Unité et action

Unité et Action est un courant de pensée du syndicalisme enseignant, puis étudiant, qui trouve ses origines dans la volonté de rattachement ou de proximité avec la Confédération générale du travail (CGT), et le refus de l'organisation syndicale en tendances. Le courant naît au sein de la Fédération de l'éducation nationale (FEN), et est aujourd'hui présent et majoritaire à la FSU depuis sa création en 1993. Longtemps caractérisé par sa proximité avec le Parti communiste français (PCF), celle-ci est aujourd'hui à relativiser au sein de la Fédération syndicale unitaire (FSU). Il existe aussi une Tendance unité et action syndicale au sein de l'Union nationale des étudiants de France, mais les deux courants ne sont pas liés entre eux.

Le courant "Unitaire" au sein de la CGT

La CGT a toujours refusé le fonctionnement en tendance au nom de sa conception démocratique propre. En 1936, lors de la réunification (CGT et CGT-U), les nouveaux statuts confédéraux précisaient d'ailleurs : « la libre opinion et le jeu de la démocratie ne saurait justifier l’existence d’organismes agissant dans le syndicat comme une fraction »[1]. L'origine d'Unité et Action est donc à chercher dans le courant "cégétiste" de la Fédération de l'Éducation nationale (FEN), qui rassemblait les partisans du maintien de la fédération dans la CGT, contre l'autonomie, lors du congrès de 1948 entérinant la scission entre la CGT et FO.

Minorité forte d'Unité et Action dans la FEN (1948-1992)

Refusant tout d'abord l'organisation en "tendances" dans la Fédération de l'éducation nationale (FEN), les militants, se reconnaissaient comme "tendance des Bouches du Rhône", notamment dans les Congrès du Syndicat national des instituteurs (SNI). La motion déposée au nom de la délégation des Bouches du Rhône les rassemblait dans le même vote, et leur permettait de mesurer leur influence. Appelée Union et Action Syndicale en 1952/53 dans le Syndicat national de l'enseignement technique (SNET) et liste B dans le Syndicat national des enseignements du second degré (SNES), ce courant finit par choisir l'intitulé « Unité et Action » , abrégé UA à partir de 1966, après plusieurs années d'hésitation quant à la forme exacte de son organisation[2].

Les militants de la majorité autonomes (favorables à l'autonomie de la fédération, parmi lesquels on trouvait des socialistes) et les militants de l'École Emancipée ont en effet refusé de rejoindre FO afin de maintenir l'unité de la fédération. Les militants d'Unité et Action, proche des communistes prônaient toujours l'affiliation à la CGT, mais ne quittèrent pas la FEN à l'exception d'un syndicat de l'enseignement technique, le SNET « apprentissage » (l'autre SNET, dit « SNET-écoles » approuvant l'autonomie).

Les militants autonomes sont largement majoritaires, appuyés sur le SNI, qui regroupe alors 75 % des effectifs, et contrôlent la plupart des autres syndicats comme le SNES. La FEN avait toutefois admis l'affiliation à titre individuel à l'une ou l'autre des confédérations (CGT ou FO), à condition qu'elle ne soit pas structurée en syndicats nationaux parallèles et qu'elle ne donne pas de mots d'ordre parallèles. Les militants communistes firent ainsi vivre une FEN-CGT jusqu'en 1954 où une décision du bureau politique du PCF invita les instituteurs membres du parti à concentrer toute leur activité dans le SNI. Quelques militants proches des autonomes, essentiellement du second degré constituèrent une tendance FO, mais s'agglomérèrent à la majorité dès les années 1950.

Unité et Action constituait la principale minorité de la FEN face à la majorité "autonome". C'est une période de forte progression pour lui. En 1967, il devient majoritaire dans le deuxième syndicat de la FEN, le SNES. Dans la foulée, il conquiert la direction du syndicat national de l'éducation physique (SNEP), ainsi qu'une trentaine de section départementale de la fédération.

Création de la FSU et majorité d'Unité et Action depuis 1992

Dans les années soixante-dix et quatre-vingt, l'affrontement entre Unité et Action, principale minorité, et Unité Indépendance et Démocratie, la majorité, va connaître une escalade qui conduira à la scission de la FEN en 1992-93.

Le courant Unité et Action décide alors de participer à la création de la Fédération syndicale unitaire (FSU), au sein de laquelle il est largement majoritaire depuis sa création. Tandis que la FEN évolue en sens inverse et abandonne les tendances à cette date. Au dernier scrutin interne de la FSU en , la liste "Unité & action et sans tendance" a recueilli 70,9% des voix[3]. Si elle ne critique plus l'organisation en tendance au sein de la FSU pour y préférer une position d'ouverture au pluralisme idéologique, Unité et action réaffirme toujours sa volonté d'agir avec les autres formations syndicales, notamment la CGT[4].

Dans son dernier texte d'orientation syndicale présenté pour le congrès de la FSU en 2015[5], Unité et Action revendique :

  • l'ouverture aux autres courants de pensée, avec une direction pluraliste, à tous les niveaux :
  • l'ouverture à tous les syndiqués ;
  • l'ouverture à la diversité des opinions et approches par la recherche et la construction systématique des synthèses ;
  • l'ouverture à la diversité du syndicalisme dans notre pays, par la recherche de l’unité d’action.

Longtemps proche du Parti communiste français, Unité et Action en est maintenant très nettement autonome, tant et si bien que les communistes, qui en ont constitué l'ossature militante pendant des années, y sont désormais largement minoritaires.

Références

  1. « Bref historique », sur uasnes.org (consulté le ).
  2. « Tendances et courants de pensée », sur uasnes.org (consulté le )
  3. « Résultat du vote interne », sur ua-action.fr (consulté le )
  4. « Une nouvelle ambition pour notre fédération », sur ua-action.fr (consulté le )
  5. « Une nouvelle ambition pour notre fédération », sur ua-action.fr (consulté le )

Annexes

Bibliographie

  • Laurent Frajerman, « L’identité du courant “unitaire” de la Fédération de l’Éducation Nationale entre 1944 et 1967 : copie conforme ou contre-modèle ? », Le Mouvement Social, no 223, avril-, pp. 55-68.
  • Laurent Frajerman, « Enseignants “unitaires” et CGT : les prémices d’un divorce », in E. Bressol, M. Dreyfus, J. Hedde Et M. Pigenet, La CGT dans les années 1950, Rennes, PUR, 2005, pp. 145-156.
  • Laurent Frajerman, Les frères ennemis. La Fédération de l’Éducation Nationale et son courant « unitaire » sous la IVe République. Paris, Syllepse, .

Liens externes

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