Locomotive type 14 SNCB

La type 14 des chemins de fer belges (SNCB) était une locomotive-tender d'inspiration anglaise pour trains locaux, express et trains de banlieue de disposition "Atlantic" (disposition d'essieux 221T) mise en service entre 1900 (prototypes) et 1901.

SNCB type 14
Identification
Exploitant(s) État belge / S.N.C.B. - N.M.B.S.
Désignation SNCB - Type 14
Construction 1900 - 1901
Constructeur(s) La Meuse, Couillet, Franco-Belge (La Croyère), Haine-Saint-Pierre, Tubize, Saint-Léonard
No  de série 2515, 2517-19, 2522-2566
1400-1432
14.001-14.032
Nombre 49
Retrait 1948
Affectation Courtrai, Tirlemont (fin de carrière)
Utilisation Trains locaux, trains de banlieue
Caractéristiques techniques
Disposition des essieux ooOOo T
Écartement Standard UIC 1,435m mm
Pression de la chaudière 12 kg/cm2
Moteur Simple expansion
 Cylindres 2, intérieurs
 Alésage × course 430 × 610 mm
 Distribution Stephenson
Puissance continue 830 ch
Ø roues motrices 1 800 mm
Ø roues AV 1067 mm
Ø roues AR 1067 mm
Masse en service 61,8 t
Masse adhérente 28 - 32,5 t
Longueur 11,343 m
Hauteur 3,876 m
Tender non
 Capacité en eau 5 m3
 Capacité en charbon 1 t
Masse totale 61,80 t
Empattement 9,533 m
Vitesse maximale 100 km/h

Comme toutes les locomotives des types 14 à 20, le type 14 est issu de la classe 721 "Dunalastair" (en) du Caledonian Railway (en) conçues par l'ingénieur John F. McIntosh (en).

La type 14 n'aura cependant pas de descendance : développée en parallèle avec la type 15, à foyer mi-profond. Plus puissante et capable de brûler une vaste gamme de charbons, elle supplanta deux ans plus tard les locomotives type 14 et donnera naissance en 1905 au type 16, plus puissant et doté de la surchauffe. Ces dernières arpenteront les rails de Belgique jusqu'en 1964 alors que les dernières type 14 éteignirent leurs feux en 1948.

Genèse

Cabine de conduite de la 16.042 ; celle des type 14 était identique.

En 1899, les Chemins de fer de l'État belge ne possédaient que quelques séries, déjà anciennes, de locomotives-tender pour les services locaux et de banlieue :

  • Le type 5 : 36 locomotives de faible puissance, de disposition 120T, construites en 1880-1881 + une en 1900. Elles assuraient les trains locaux, surtout sur des lignes faciles
  • Le type 3 : 10 locomotives de disposition apparentée aux 031T, proches du type 2 et construites en 1873 pour des trains de banlieue sur lignes pentues
  • Le type 4 : 91 locomotives de disposition 131T issues du type 3 mais plus réussies. Construites de 1878 à 1881, elles étaient utilisées sur des trains de banlieue lourds, des express à courte distance et, en fin de carrière, des trains locaux
  • Les locomotives-fourgon Belpaire : 46 locomotives de disposition 021T construites en 1881 et 1886 qui avaient la particularité de comporter un fourgon à bagages
  • Le type 11 : 102 locomotives de faible puissance, de disposition 030T, construites entre 1891 et 1898 en vue de remplacer le type 14 sur les trains locaux et de banlieue

Parmi ces différentes séries (sans compter quelques prototypes et de petites séries issues des anciennes compagnies privées), seul le type 4 était apte à remorquer des trains rapides ou de tonnage important ; faute de mieux, un certain nombre de trains locaux, de banlieue ou d'express sur de faibles distances étaient confiés à d'antiques locomotives à tender séparé des types 1, 2 et 2bis. Tous ces modèles étaient équipés d'un Foyer Belpaire brûlant du charbon tout-venant ; ce foyer avait jusqu'ici donné satisfaction mais atteignait ses limites en matière de puissance et dépendait d'un combustible bon marché dont le prix connaissait alors une forte augmentation.

