Vannerie

La vannerie désigne :

  1. l'art de tresser des fibres végétales (les matériaux) pour réaliser des objets très variés
  2. les objets réalisés par cet artisanat, notoirement les corbeilles, paniers, mannes et cabas, les chapeaux, les nattes, les vans et l'Encyclopédie lui attribue la closerie[1].
Vannerie au chantier médiéval de Guédelon (France Yonne - 89)
Vannerie de bambou en nappe, Hainan, Chine
Vannerie au musée de plein air de Zuiderzee (Pays-Bas)

Histoire

Moïse trouvé dans son berceau. Image pieuse publiée en 1900 par la Providence Lithograph Company, États-Unis

Le mot tiendrait son origine du van des agriculteurs. Une autre origine plus hasardeuse le fait provenir du berceau antique des dieux[2].

Les plus anciens objets de vannerie datés par la technique de datation au carbone 14, remontent à plus de 10 000 ans. Ces pièces de vannerie ont été découvertes à Fayum en haute Égypte. D'autres, remontant à plus de 7000 ans, ont été trouvées au Moyen-Orient. Cependant, ces objets étant constitués de matériaux biodégradables, il est rare d'en exhumer. Leur conservation dans le temps est liée à des conditions très particulières. Par exemple, la sécheresse en Égypte ; ou au contraire, le milieu anaérobique des tourbières ou des lacs[3]. Parfois, on trouve traces de vanneries imprimées sur de la poterie, le tressage servant alors de support pour agglutiner l'argile et lui donner sa forme. La maîtrise technique est telle qu'elle conduit à s'interroger sur l'existence d'artisans spécialisés dans ce travail des végétaux.

La vannerie fut d'une importance économique très grande, mais de nos jours, elle se raréfie surtout en raison de la lenteur et du manque de mécanisation de la fabrication et ses conséquences.

A Paris, la communauté des vanniers-quincaillers a des statuts depuis l'année 1467. Ils ont été confirmés par des lettres patentes de Louis XI et réformés sous le règne de Charles IX par arrêt du Conseil du mois de , enregistré au Parlement la même année. On ne sait d'où leur est venu le nom de quincaillers qu'ils ont dans leurs statuts. Les apprentis qui aspirent à la maîtrise sont obligés au chef-d'œuvre et le reste comme dans les autres corps. On compte à Paris environ trois cents maîtres vanniers[4].

Technique

Classification des objets de vannerie

Les objets réalisés peuvent être classés selon les méthodes utilisées (elles-mêmes tributaires du matériau utilisé) ou selon leur description (formes, matériaux, couleurs, etc.).

Classification technique

  1. la vannerie spiralée qui consiste en des brins de fibres formant un toron enroulé sur lui-même en spirale et généralement cousu. Elle utilise des matériaux très divers (herbes, feuilles, bois). Par exemple dans le centre de la France, de la paille de seigle (toron) cousu avec de l'écorce de ronce commune, au nord-ouest des États-Unis, ce sera des longues aiguilles de pin comme toron, du rotin en orient, sisal, yucca, palmier… Elle est présente dans le monde entier et est très variée.
  2. la vannerie à nappes qui s'apparente au tissage et qui utilise le plus souvent des matières en forme de ruban (feuilles de palmier doum au Maroc)
  3. la vannerie tressée qui utilise deux (ou plus) brins flexibles entrecroisés appelés respectivement montants (éléments passifs formant la structure) et brins de clôture (éléments activés qui maintiennent la structure). Cette classe de vannerie est très répandue en Europe, on y distingue :
    • la vannerie à montants en arceau,
    • la vannerie clayonnée, dite « à montants parallèles », comme le panier mandelette (illustration ci-contre)

Classification par matières premières employées

Les matériaux peuvent être différents dans un même objet de vannerie. Selon le matériau prédominant on distinguera :

