Un point bleu pâle

Un point bleu pâle (Pale Blue Dot en anglais) est une célèbre photographie de la planète Terre prise par la sonde Voyager 1 en 1990 à une distance de 6,4 milliards de kilomètres. Elle a été baptisée selon le titre d'un livre inspiré par cette photo écrit en 1994 par Carl Sagan.

Il s'agit de la photographie de la Terre la plus lointaine jamais prise. Cependant, New Horizons réalise des images en réalisées depuis une distance plus lointaine, mais ces dernières ne font pas apparaitre la Terre[1].

Voyager 1 est actuellement l'artefact humain le plus éloigné de notre planète.

La photographie

Le , à la suite d'une demande insistante du scientifique américain Carl Sagan, la NASA commande à la sonde Voyager 1 qui avait terminé sa mission primaire, de se retourner et de photographier les planètes qu'elle avait visitées[2],[3].

La NASA compila 60 images de cet évènement unique en une mosaïque du système solaire[4] (connue sous le nom de Portrait de famille). Une des images que Voyager renvoya était celle de la Terre à 6,4 milliards de kilomètres (soit plus de 42 UA)[5], juste « un point bleu pâle » dans la photo granuleuse[6]. Le minuscule point est presque perdu dans la lueur du Soleil.

À ce moment-là, l'océan Pacifique renforçait l'aspect bleu de la Terre, ce qui n'aurait pas été le cas quelques heures plus tard avec l'Afrique et l'Asie[7].

Distance

Position de Voyager 1 le . Les barres verticales sont espacées d'un an et indiquent la distance de la sonde au-dessus de l'écliptique.

Selon l'outil HORIZONS du Jet Propulsion Laboratory de la NASA, les distances entre Voyager 1 et la Terre les et étaient les suivantes:[8]

Distance entre Voyager 1 et la Terre
Unité de mesure
Unité astronomiques 40,472229 40,417506
Kilomètres 6 054 587 000 6 046 400 000

Le livre

"Un point bleu pâle" tel que republié par la NASA en 2020 pour le 30e anniversaire de l'image. À l'aide d'un logiciel de traitement d'images moderne, la luminosité et les couleurs ont été équilibrées pour mettre en valeur la zone contenant la Terre[9].

Le livre est divisé en trois parties. La première examine la prétention faite à travers l'histoire que la Terre et l'espèce humaine sont uniques. La seconde partie décrit les découvertes scientifiques faites à travers le système solaire et les raisons communément évoquées pour les vols spatiaux habités. En dernière partie, Sagan suggère que l'exploration et la colonisation de l'espace et d'autres mondes sont essentielles pour la survie à long terme de l'espèce humaine et de la vie terrestre.

Description de la photo par Sagan[6] :

« Regardez encore ce petit point. C'est ici. C'est notre foyer. C'est nous. Sur lui se trouvent tous ceux que vous aimez, tous ceux que vous connaissez, tous ceux dont vous avez entendu parler, tous les êtres humains qui aient jamais vécu. Toute la somme de nos joies et de nos souffrances, des milliers de religions aux convictions assurées, d'idéologies et de doctrines économiques, tous les chasseurs et cueilleurs, tous les héros et tous les lâches, tous les créateurs et destructeurs de civilisations, tous les rois et tous les paysans, tous les jeunes couples d'amoureux, tous les pères et mères, tous les enfants plein d'espoir, les inventeurs et les explorateurs, tous les professeurs de morale, tous les politiciens corrompus, toutes les “superstars”, tous les “guides suprêmes”, tous les saints et pécheurs de l'histoire de notre espèce ont vécu ici, sur ce grain de poussière suspendu dans un rayon de soleil.