Les locomotives pour express type 17, fonctionnant aux briquettes de charbon, donnant des résultats très satisfaisants, il fut décidé de s'en inspirer pour mettre au point une locomotive-tender rapide pour trains omnibus et de banlieue, capables de remorquer des express à faible parcours.

Cette locomotive devait à la fois être capable d'assurer le service sur les lignes secondaires, dont la charge est inférieure à 14 t par essieu mais aussi sur les lignes principales, y compris celles comportant des pentes moyennement importantes[1].

Caractéristiques

Entre 1899 et 1900, deux prototypes furent mis au point :

  • La 2515, construite par La Meuse et dotée d'un foyer profond disposé entre les deux essieux moteurs, comme le type 17 ; cette locomotive était prévue pour brûler des briquettes, emportait m3 d'eau et développait 830 ch.
  • La 2516, construite par la Société franco-belge, possédait un foyer mi-profond, se prolongeant au-delà du second essieu moteur, capable de brûler des briquettes et du charbon menu. Le foyer mi-profond nécessitait un empattement accru ; sur ce châssis allongé, des soutes plus vastes emportaient 6,5 m3 d'eau. Elle développait 880 ch.

Ces deux modèles livrés quasi simultanément possèdent de nombreux points communs avec les autres modèles étudiés par Mac Intosh (moteur simple expansion à deux cylindres intérieurs, bogie anglais...)[2]. Elles diffèrent du type 17 par leurs roues motrices plus petites 1 800 mm au lieu de 1 980 mm, et bien entendu l'absence de tender et les soutes à eau et charbon. Il s’agissait de machines capables d’atteindre 100 km/h.

La 2516, était plus puissante ; son foyer mi-profond est proche de celui du type 30, un autre modèle de locomotive d'inspiration anglaise (disposition 030) livré en 1900 pour assurer des trains de marchandises ou des omnibus lourds.

Ces locomotives étaient réversibles afin de supprimer la perte de temps du revirement sur plaque tournante après chaque parcours. Le bissel arrière permettait de circuler à vitesse importante tender en avant. Tout comme le type 17 et le type 15 à foyer mi-profond, elle possédait un bogie avant non-freiné.

Comme les lignes secondaires ne toléraient pas de charges supérieures à 14 t par essieu ; les locomotives type 14 engagées sur ces lignes ne pouvaient jamais circuler avec leurs soutes à eau pleinement chargées, dans ce cas, la masse adhérente maximale (masse répartie sur les seuls essieux moteurs) était de 28 t ; sur les lignes principales, la masse adhérente maximale (soutes pleinement chargées) était de 32,5 t[1]. Comme toutes les locomotives-tender, son poids adhérent diminuait au fur et à mesure qu'étaient utilisées les réserves d'eau et de charbon. Avec des réserves faibles sur des rails glissants, les locomotives type 14, 15 et 16 pouvaient souffrir de patinages et escalader certaines pentes à vitesse très réduite.

Livraison

Commande

La numérotation d'origine des locomotives type 14 et 15 est imbriquée en raison de la simultanéité de leur livraison[3].

Les deux prototypes (à foyer profond et à foyer mi-profond) ont été respectivement adjugés :

  • le aux Ateliers de la Meuse pour la 2515 à foyer profond
  • le aux Ateliers de la Meuse pour la 2516 à foyer mi-profond et allongé

Une première tranche de série comprenait des locomotives des deux types, adjugées à La Meuse le [3]. Elle comprenait :

  • les 2517 à 2519, munies de foyers profonds
  • les 2520 et 2521, munies, comme la 2516, d'un foyer mi-profond.

