdivisée en sept sous-régions : grande vallée de la Marne, région d’Épernay, région de Condé-en-Brie, région est de Château-Thierry, région ouest de Château-Thierry, vallée de la Marne rive droite et rive gauche[10].

La Côte des blancs (Marne) : ici, un cépage unique règne en maître : le chardonnay. La craie affleurante y est partout, véritable réservoir d'eau et de chaleur des sous-sols. La Côte des blancs donne naissance à des champagnes prisés, empreints de vivacité et d'esprit, aux arômes légers et délicats, symboles de finesse et d'élégance.

Le vignoble de l'Aube, appelé côte des Bar (Bar-sur-Aube et Bar-sur-Seine dans l'Aube et Haute-Marne) : les sous-sols à tendance marneuse y sont principalement plantés de pinot noir. La côte des Bar est divisée en deux zones localement : Bar séquanais et Bar-sur-Aubois[11]. Les champagnes de la côte des Bar sont des vins de caractère, à la belle rondeur et aux arômes complexes.

Historique de la zone d'appellation

Juste avant le début de la Révolution française, le vignoble champenois s'étendait sur quelque 50 000 hectares. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, le vignoble connaît avec 65 000 hectares son expansion maximale comprenant aussi 2 500 hectares dans le département des Ardennes. Après les fléau du phylloxéra et de la Grande guerre, le vignoble s'est réduit à 12 000 hectares. Aujourd'hui, en 2009, le vignoble champenois s'étend sur 33 077 hectares.

La procédure d'extension

Depuis 2003, une procédure visant à l'extension de la délimitation de l'appellation a été lancée, cette nouvelle aire devrait être établie d'ici environ dix ans[7].

Cette procédure, dont le but est d'intégrer dans l'aire de production du champagne quelques parcelles dûment certifiées d'une quarantaine de nouveaux villages, fait appel aux expertises des historiens pour rechercher des pratiques viticoles anciennes et à celles des géologues pour rechercher les parcelles concernées soit par les marnes du Kimméridgien, les craies blanches du Campanien ou les sédiments du Paléocène toutes terres qui doivent fonder le sous-sol des terres champenoises dignes de porter la vigne.

La désignation des parcelles devrait se faire à partir de 2009 avec le décret du Conseil d'État entérinant la nouvelle géographie des parcelles supplémentaires. La profession espère ainsi créer 2 à 3 000 nouveaux hectares en vignobles champenois. À 800 000 euros l'hectare, ce chantier devrait ouvrir une période de recours et de chicanes judiciaires — certaines parcelles se sont vendues dernièrement à près de 1,1 million d'euros. De ce fait ni les habitants, ni les autorités locales n'auront connaissance des localisations des parcelles ni de leur étendue, avant la validation par l'Institut national des appellations d'origine. Selon le CIVC : « Transformer des hectares de blé en hectare de vigne, c'est multiplier par 350 la valeur d'une parcelle cultivable ». Dans les villages, il se murmure qu'à ces prix-là, si le cimetière est installé sur une parcelle intéressante, il ne faut pas hésiter à le déplacer[12].

Les communes potentielles sont Blacy, Courcy, Courdemanges, Fismes, Montmirail dans le département de la Marne, Bouilly, Fontvannes, Javernant, Montgueux dans le département de l'Aube, Marchais-en-Brie dans le département de l'Aisne et Champcourt, Harricourt dans le département de la Haute-Marne. Les premières vignes des nouvelles parcelles devraient être plantées vers 2015, pour une première petite récolte deux ans après. De plus certains villages déjà aujourd'hui sous appellation pourront voir leurs surfaces s'agrandir.

Le classement

Le terroir d'Hautvillers.

Les 319 communes viticoles champenoises sont classées en trois catégories : 17 terroirs classés champagnes « grand cru », 44 terroirs « premier cru », les autres terroirs non classés (correspondant aux ex petits-crus, ils sont aussi appelés crus périphériques)[13].

Ce classement des crus de Champagne (en) permet de déterminer le prix à payer au propriétaire de vignes pour son raisin. 100 % correspond au « grand cru » et l'acheteur paye 100 % du prix de référence. De 80 à 89 %, les terroirs sont non classés. De 90 à 99 % il s'agit de premier cru et le prix payé est en conséquence et va de 90 à 99 % du prix de référence du raisin. Autrefois, le classement allait jusqu'à 60 %.

Cette « échelle des crus » fut officialisée en 1911 par les représentants des vignerons et les négociants, à la suite de la révolte des vignerons champenois. Elle allait de 22,5 % à 100 % et excluait alors un quart des communes viticoles[14].

Prix des vignobles

En 2013, le prix moyen de l'hectare s'évalue en moyenne à 1 077 400 euros sur l'ensemble du bassin viticole produisant l'AOP champagne, variant selon la localisation : 1 170 500  en moyenne dans la Marne (minima à 500 000, maxima à 1 800 100), 930 000  dans l'Aube (minima à 630 000, maxima à 1 274 200) et 798 100  dans l'Aisne (minima à 566 800, maxima 1 236 500). La valeur des vignes a beaucoup augmentée en quelques années : elle était en moyenne de 181 400 euros en 1991, 264 100 en 1995, 416 800 en 2000, 605 600 en 2005 et de 858 900 en 2010[15].

Les prix des moûts sont définis entre un mois et 15 jours avant la vendange, en euros/kg. Ce prix résultent des réunions entre négociants, vignerons et CIVC (le Comité interprofessionnel du vin de Champagne), pour que chacun y trouve son compte.

Notes et références

  1. L'Internaute, « Climat, Reims - Marne » (consulté le )
  2. Source CIVC
  3. Source FCCV
  4. Le code international d'écriture des cépages mentionne la couleur du raisin de la manière suivante : B = blanc, N = noir, Rs = rose, G = gris.
  5. Source : Agreste.
  6. François Roger, « Histoire des vins de Champagne », sur Vin-Vigne, (consulté le )
  7. Épernay le journal, novembre 2007, no 65, dossier Épernay, ville capitale pour le Champagne, pages 9-12.
  8. La Champagne va célébrer son inscription à l'Unesco le 10 juillet, La Revue du vin de France, 6 juin 2016
  9. François Roger, « Localisation des vins de la Montagne de Reims », sur Vin-Vigne, (consulté le ).
  10. François Roger, « Localisation des vins de la Vallée de la Marne », sur Vin-Vigne, (consulté le ).
  11. François Roger, « Localisation des vins de la côte des Bar », sur Vin-Vigne, (consulté le ).
  12. Le Figaro Patrimoine du 4 décembre 2007.
  13. Christian Jeanne, Découvrir le champagne et sortir de sa bulle, Lulu, , p. 23.
  14. Jean Piérard, L'Organisation corporative du champagne, Tepac, , p. 56.
  15. Safer-SSP-Terres d'Europe-Scafr, « Valeur vénale moyenne des vignes 1991-2013 », sur http://agreste.agriculture.gouv.fr/.

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean-François Gautier, Abécédaire sélectif et critique à l'usage des amateurs curieux, Editions Les Presses du Midi, .
  • Claudine Wolikow, « La Champagne viticole, banc d'essai de la délimitation (1903-1927) », Territoires du vin, no 1 « Pour une redéfinition des terroirs », (lire en ligne).
  • Alain Marre, « Existe-t-il des terroirs viticoles en Champagne ? », Revue Géographique de l'Est, vol. 44, nos 1-2, (lire en ligne).

Articles connexes

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