Txetx Etcheverry

Txetx Etcheverry est un militant basque et écologiste français né le à Saint-Jean-Pied-de-Port (Pyrénées-Atlantiques).

Biographie

Txetx Etcheverry, de son vrai nom Jean-Noël Etcheverry, est né au Pays basque dans une famille d'éleveurs d'Ascarat[1]. Après avoir fugué à seize ans à Bayonne, il se rapproche du mouvement séparatiste basque, découvre les luttes sociales et aspire à faire de l'humanitaire en Afrique au Burkina-Faso[2] après sa formation d'infirmier. Il renonce après le coup d'État contre Thomas Sankara et rejoint le mouvement abertzale, qui mêle défense du Pays basque avec la lutte sociale et écologique et dont il devient l'une des figures principales[3].

Dans les années 1980 et 90, il s'engage dans de nombreuses activités politiques et syndicales, notamment au sein du mouvement Patxa, puis dans le parti politique souverainiste Abertzaleen Batasuna[4], mais aussi dans des initiatives culturelles. À cette époque, il sera aussi le témoin des assassinats dans l'Hôtel Montbar, commis par le GAL, commandos para-policiers et para-militaires. Il fonde avec l'association Piztu, en 1995 le festival musical Euskal Herria Zuzenean[5], puis le mouvement de désobéissance civile DEMO-Démocratie pour le Pays basque. En 2001, après les accords de Lizarra-Garazi, Txetx fait partie de la majorité des membres du parti politique Abertzaleen Batasuna a condamner la violence d'Euskadi ta Askatasuna (ETA) comme moyen de lutte pour l'indépendance basque.

En 2004, il crée la Fondation Manu Robles-Arangiz[6], émanation au Pays basque français du syndicat basque espagnol Eusko Langileen Alkartasuna (ELA), et dans la foulée, en il participe à la création d'Euskal Herriko Laborantza Ganbara[7], la chambre d'agriculture alternative du Pays basque, qui vise à défendre une agriculture plus respectueuse de l'environnement au sein du Pays basque. Cette chambre d'agriculture sera poursuivie par l'État français pour usurpation de la dénomination de chambre d'agriculture[8]. Dès lors, Txetx Etcheverry prend la tête du comité de soutien de l'Euskal Herriko Laborantza Ganbara jusqu'à la victoire d'abord en première instance en 2009, puis en appel en 2010, après quoi l'État français renonce à ses poursuites[9].

Le , il est interpellé à son domicile[10] et placé en garde à vue dans le cadre d'une enquête antiterroriste sur son éventuelle implication dans les activités de l'ETA dans les années 1990 à la suite des aveux du militant béarnais Robert Arricau. Après une forte mobilisation citoyenne, et faute de preuves à son encontre, il est relâché le après trois jours de garde à vue[11].

Le il est arrêté à Louhossoa par des policiers cagoulés et lourdement armés alors qu'il s'apprêtait à participer à une activité de destruction d'armes de l'ETA en compagnie d'autres personnalités de la société civile basque. À la suite de fortes mobilisations populaires et politiques, les cinq détenus sont relâchés après quatre jours de garde à vue. Cet épisode est considéré par certains comme un changement dans l'histoire du désarmement, la société civile en étant directement partie prenante[12].

Engagement écologique

Bizi !

Avec d'autres militants écologistes du Pays basque, il fonde le le collectif écolo-abertzale Bizi ! en vue de participer au sommet de Copenhague[13], qui sert de cadre à la sensibilisation du public basque aux enjeux du réchauffement climatique. Malgré l'échec de ce sommet, Bizi! devient une association l'année suivante et s'engage dans de nouvelles activités, et notamment l'organisation d'un village des alternatives pour la fin 2010[14], qui ne se concrétisera pas.

Ainsi, Txetx Etcheverry contribue à la mise en place de l'eusko, la monnaie locale du Pays basque. Lancée en , elle connaît un rapide essor et comptait début 2015, 3 000 usagers et 550 prestataires[15].

En , il participe à l'opération de réquisition de chaises lancée contre HSBC pour dénoncer sa participation au scandale des Swissleaks[16], déclenchant des opérations similaires dans le reste de la France menées par d'autres associations, et notamment Attac[17]. Une plainte est déposée et, convoqué par la police, Txtetx Etcheverry ressort libre mais reste sous le coup d'une enquête[18].

