Valeriy Brumel

Valeriy Nikolayevich Brumel (en russe : Валерий Николаевич Брумель, Valeri Nikolaïevitch Broumel), né le dans le village de Razvedki (oblast d'Amour), en Sibérie, et mort le à Moscou, est un athlète soviétique spécialiste du saut en hauteur.

Valeriy Brumel

Valeriy Brumel en 1966.
Informations
Disciplines Saut en hauteur
Période d'activité Années 1960
Nationalité soviétique → russe
Naissance
Lieu Razvedki, oblast d'Amour, RSFS de Russie
Union soviétique
Décès
Lieu Moscou
Russie
Taille 1,85 m
Entraîneur Pyotr Stein, Vladimir Dyatchkov
Records
• Améliore à six reprises le record du monde du saut en hauteur de 1961 à 1963
Distinctions
Élu au Temple de la renommée de l'IAAF en 2014
Palmarès
Jeux olympiques 1 1 0
Championnats d'Europe 1 0 0

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Il a marqué durablement la discipline dès le début des années 1960 en améliorant à six reprises le record du monde et le faisant progresser de cinq centimètres en trois ans à peine, sa meilleure marque de 2,28 m, établie en 1963, n'est améliorée que huit ans plus tard. Vice-champion olympique en 1960, il devient champion d'Europe en 1962 avant de remporter le titre olympique en 1964.

Biographie

Débuts

Originaire de Razvedki, village de Sibérie à la frontière avec la Chine, le jeune Valeriy Brumel commence le saut en hauteur à l'âge de douze ans. Il apprend à sauter avec la technique du rouleau ventral et franchit rapidement 1,65 m en 1956 puis 1,75 m dès l'année suivante. Formé à Lougansk, en Ukraine, où il réside avec sa famille, il suit les conseils de Pyotr Stein, son premier entraineur, qui le pousse à une préparation physique intensive basée sur la musculation des jambes aux poids et haltères. En 1958, âgé alors de 16 ans seulement, il passe de 1,75 m à 1,95 m. Bénéficiant d'une bourse d'étude à Moscou, il entame une collaboration avec l'entraineur Vladimir Dyatchkov, grand spécialiste soviétique de la discipline. Ce dernier s'attelle alors à améliorer sa technique de course d'élan et d'appel, et corrige par ailleurs les défauts de synchronisation de ses mouvements. Les premiers résultats se font sentir rapidement : il réalise 2,01 m, 2,03 m, puis 2,08 m lors de la saison 1959. Sixième seulement des Championnats d'URSS de 1960, Brumel se distingue sur le plan international en franchissant 2,13 m, puis en établissant le à Moscou un nouveau record d'Europe du saut en hauteur avec 2,17 m. Âgé de 18 ans seulement, il améliore d'un centimètre la précédente meilleure marque continentale de son compatriote Iouri Stepanov.

Médaillé olympique à Rome

Valeriy Brumel en 1960.

Valeriy Brumel fait partie des trois sauteurs en hauteur soviétiques sélectionnés pour les Jeux olympiques d'été de 1960, fin août à Rome, en compagnie de Robert Shavlakadze et Viktor Bolchov. L'Américain John Thomas, qui a récemment amélioré par trois fois le record du monde de la discipline avec 2,17 m, 2,18 m et 2,22 m est le grand favori du concours. À la lutte avec les trois Soviétiques à l'amorce d'une barre à 2,16 m, Thomas essuie trois revers successifs, contrairement à Shavlakadze et Brumel qui parviennent à franchir cette hauteur. Valeriy Brumel s'incline finalement au nombre d'essais face à son compatriote mais obtient à 18 ans seulement la médaille d'argent olympique, son premier titre international majeur[1]. Il poursuit sa saison en améliorant à plusieurs reprises son record personnel, réalisant successivement 2,18 m fin septembre à Odessa et 2,19 m en octobre à Lougansk. Fin à Oujgorod (Ukraine), le Soviétique établit un nouveau record continental avec 2,20 m et manque à trois reprises le record du monde de 2,23 m de Thomas.

