Varron (écrivain)

Varron (Marcus Terentius Varro) est un écrivain, savant et magistrat romain de condition équestre, né à Reate (auj. Rieti), en Sabine, en et mort en . Ses écrits, dont l'essentiel ne nous est pas parvenu, apportent quelques éclairages sur l'étymologie des mots latins et l'organisation des connaissances à Rome à la fin de la République.

Pour les articles homonymes, voir Varron et Terentius Varro.

Biographie

Il fut l'élève d'Accius et des grammairiens Aelius Stilo et Tyrannion. Leur influence apparaît dans les œuvres philologiques de Varron[1].

De 76 à , il participe comme légat et proquesteur à la campagne menée en Espagne par Pompée contre Sertorius. Il en profite pour faire des observations sur les pratiques d'agriculture et d'élevage, dont on retrouve la trace dans le De re rustica. En 70, il est tribun de la plèbe[2]. En 67, il est de nouveau aux côtés de Pompée dans la guerre contre les pirates[3], menée en vertu de la lex Gabinia ; il se voit confier la surveillance d'un secteur allant de la Sicile vers Délos. Il parvint au rang de préteur[4],[5].

En , pendant les guerres civiles romaines, il est légat de Pompée en Hispanie ultérieure, contre Jules César. Cette province et ses légions se ralliant à César, Varron capitule et se rend à ce dernier[6]. En 47, Marc Antoine s'installe dans sa villa de campagne à Casinum dans le Latium et, selon Cicéron, y mène les pires orgies[7].

Ayant obtenu le pardon de César, il se rallie à lui et devient responsable de l'organisation des premières bibliothèques publiques de Rome. Après la mort de César, Octave doit le racheter puisque Marc Antoine l'avait déclaré hors-la-loi. Il abandonne alors totalement la carrière politique pour se consacrer au savoir et à l'écriture.

Œuvres

Il est l'auteur de près de 600 volumes, mais seule une cinquantaine nous est parvenue en plusieurs fragments, alors que la seule œuvre complète est le De re rustica[8]. Cette œuvre est considérée comme une importante contribution au développement des encyclopédies, en raison de l'idée très claire que Varron se faisait de l'organisation du savoir. Ainsi, les Disciplinarum consacraient chaque livre à un sujet distinct, en l'occurrence les sept arts libéraux.

  • Son Antiquitates rerum consacrait les 25 premiers livres aux affaires humaines et les 16 suivants aux divinités[9]. Cet érudit est réputé avoir fixé le premier de façon intangible la date de la création de Rome à l'an , référence employée officiellement par l'administration romaine après lui.
  • Le De re rustica libri III : Économie rurale[10] est un traité d'agriculture en trois volumes, dont nous avons conservé la totalité ; ce sont trois livres adressés à sa femme Fundania[11] : l'art du cultivateur, les troupeaux, l'économie rurale ;
  • De lingua latina en 25 livres : De la langue latine fut longtemps une référence pour les grammairiens latins et nous en avons conservé le quart ;
  • les Satires Ménippées : poèmes satiriques, dont seuls quelques fragments nous sont parvenus ;
  • Les Epistulae (« Lettres ») et les Epistolicae quaestiones (« Questions épistolaires ») [éd. Bipont, éd. Wolff] ne sont connues que fragmentairement.

Ouvrages perdus dont il ne reste que des fragments :

  • Saturarum Menippearum libri CL, satires imitées du philosophe cynique Ménippe de Sinope, en 150 livres, dont 90 nous sont disponibles, et quelque 600 fragments[8] ;
  • Antiquitates rerum humanarum et divinarum (it) (ou encore Antiquitates rerum humanarum et divinarum libri XLI, « Des choses humaines et divines antiques », en 41 livres) : ouvrage de nature encyclopédique dont certaines parties servirent de référence aux pères de l'Église chrétienne en matière de religion romaine païenne ;
  • Logistoricon libri LXXVI ;
  • Hebdomades vel de imaginibus ;
  • Disciplinarum libri IX : ouvrage consacré aux sept arts libéraux.