  1. vanneries d'osier tressées.
  2. vanneries de rotin tressées et spiralées.
  3. vanneries de bambou – surtout à nappes, spiralées et tressées.
  4. vanneries de châtaignier — le matériau demande la préparation suivante : les jeunes perches de châtaignier de trois à huit ans d'âge sont d'abord ébranchées, écimées, et mises à tremper dans des trous d'eau pendant quelques mois. Elles sont ensuite refendues et planées soigneusement.
  5. vanneries de paille en cordon spiralé ou tressé.
  6. vanneries de noisetier – tressage d'éclisse.
  7. vanneries de bois divers : chêne, frêne, bouleau, cornouiller sanguin, viorne lantane, tilleul, etc.
  8. vanneries de jonc, carex, roseaux, canne de Provence.
  9. vanneries de palmier : de nombreuses espèces fournissent leurs feuilles qui sont utilisées brutes ou desquelles on retire des fibres.
  10. vanneries de maïs dont les feuilles sont utilisées en torsade spiralée.
  11. vanneries en crin de cheval de Rari au Chili.
  12. vanneries en régimes de palmier-dattier à l'île de Djerba en Tunisie.

Techniques pour matériaux rigides

  • Fond sur croisée ronde
  • Fond sur croisée ovale
  • Fond plat rond
  • Fond plat ovale
  • Les montants
  • Les clôtures,
  • Les bordures,
  • Les anses...

Techniques pour matériaux souples

  • Vannerie spiralée cousue,
  • Tresses et bandes nattées,
  • Œil de Dieu,
  • Technique du hochet...

Exemple d'étapes de fabrication

La galerie ci-dessous détaille les différentes étapes de la fabrication d'un panier à jour en osier, telles qu'elles sont mises en scène à la Maison de la Vannerie de Fayl-Billot.

Outils

Banc et outils de vannier

La pratique de la vannerie demande très peu d'outils, couteau de vannier à bout légèrement recourbé, différents modèles de fendoirs faits de bois dur (buis, houx) destinés à fendre les brins d'osier dans leur longueur en trois ou quatre parties égales ; le trusquin destiné à ôter la moelle des brins refendus et, en passes successives, à diminuer l'épaisseur pour obtenir des brins plats d'une grande souplesse (éclisse) ; le ciroir ou peleuse (aujourd'hui mécanisé) destiné à écorcer les brins d'osiers qui prendront alors le nom d'osier blanc ; la batte qui est une sorte de marteau plat, a deux fonctions : en premier, égaliser par tassage les motifs de tressages entre les montants au cours des phases successives de fabrication ; en second, le trou calibré dans le bout du manche est une solide clé qui aide au pliage des brins de très forte section.

D'autres outils non spécifiques complètent l'outillage : serpettes, poinçons, maillet en bois et sécateur dont l'usage s'est généralisé tant pour la récolte que pour le travail à l'atelier.

Dans le monde

France

En France la vannerie devient rare même s'il reste quelques endroits où elle se pratique encore. On peut citer par exemple le village de Villaines-les-Rochers, en Indre-et-Loire, où la coopérative de vannerie, fondée en 1849, regroupe 70 vanniers ; Le Boisle (Somme).

Il y a également de nombreux savoir-faire vanniers en Bretagne, dont certains sont inscrits à l'Inventaire du patrimoine culturel immatériel en France. C'est le cas:

L'École nationale d'osiériculture et de vannerie

École nationale d'osiériculture et de vannerie à Fayl-Billot (Haute-Marne)

Seule école de vannerie de France, située à Fayl-Billot, dans la Haute-Marne, capitale de la vannerie française. Cette école est un CFPPA (Centre de Formation Professionnelle et de Promotion Agricoles), comme le lycée professionnel horticole, un centre de formation du Ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation, de la Pêche, de la Ruralité et de l'Aménagement du Territoire.

L’Ecole forme en son sein depuis plus d’un siècle[réf. nécessaire] les vanniers professionnels de France et des pays étrangers. Elle fut fondée par Eugène Bottot, maire de Fayl-Billot de 1900 à 1908 et président de la Fédération cantonale du Comité Radical et du Comité socialiste. C’est dans le cadre réputé de cette école de référence que le CFPPA dispense ses formations.

Le CFPPA travaille en collaboration constante avec les artisans vanniers et les osiériculteurs. Au-delà de sa mission de formation, le centre assure la promotion des métiers de la vannerie et contribue à l'animation rurale en relation avec les acteurs du tourisme et de la culture. Outre sa vocation osiéricole et vannière, le CFPPA forme des stagiaires au service d'autres secteurs professionnels en lien direct ou indirect avec l'agriculture.