La Terre est une toute petite scène dans une vaste arène cosmique. Songez aux fleuves de sang déversés par tous ces généraux et ces empereurs afin que nimbés de triomphe et de gloire, ils puissent devenir les maîtres temporaires d'une fraction d'un point. Songez aux cruautés sans fin imposées par les habitants d'un recoin de ce pixel sur d'indistincts habitants d'un autre recoin. Comme ils peinent à s'entendre, comme ils sont prompts à s'entretuer, comme leurs haines sont ferventes. Nos postures, notre propre importance imaginée, l'illusion que nous avons quelque position privilégiée dans l'univers, sont mis en question par ce point de lumière pâle. Notre planète est une infime tache solitaire enveloppée par la grande nuit cosmique. Dans notre obscurité — dans toute cette immensité — il n'y a aucun signe qu'une aide viendra d'ailleurs nous sauver de nous-mêmes. La Terre est jusqu'à présent le seul monde connu à abriter la vie. Il n'y a nulle part ailleurs, au moins dans un futur proche, vers où notre espèce pourrait migrer. Visiter, oui. S'installer, pas encore. Que vous le vouliez ou non, pour le moment c'est sur Terre que nous prenons position.

On a dit que l'astronomie incite à l'humilité et fortifie le caractère. Il n'y a peut-être pas de meilleure démonstration de la folie des idées humaines que cette lointaine image de notre monde minuscule. Pour moi, cela souligne notre responsabilité de cohabiter plus fraternellement les uns avec les autres, et de préserver et chérir le point bleu pâle, la seule maison que nous ayons jamais connue[trad 1]. »

 Carl Sagan, Pale Blue Dot: A Vision of the Human Future in Space (en)

Notes et références

Traduction

  1. (en) « Consider again that dot. That's here. That's home. That's us. On it, everyone you love, everyone you know, everyone you ever heard of, every human being who ever was, lived out their lives. The aggregate of our joy and suffering, thousands of confident religions, ideologies, and economic doctrines, every hunter and forager, every hero and coward, every creator and destroyer of civilization, every king and peasant, every young couple in love, every mother and father, hopeful child, inventor and explorer, every teacher of morals, every corrupt politician, every superstar, every supreme leader, every saint and sinner in the history of our species, lived there… on a mote of dust suspended… in a sunbeam. The Earth is a very small stage in a vast, cosmic arena. Think of the rivers of blood spilled by all those generals and emperors so that in glory and triumph they could become the momentary masters of a fraction… of a dot. Think of the endless cruelties visited by the inhabitants of one corner of this pixel on the scarcely distinguishable inhabitants of some other corner. How frequent their misunderstandings, how eager they are to kill one another, how fervent their hatreds. Our posturings, our imagined self-importance, the delusion that we have some privileged position in the universe, are challenged by this point of pale light. Our planet… is a lonely speck in the great, envelopping cosmic dark. In our obscurity, in all this vastness, there is no hint that help will come from elsewhere to save us from ourselves. The Earth is the only world known so far to harbor life. There is nowhere else, at least in the near future, to which our species could migrate. Visit, yes. Settle, not yet. Like it or not, for the moment, the Earth is where we make our stand. It has been said that astronomy is a humbling and character-building experience. There is perhaps no better demonstration of the folly of human conceits than this distant image. To me, it underscores our responsibility to deal more kindly with one another and to preserve and cherish the pale blue dot, the only home we've ever known. »

Références

  1. Xavier Demeersman, « New Horizons prend la photo la plus éloignée de la Terre ! », sur Futura (consulté le )
  2. (en) « A Pale Blue Dot », Big Sky Astronomy Club (consulté le ).
  3. (en) « Pale Blue Dot », The Planetary Society. Consulté le 27 juillet 2006.
  4. (en) « Pale Blue Dot », produit no P7452, Sky Image Lab Astrophoto. Consulté le 2 avril 2006.
  5. (en) Robert Roy Britt, « Pale Blue Dot », Space.com. Consulté le 2 avril 2006. Britt évalue la distance à « plus de 4 milliards de miles » (« more than 4 billion miles »).
  6. (en) Sagan 1994, chap. « You Are Here », p. 8-9 [extrait].
  7. Pale Blue Dot, pièce de théâtre mise en scène par Étienne Gaudillère en 2017.
  8. « Le système Horizon du JPL de la NASA pour le calcul des éphémérides des corps du système solaire » [archive du ], ssd.jpl.nasa.gov (consulté le )
  9. (en) « Pale Blue Dot Revisited », sur jpl.nasa.gov (consulté le )

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (en) Carl Sagan, Pale Blue Dot : A Vision of the Human Future in Space, New York, États-Unis, Random House USA, Inc., , 1re éd., 429 p. (ISBN 0-679-43841-6 et 978-0-679-43841-0, présentation en ligne).

Voir aussi

Articles connexes

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