L'adjudication suivante, passée le , ne comprend que des locomotives du futur type 14, à foyer profond, pour le prix de 104 434 francs belges[3]. Les 45 locomotives furent partagées entre les constructeurs suivants :

  • Sept exemplaires pour la société métallurgique de Tubize, 2522 à 2528
  • Dix pour la Société de Couillet, 2529 à 2538 ;
  • Dix pour La Meuse, 2539 à 2548 ;
  • Quatre pour la société de Saint-Léonard, 2549-2552 ;
  • Six pour Haine-Saint-Pierre, 2553 à 2558 ;
  • Huit pour la Société franco-belge (La Croyère), 2559-2566.

Cette adjudication sera la dernière : à partir de 1901 et jusqu'à la commande des premières locomotives équipées de la surchauffe, les Chemins de fer de l'Etat belge ne commanderont que des locomotives à foyer mi-profond (futur type 15 de la SNCB).

Mise en service

Le prototype 2515 fut officiellement mis en service le , après sa période d'essais et sa participation à l'exposition de 1900. La date de sortie d'usine et de la tenue des essais n'est malheureusement pas indiquée.

Les trois locomotives de la première tranche ont été réceptionnées en .

La livraison des 45 locomotives de série s'étale entre mars et en fonction des délais de construction. La Meuse fut la première à livrer des locomotives de série (la 2539 est mise en service par l’État belge le ) ; celles des autres constructeurs constructeurs furent mises en service au plus tôt entre mai et .

Carrière et services effectués.

La 2515 fut essayée en tête d'une charge de 160,4 t entre Bruxelles-Midi et Baulers sur une section de la ligne Bruxelles - Nivelles - Charleroi qui posait de fortes difficultés aux équipes de conduite : il s'agit de la section entre Uccle-Calevoet et Rhode-Saint-Genèse, qui comporte notamment une longue rampe ininterrompue de 13  sur près de km, ainsi que d'autres rampes de 13 , plus courtes, à la sortie de Bruxelles et Rhode-Saint-Genèse[1]. Elle fut ensuite essayée sur la ligne Bruxelles-Mons, au profil plus facile avec des rampes ne dépassant qu'entre Hennuyères et Braine-le-Comte. Ces deux lignes étaient appelées à être parcourues par ce modèle en service régulier[1].

C'est également cet exemplaire qui fut exposé à Vincennes lors de l'Exposition universelle de 1900 à Paris[1].

La 2516, bien que plus puissante et capable, comme les locomotives type 30, de brûler des charbons moins onéreux, ne fut pas immédiatement produite en série. La raison de cette préférence n'est pas explicitée. La raison tient peut-être dans le poids légèrement plus faible de la type 14, la rendant plus pratique à l'emploi sur les lignes faiblement armées[réf. nécessaire].

À partir de 1901, les Chemins de fer de l’État belge revirent leur copie et le type 15 à foyer semi-profond supplanta entièrement le type 15 à foyer profond sur les chaînes de montage, avec au total 73 exemplaires livrés jusqu'en 1908.

En 1905, année où la surchauffe fit son apparition en Belgique, un prototype dérivé du type 15 à foyer profond doté d'un surchauffeur Schmidt fut commandé à Zimmerman-Hanrez et exposé à l’Exposition universelle de Liège de 1905. Elle sera suivie par 78 autres locomotives, appelées type 15S et construites jusqu'en 1913. Plus puissantes et économes que les type 15 originelles, elles les remplacèrent sur certains omnibus lourds, directs et semi-directs.

De nombreuses locomotives type 15 de toutes versions confondues furent détruites ou endommagées au-delà de toutes réparations durant la Première Guerre mondiale. En 1921, il ne reste que 33 locomotives type 14 en service ; le prototype 2515 fait partie des machines perdues lors du conflit[3].