On peut y préparer :

  • des formations diplômantes en un an :
    • brevet professionnel « Responsable d’Exploitation Agricole » osiériculture vannerie (1 an),
    • certificat d’aptitude professionnelle vannerie (1 an),
    • brevet professionnel « Responsable d’Exploitation Agricole » à orientation maraîchage biologique,
  • des formations qualifiantes :
    • formation qualifiante longue en vannerie d'osier (de 4 à 10 mois),
    • Formation complémentaire vannerie (1 an),
  • des formations courtes :
    • vannerie (initiation et perfectionnement),
    • paillage de sièges,
    • cannage de sièges,
    • architecture végétale (utilisation de l’osier vivant ou stabilisé pour des décors de jardins).

Une partie de ces formations est assurée par des formateurs professionnels vanniers dans deux ateliers pratiques, et les savoirs théoriques enseignés complètent des formations qui ont vocation à former une nouvelle génération de vanniers adaptés à la demande actuelle.

Notes et références

  1. L’Encyclopédie, 1re éd., t. Tome 16, (lire sur Wikisource), p. 834-835
  2. Jaucourt, L’Encyclopédie, 1re éd., t. Tome 16, (lire sur Wikisource), p. 828-829
  3. 1.Bocquet A., Berretrot F. (1989). Le travail des fibres textiles au Néolithique récent à Charavines (Isère). Tissage, Corderie, Vannerie. Actes des IXe Rencontres internationales d'archéologie et d'histoire d'Antibes, 20-22 octobre 1988, p. 113-128.
  4. Pierre Jaubert. Dictionnaire raisonné universel des Arts et Métiers, contenant l’histoire, la description, la police des fabriques et manufactures de France et des pays étrangers, Paris, chez Pierre-François Didot jeune, 1773, 4 vol. in-8° ; Lyon

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • C.Hernandez et E. Pascual La vannerie : Techniques et réalisations, Éditions Eyrolles, 2010, 144p.
  • A. Moitrier, Traité pratique de la culture de l'osier et de son usage dans l'industrie de la vannerie fine et commune : orne de quatre planche suivi d'un aperçu sur l'art du vannier, Dusacq, (lire en ligne)
  • A. Moitrier, Traité pratique de la culture de l'osier et de son usage dans l'industrie de la vannerie fine et commune : orne de quatre planche suivi d'un aperçu sur l'art du vannier, Paris, 1855, 52 p.
  • (fr+en) Vannerie du monde : une exposition / organisée par la Fédération pour le développement de l'artisanat utilitaire des produits d'Afrique, Amérique latine et Asie = Basketry of the world : exhibition / organized by the Federation for the Development of Utilitarian Handcrafts of Products from Africa, Latin America, and Asia, Dessain et Tolra-FEDEAU, Paris, 1980, 61 p. (notice BnF no FRBNF37016149)
  • Tissage, corderie, vannerie : approches archéologiques, ethnologiques, technologiques, publié par l'APDCA, 1989, 317 p.
  • Eugène Leroux, Manuel de vannerie, technologie vannière, J.B. Baillière et fils, 1921
  • Jocelyne Étienne-Nugue, Vannerie, Institut culturel africain, 1982
  • La Vannerie française, Musée national des arts et traditions populaires (Paris) / Réunion des musées nationaux, 1990
  • Maurice Robert. Etude d'une communauté artisanale et d'une technique traditionnelle. La vannerie en Limousin, 1967
  • Jacques Anquetil, La vannerie, Dessain et Tolra, Chêne, 1979
  • Guy Martin, La Vannerie éducative, Éditions L. N. S., 1951
  • Paul Nooncree Hasluck, Manuel pratique de vannerie, B. Tignol, 1910
  • Heinz Kunz, Vannerie du rotin, Éditions du Centurion, 1976, (OCLC 84513310)
  • (de+fr) Vannerie en rotin / Peddigrohrflechten, Société suisse de travail manuel et de réforme scolaire, 1988
  • Nouveau manuel complet de la fabrication de la vannerie, cannage et paillage des sièges, M. Audiger, 1912

Liens externes

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