Alternatiba

C'est finalement les 5 et qu'il organise avec Bizi ! le festival Alternatiba, défini comme étant un « processus de mobilisation de la société face au défi du changement climatique ». Ayant accueilli plusieurs milliers de personnes dans une ambiance festive, mais pourtant tourné vers des alternatives à la société actuelle[19].

À cette occasion, un appel à lancer d'autres villages dans le reste de l'Europe est lancé. Il suscite un enthousiasme qui se concrétise par la création dès le printemps 2014 de plusieurs collectifs Alternatiba en France, qui eux-mêmes organiseront leurs propres villages. Bizi ! joue un rôle moteur en mettant à disposition des autres collectifs un kit méthodologique expliquant comment procéder. Txtetx Etcheverry devient alors le porte-parole de la coordination européenne des Alternatiba[20].

Au printemps 2014 est lancé le projet d'un tour de France avec des vélos multiplaces (deux triplettes et une quadruplette) pour sensibiliser les territoires aux enjeux du réchauffement climatique[21]. Ce tour s'est élancé de Bayonne le pour arriver à Paris le , alors qu'avait lieu le village Alternatiba de Paris[22], après avoir parcouru 187 étapes, 5600km et mobilisé plus de 62 000 personnes sur son passage[23].

Peu de temps avant la conférence de Paris sur le climat, il fonde avec Jon Palais l'association Action non-violente COP21, qui se veut être davantage portée sur la désobéissance civile[24].

Notes et références

  1. Coralie Schaub, « Txetx Etcheverry, agitateur d’idéaux », sur liberation.fr,
  2. Olivier Nouaillas, « Txetx Etcheverry, la force basque pour le climat », sur lavie.fr,
  3. Patrice Berger, « Txetx et le mouvement abertzale en Pays Basque nord », sur radiopluriel.fr,
  4. François Musseau, « La France reste prudente avec la mouvance basque », sur liberation.fr,
  5. Marie-Christine Vernay, « Festival Ehz. Dans un pré, la manifestation qui monte réunit cultures de la région et d'ailleurs. En plein champ basque », sur next.lesinrocks.fr,
  6. « 10 ans de travail en Iparralde », sur enbata.info,
  7. « La genèse du projet » (consulté le )
  8. Jerôme Anciberro, « Quand l’État s’acharne contre une chambre d’agriculture alternative et respectueuse de l’environnement », sur bastamag.net (consulté le )
  9. « Chambre d'agriculture alternative basque : Relaxe confirmée par la cour d'appel de Pau » (consulté le )
  10. « La garde à vue de Txetx », sur mrafundazioa.eus,
  11. « Soutien de tous bords pour la libération de « Txetx » Etcheverry »,
  12. « Louhossoa : les interpellés mis en examen et remis en liberté », sur France Bleu, (consulté le )
  13. Emmanuel Planes, « Le mouvement Bizi ! prend de l'ampleur », sur sudouest.fr,
  14. Pierre Penin, « Bienvenue au village de l'écologie puissance 10 », sur sudouest.fr,
  15. Pierre Sabathié, « Pays basque : l'eusko, première monnaie locale française payable en carte bleue », sur sudouest.fr,
  16. « Saisie citoyenne dans une agence HSBC », sur bastamag.net,
  17. Cyrille Pluyette, « Ils ont fauché des chaises chez HSBC et BNP Paribas, et les remettent au fisc », sur lefigaro.fr,
  18. Patrick Piro, « Renfort de poids pour les receleurs de chaises HSBC », sur politis.fr,
  19. Olivier Nouaillas, « Alternatiba, le sommet alternatif contre le réchauffement climatique », sur lavie.fr,
  20. Barnabé Binctin, « Txetx Etcheverry : « La bataille du climat se joue maintenant, si on la perd, on perd toutes les autres » », sur reporterre.net,
  21. Jean-Sébastien Mora, « Tour Alternatiba : le redémarrage d’une mobilisation climatique », sur lesinrocks.fr (consulté le )
  22. Marie-Noëlle Bertrand, « La transition doit être écologique, sociale et créatrice d’emplois », sur humanite.fr,
  23. alternatiba, « Le Tour Alternatiba est arrivé ! », sur Club de Mediapart (consulté le )
  24. « Jon Palais : Gandhi écolo », sur Libération.fr, (consulté le )
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