Renumérotation

En 1925, la renumérotation du matériel des Chemins de fer de l’État belge (qui devinrent la SNCB l'année suivante) permit de séparer ces trois sous-séries à la numérotation imbriquée

  • Le type 15 à foyer profond fut renuméroté type 14
  • Le type 15 à foyer mi-profond resta le type 15
  • Le type 15S, à surchauffe, fut renuméroté type 16 (les Mogul de forte puissante construites vers 1897 qui étaient également appelées type 16 avaient au préalables toutes été mises hors-service)

C'est seulement en 1931 que les numéros d'origine des locomotives type 14 furent remplacés par une numérotation nouvelle tenant compte de leur nouveau type. Elles furent ainsi renumérotées 1400 à 1432. Étrangement, cette nouvelle numérotation ne tenait pas compte de l'ancienneté des locomotives ni de leur ordre de livraison ; ainsi, la 2518 (troisième type 14 construite et plus ancienne de sa série encore en service) se voit attribuer le numéro 1408 alors que les numéros 1400 et 1401 sont respectivement attribués aux 2565 et 2533, construites plus tardivement.

Transformations

Durant l'entre-deux-guerres, les locomotives type 14 bénéficièrent d'améliorations destinées à compenser certains de leurs défauts.

  • Transformation du bogie avant (non freiné) sur le modèle des bogies freinés des type 16 (reconnaissables aux cylindres du système de freinage posés sur le bogie)
  • Installation d'une soute à charbon sur le toit de la cabine et d'une trémie. Cette amélioration, qui toucha aussi les locomotives type 15 et 16, permit de doubler la capacité en charbon t au lieu de 2.

Fin de carrière

Plusieurs locomotives ont été mises hors-service avant la nouvelle numérotation de 1946 :

  • la 1423 fut radiée le  ;
  • la 1405, le  ;
  • la 1413 est rayée des inventaires le .

Les autres locomotives, ainsi que la 1405 qui a soit été réactivée soit mise en parc, reçoivent de nouveaux matricules à sept chiffres en 1946 entre 14.001 et 14.032 ; à l'exception de la 1400 qui est renumérotée 14.013, toutes conservent les deux derniers chiffres de leur matricule. Pour certaines locomotives, cette renumérotation se fit uniquement sur papier car elles étaient déjà hors service ou parquées en bon état. Les 14.014 et 14.024, radiées dès le , appartiennent à ce lot[3].

Après la Seconde Guerre mondiale, la SNCB faisant face à la fermeture de lignes locales et au remplacement de courtes rames tractées par des autorails, elle mit hors service un certain nombre de séries vétustes. Les locomotives type 14 furent les premières à disparaître : les 29 locomotives encore à l'inventaire furent toutes radiées entre avril et [3].

  • Le type 15 se maintint jusqu'en 1959
  • Les dernières locomotives type 16 furent radiées en 1964.

Aucune locomotive type 14 ou 15 ne fut sauvegardée ; la seule locomotive-tender de cette famille à avoir été préservée est la 16.042, appartenant aux collections de la SNCB et actuellement préservée au musée de Treignes.

Notes et références

  1. F. Barbier, « Les locomotives belges à l'Exposition de 1900 », Revue générale des Chemins de fer et des Tramways, , p. 235-247, pl. XXII-XXVI
  2. L. Pierre-Guédon, « Les locomotives à l’Exposition de Gand », Le Génie Civil, , p. 503 - 507 (lire en ligne, consulté le )
  3. J. Vandenberghen, X. Période Mac Intosh. 1898-1904, Bruxelles, SNCB, , 230 p., p. 105-109

Voir aussi

Article connexe

Bibliographie

  • Dambly Phil, Nos inoubliables vapeurs, Bruxelles, Éditions "Le Rail",
  • Vandenberghen J, XVIIème Répertoire des locomotives de l'Etat belge : 1835-1926. I-II, Bruxelles, SNCB,
  • Dambly Phil, Vapeur en Belgique. Tome I : des origines à 1914, Bruxelles, Éditions Blanchard,
  • Dambly Phil, Vapeur en Belgique. Tome II : de 1914 aux dernières fumées, Bruxelles, Éditions Blanchard,

Lien externe

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