Trouble du spectre de l'autisme

Trouble du spectre de l'autisme ou TSA (en anglais : autism spectrum disorder ou ASD) est le diagnostic de l'autisme depuis 2013, dans la 5e édition du Manuel diagnostique et statistique de l'Association américaine de psychiatrie (DSM-5). Les éditions antérieures du DSM, et la 10e édition de la Classification internationale des maladies de l'Organisation mondiale de la santé (CIM-10), utilisent la dénomination troubles envahissants du développement (ou TED). L'expression « trouble du spectre de l'autisme » témoigne d'une façon différente d'envisager l'autisme. Ses critères diagnostiques ont été modifiés.

Pour les articles homonymes, voir TSA et ASD.
Trouble du spectre de l'autisme
Le ruban puzzle est souvent utilisé comme symbole du spectre autistique, représentant de la diversité des conditions et des personnes qui vivent avec ce trouble.
Spécialité Psychologie
CISP-2 P99
CIM-10 F84
CIM-9 299
DiseasesDB 33524
eMedicine ped/1780 
MeSH D002659

Mise en garde médicale

Critères diagnostiques

D'après le DSM-5[1], le diagnostic est posé à partir de la présence de deux groupes de symptômes (A et B). La sévérité est spécifiée sur la base des déficits dans ces deux catégories.

  • A – Des déficits persistants dans la communication sociale et les interactions sociales dans de multiples contextes : déficits de la réciprocité socio-émotionnelle, allant, par exemple, de l'approche sociale anormale et l'incapacité d'échanger dans une conversation ; au partage réduit d'intérêts, d'émotions, ou d'affect ; à l'échec d'engager ou de répondre à des interactions sociales. Déficits dans les comportements de communication non verbaux utilisés pour l'interaction sociale, allant, par exemple, de la communication verbale et non verbale mal intégrée ; à des anomalies dans le contact visuel et le langage du corps ou des déficits dans la compréhension et l'utilisation de gestes ; à un manque total d'expressions faciales et de communication non verbale. Déficits dans le développement, le maintien et la compréhension des relations, allant, par exemple, de difficultés à adapter le comportement en fonction de divers contextes sociaux à des difficultés à partager les jeux imaginatifs ou à se faire des amis ; à l'absence d'intérêt pour les pairs.
  • B – Des modes restreints et répétitifs de comportements, d'intérêts ou d'activités : mouvements moteurs, utilisation d'objets ou parole stéréotypés ou répétitifs (par exemple, stéréotypies motrices simples, aligner des jouets ou retourner des objets, écholalie, phrases idiosyncrasiques (hors contexte)). Insistance sur l'adhésion inflexible à des habitudes ou modes ritualisés de comportement verbaux ou non verbaux (par exemple, détresse extrême en cas de petits changements, difficultés avec les transitions, modes de pensée rigide, rituels de salutation, besoin de prendre le même itinéraire ou de manger la même nourriture tous les jours). Intérêts très restreints et circonscrits qui sont anormaux dans leur intensité ou leur orientation (par exemple, un fort attachement à des objets inhabituels, des intérêts excessivement circonscrits ou poursuivis avec une persévération excessive). Hyper- ou hyporéactivité à des stimuli sensoriels ou niveau d'intérêt inhabituel pour les aspects sensoriels de l'environnement (par exemple, indifférence apparente à la douleur/température, réaction négative à des sons ou des textures spécifiques, sentir ou toucher excessivement des objets, fascination visuelle pour des lumières ou mouvements).
  • C – Les symptômes doivent être présents dans la période de développement précoce (mais peuvent ne devenir pleinement manifestes qu'après que les exigences sociales dépassent les capacités limitées, ou peuvent être masqués par des stratégies apprises plus tard dans la vie).
  • D – Les symptômes causent une altération cliniquement significative du fonctionnement actuel dans les domaines sociaux, scolaires ou professionnels, ou d'autres domaines importants.
  • E – Ces perturbations ne sont pas mieux expliquées par la déficience intellectuelle (trouble de développement intellectuel) ou un retard global de développement. La déficience intellectuelle et le trouble du spectre de l'autisme surviennent fréquemment ensemble ; pour poser les deux diagnostics de trouble du spectre de l'autisme et de déficience intellectuelle, la communication sociale devrait être inférieure à celle prévue pour le niveau de développement général.

Notion de spectre de troubles

Les troubles envahissants du développement regroupaient cinq troubles différents (troubles autistiques, syndrome de Rett, syndrome d'Asperger, trouble désintégratif de l'enfance, trouble envahissant du développement non spécifié). Dans le DSM-5 :

  • le syndrome de Rett et le trouble désintégratif de l'enfance sont exclus des TSA ;
  • les TSA regroupent donc de fait ce qu'on appelait auparavant troubles autistiques, syndrome d'Asperger et troubles non spécifiés.

La notion de troubles du spectre de l'autisme, introduite en 1988[2], permet d'inclure les autres troubles représentatifs de ces critères sans pour autant les confondre avec l'autisme infantile. On peut par exemple lire en 2008 dans le cadre de la neuropsychiatrie :

« Il est devenu usuel de réunir sous l'étiquette générale de « troubles du spectre de l'autisme » l'autisme typique, dit « de Kanner », les autistes « de haut niveau » et le syndrome d'Asperger[3]. »

La notion de spectre de l'autisme permet de mieux reconnaître la diversité des troubles et des comportements des personnes autistes et la possibilité qu'elles ont d'évoluer sur le spectre.

Terminologie

En langue anglaise, la langue de la plupart des échanges scientifiques internationaux, on emploie fréquemment le terme autism, dans l'expression autism spectrum disorder, et non, comme les locuteurs francophones pourraient le penser, autistic spectrum disorders (pourtant le terme initialement introduit dans l'usage par Doris Allen). C'est un phénomène reconnu en stylistique comparée du français et de l'anglais, notamment dans le langage scientifique[4].

Le fait qu'un auteur spécialisé comme Lorna Wing préfère pourtant autistic spectrum disorders confirme cette tendance de l'anglais en situation réelle de communication. Juxtaposer autism et spectrum, plutôt que les lier comme dans autistic spectrum, le premier mot qualifiant le second, amène les locuteurs anglophones à faire plus souvent que les francophones l'ellipse de spectrum et disorders, pour employer autism dans un sens sous-entendu comme large, comme l'indiquent les recherches sur l'« autisme », qui débordent largement la recherche sur l'autisme infantile, sens restreint (et contesté) du mot autisme.[Interprétation personnelle ?]

Notes et références

  1. « Autisme : critères diagnostiques du DSM-5 », sur Psychomédia (consulté le )
  2. Alors que Lorna Wing parlait de continuum autistique, c'est Doris Allen qui parle la première de spectre dans Autistic spectrum disorders: clinical presentation in preschool children, 3C , Child Neurol, 3 (Suppl), p. 48-56 ; (autre parution : Journal of Autism and Developmental Disorders, Volume 33, Number 2, , p. 231-232)
  3. A. Bottéro en décembre 2008 dans Neuropsychiatrie : tendances et débats 2008 no 35 source en ligne
  4. [PDF] Demers, Ginette. « Les liens interphrastiques dans des textes scientifiques et des textes d'histoire : comparaison de l'anglais et du français », Langues et linguistique 1998 no 24, p. 67-83. « Vinay et Darbelnet ont été les premiers à postuler que le français serait une langue liée contrairement à l'anglais qui serait une langue juxtaposée. »

Voir aussi

Articles connexes

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