Trou noir supermassif

Un trou noir supermassif (TNSM)[Note 1] est un trou noir dont la masse est de l'ordre d'un million de masses solaires ou plus. Plusieurs types de trous noirs existent : les trous noirs primordiaux, les trous noirs stellaires, les trous noirs intermédiaires et les trous noirs supermassifs. Ces derniers sont les plus massifs, et leur masse peut atteindre jusqu'à 40 milliards de masses solaires (celui de la galaxie Holmberg 15A). Les trous noirs supermassifs se trouvent au centre des galaxies massives et il est généralement accepté dans la communauté scientifique que chaque grosse galaxie abrite de tels objets. Le trou noir supermassif au centre de notre galaxie, la Voie lactée, correspond à la source Sagittarius A*.

Pour les articles homonymes, voir Trou noir (homonymie) et TNSM.

Images du trou noir supermassif M87* et de son disque d'accrétion par l'Event Horizon Telescope.
En haut : vue d'artiste d’un trou noir supermassif absorbant la matière environnante. En bas : images supposées d'un trou noir dévorant une étoile dans la galaxie RXJ 1242-11. Photo en rayons X avec le télescope Chandra à gauche ; photo optique prise par l’ESO à droite.

Trous noirs supermassifs au centre des galaxies

Aujourd’hui, de nombreuses observations montrent qu’à peu près toutes les grosses galaxies possèdent un trou noir supermassif en leur centre[1]. C’est, par exemple, le cas de notre propre galaxie, la Voie lactée. Les observations les plus significatives de la présence d’un tel trou noir dans notre galaxie sont celles du mouvement orbital des étoiles les plus proches du centre galactique, dans la région appelée Sagittarius A*. Le suivi des trajectoires a permis de mesurer directement la masse du trou noir central : 4,2 ± 0,2 millions de masses solaires[2],[3]. En 2002, des astronomes suivent l’étoile S2 dans Sagittarius A* et montrent qu’elle s’approche jusqu’à 17 heures-lumière du trou noir central[4],[5],[6].

Observations

En , l'instrument d'interférométrie GRAVITY, installé au Très Grand Télescope et développé par l'Institut de planétologie et d'astrophysique de Grenoble, le Laboratoire d'études spatiales et d'instrumentation en astrophysique de Paris et le centre français en aérospatial, observe avec une précision inégalée, dans la banlieue de Sagittaire A*, le trou noir supermassif distant de 25 000 années-lumière qui occupe le centre de la Voie lactée. Ces observations représentent une réussite technique de la communauté scientifique d'autant plus mémorable que l'étoile S2, ayant une orbite elliptique autour de ce trou noir supermassif, est passée en 2018 au plus près de ce dernier[7].

Le , l'Event Horizon Telescope publie les premières images d'un trou noir, M87*, trou noir supermassif situé au centre de M87[8],[9].

Propriétés

Par comparaison avec un trou noir stellaire, la densité moyenne d’un trou noir supermassif peut en fait être très faible (parfois plus faible que celle de l’eau). Cela s’explique par le fait que le rayon de Schwarzschild du trou noir croît proportionnellement à la masse, ce qui induit que la densité moyenne à l'intérieur de son rayon de Schwarzschild décroît selon le carré de sa masse. Plus le trou noir est grand, moins sa densité moyenne est grande, même si sa masse croît sans limite. Ainsi, la masse volumique d'un trou noir de 1,357 4 × 108 masses solaires est comparable à celle de l'eau[10]. Pour se représenter un tel trou noir, on peut imaginer une boule d'eau de 400 millions de kilomètres de rayon, s'étendant donc du Soleil jusqu'à la ceinture d'astéroïdes. Une telle boule, si elle existait, s'effondrerait sous l'effet de sa propre gravité pour former un trou noir d'un rayon de Schwarzschild égal à son rayon initial. Un trou noir de 4,292 5 × 109 masses solaires aurait la masse volumique de l'air et un rayon de 12,7 milliards de kilomètres. Le trou noir M87* a une masse de l'ordre de 6,5 × 109 masses solaires et un rayon de 19 milliards de kilomètres ; son diamètre est donc de 38 milliards de kilomètres, ou 35 heures-lumière ; comme il est situé à 53,5 millions d'années-lumière de la Terre, son diamètre apparent serait de 15,5 μas (microsecondes d'arc). Son ombre, enregistrée par la collaboration Event Horizon Telescope, a un diamètre de l'ordre de 25 μas.

Autre fait notable, les forces de marées sont négligeables au voisinage de l’horizon des évènements d’un trou noir supermassif, car la singularité gravitationnelle centrale en est très éloignée. Ce qui fait qu’un explorateur s’approchant d’un trou noir supermassif ne ressentirait rien de particulier lors du franchissement de son horizon.

