V3 (canon)

Comme le V1 et le V2, le canon V3 constituait une arme de représailles du Troisième Reich à l'encontre de l'Angleterre. Le nom de code était Hochdruckpumpe pour « pompe à haute pression ». En fait, il s'agissait d'un canon à chambres multiples. Le projectile était du type obus flèche. Le long du canon étaient disposées trente-deux chambres auxiliaires qui donnaient un surcroît de poussée au projectile.

V3 (Vergeltungswaffe)

Photo d'un V3 (Bundesarchiv de Coblence)
Présentation
Pays Troisième Reich
Type Canon à Longue portée
Munitions 150 mm
Fabricant Krupp
Période d'utilisation 1943
Durée de service 1 an (1944)
Production 5
Poids et dimensions
Longueur du canon 130 m puis 150 m
Caractéristiques techniques
Portée maximale 165 km
Cadence de tir 3 coups/min
Vitesse initiale 1 500 m/s

Histoire

Au passage des chambres auxiliaires, les charges supplémentaires additionnelles étaient mises à feu, soit par auto-inflammation due à la température des gaz, soit par allumage électrique, pour produire une poussée supplémentaire amplifiant la vitesse de l'obus et ainsi de suite au passage de chaque paire de chambres pendant la progression de l'obus dans l'âme du canon, accroissant à chaque fois un peu plus sa vitesse, et ainsi de suite sur les trente-deux chambres de combustion.

Les Allemands avaient prévu une vitesse initiale (en sortie de bouche) de 1 500 m/s et une distance de tir utile de l'ordre de 160 km. L'obus pesait environ 140 kg pour une longueur de quelques m.

Le premier site de test et de tir fut construit en 1943 à Hillersleben en Allemagne, puis un second site d'expérimentation fut construit à Misdroy.

Le premier site de lancement fut construit sous le nom de code « Tausendfüssler » pour « mille pattes ». Il se situe à la forteresse de Mimoyecques[1] sur la commune de Landrethun-le-Nord en France à km des côtes de la Manche et à 160 km de Londres, la première cible. Ce site fut soigneusement choisi par les allemand : il s'agissait d'une colline de 158m de haut constituée principalement de calcaire, matériau à la fois solide et facilement excavable, avec à proximité la voie-ferrée Calais-Boulogne-sur-Mer[2].

Cinq batteries de cinq canons (25 canons) faisant chacun près de 130 m de long devaient être construites sous terre. Dans un premier temps, les Allemands creusèrent des galeries puis les tunnels de tir sur plusieurs étages[2]. L'étage le plus haut était à 30 m sous la surface de la terre, le second à près de 100 m sous la surface. Une protection de 5,5 m d'épaisseur en béton armé et 30 m de large devait protéger les bouches des canons. L'ensemble de la batterie de 25 canons à âme lisse devait avoir une cadence de tir de 10 coups/minute[2] soit 600 obus par heure[3].

Des ingénieurs allemands et 430 mineurs allemands de la Ruhr furent employés mais le principal des 5 000 ouvriers était constitué de prisonniers de guerre russes donc de travailleurs forcés[2].

Le site de Mimoyecques ne servira jamais, les premiers bombardements de la RAF ayant eu lieu le 22 juin 1944 avec 98 Avro Lancaster qui lâchèrent 400 tonnes de bombes. Trois autres raids suivirent ; jusqu'au , ils lâchèrent 16 bombes Tallboy de 5 tonnes chacune afin de détruire les installations les plus proches de la surface[4].

En août 1944, après plusieurs tests en Pologne en mars 1944 qui s'avérèrent décevants (déformations et explosion des tubes[4]) et les dégâts subis dans la forteresse de Mimoyecques, il fut décidé de développer un canon plus petit ne comprenant que douze sections et d'une longueur de 50 m. Ce projet fut appelé LRK15 F58 LRK pour « Langrohrkanone » ou « canon long » en français. Le canon serait installé ailleurs. La forteresse de Mimoyecques, désertée par les allemands devant l'avance des troupes alliées, fut capturée par la 3ème division canadienne le 5 septembre 1944[2].

Le 12 août 1944, cette forteresse auraient du subir une attaque de destruction (nom de code "andvil") : un bombardier B-24 transportant 11 000 kg d'explosif devait voler jusqu'à la zone, plonger sur la forteresse après son abandon par l'équipage au dernier moment. Malheureusement, le dispositif de mise à feu se déclencha prématurément et l'avion explosa avant d'atteindre sa cible. Un des deux membres d'équipage se nommait Joseph Patrick Kennedy Jr[5], frère ainé du futur président des Etats-Unis John Fitzgerald Kennedy de 1961 à 1963. Deux plaques commémoratives (pour les aviateurs et pour lui) sont visibles sur le site de la forteresse[6].

Une unité fut créée pour mettre en œuvre ce canon d'un nouveau genre, l'Abteilung 705, sous les ordres du SS Gruppenführer Hans Kammler, ce dernier nommant le Hauptmann Patzig commandant de l'unité 705. La batterie fut installée à Lampaden en Allemagne, afin de tirer sur la ville de Luxembourg à un peu moins de 43 km de distance.

La batterie fut prête à tirer le 16 décembre 1944, mais aucune munition n'avait été fabriquée. Elles n'arrivèrent sur le site que le 29 décembre 1944. Les premiers tirs de V3 eurent lieu le 30 décembre à 23 h 16, ils furent au nombre de 5. Un second canon fut installé à Buhl en Alsace sur les flancs du Demberg pour tirer sur la ville de Belfort (France). Il ne fut jamais utilisé étant donnée l'avancée des troupes alliées.

Au total, 183 coups furent tirés avec cette nouvelle arme.

Caractéristiques

  • Calibre : 150 mm
  • Longueur du fût : 130 m à 150 m
  • Calibre de l'obus : 110 mm
  • Portée : 165 km

Notes et références

  1. http://www.cheminsdememoire.gouv.fr/fr/forteresse-de-mimoyecques
  2. Mairie de Landrethun-le-Nord, « Histoire de la forteresse », sur http://www.landrethun-le-nord.fr/ (consulté le )
  3. Orion, « Base V3 de Mimoyecques », sur https://www.kilroytrip.fr/ (consulté le )
  4. « L'arme de vengeance 3 », sur http://html2.free.fr/canons/v3.htm, (consulté le )
  5. Jordan, « La super arme d'Hitler pour détruire Londres ! », Hitek, (lire en ligne)
  6. Iwojima55, « Mimoyecques base V3 », sur https://iwojima55 (consulté le )

Annexes

Articles connexes

Canons à longue portée développés par l'Allemagne pendant la première Guerre mondiale :

Missiles développés par l'Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale :

Liens externes

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