Période de domination, records du monde

La période de domination de Valeriy Brumel débute en 1961 et s'étendra jusqu'en 1964. Au début de l'année 1961, le Soviétique réalise 2,21 m puis 2,25 m lors de réunion en salle de Leningrad, performance constituant le meilleur saut jamais réalisé en salle mais n'étant pas encore considéré comme un record du monde par l'IAAF. Il effectue ensuite une tournée hivernale aux États-Unis où il domine à plusieurs reprises son rival John Thomas. Fin juin à Moscou, le Soviétique établit le premier de ses six records du monde en réalisant la performance de 2,23 m, soit un centimètre de plus que la meilleure marque mondiale détenue par Thomas depuis 1960. Moins d'un mois plus tard, toujours à Moscou, Brumel améliore d'un centimètre son propre record mondial avec 2,24 m. Il participe fin août aux Universiades d'été de Sofia où il remporte largement le concours devant son compatriote Igor Kashkarov, médaillé de bronze aux Jeux olympiques de 1956. Il franchit à son troisième essai une barre à 2,25 m et signe à cette occasion son troisième record du monde consécutif en moins de trois mois[2]. Il conclut la saison 1961 après avoir enregistré onze sauts au-delà des 2,20 m.

Vladimir Dyatchkov décide en début de saison 1962 d'augmenter les séances d'entrainement de Valeriy Brumel en renforçant notamment le travail musculaire en vue d’acquérir une course d'élan plus rapide et un appel plus efficace. Le Soviétique est chronométré à 10 s 5 sur 100 mètres et réalise 7,65 m au saut en longueur. Il commence sa saison fin à Palo Alto, à l'occasion de la rencontre États-Unis-URSS. Il y remporte le concours devant John Thomas et établit un nouveau record du monde avec 2,26 m. En pleine Guerre froide, les 80 000 spectateurs américains présents lors de cet évènement réservent au Soviétique une ovation debout de près de cinq minutes[3]. Favori des Championnats d'Europe d'athlétisme disputés début septembre à Belgrade, Brumel remporte son premier et unique titre continental en franchissant la hauteur de 2,21 m, devançant nettement le Suédois Stig Pettersson (2,13 m) et son compatriote Robert Shavlakadze (2,09 m)[4]. Quelques jours plus tard, à Moscou, il signe le cinquième record du monde de sa carrière avec 2,27 m, réalisé dès sa première tentative.

Le à Moscou, Valeriy Brumel participe à la rencontre internationale URSS-États-Unis, devant 95 000 spectateurs et sous les yeux du Premier soviétique Nikita Khrouchtchev et de l'ambassadeur américain Averell Harriman, en pleine négociation du traité d’interdiction des essais nucléaires. Il remporte sous la pluie le concours et établit à cette occasion son sixième et dernier record du monde en franchissant la hauteur de 2,28 m, soit une hauteur supérieure de 43 centimètres à sa propre taille (1,85 m). Sept ans plus tard en 1970 le Chinois Ni Chih-Chin bat ce record d'un centimètre (2,29 m) mais ne sera jamais ratifié car la Chine ne faisait pas partie à l'époque de l'IAAF. Ce n'est qu'en 1971 que l'Américain Pat Matzdorf passera officiellement cette barre. Début septembre à Porto Alegre, Brumel remporte pour la seconde fois les Universiades d'été en effaçant une barre à 2,15 m.

Titre olympique en 1964

Valery Brumel sur le podium des Jeux olympiques de 1964.