Formation

La formation des trous noirs supermassifs est encore fortement débattue puisqu’elle se fait certainement sur de grandes échelles de temps, à comparer à la formation d’un trou noir stellaire lors de l’explosion d’une supernova, produite par une étoile massive, comme une étoile Wolf-Rayet.

L’hypothèse la plus simple de la formation des trous noirs supermassifs est évidemment de commencer par un trou noir stellaire qui ensuite accrète de la matière sur des milliards d’années. Cette hypothèse a cependant de nombreux défauts, parmi lesquels la nécessité d’une très grande densité d’étoiles pour nourrir continuellement le trou noir. Mais surtout, des observations ont montré l’existence de trous noirs supermassifs aux très grands décalages vers le rouge, c’est-à-dire au début de l’évolution de l’univers[réf. nécessaire]. Ces trous noirs n’ont ainsi pas eu le temps de se former par simple accrétion d’étoiles. Il est possible que la formation de tels trous noirs ait été très rapide, dès le début de la vie de l’univers[11],[12].

Le satellite Chandra a également permis d’observer, au centre de la galaxie NGC 6240, deux trous noirs supermassifs en orbite l’un autour de l’autre[13].

Exemples

Situé à 26 000 années-lumière de la Terre, le trou noir du centre de la Voie lactée a une masse de 4,2 millions de fois celle du Soleil[14] et son diamètre est d'une vingtaine de millions de kilomètres.

Au cœur des galaxies de l'univers, les trous noirs dits supermassifs sont compris dans la fourchette d'un million à 40 milliards de fois la masse du Soleil, tels que :

Bibliographie

Notes et références

Notes

  1. En anglais supermassive black hole (SMBH).

Références

  1. (en) David Merritt, Dynamics and Evolution of Galactic Nuclei, Princeton, NJ, USA, Princeton University Press, , 546 p. (ISBN 0691158606, présentation en ligne).
  2. (en) Andrea M. Ghez, B. L. Klein, M. Morris et E. E. Becklin, « High Proper-Motion Stars in the Vicinity of Sagittarius A*: Evidence for a Supermassive Black Hole at the Center of Our Galaxy », The Astrophysical Journal, vol. 509, no 2, , p. 678-686 (DOI 10.1086/306528, résumé, lire en ligne [PDF]).
  3. (en) « UCLA Galactic Center Group », sur le site de l’UCLA.
  4. (en) « Surfing a Black Hole - Star Orbiting Massive Milky Way Centre Approaches to within 17 Light-Hours », sur European Southern Observatory, .
  5. (en) « Galactic Center Research at MPE », sur Institut Max-Planck de physique extraterrestre et en particulier « l’animation » montrant la trajectoire de l’étoile S2.
  6. (en) R. Schödel et al., « Closest Star Seen Orbiting the Supermassive Black Hole at the Centre of the Milky Way », Nature, vol. 419, , p. 694 (DOI 10.1038/nature01121, résumé).
  7. « GRAVITY observe avec succès les abords du trou noir de la Voie Lactée », CNRS, 23 juin 2016.
  8. « La toute première image d’un trou noir », Le Temps, (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le ).
  9. (en) Kazunori Akiyama, Antxon Alberdi et al., « First M87 Event Horizon Telescope Results. I. The Shadow of the Supermassive Black Hole », The Astrophysical Journal, vol. 875, no 1, , p. L1 (ISSN 2041-8213, DOI 10.3847/2041-8213/ab0ec7).
  10. (en) A. Celotti, J. C. Miller et D. W. Sciama, « Astrophysical evidence for the existence of black holes », Classical and Quantum Gravity, vol. 16, no 12A, , A3–A21 (DOI 10.1088/0264-9381/16/12A/301, arXiv astro-ph/9912186).
  11. (en) M. Volonteri et M. J. Rees, « Rapid Growth of High-Redshift Black Holes », =The Astrophysical Journal, vol. 633, no 2, , p. 624-629 (DOI 10.1086/466521, résumé).
  12. (en) « Early Black Holes Grew Up Quickly », sur Universe Today, .
  13. « NGC6240, la galaxie aux trois trous noirs », Sciences et Avenir, (consulté le ).
  14. Alain Riazuelo et Sylvie Rouat, « Voyage au cœur d'un trou noir », Sciences et Avenir, p. 14.
  15. Daniel Bates, « Discovered: Biggest ever black hole that is so big it could swallow our entire solar system », The Daily Mail, 17 janvier 2011.
  16. Françoise Combes, « Et si notre monde était né d'un trou noir », Sciences et Avenir, avril 2010, p. 51.
  17. Laurent Sacco, « Les trous noirs géants se seraient formés avant leurs galaxies hôtes », Futura-Sciences, 7 janvier 2009.

Annexes

Articles connexes

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