Victoire à la Pyrrhus

Une victoire à la Pyrrhus est une victoire tactique, obtenue au prix de pertes si lourdes pour le vainqueur qu'elles compromettent ses chances de victoire finale.

Le roi Pyrrhus Ier.

L'expression est une allusion au roi Pyrrhus Ier d'Épire, dont l'armée souffrit des pertes irremplaçables quand il défit les Romains pendant sa guerre en Italie à la bataille d'Héraclée (sur le territoire de la cité d'Héraclée de Lucanie) en 280 av. J.-C. et à celle d'Ausculum en 279 av. J.-C.

Description

Plutarque, qui reprend sur ce point Denys d'Halicarnasse, rapporte ainsi les paroles de Pyrrhus après cette bataille :

« Les armées se séparèrent ; et on raconte que Pyrrhus répondit à quelqu'un qui célébrait sa victoire que « encore une victoire comme celle-là et il serait complètement défait ». Il avait perdu une grande partie des forces qu'il avait amenées, et presque tous ses amis et principaux commandants ; il n'avait aucun moyen d'avoir de nouvelles recrues (…). Tandis que, comme une fontaine s'écoulant continuellement de la ville, le camp romain se remplissait rapidement et abondamment d'hommes frais, pas du tout abattus par la défaite, mais gagnant dans leur colère une nouvelle force et résolution pour continuer la guerre. »

À chaque victoire de Pyrrhus, les Romains perdaient plus d'hommes que lui mais ils pouvaient facilement recruter de nouveaux soldats ; leurs pertes affectaient donc beaucoup moins leur effort de guerre que celui de Pyrrhus.

La citation : « Si nous devons remporter une autre victoire sur les Romains, nous sommes perdus[1] », bien qu'associée à un contexte militaire, est utilisée en analogie dans d'autres champs d'activité comme l'économie, la politique, la justice, la littérature et le sport pour décrire une lutte similaire, qui est ruineuse pour le vainqueur.

Exemples historiques

Batailles

Guerres modernes

Utilisation du terme en politique

Le terme est régulièrement utilisé en politique française, comme lors de l'élection sur le fil de Martine Aubry comme premier secrétaire du Parti socialiste en [2], la loi organique présentée en 2009 visant à limiter le temps de parole et les amendements[3], la loi Hadopi[4] ou l'annulation par le Conseil constitutionnel de la loi sur la taxe carbone en 2009[5].

Certains commentateurs parlent de victoire à la Pyrrhus pour qualifier celle de Joe Biden à l'élection présidentielle américaine de 2020, les démocrates ayant obtenu l'avantage en s'appuyant sur le vote anti-Trump, tandis que le vote pro-Trump gagnait des électeurs par rapport à l'élection précédente[6].

Notes et références

  1. Plutarque, Apophtegmes de rois et de généraux, « Pyrrhus », 3. Extrait de la traduction de F. Fuhrmann pour la Collection des Universités de France, 1988.
  2. Didier Pourquery, « Défi », Libération, (lire en ligne).
  3. « Clash Copé-Mamère à l'Assemblée », sur www.dailymotion.com (consulté le ).
  4. « Compte rendu officiel de la séance du 8 juillet 2009 au Sénat », sur www.senat.fr (consulté le ).
  5. http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5hVAyrW2Uu3zW7AMXKMkyjjZebByQ
  6. « Pourquoi parle-t-on d'une victoire à la Pyrrhus ? », sur www.rtl.fr (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • Plutarque, Vies parallèles, Pyrrhus Trad Ricard sur wikisource
  • (en) John Denson, The Costs of War : America's Pyrrhic Victories, Transaction Publishers, (ISBN 1-56000-319-7).

Articles connexes

  • Portail de l’histoire militaire
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