Bibliographie

Œuvres traduites en français

  • Économie rurale, trad. J. Heurgon et Ch. Guiraud, Paris, Les Belles Lettres, coll. des Universités de France, 3 t. (LXXXV-277 p., 1978 ; XVII-172 p., 1985 ; XXXIII-176 p., 1997), 2° éd. 2003
  • La Langue latine, trad. P. Flobert, Paris, Les Belles Lettres, coll. des Universités de France. T. II : livre VI, XLI-228 p., 1985, 2e éd. 2004
  • Satires Ménippées, éd., trad. et commentaire par Jean-Pierre Cèbe (Collection de l'École française de Rome, 9/1 à 13), Rome, École française de Rome ; Paris, diffusion De Boccard, 13 vol., 1972-1999. Volumes en accès libre sur Persée.

Famille

Il était de la famille de Gaius Terentius Varro, consul en -216, Marcus Terentius Varro Lucullus et Aulus Terentius Varrus Murena, consul en -23, assassiné.

Études sur Varron

  • Gaston Boissier, Étude sur la vie et les ouvrages de M. T. Varron, Paris, Hachette, 1861.
  • Jean Collart, Varron, grammairien latin (« Publications de la faculté des lettres de l'université de Strasbourg », 121), Paris, 1954, 377 p.
  • (it) Francesco Della Corte (it), Varrone, il terzo gran lume romano, Gênes, 1954 ; 2e éd., Florence, 1970.
  • Jean Pépin, « La « théologie tripartite » de Varron. Essai de reconstitution et recherche des sources », dans Mémorial Gustave Bardy [Revue des Études augustiniennes 2, 1956], t. II, p. 265‑294.
  • (en) Daniel J. Taylor, Declinatio: A Study of the Linguistic Theory of Marcus Terentius Varro (coll. « Studies in the History of the Language Sciences », 2), Amsterdam, John Benjamins, 1974, XV-131 p. (réimpr. 1988). (ISBN 90-272-0893-X)
  • Lucienne Deschamps, Étude sur la langue de Varron dans les Satires Ménippées, 2 vol., Lille-Paris, 1976.
  • (it) F. Cavazza, Studio su Varrone etimologo e grammatico, Florence, 1981, 202 p.
  • Yves Lehmann, Varron théologien et philosophe romain, Bruxelles, Latomus, 1997, consultable sur Persée.
  • Aude Lehmann, Varron critique littéraire. Regards sur les poètes latins archaïques, Bruxelles, Latomus, 2002.

Notes et références

  1. Della Corte, op. cit., chap. II : « Alla scuola di Accio e di Stilone ».
  2. La plupart des faits connus sur la carrière de Varron nous sont connus par le Nuits attiques d'Aulu-Gelle. Cf. en outre G. Boissier, La vie et les ouvrages de Varron, Paris, Hachette & Cie, , PDF (lire en ligne), ainsi que (de) K. L. Roth, Über das Leben des M. Terentius Varro, Bâle, .
  3. Pline l'Ancien, Histoires naturelles, III, 101 ; VII, 115.
  4. D'après (en) Thomas Spencer Baynes, The Encyclopaedia Britannica : A Dictionary of Arts, Sciences, and General Literature, C. Scribner's sons, (lire en ligne), « Marcus Terentius Varro »
  5. D'après (en) Erich S. Gruen, The Last Generation of the Roman Republic, Berkeley (Calif.), University of California Press, (réimpr. 1995), 596 p. (ISBN 0-520-20153-1, lire en ligne), « The Senate », p. 165.
  6. Jules César, Commentaires sur les guerres civiles, I, 38 ; II, 17 ; II, 20
  7. Cicéron, Philippiques, II, 103-105.
  8. « Varro, Marcus Terentius », in Encyclopædia Britannica 2007 Ultimate Reference Suite (2008).
  9. Robert Collison, Encyclopaedias: their history throughout the ages, New York, Hafner, 1964, p. 23.
  10. On peut en situer le début de la rédaction en 37 ou 36, puisque Varron déclare au début du premier livre (I, I.1): « ma quatre-vingtième année m'invite à rassembler mes bagages avant de quitter la vie. »
  11. Varron dédie cependant le livre II (Introd. 6) à son ami Turranius Niger, et le livre III (I.1 et 9-10) à un autre ami, Pinnius, alors qu'il "avait promis les trois livres à sa femme", comme le remarque le traducteur William Davis Hooper.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • Portail de la littérature
  • Portail des sciences
  • Portail de l’agriculture et l’agronomie
  • Portail de la Rome antique
  • Portail de la langue latine
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.