Valery Brumel observe une longue période de repos avant le début de la saison 1964. Handicapé par une tendinite chronique au genou provoquée entre autres par la multiplication de ses sauts lors des trois dernières années et par l'intensité de ses entrainements, il fait son retour sur les pistes en à Zurich où il franchit 2,24 m avant d'échouer par trois fois à 2,29 m. C'est invaincu depuis 1961 qu'il se présente début octobre aux Jeux olympiques de Tokyo. Qualifié difficilement pour la finale avec 2,03 m réussi à son dernier essai, le Soviétique n'est pas au mieux en finale en ne passant 2,14 m qu'au troisième essai. Il se reprend par la suite en réalisant 2,16 m au premier essai, alors que les Américains John Thomas et John Rambo doivent s'y reprendre à plusieurs fois. Enfin, Brumel et Thomas réussissent 2,18 m à leur première tentative. Plus aucune barre ne sera franchie et Brumel devient champion olympique au nombre d'essais[5].

Accident de la route

Le à Moscou, quelques jours après une compétition disputée au Stade de Colombes, Valeriy Brumel est victime d'un accident de la route. Acceptant l'invitation d'un ami de le ramener chez lui, la motocyclette dérape sur la chaussée glissante et percute un mur de protection en pierre. Le Soviétique souffre de multiples fractures au tibia et aux chevilles, ainsi que d'un sectionnement à 80 % du tendon du pied gauche. Ayant évité l'amputation, Brumel recommence à marcher en et quitte l’hôpital en octobre, un an après le drame. En , il subit une nouvelle opération chirurgicale qui consiste à lui poser un appareil permettant à l'os de se reformer et à sa jambe de retrouver sa longueur normale. Pratiquement rétabli en fin d'année 1968, Brumel décide de reprendre la compétition dès l'année suivante. Il parvient à franchir 2,00 m en 1969 et atteint les 2,06 m en 1970, date à laquelle il met définitivement un terme à sa carrière sportive.

Il meurt en 2003 et est inhumé au cimetière moscovite de Novodevitchi.

En 2014, il est intronisé au Temple de la renommée de l'IAAF[6].

Palmarès

Valeriy Brumel en 1964.
Date Compétition Lieu Résultat Performance
1960 Jeux olympiques Rome 2e 2,16 m
1961 Universiade Sofia 1er 2,25 m
1962 Championnats d'Europe Belgrade 1er 2,21 m
1963 Universiade Porto Alegre 1er 2,15 m
1964 Jeux olympiques Tokyo 1er 2,18 m

Records

Records personnels

Épreuve Performance Lieu Date
Saut en hauteur 2,28 m Moscou

Records du monde

Hauteur Date Lieu
2,23 mMoscou
2,24 mMoscou
2,25 mSofia
2,26 mPalo Alto
2,27 mMoscou
2,28 mMoscou

Records d'Europe

Hauteur Date Lieu
2,17 mMoscou
2,18 mOdessa
2,19 mLugansk
2,20 mOujhorod
2,23 mMoscou
2,24 mMoscou
2,25 mSofia
2,26 mPalo Alto
2,27 mMoscou
2,28 mMoscou

Notes et références

  1. (en) « Concours du saut en hauteur des Jeux olympiques de 1960 », sur todor66.com (consulté le )
  2. (en) « Résultats des Universiades d'été de 1961 », sur gbrathletics.com (consulté le )
  3. (en) Frank Litski, « Valery Brumel, Russian Set High-Jump Marks, 60, Is Dead », sur nytimes.com, (consulté le )
  4. (en) « Résultats des Championnats d'Europe d'athlétisme de 1962 », sur todor66.com (consulté le )
  5. (en) « Fiche de l'athlète », sur sports-reference.com (consulté le )
  6. (en)« Twelve athletics legends inducted into IAAF Hall of Fame », sur iaaf.org, (consulté le )

Sources

  • Robert Parienté et Alain Billouin, La fabuleuse histoire de l'Athlétisme, Paris, Minerva, 2003 (ISBN 978-2-8307-0727-4)

Liens externes

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